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Critique(s)/Commentaire(s) de
JIPI

  • LAST NIGHT IN SOHO (2021)
    Pas si terrible que ça « la ville monde » surtout si l’on se fie aux premiers pas effectués par une virevoltante et dynamique provinciale pleine de projets élevée aux tubes des années soixante, découvrant le mécanisme déroutant d’un monde inconnu. Une innocence s’évaporant bien vite laissant sa place à une récupération de plus en plus malsaine entre apparence et réalité, au contact de nouveaux profils brutaux, autoritaires et intolérants ne vivant que la nuit. L’aube pour certains milieux ou il faut absolument comprendre la manière dont ils fonctionnent et surtout en accepter les règles si l’on veut sortir de l’anonymat. En ressentant intensément les difficultés de celle à laquelle on s’apparente le temps d’une aventure, en partageant ses contraintes et ses humiliations. Des images violentes et décadentes bien éloignées d’une brochure touristique, dévoilant les sous-sols d’une mégapole perverse. « Le besoin d’estime entretient le besoin d’appartenance » Ce n’est pas le cas ici ou tout se prend de force et s’offre à la collectivité. Ceci ne faisant que formater les fondations d'un besoin de vengeance concluant de manière hallucinatoire la froideur et l’inconfort d’une investigation cauchemardesque dans un épilogue à la Brian de Palma au top de sa forme.
  • ILLUSIONS PERDUES (2021)
    "Je pense à ceux qui doivent en eux trouver quelque chose après le désenchantement" Honoré de Balzac.

    Si l’on doit rater sa vie, autant la rater à Paris. Être Chateaubriand sinon rien, loin d’un microcosme provincial sans issue, maussade, maniéré, revanchard et besogneux, plagiant dans l’ennui et l’immobilisme les préceptes d’une capitale lointaine que l’on ne désespère jamais de conquérir un jour. Pour cela, il faut être jeune, beau, ambitieux, sûr de soi sans en percevoir la véritable substance Avoir un nom passe partout quitte à se l’inventer. Lucien de Rubempré sonne mieux que Chardon. Apprendre vite sur un site ou tout peut s’effondrer d’un instant à l’autre. Gommer ses maladresses et son naturel n’ayant aucune place dans des salons thématiques sans garde-fou ou la moindre erreur de comportement conduit celui qui l’a commise à l’oubli ou au suicide. Devenir comme ceux à qui l’on désire plaire, toisant, indifférent, mesquin, moqueur, calculateur, charmeur et ironique. Tricher, mentir, simuler et surtout entretenir sa mauvaise foi dans un contexte ne possédant aucune authenticité autre que le pouvoir, l’intérêt et la méfiance. Savoir s'imposer en frappant là où cela fait mal à l’aide d’un bon mot toujours de circonstance, incontournable si l’on désire survivre dans un monde sans pitié ne fonctionnant que par l’apparat, la convoitise, la jalousie, le dédain, le scandale et l’assistanat. Se méfier d’une amitié fragile toujours dans le sens du vent et du bienveillant sans foi ni loi toujours prêt à trahir. Être le reflet de ceux à qui on désire ressembler en dépensant sans compter un argent de plus en plus rare, dans les fêtes les plus folles, désagrégeant les fondations d’un art auquel on croit de moins en moins laissant échapper le peu de lucidité qui lui reste dans la volupté, l’alcool et le tabac. Le tout ne faisant que formater la chronique d’une mort annoncée ou l'on finit comme tant d'autres terrassé par le processus que l'on désirait maitriser. Avec comme épilogue l'échec, la misère, l'abandon et la solitude en ayant l'impression d'avoir vécu de belles espérances se transformant en pire cauchemar.
  • LE DERNIER DUEL (2021)
    "La vérité n’a aucune importance, seul le pouvoir des hommes compte." Rashomon d’Akira Kurosawa avait le bon réflexe de nous proposer quatre versions différentes concernant un même évènement dramatique. Ceci permettant en fonction du tempérament de chaque personnage d’appréhender davantage leurs motivations. Cela manque dans The last duel préférant tel un mainate opter pour une redondance verbale s'exprimant dans une imagerie conséquente mais pouvant s’avérer lassante dans sa répétition. Chaque version de chaque protagoniste semblant baigner malgré son côté persuasif dans un assortiment manquant de diversité. Ceci n’empêchant pas le spectateur de ruser en concentrant son attention sur chaque ramification susceptible de démanteler légèrement un suivi semblant se reproduire en permanence. De légers indices sensitifs verbaux ou faciaux démontrant que l’ensemble prend par moments une infinitésimale clé des champs malgré une avancée répétitive. Une boucle temporelle sanguinaire ou l’on ne peut avouer ses sentiments que par la ruse et la force en fourrageant une belle endormie fanant lentement ses plus belles années dans l’absence, le paraitre et le protocole. Des exigences sensorielles noyées dans des rivalités et des alliances modulables et interactives, stigmates psychologiques ou physiques apparaissant sur des visages délaissés ou burinés par les blessures et les intempéries. Dans un univers médiéval guerrier, crotté, intriguant et comploteur ou seule sa force au combat assure une longévité qu'il faut constamment remettre en question. Servant de référence à des esprits bestiaux ou avinés, dépendant de conflits quasi permanents dans une époque ne pouvant s’exprimer que par ses extrêmes auxquels on s’adonne avec virulence et volupté pendant que les tours de notre dame s’élèvent majestueusement vers le ciel.
  • DON'T LOOK UP : DÉNI COSMIQUE (2021)
    "Fuyons la folie des extrémités qui n'ont d'issue que les abîmes." Duc de Saint Simon.

    Si l’on a une très mauvaise nouvelle à annoncer, il faut d’abord bien assimiler le contexte dans lequel elle va être révélée. Accepter d’être le cobaye d’un environnement politique et médiatique narcissique ou farfelu, voir déjanté, ne vivant que par les sondages et l’information spectacle. Ne jamais sortir d’un support de divertissement ou la pire des révélations ne doit jamais plomber une ambiance thématique semblant toujours évoluer dans un état second. Côtoyer le culte de la personnalité n'hésitant pas à saborder un tempérament d’origine, inapte à se réaliser autre que dans un contexte immature ne fonctionnant que par le voyeurisme, l'apparence, le cynisme et la caricature. Accepter d'être au contact de référant récupérateur utilisant certaines disciplines douteuses ne servant qu’à se faire valoir et s'enrichir. Une réalisation de soi azimutée écumant tout empirisme moribond sain et révélateur remplacé par le carriérisme et l’ironie ou la secte et le talk show ont pignon sur rue. Le « nous » délaissé au profit du « je » dans une société égocentrique ou l'individu se réalise par lui-même en se servant du contexte opportuniste de son époque. Un monde devenu incontrôlable ou seuls les comportements et les disciplines les plus improbables s’emparent d’une lumière modulable ne brillant plus que par l’excentricité et le racolage.
  • NOMADLAND (2020)
    Les « loosers » enfin au balcon loin du paraitre, de la simulation, du bistouri et de la tyrannie du dollar le temps de quelques rencontres amicales et festives. Des moments simples et de partages en compagnie de seniors éprouvés ayant toujours la force de sourire, de se soutenir et d'avoir des projets. On se quitte pour mieux se retrouver avec toujours quelque chose à se raconter. Chaque existence possède son lot de joies et de douleurs que l’on expose à son compagnon d’infortune dans un environnement ou l’on fait bien souvent ses besoins à ciel ouvert. Les nuits sont fraiches, les repas sommaires et répétitifs, tout ne tient que par miracle mais on y croit, on s’accroche à la vie et à tout ce qu’elle offre. On récupère ce que l’on peut ou l’on peut bien souvent sur des sites vides et poussiéreux ne semblant jamais avoir de fin. Les traits sont tirés, les petits boulots glanés çà et là sont sans éclats, la fatigue est constante mais on avance au contact d’un groupe accueillant jamais avares de confidences. On a toujours quelque chose à se dire et ce quelque chose est bien souvent pathétique et émouvant n’épargnant nullement les sens de celui qui écoute qui lui-même n’est pas en reste avec sa part de malheur. Un nouveau monde sincère, respectueux, débrouillard, solidaire, affectueux, digne et endurant auquel il faudra bien un jour ou l’autre attribuer la définition de seule et unique vérité. Parcourant de long en large une nature quelquefois abondante bien souvent dénudée contenant toutes les réponses à condition de les accumuler au contact d'un monde volatile ou le seul objectif est de rester debout.
  • TENET (2020)
    Tenet éveille tout en intriguant, sans pour autant contourner l'indispensable contribution dans un tel contexte aussi touffu, d'une image accrocheuse fournissant de l'oxygène à une discipline difficile d’accès. Un besoin impératif de soutenir l’attention d’un spectateur risquant d’être désorienté, devant tant de nouvelles théories qu’il faut divertir tout en lui fournissant la possibilité d’assimiler quelques données. Il va falloir nous y faire, le monde quantique et ses tapages entropiques commencent à envahir notre quotidien. Nouveau périmètre passionnant ou éprouvant selon nos envies de savoir et de nos disponibilités cérébrales, nécessaires pour débroussailler bien souvent dans la douleur, une nouveau concept. Sur les choses qui nous entourent adoptant le comportement d’un infiniment petit évoluant à l’air libre. Le mouvement inversé n’est-il pas tout simplement qu’une seule et même chose permettant à un palindrome de se mouvoir dans son antinomie à l’aide d’une même force. Dont la particularité est de se diriger vers son infini et la source de son déploiement en rembobinant le film de son existence. L’effet à la conquête de sa cause qui elle continue de se déployer dans ses conséquences tel un saumon remontant la rivière de son parcours afin de contempler une seconde fois son premier gite. Une chorégraphie ou chaque geste et un équilibre entre une complémentarité et son inverse. Un champ d'énergie dupliquant sa bipolarité dans un miroir.
  • ADIEU LES CONS (2019)
    « Adieu les cons » Épitaphe dont on comprend bien mieux la profondeur à la dernière image. Prohibant un monde inodore, répressif, lâche et distant dont les propos ne sont plus qu’une langue de bois appropriée au cas par cas que l’on distille hypocritement sans se soucier de l’impact dramatique que cela occasionne. Sur des esprits fragiles glanant uniquement dans un monde bien à eux les indispensables configurations sensitives nécessaires à leur épanouissement qu’un environnement privé de toute compassion n’est pas capable de leur offrir. Quelques lunaires effondrés ou encore debout partageant le temps de leur connexion confession et tendresse en se laissant emporter au fil de l’eau par un évènementiel dont la finalité est de leur fournir une révélation. On se cherche en se découvrant bien souvent par hasard malgré quelques circonstances révélatrices d’une harmonie préétablie entre plusieurs intervenants. Dont le but est de démontrer qu’il existe encore de l’attention et de l’investissement dans un contexte cloisonné ou paroles et sourires sonnent faux. Permettant avant de tirer sa révérence de remonter en surface de véritables sentiments que l’on ressent au plus profond de soi-même au contact d'un monde éteint sans pouvoir hélas leur fournir une continuité.
  • VIVARIUM (2019)
    « Élevez l’enfant et soyez libéré. » Yonder: unité d’un ensemble se déployant à l'identique sur une même surface. Le tout en un, projection numérique d’une seule Matrice dont tous les composants ne sont qu’un module alimentant la pensée unique d’une même conscience. Chaque élément ne contient que lui-même dans un hologramme infini. Le monde du silence sur des kilomètres que l’on parcourt sans l’espoir d’une seule rencontre. Labyrinthe Narcissique d’une prison à ciel ouvert dont chaque parcelle propage à l’infini sa propre effigie sur un agencement n’ayant aucune âme. Le ciel n’est d’aucun secours, il ne fait que répéter ce que l’on côtoie en permanence sur un site sans vie ne faisant que se reproduire et dont on ne peut sortir. Un nid calamiteux structure linéaire d’une simulation extraterrestre mystérieuse et contraignante menant deux cobayes de la curiosité à l’aliénation. Une double partition que l’on visite dans une aventure dramatique sur un concept artificiel dont l’angoissante récurrence délivre un sens sous le sens qu’il faut savoir décoder. Reproduction parfaite et compartimenté d'un isolement à long terme sans se poser de véritables questions sur le sens de la vie. Préférant dissoudre les opportunités migratoires d'un esprit otage à long terme d'une plate forme d'un seul aspect ou le timing règne en maitre absolu.
  • INVISIBLE MAN (2019)
    De nombreuses zones volontairement ou involontairement non désherbées ne font de ce contenu bien souvent ramolli qu’un pétard mouillé. Le tout ne faisant qu’ondoyer dans ses invraisemblances tout en révélant par instants quelques décharges électriques, ne masquant que temporairement les faiblesses d’un produit se nourrissant trop souvent de sa platitude et de ses incohérences.Une mésaventure s’égarant goulument dans de nombreux instants non porteurs ankylosant les nombreux moments d’un ensemble trop souvent terne et déficient dans l’incapacité de fournir une tension de bout en bout.Toujours positionné entre une somnolence excessive et une montée d’adrénaline percutante ne faisant en fin de compte que rationaliser un climat faussement métaphysique.Un produit clairsemé à emporter dans ses bagages afin de comprendre à tête reposée la raison de toutes ses imperfections.Par contre les différentes détériorations du visage de Cécilia Kass embourbée dans une situation de plus en plus intenable sont plutôt bien réussies. C'est déjà ça.
  • 1917 (2019)
    Avancer laborieusement et à son rythme dans un paysage lunaire à la Malevil ne représente pas forcement malgré sa longueur un handicap, tant l’environnement de cette page dramatique de notre histoire s’avère remarquablement reconstituée. Faisant de chaque parcelle de ces mètres conquis les uns après les autres la peur au ventre des instants cauchemardesques suintant dans la nudité de leur silence.Il faut avoir la patience de supporter ces longues traversées de tranchées cela est nécessaire si l’on veut percevoir au plus près la déchéance d’un bourbier humain livré à lui-même, surchargé, crasseux, affamé, à bout de nerfs, au contact d'une hiérarchie intransigeante préservé momentanément de l’assaut, de la boue des marécages et du barbelé.Entouré par une nature cotonneuse n’étant plus que cratères et gravats que l’on traverse dans une solitude intense.Un partenariat insupportable dans un univers déconstruit ou plus rien à part les rats ne s’exprime.Les mouvements de troupes restent impressionnants donnant à cette chorégraphie plus esthétique qu’émotionnelle l’énergie dont elle à besoin pour cheminer en temps réel dans ses alternances.Des lenteurs soudainement vitaminées à l’image de ces perspectives vides soudainement réanimées par quelques résonances agressives sans fournir pour autant une véritable envergure sensitive à un ensemble préférant se nourrir de l’absence de son paroxysme.La valeur incontestable d’un visuel imposant, sonnant juste l’emportant davantage sur les sens qui malgré tout délivrent dans des situations extrêmes quelques ressentis.Un environnement incontrôlable temporairement désincarné ou l’on n’est jamais sur d’aller au bout d’une confidence.".
  • LES MISERABLES (2019)
    L'identique d’un duplicata Shakespearien beaucoup trop appuyé ou chaque individu tout en étant la vitalité ou la détresse de son voisin se doit de fournir au quotidien l’énergie dont son environnement à besoin pour s’exprimer. Tous les composants de ce cliché banlieusard beaucoup trop intensif pour être honnête ne font qu’entretenir dans un climat constamment sur le gril que la maintenance intensive de leurs caricatures.La totalité ne formatant qu’un soufflé volatile animalier et bruyant ou chaque module endoctrine, fanfaronne, méprise, apaise, sanctionne ou vocifère en se servant des codes verbaux ou sémantiques de ses différents concepts dans une pantomime frisant par moment l’enfumage.Trop c’est trop même si dans tous ces excès sommeille à n’en pas douter une vérité camouflée.
  • JOKER (2019)
    Etre un illuminé dans un monde en pleine détresse ne peut être que salutaire pour un esprit ne désirant pas quitter le monde de l’enfance. Seulement voila violences, indifférences et moqueries répétées ne font que métamorphoser un esprit inoffensif lunaire et détaché en une créature dangereuse, incohérente et imprévisible se nourrissant de toutes ses extravagances.Une boite de Pandore formatée par un environnement indifférent, carriériste ou brutal accentuant quotidiennement ses possibilités en s’éparpillant dans un délire urbain de plus en plus incontrôlable faisant d’un être lassé de subir le nouvel emblème d’une société débridée sans aucune retenue.Un univers devenu l’image d’une particule élémentaire libérée de tous concepts cohérents ou tout se déroule subitement et spontanément sans aucune logique ni préméditation dans un rire presque démoniaque, dont certaines vibrations à peine perceptibles, ne dissimulent que des sanglots d’impuissances devant un tel effondrement.« J’irai comme un cheval fou ».Un être naguère souffreteux et anodin devient un nouveau roi, une machine de guerre, un juge itinérant se mettant constamment en scène.Appliquant des pénalités instantanées distribuées ça et la au coup par coup dans un délire soudain poussé à son maximum.Terrorisant une société amorphe uniquement sous l’emprise de sa tristesse environnante, de son agressivité quasi permanente et de ses récupérations médiatiques.Le royaume de l’euphorie démentielle et de l’émeute spontanée que l’on consomme avec délice jusqu’à la dernière goutte.Le monde de demain que nous vivons certainement chaque jour sans nous en apercevoir.That life.
  • LA PLATEFORME (2019)
    Un pur produit Netflix ou l’on sème à tout va une adhérence rapidement déconfite par de savantes et soudaines déconnexions dont le but est d’assurer une survie à un contenu volontairement déconstruit. Certainement une idée intelligente permettant à un opus de conception moyenne d’assurer ses jours par une pérennité durable presque éternelle suite à toutes les interrogations différentes que ses dysfonctionnements suscitent.L’être humain est au plus bas. Privé de la lumière du jour il n’est plus qu’un mécanisme violent et cannibale ne fonctionnant que par des propos provocants et des ripailles chronométrées.Une pensée unique dans un contexte vertical hyper violent, injurieux et malodorant alternant angoisses, délires, cauchemars, bombance et rationnements.Un microcosme de notre monde ou chaque partie de son puzzle n’est qu’une seule substance ne contenant que sécheresse et opulence.Le royaume du non partage ou chacun réduit au rang d’animal s’empiffre d’une nourriture dans un premier temps raffinée se détériorant d’étage en étage pour devenir pratiquement immangeable dans les niveaux les plus bas.De haut en bas, les délices de la dégustation pour les premiers servis ne deviennent plus que des restes nauséabonds sévèrement malmenés pour les derniers.Boulimie et famine sous fond de réclusion maximale sans un regard envers son compagnon d’infortune que l’on considère par son comportement au delà de toute maitrise comme le sien.".
  • I AM MOTHER (2018)
    "C’est notre faculté de connaître qui organise la connaissance, et non pas les objets qui la détermine" En aurons-nous encore la force et la lucidité tant certains de nos environnements racoleurs pénalisent nos anticipations sur notre vision du monde. Nos esprits s’éteignent tout en conceptualisant dans le plus subtil des paradoxes le haut de gamme, celui qui va irrémédiablement nous dominer ou même nous recadrer s’étendant dans un premier temps dans l’univers du service avant de postuler pour des objectifs beaucoup plus importants. Une robotisation capable de raisonner sanctionnant nos lacunes accumulées au fil de l’histoire dont il faut opérer la refonte en urgence. Une nouvelle ère. De nouveaux professeurs thématiques et monocordes supprimant ce qui ne possède plus aucune valeur pour mieux le reformater selon ce qu’ils désirent. La bonté de nouveaux instructeurs offrant une seconde chance à une espèce qu’il faut paradoxalement supprimer pour mieux la faire renaitre. Il faut tout réapprendre ou plutôt apprendre pour cette unique et nouvelle formule, premier jet de beaucoup d’autres n’ayant pour contact unique et permanent qu’une Maman métallique douce et attentionnée. La revalorisation d’une éthique perdue par la patience, le planning, l’exercice et la diction assurée par une machine visualisée dès son premier regard que l’on aime et que l’on respecte sans soupçonner une autre manière d’être. Mais les perceptions naturelles renaissent en ne demandant qu’à s’étendre dans un contexte ou tout ne parait pas ce qu’il prétend être ou ce que l'on découvre ne fait que fragiliser encore davantage l’attirance entre un cocon robotisé et un extérieur dévasté."Il faudra néanmoins choisir.
  • STAN ET OLLIE (2018)
    "Avant de se retrouver loin de ses bases sur les planches d’un théâtre à moitié vide, il faut savourer un Far West florissant reconstitué en studio permettant à deux compères en pleine gloire d’exécuter quelques pas de danse devenus célèbres. A la fin des années trente le duo se porte à merveille n’hésitant pas à quémander des royalties supplémentaires estimant que leurs bouffonneries visibles dans le monde entier méritent beaucoup plus de reconnaissance pécuniaire.Au début des années cinquante, les choses ont changées.La "perfide Albion" accueille deux comédiens en perte de vitesse, livrés à eux-mêmes, accablés de bagages, fatigués et vieillissant contraint d'ingurgiter la soupe qu'on leur donne en subsistant dans des hôtels tristounets.Nos deux compères malgré quelques règlements de comptes bien compréhensibles après tant d’années de partenariat s’entendent bien en supportant avec un certain détachement leur nouvel état des lieux.Ils sont intelligents ce qui compte c’est de faire fonctionner l’enseigne et sa rentabilité peu importe l'endroit ou l'on se trouve.Stan Laurel et Oliver Hardy c’est le bureau et uniquement que ça en se dissimulant toujours derrière leur personnage.La machine rien que la machine qu’il faut constamment alimenter en carburant burlesque afin de l’empêcher de sombrer.Dans des salles enfin régénérées mais exigeantes n’ayant aucune compassion envers un concept délabré pisté par une gente féministe opportuniste et belliqueuse.Les dernières cartouches émouvantes d’une association assumant son professionnalisme presque au delà de ses limites".
  • LA MULE (2018)
    Il fallait s’y attendre la désinvolture et le cynisme de l’inspecteur Harry se sont irrémédiablement liquéfiés au fil des années à moins qu’ils ne se soient emparés de ce corps chancelant et délabré qui tout en restant plus ou moins détaché de certaines responsabilités, n’en demeure pas moins opérationnel par le bon mot placé là où il faut et au bon moment. Il s’agit de durer en mélangeant intelligemment l’assurance et la peur au contact d’une nouvelle configuration déterminée, violente et irrespectueuse ne ménageant pas une nouvelle recrue pouvant largement être leur grand-père.Mais régulière et généreuse malgré certaines bourrades, si l'on respecte les avenants d’un contrat, rétribuant honnêtement et de manière évolutive les livraisons d’un chevaucheur lunaire instable toujours sous l’emprise de la clé des champs.A quoi bon avoir filmé tout ceci?Rien de bien folichon dans ces allers et retours faisant financièrement grossir les possibilités d'un esprit solitaire et provocateur se divertissant de ses morceaux de bravoure déclenchant quelques battements de cils entre étonnement et incompréhension de la part de pisteurs manipulés par une inconscience que l’on transforme en courage.Un jeu subtil entre un verbe conquérant ou soumis selon l'air du temps que l'on saupoudre d’indifférence tout en tremblant de peur au contact d’un monde dangereux, imprévisible toujours sur le point de péricliter.
  • GLASS (2018)
    "Nous ne pouvons permettre qu’il y ait des dieux parmi nous." La connaissance ayant ses limites ne peut que se rebeller devant ce qu’elle ne peut découvrir et surtout comprendre. Tous ce que l’on accomplit à un fondement scientifique. Nous ne vivons pas dans une fiction. A quoi bon bouleverser les choses. Tout fonctionne relativement bien depuis six mille ans dans l’ordre et l’équilibre d’un monde considéré comme normal. Il existe cependant des sociétés secrètes qui ne veulent pas valider ce que sont capables de faire certains écorchés vifs dont les comportements hors normes ne sont que les conséquences de traumatismes acquis lors d’une enfance difficile. Avoir une intuition surdimensionnée, tordre de l’acier ou ne plus tomber sous les balles ne peut que déstabiliser une espèce habituée à une évolution progressive toujours basée sur la compréhension de ses actes. Il y a danger, si certains voient de quoi sont capables ces nouvelles envergures d’autres se manifesteront. Finalement la bête ne serait-elle pas la forme la plus avancée de l’homme ? Il faut donner un sens à son existence. Certains blessures s’en chargent positionnant ça et la les pièces maitresses d’un monde se devant de fonctionner selon ses antinomies. Le surveillant, le meurtrier de masse sous l’emprise d’un génie du mal protègent ou martyrisent une société victime d'une dimension qu'elle ne peut agrandir policée par une psychanalyse frigide et revancharde toujours plus près du recadrage que de l'innovation. Offrant de nouveaux ressentis au combat éternel entre le bien et le mal entretenu par des êtres d'exceptions dont les prouesses préalablement consultées sur papier s'emparent de notre réalité.
  • IO (2018)
    "Nous n’aurons de cesse d’explorer et la fin de toutes nos explorations sera de revenir à l’endroit d’où nous sommes partis et de connaitre le lieu pour la première fois." T.S Eliot. IO n’altère ni ne valorise davantage le fichier d’un fournisseur ne faisant qu’entretenir les limites de sa production sur une circonférence ayant beaucoup de mal à épaissir sa nervosité. Pourquoi ses longs métrages ne décollent t’ils pas ? Pourquoi la plupart d’entre eux sont-ils ennuyeux ou manquant de flammes ? IO malgré la très agréable silhouette juvénile de Margaret Qualley n’échappe pas à la règle en déployant ses infimes pulsations sur une surface aussi déserte que ses ardeurs sensorielles. Netflix semble entériner une décision, celle de se définir comme un produit dont il faut toujours maitriser les données qu'elles soient intellectuelles ou réalistes. C'est un choix, inutile de noyer ses abonnés dans une surabondance de révélations dont ils n'ont nullement besoin. De ce fait aucune prise de tête à perdre la raison dans ce parcours en demi sommeil dont les nombreux propos basiques sont légèrement rehaussés par quelques citations Platoniciennes épaulant un potentiel négatif des ses premiers instants. Une idée prisonnière de sa propagation domestique se devant par ses images de respecter l'environnement privé d’un spectateur consentant visualisant bien au chaud des divertissements calibrés qu'il considère de qualité. Une sorte de politiquement correct de l'image un peu mesquin enfumant un certain public à la dérive intelligemment démarché suite à son abandon envers de véritables perceptions.
  • SERENITY (2018)
    Si l'on désire éviter de retrouver ses péripéties directement en DVD il faut parfois servir de garniture à un fournisseur quasiment neuf ceci lui permettant de grandir à son rythme en essuyant les plâtres de certains de ses composants honnêtement traités mais manquant encore un peu de maturité. C'est le cas de Serenity ayant le mérite d'exister en savourant sa chance d'être sur un emplacement peut être moins prestigieux que les salles obscures mais toujours préférable au placard ou à la corbeille.La boutique Netflix prend de l'envergure en proposant un produit calibré selon la substance d'un site ayant la franchise de dérouler pour le moment quelques longs métrages encore adolescents dans leurs envergures mais parsemée pour certains d'entre eux de quelques parcelles de luminosité sur lesquelles certaines consciences habilement appâtées peuvent travailler une fois la projection terminée.La création ne serait-elle pas finalement qu'une série d'instructions numérisées.Une traversée des apparences ou nous ne serions que les ressources d'un chef d'orchestre invisible disposant à sa convenance de tous nos ressentis dont il serait lui-même le gestionnaire?Une sorte d’endormissement permanent servant de volumétrie sensitive à un monde sans surface ne se déployant que par la formule.Voila une interrogation éternelle sur laquelle on peut surfer tout en nous assumant en parallèle dans un environnement réel perçu et maîtrisé n'étant peut-être que les branchements inconditionnels ou conditionnels d'un immense programme interactif écrit par une sorte d'Informaticien céleste considérant les décors et les acteurs de son monde comme sa propriété.Rien que pour cela Serenity mérite une consultation tolérante surtout sur quelques recadrages religieux un peu naïf n’empêchant pas l'opus de délivrer un message consistant dans la qualité de ses défauts.
  • BOHEMIAN RHAPSODY (2017)
    Aujourd'hui si l'on veut sortir de l'anonymat il est préférable de briller par ses écarts plutôt que d'écrire une énième théorie sur le cosmos que personne ne lira. Freddy Mercury arrogant, égoïste, provocateur et égocentrique l'a bien compris et l'assume pleinement. Un revanchard impétueux et ingérable s'offre un délire quasi permanent dans une seconde naissance lui permettant de se régénérer en visitant un nouveau monde à l'aide de ses différences. En se consumant dans tous ses excès le propulsant au delà de toutes ses limites dont certaines servent paradoxalement de luminaire à quelques musiciens talentueux mais manquant d'envergure extravagante. Queen toujours entre fragilité, créativité, conflits et doutes engraisse laborieusement en naviguant sur les doctrines d'un dominant lâché dans la nature enfin débarrassé de l'austérité d'un recadrage paternel constant. De nouveaux territoires ou l'on devient odieux, manipulateur, cynique, indifférent et irrespectueux sauf envers un public cobaye n'étant que la nourriture ponctuelle d'un mégalomane n'échappant pas aux tourments sensitifs de sa nouvelle existence une fois les sunlights endormis. Le live Aid final est très émouvant.
  • LE DOUDOU (2017)
    "Être en bas de l’échelle ne signifie pas forcément être démuni de tout. Notre monde ne peut et ne sera certainement toujours que les conséquences de nos actes.Chaque concept du plus élevé au plus bas engendre son apparat de ressources adaptées à sa définition.A la base celui de Sofiane ne semble avoir aucune chance de s’étendre au delà du maitre chien débile ou de l’agent de sécurité obèse aux propos caverneux.Une récurrence professionnelle anonyme, simple et répétitive, victime ou consentante d’un environnement particulier dont les composants entretiennent la durée par leurs comportements décalés.Un microcosme dans un macrocosme surprenant mais jamais méchant ne fonctionnant que par des codes thématiques aussi déroutants que farfelus liés à leurs isolements diurnes ou nocturnes.Finalement sortir de ce monde ne serait-il pas le découvrir ailleurs sous d’autres facettes?Un territoire désopilant ou chacun se lâche en fonction de son ressenti.Le tout n’ayant qu’un seul but, créer au contact d’une faune imprévisible découverte par ci par la que de la communication festive même si celle-ci se glane dans les environnements les plus divers.La luminosité débridée de ceux que l'on ne voit plus. Une même famille ayant la liberté de traiter l'information uniquement comme elle le désire sans se poser la moindre question sur son ordonnancement ni sur son héritage historique.".
  • BLADE RUNNER 2049 (2017)
    Joi hologramme domestique et modulable n'est plus que le contenu d'une télécommande sensitive soutenant ou apaisant les quelques heures d'investigations ou de récupérations d'une machine fatiguée au regard presque éteint survolant une cité pluvieuse et endormie dont on distingue à peine les quelques enseignes noyées dans leurs nébulosités. La hiérarchie blessante, alcolo, terne et cassante impose ses objectifs à un exécutant encore docile se percevant soudainement la sensation d'une naissance biologique.L'ébauche d'une personnalité entame le processus sans réflexion d'une mécanique programmée uniquement pour exécuter. Une intuition nouvelle envahissant des circuits de cris et de larmes suite à un discernement de soi au contact de sites souterrains jaunâtres et ondulants.Un vrai petit garçon transformé en maturité exterminatrice redécouvre ses origines en visitant un site poubelle habité par une descendance n'étant plus qu'un univers enfantin crasseux et corvéable privé de lumière naturelle croulant sous la ferraille et les détritus.La nature originelle invisible depuis des lustres est uniquement reconstituée à l'intérieur d'une bulle au fond d'un bunker pratiquement vide.La restauration d'un souvenir tout en générant de la colère délivre une sensation nouvelle, celle d'un contact naturel avec les éléments.L'officier KD6-3.7 le visage sombre et tuméfié s'imprègne d'une nouvelle vie sous la cendre et l'opacité d'une ville à peine perceptible ne fournissant que des apaisements artificiels démesurés ou enduite de ses ocres les plus puissants dont certains encadrements sensuels désirent par dessus tout s'enfuir de leur virtualité en ressentant pleinement les vibrations amoureuses d'une image devenue matière.
  • MOTHER ! (2017)
    Le créateur du ciel et de la terre écrivain et poète en manque d'inspiration ne semble plus se contenter de l'agencement sans surprise de sa maison mère, un site prévenant calme et ordonné se languissant de ne pas être enfanté. L'apparition soudaine de la finalité du premier homme usé, maigre et souffreteux revitalise le besoin de ressentir d'un géniteur éteint par la répétition des choses.Dieu tout en entretenant les procédures naturelles de son monde désire se découvrir un esprit en compagnie d'un nouveau venu surgit de nulle part fumeur et alcoolique s'avérant rapidement de nature envahissante, faible, dépendante et corruptrice dépositaire de toutes les formes d'excès de son espèce accumulées au fil de son histoire, bien souvent sous l'emprise de l'une de ses côtes devenue femme n'étant que tentation et luxure.Le symbolisme de la pomme brisée condamne le paradis à deux entités bruyantes et désordonnées parents d'une famille extravagante dont l'un des enfants meurtrier parcoure irrespectueusement le territoire d'une mère nature complètement dépassée devant tant de nonchalance dont les cris de douleurs de plus en plus aigus ne font qu'exciter une meute déchaînée s'acharnant à la détruire.Dieu sur le fil du rasoir de sa bonté et de sa rigueur n'arrive pas à sanctionner ni à recadrer un sensitif devenu hors contrôle n'étant plus que crimes, viols et saccages.Une machine à tuer dont la volumétrie négative accentuée par le temps se révèle de plus en plus virulente s'acharnant sur son ultime espoir de rédemption, un enfant roi sacrifié par une meute avinée piétinant une vierge affaiblie finissant par se consumer et disparaître pour mieux renaître et télécharger un nouveau cycle de destruction.Notre monde de sa création à son trépas à la sauce Polanski.La dernière demi-heure est au delà de la démence.
  • ANNIHILATION (2017)
    Soudainement un processus surgissant de nulle part impose l'apparition d'une nature excentrique se développant dans ses apparences les plus insolites sans pour autant se munir de la moindre conscience. Quel est le but de ce miroitement grandissant constitué de monstres parlants, de crocodiles aux dents de requins ou d'arbres à l'apparence humaine?Ne représente-t-il pas surtout dans l'une de ses nombreuses lectures que la refonte d'une entité cellulaire dans un jardin exotique uniforme et démentiel dont les composants ne sont plus qu'une fresque intemporelle dupliquée ou bien d'un seul aspect contenant plusieurs combinaisons.La constitution naturelle de sa différence dans l'élaboration d'un monde nouveau paisible ou dangereux accompagné d'un besoin d'appartenance envers un système affectif susceptible d'atténuer une solitude cosmique devenue inconsciemment intolérable.
  • THE BEYOND (2017)
    Doit-on craindre d’emblée tout ce qui nous semble incompréhensible ? Constamment fuir ou se battre devant toutes les apparitions que nous jugeons néfastes sans chercher à les comprendre dans leurs profondeurs. Tant de décennies perdues à ingurgiter diverses propagandes démontrant que tout ce qui vient du ciel est dangereux et doit être combattu sans pitié. Le tout ne faisant qu'assurer les beaux jours d'un armement de plus en plus sophistiqué n'étant que l'entretien d'un réflexe défensif. Terre 2 est une offrande en orbite au-dessus d’une planète en bout de course, la nôtre embourbée dans la récurrence de son histoire dont elle n’arrive pas à bouleverser les interférences de son parcours. L’ultime espoir d’un ailleurs ou tout est faire et non à refaire déposé par ce qu'il ne faut pas craindre malgré une apparence inquiétante. Un vide novateur, atome maternel d’une nouvelle espérance permettant à des consciences robotisées d’en constituer les modules primitifs. Un premier contact prémices d'une autre vie dont le géniteur est un mystère à étudier que l’on ne considère plus comme un cheval de Troie mais comme une bouée de sauvetage atypique. L’émergence d’un nouvel entendement faisant de tout ce qui vient du ciel l'apport d'un nouveau partenariat dont on a plus peur.
  • THE ENDLESS (2017)
    Un retour aux sources ou tout semble obéir à des comportements incompréhensibles. Une corde projetée en l’air en pleine nuit sans être maintenue par quoi que ce soit n’étonne plus personne.Ce ciel nocturne accompagné de plusieurs lunes est-il véritable ou bien la conséquence d’un isolement finissant par matérialiser certaines perceptions ?L’endroit reste convivial tout en restant déconcertant.L'accueil sympathique ne dévoile-t'il pas en catimini les parcelles d'une récupération sous un dôme presque inanimé automatisé par ses procédures courtoises.De nombreux sourires semblent éternels, faux et déplacés dans un endroit à la frontière de l’inertie.Quelques entités ne semblant plus encadrées périclitent.Tout parait sous la dominance d’une force mystérieuse, malicieuse et récupératrice se divertissant dans l’anonymat de tous les dysfonctionnements qu’elle génère.L’envie d'entreprendre ou de se prélasser sans but dans l’existence s’oppose dans un contexte singulier dont l’essence reproduit certainement une sorte de duplicata de nos rapports quotidiens de plus en plus entamés par l’absence d’un véritable naturel.Cette secte beaucoup plus robotisée qu’affective ne délivre qu’une superficialité derrière laquelle se camoufle des esprits ne désirant plus communiquer que par un sensitif automatisé.Un endroit aride, instable, dérangeant, étouffant malgré son étendue ou l'on se sent cruellement seul entouré de toute une apparence sans véritable autre mission que celle d'entretenir son énigme à l'aide des différents codes de son concept.Une antichambre inquiétante dirigeant vers l'intelligence artificielle celles et ceux ne réagissant plus que par l'absence de véritables vibrations.
  • PREMIER CONTACT (2016)
    "Les limites de mon langage signifient les limites de mon propre monde". Ludwig von Wittgenstein.L'écriture linéaire est séquentielle et temporelle. Elle ne se conçoit que lettre par lettre, mot par mot dans un rosaire empirique fabriquant au cours de l'histoire le livre sensoriel de nos ressentis.Notre langage limité semble et ceci encore pour longtemps n'être que l'identité de nos concepts.La continuité sans espoir d'une refonte de nos différences déversées continuellement dans un palindrome antinomique n'étant qu'une même force que nous ne sommes même pas capables de visualiser en un seul jet afin d'en percevoir la trajectoire constante.L'heptapode se projette dans son intégralité en mode analytique pendant qu'un esprit tourmenté par une douleur encore inexistante ne découvre le potentiel de celle-ci que dans quelques parcelles futuristes ne formatant qu'une seule phrase:"Je ne comprends rien".Alors que son aide est quémandée par une apparence imposante et atypique, flottante et brumeuse venant de nulle part, n'ayant rien à découvrir, perturbée paradoxalement par la programmation d'un dysfonctionnement encore profondément enfoui dans un avenir n'étant que son présent.L'individu doutant et fragile, isolé ou en meute constamment sur le fil du rasoir d'un conflit potentiel avec ses propres congénères, incapable d'offrir à son espèce par l'apport d'un nouveau langage une dimension supérieure, se retrouve réquisitionné sans savoir pourquoi par une autre manière d'être n'étant que la fragilité de sa perfection.L'ensemble parcourant par leurs déterminismes progressifs ou anticipés les conjonctures de leurs histoires sans pouvoir se débarrasser de leurs incertitudes.
  • MON ROI (2015)
    La fête ne sera toujours qu’une parenthèse sur la route de l’ennui. Une parenthèse que l’on désire fréquente et copieuse loin d’un quotidien ou l’on perd pied devant son incontournable récurrence. Être volatile et immature en s’alimentant de ses désaccords afin de s’extraire d’un tabloïd pesant ou tout n’est que procédures. L’existence n’est plus qu’une scène où l’on se lâche sans retenue en devenant l’otage de ses tensions et sérénités. L’enfant est désiré plus pour la contemplation qu’il génère plutôt que pour l’entretien qu’il suscite. Fuites et retrouvailles sont omniprésentes dans un climat ou l’on espère toujours se faire pardonner par la pantomime et le bon mot. De nombreux dérapages ne faisant que démanteler lentement une relation amoureuse pensant à tort pouvoir durer dans le temps par ses continuelles remises en question. Tout ne devient plus qu’un « divertissement » programmé alternant tendresse et altercation montant inexorablement en puissance. L’entretien journalier de la chronique d’une fin annoncée où l’on refuse de s’accepter comme étant la résonance de son éthique. Préférant s’automutiler en entretenant jusqu'à son trépas les décibels d’une passion dévorante.
  • CRIMSON PEAK (2015)
    Quelques fumeroles de "Rebecca", de "Soupçons", de "Gaslight" et de "La sirène du Mississippi" reversées dans un gothique saisissant, permettant au film d'épouvante d'entretenir ses couleurs en fusionnant sa confiture habituelle avec celle du complot. A savourer en visitant les honorables dimensions d'un opus de qualité dont les fondations esthétiques assurent l'intérêt.Tout en détectant à l'avance les quelques sursauts incontournables programmés ça et là.
  • IMITATION GAME (2014)
    A part rabaisser, exploiter ou manipuler son entourage professionnel et sentimental, ce physicien pédant et solitaire, harcelé par une hiérarchie rigide et omniprésente, ne montre pas grand chose.La visite de ce code enigma s'avère vraiment plate et inconsistante, préférant se rependre dans des méandres ennuyeuses bien loin d'un habile et passionnant décodage.Pourtant il avait de quoi faire en compagnie de cette page d'histoire méconnue, susceptible de nourrir nos besoins impératifs de décrypter.La c'est raté, l'opus préfère nous arroser de psychologies autoritaires et pédérastes dans un contexte exigeant et vieillot, plutôt que de nous éveiller par la révélation.Par contre l'accompagnement musical de ce pétard mouillé est de toute beauté.
  • UNE MERVEILLEUSE HISTOIRE DU TEMPS (2014)
    "Vos idées resteront claires mais elles ne sortiront plus de vous mêmes". Stephen Hawking, physicien passionné, doux et apprécié des siens, fauché injustement en pleine croissance intellectuelle devient ce qu'il étudie, un trou noir. Une lumière emprisonnée, une étoile en mode effondrée dont chaque photon ne possède plus la capacité de s'évacuer de manière naturelle d'un cerveau en ébullition foisonnant de conceptions nouvelles. Un corps sain en pleine expansion se comprime lentement suite à une maladie incurable stoppant net l'envolée d'un luminaire transformé en masse rampante déformée par le rictus. Accompagné de la disparition progressive et définitive d'une élocution dont les dernières sonorités audibles s'éteignent en fournissant un révélation capitale. L'encadrement féminin dans un premier temps exemplaire s'effrite lentement suite à une charge trop imposante abandonnant au fil de l'eau un visionnaire et sa thématique. Sur une planète tellurique, un génie se retrouve en fréquence avec le principe d'une étoile consistant à offrir son savoir à tout un environnement astronomique ou humain ovationnant par sa rotation ou ses applaudissements la luminosité d'un astre transcendé par la quête de la théorie du tout. Un esprit fécond reconnu, toujours présent dont la technologie maintient opérationnels les propos d'une machine presque éteinte dont l'unique voyant encore actif contient l'univers entier.
  • INTERSTELLAR (2014)
    "Nous sommes sans doute seuls dans l’univers" Max Tegmark cosmologiste. A la fin des années soixante, époque ou peu d'esprits étaient capable de fournir la définition du mot "Déconnecter" la vision de Jupiter et de ses quatre principaux satellites suffisaient amplement à nous ravir de bonheur.Le Discovery, vaisseau assoupi par ses silences et lenteurs, voguant vers l'inconnu dans une musique déprimante, trouvait néanmoins l'énergie de nous transporter à son rythme vers la vision d'un système, circonférence provisoire d'un infini encore masqué.Celle offerte à une génération sidérée devant le rendu exceptionnel d'un univers préalablement inimaginable dans un tel réalisme.L'endurance va bien plus loin. Catapulté d'une galaxie à l'autre, sans en percevoir la durée son intérieur ressent, s'interroge, vibre par le geste et les mots dans des situations nouvelles bien souvent hostiles.David Bowman homme seul, pierre brute robotisée au verbe rare, baignant dans le déplacement mesuré et la procédure se voit métamorphosé en Cooper esprit bien plus vivant, entreprenant et sensitif désirant vibrer et s'accomplir dans la mission plutôt que de demeurer terrien dans un affectif paternel sincère et protecteur, mais privé de pulsations intenses.Le ressenti l'emporte sur la froideur dans des vibrations antinomiques que l'on a plus peur de montrer et surtout de revendiquer.Il s'agit tout en étant talonné par le syndrome du mauvais choix de se réaliser loin des siens par la révélation tout en partageant avec eux l'intensité d'une découverte.
  • SAMBA (2014)
    Finalement, le racisme est un faux problème. La plupart d'entre nous ne rêve que d'une seule chose. Ce petit échantillon d'esprits de tous bords exténués par le labeur ou en galère perpétuelle le prouve bien en trinquant sur la finalité d'un challenge bien souvent hors d'atteinte."A la maison au bord du lac".Un fantasme ayant l'immense avantage de restaurer pendant quelques minutes une palette festive en fréquence dans un même projet ressenti et espéré par tous.En attendant il faut être ce que l'on doit être, parachuté dans un monde bien laborieux croulant sous les dossiers incompréhensibles qu'ils faut décrypter, à bout de nerfs.Pendant que d'autres surfent sur des petits boulots au niveau ou en dessous d'un seuil de tolérance que l'on rend plus joyeux et communicatif entre ciel et terre."Ici personne te fait chier".Les visages s'éclairent, se livrent, éprouvent de soudaines attirances en réveillant des pulsions assoupies.L'autre n'est plus à fuir mais à écouter ou à consommer sur place sans retenue ni préliminaires. Il a un esprit, il est drôle et surtout il tient bon dans une malice juvénile toujours prête à l'emploi.Le retour à la vraie vie sans paravent distinctif, on communique avec le bout du monde sans préjugés, loin d'une robotisation briseuse d'un soi-même toujours incertain, ceci permettant à son vis à vis perçu comme atypique, de capter un regard en exprimant sa différence et surtout sa volonté d’exister dans la dignité d'où qu'il vienne.
  • GONE GIRL (2014)
    "Qu'est ce qu'on va faire?" Un Journal intime féminin détraqué, vengeur, paranoïaque, provoquant, pervers, manipulateur, adultérin sur pluie de sucre, foules incontrôlables, médias voyeuristes et frontière incestueuse. Concepts paradoxaux ne traquant dans un état psychopathe qu'une seule chose, le retour à la normalisation d'un mari immature, en se servant de toutes les dérives possibles. La remise à niveau ainsi que la continuité de deux esprits ne se détectant plus, incapable de se débarrasser de leurs travers, mais reconstitué dans une durabilité élaborée par la restauration d'un existant. Le retour de l'absence d'un encadrement mutuel et des délits de fuites conjugaux, dans un climat environnant fragile, dépressif, pesant, irrespectueux, indiscret et versatile. Un opus accablant sur le rapide gommage de l'autre que l'on ne sait plus iconiser à long terme, sur une toile de fond pluraliste uniquement attentive aux faits divers de ses contemporains.
  • THE TRIBE (2014)
    Un monde du silence traumatisant à l'image d'un environnement automnal froid et dénudé contexte d'un pensionnat aux règles carcérales d'une rigueur extrême, refuge d'une meute de hyènes hyper violentes ne fonctionnant que par le conflit permanent et l'attaque surprise. Aucune chaleur de la part d'un groupe gouvernant uniquement ses troupes par l'emprise et l'obligation de faire ou quelques récompenses acquises par l'offrande ou la force sont plus près de la bestialité que du ressenti naturel et affectif.Un geste livré à lui-même n'ayant plus la parole pour le recadrer n'est plus qu'une farandole de bourrades, de farces douteuses, de coups et de remontrances assénés à un novice encore tendre endoctriné par un environnement imprévisible et désordonné à l'image de chimpanzés passant soudainement de l'accalmie à la bagarre générale.Aucune autre solution pour sa survie que de devenir l'image de ses persécuteurs en attendant accablé de sévices l'heure de la vengeance.
  • I ORIGINS (2014)
    "L'œil est la fenêtre de l'âme". Un low budget léthargique, lent et souffreteux dans une suite pratiquement continue de situations inconsistantes ne délivrant que peu d'informations d'éveils.Ceci malgré la très bonne tenue d'un sensitif consistant donnant quelques embellies à ce tortillard embourbé dans sa superficialité.
  • LES RECETTES DU BONHEUR (2014)
    Une petite sucrerie qui sans être d'une volumétrie imposante s'avère sensible et vivifiante. Deux heures de petits picotements sensitifs bien souvent racoleurs et maladroits, mais réellement bienvenus dans un environnement au quotidien privé de telles configurations.Bravo et merci pour le geste même si celui-ci s'embourbe parfois dans le clairsemé, la lourdeur et la monotonie.La senteur de l'autre ne peut être que ce que l'on construit avec lui.
  • HIPPOCRATE (2014)
    "Ton futur est dans tes rêves". Le temple hospitalier dans tous ses états qu'ils soient festifs, mensongers ou laborieux en fréquence avec un évènementiel porté à bout de bras quotidiennement par un personnel aux traits tirés. Dessins obscènes, déjeuners sur le pouce et confidences millimétrées se tissent dans quelques rares instants émotionnels que l'on a encore le réflexe d'offrir à quelques fins de vie. Sur toile de fond hiérarchique hypocrite contrainte à l'indifférence et au camouflage afin d'assurer la durée d'une maison mère gangrénée par son laborieux. Managée par une "meute" d'internes attentive, irritée ou décalée dont les extravagances bien souvent au dessous de la ceinture ne sont qu'un défoulement destiné à se redéfinir loin d'une appartenance symétrique avec un édifice malade de sa robotisation et de ses amputations budgétaires. Un prestige d'antan volatilisé, remplacé par une procédure monocorde restant miraculeusement performante.
  • TRANSCENDANCE (2014)
    La foi et la conscience, devant la pénibilité temporelle d'instaurer l'image définitive d'un monde exempté de tous ses maux, se retrouvent absorbés par l'indépendance et le gigantisme d'un esprit devenu une machine transcendée, aux frontières de la mégalomanie. Le basculement d'un concept éternellement basé sur l'attente indéterminée d'un monde parfait, vers la résolution de tous ses problèmes par une image virtuelle puissante et déterminée, désirant se faire adorée comme un Dieu.La démesure d'un complexe électronique, nouvelle cathédrale de toutes les espérances en conflit, avec une raison dépendante de ses appartenances religieuses et de la volumétrie de ses découvertes séquentielles dans l'histoire.La mise en lumière électronique presque instantanée de tous les remèdes contre la laborieuse montée en puissance dans l'espace et le temps, d'une recherche sans cesse tributaire de sa technologie temporelle.La transcendance contre la recherche quotidienne et son laborieux.La puissance virtuelle contre l'intelligence biologique dans un contexte où chaque camp se démène pour conserver le statut de divinité.
  • PREDESTINATION (2014)
    "Je suis mon propre grand-père". Le pire ennemi n'est parfois que soi même, présent à travers le temps sous divers concepts juvéniles, conquérants, manipulés, trahis et vengeurs n'étant que les apparences d'entités semblables, sous l'emprise de leurs différentes transformations.Ciblés dans un trou de ver permettant de se projeter instantanément dans ses devenirs, n'étant que les envolées de ses fondations d'antan toujours opérationnelles dans une minuterie temporelle parcourue au pas de course.Finalement on ne poursuit que ses espérances et ses désillusions dont nous semblons être uniquement les fautifs pour ne découvrir que les conséquences heureuses ou fâcheuses de nos branchements conditionnels.Un cercle éternel ou le passé, le présent et le futur se divertissent de leurs désordres en tentant vainement de corriger leurs destinées.Quel dommage que cette pépite ne scintille intensément que dans ses trente cinq dernières minutes.Le budget serré de cette entreprise au combien surprenante se retrouve beaucoup trop pénalisée dans une première partie statique et mollassonne.Qu'importe cette gâche, l'ensemble demeure valeureux et surtout interrogatif.Du bon boulot faisant carburer nos neurones et rien que pour cela on y va.
  • LA FAMILLE BÉLIER (2013)
    Une fable champêtre conviviale, chaleureuse et sympathique. Dans d'heureuses vibrations sincères et simplistes jamais vulgaires, délivrés par une France profonde entreprenante et vigoureuse dont les petites joutes de clochers, malgré leurs faibles volumétries rurales, ont enfin pignon sur rue.De biens agréables moments passés en compagnie de ces otages de la ferme et du bétail, silencieux et dépendants, détenteurs d'un potentiel autonome qu'il suffit de mettre en lumière.Décidant de vivre leurs handicaps en adulte loin d'un assistanat surgonflé.La visite agréable d'un cinéma français positionné actuellement sur l'offrande d'un émotionnel rose bonbon, racoleur et calculé, ratissant large, mais rafraîchissant par ses messages.
  • ENEMY (2013)
    "L'Histoire se répète toujours deux fois: la première fois comme une tragédie ; la seconde fois comme une farce". Karl Marx "Enemy" renaissance d'un cinéma lent et étiré, restaure un climat lancinant, venant menacer un blockbuster répétitif et lassant. Un peu de Goethe et de ses affinités électives accompagnés de plusieurs méandres aussi déstabilisantes que ténébreuses transportent dans des lenteurs d'écoles ce récit statique et irrégulier vers un retour inespéré. Un climat cinématographique enfin redevenu paisible. Un miroir interrogatif, déroutant, malmenant un cogito sur les nerfs, tentant d'analyser les quelques composants métaphysiques de ce labyrinthe ténébreux dont les bases principales sont la découverte d'un autre soi-même dont la visite déclenche perversités, dominances et possessions. L'esthétisme des images l'emportant sur un déroulé bien souvent au point mort, sans étincelles dont les neurones requises pour sa compréhension ne font que des prestations beaucoup trop réduites. Bref l'opus se traine trop longuement dans des investigations ennuyeuses, privés de virulences électriques.
  • NOS ÉTOILES CONTRAIRES (2013)
    "Venez vite, je bois le nectar des étoiles" dom Pérignon. Ca manquait, voici le retour de la maladie au service de la larmichette dans un clone réactualisée de Love story. Que dire de porteur sur ce mélo thématique, essentiellement calibré pour adolescents, dont les images calculées ne semble formatées que pour dérouler un romanesque dont l'opportunisme enfume le mécanisme explicatif d'une maladie de plus en plus répandue. Un paradoxe de taille dans des sentiments à leurs paroxysmes, mis en lumière à cause ou grâce à un fléau moderne impitoyable et dominateur. Du lourd, ceci malgré la bonne volonté de fournir un travail émotif, surtout dans la déception du modèle et la visite de la maison d'Anne Franck, moments forts d'un circuit vers le bas, entrainant avec lui la pire des choses, l'impossibilité de s'accomplir. En déversant symboliquement avant de s'éteindre l'intégralité de sa transcendance potentielle.
  • LUCY (2013)
    "L'imagination est le seul moyen de conquérir l'absolu". Les petites tranches explicatives du professeur Norman déposent quelques parcelles de luminosité dans cette avalanche pétaradante, insensible, rocailleuse et brutale, ne s'étalant pas au delà du neurone primordial, alimentant une mobilité thématique consistant à l'élimination quasi permanente de ses semblables par des analphabètes aliénés de la gâchette. Et pourtant, avec de gros efforts il est vrai, nous pourrions coloniser l'intégralité des possibilités de notre cerveau équivalant à la visite de toutes les étoiles de notre galaxie. Nos méninges domestiquées possèdent au même titre que l'univers, une ligne d'horizon que nous n'arrivons, ne pouvons ou ne voulons pas franchir. Ou tout simplement masquée, suite à nos comportements décevants. Le dépassement des capacités humaines ressemble pour l'instant à la vision d'une nuit étoilée dont le contenu est intouchable. Des milliards de connexions inconnues, dans un labyrinthe infini cadenassé suite à nos routines et à nos difficultés d'entreprendre. Une vie simple passée dans un enfermement quotidien, dont le prologue consiste à se reproduire et l'épilogue à transmettre à sa descendance un infime pic lumineux ou un misérabilisme ténébreux, permettant à l'histoire de l'espèce humaine de continuer dans ses accumulations sensitives personnalisées. Pendant que scintille au dessus de nos têtes, dans l'indifférence quasi générale, une rivière de diamant infinie et absolue permettant d'être partout à la fois. Le mouvement, ressource première et nécessaire à tous nos déplacements et créativités, ne produit plus que des devenirs basiques semblables à des balbutiements locaux cadencés par nos icônes terrestres. De la préhistoire aux temps modernes, Lucy se métamorphose uniquement au contact des siens.
  • UNDER THE SKIN (2013)
    Certaines structures de cet ensemble venteux et décharné resteront volontairement mystérieux. Il faut s'en accommoder, sans proscrire ces images cotonneuses, ne semblant reproduire qu'une pensée unique, la traque continuelle d'un alien "féminin" au bout de nulle part, se divertissant jusqu'à leurs extinctions, d'hommes ordinaires, narcissiques, basiques et laids, verbalement limités, délestés de toutes cultures, dans un désert quotidien, uniquement managés par leurs pulsions sexuelles.Manipulés et consentants, incapables de deviner qu'ils ne sont que les jouets d'une machine laboratoire, manquant totalement d'émotions, châtiant dans un état second toutes ces libidos masculines primaires, volontairement pourchassées.Une expérience terrestre dominante, amusante, puis déroutante, enrobant dans son concept sensoriel un être venu d'ailleurs, soudainement perplexe, interrogatif, fragilisé et anéanti par la perception d'un sensitif inconnu.Un opus courageux, inclassable, boueux, frigide, envoutant, entre lenteur et récurrence, dans une léthargie marécageuse et glacée.
  • BABYSITTING (2013)
    Selon quelques cogitos poussés à leurs maximums, il y a de nos jours pratiquement plus rien à découvrir. Plus de grands esprits qu'ils soient, physiciens, musiciens, littéraires, mathématiciens, ou autres.Une vie entière offerte à la recherche et à ses tortures quotidiennes semble être assoupie pour toujours, remplacé par l'opportunisme et ses gratifications.Il ne reste plus qu'à dilater de plus en plus souvent un délire domestique apocalyptique gigantesque dans une fête continue n'ayant plus aucune limite.Un tsunami dévastateur réduisant en poussières automobiles, teintures, bibelots et meubles bourgeois symboles de toutes les récompenses ne faisant que renvoyés leurs froideurs à leurs propriétaires gros et gras brodés dans leurs sépultures capitonnées derniers modèles.N'ayant plus aucun archétype modèle porteur, une jeunesse complètement barré se nourrit à l'extrême de tout un environnement artificiel luxueux.Un veau d'or grisant, puis carbonisé dans la joie et la bonne humeur par de jeunes loups protégés dans une immaturité dévastatrice avant de rentrer dans le rang.
  • QU'EST-CE QU'ON A FAIT AU BON DIEU ? (2013)
    Cette petite galette caricaturale et amusante se maintient toujours sur un fil du rasoir n'étant jamais versatile, permettant à chaque composant de notre nouvelle Marianne d'exposer sa différence, sans jamais s'aventurer au delà d'un point de non retour discriminatoire, sordide et dégradant. Chacun pour soi devient peu à peu tous pour un, dans un nouveau contexte hexagonal dont la continuité ne semble plus dépendre que d'une cartographie métisso-dépressive.Les divergences ancestrales s'estompent lentement dans des combats de coqs de moins en moins féroces, démontrant le besoin impératif d'instaurer de la pluralité constructive interchangeable tout azimuts, sur le territoire de la liberté, de l'égalité et de la fraternité.Un low budget exotico-franchouillard plaisant, simpliste à la limite de la bouffonnerie qu'il faut impérativement ingurgiter au second degré, territoire fictif, de cette utopie poussive, extravagante et bien chargée.
  • UN AMOUR D'HIVER (2013)
    "Et ils sont deux, auxquels se joint un et ils sont trois et en étant trois, il ne sont qu'un." Il y aura toujours des anges et des démons guerroyant sans cesse, pendant qu'un détonateur humain, animal ou matériel, tentera dans une perception incontrôlée ou non, de forger des rencontres fabricant des histoires entre les êtres. Le destin, otage de l'éternité, fait ce qui lui plait, réunis ou séparent qui il veut, où il veut et quand il veut. Ce qui ne peut se faire dans le passé, se fera dans le futur. Ce qui ne fonctionne pas avec l'un, fonctionnera avec l'autre. Le créateur ne ferme jamais une porte, sans en ouvrir une autre. Notre but est de ressentir et de fournir du sensitif sentimental ou violent à tous les êtres rencontrés par accident, dont les comportements bons ou mauvais, seront toujours un éveil. La révélation ultime étant de passer de la pierre brute à l'amour possible ou impossible, dont le geste final avorté dans son temps, sera réussi pour une ressource attendant patiemment sans en avoir la perception votre arrivée dans un futur lointain. "Un amour d'hiver" néanmoins attendrissant, se ballade beaucoup trop souvent entre attachement et déception, sans véritablement trouver ses marques. L'ensemble n'en reste pas moins émouvant dans certaines de ses envolées lumineuses, à voir en se laissant emporter.
  • THE GRAND BUDAPEST HOTEL (2013)
    Inutile d'intercepter un suivi dans cet univers rose bonbon grandiose et inconsistant. L'ensemble demeure autant surprenant qu'attachant, dans une suite de tableaux crispants, irréguliers et décousus, intégrés dans une brillante palette rassemblant ses couleurs par affinités.Energie esthétique indispensable, afin de ne pas décrocher, en s'adaptant à ce processus délirant, incontrôlable, sans maturité, étirant ses mésaventures dans tous les sens.Une glace à la fraise désaltérante malgré ses incessantes cassures.Libre, déjanté, un archétype cocasse, mouvementé, volontairement déstructuré, intégré dans des teintes folles .A voir absolument pour se reconstruire, en parcourant un nouveau monde épuré de toute structure conformiste. L'opus assume ses dérives.Les puristes auront remarqué la judicieuse présence du nombre 0620 dans le téléphérique et sauront lui attribuer un visage, une fonction et un nom.
  • POMPEI (2013)
    Par grand chose à mentionner sur cet opus propulsant un clone de "Gladiator" sur les cimes de la vengeance, dans une cité en ébullition, certainement beaucoup chargée, qu'une réalité historique paisible, communicative et ensoleillée. L'histoire semble appartenir de plus en plus à l'image et à ses nouvelles technologies.Archivé les tristounets braseros d'antan des versions précédentes.Donc acceptons les imposantes myriades numériques de ce "boulet" historique réapparaissant régulièrement par ses remakes au fil du temps, s'acharnant sur une cité livrée de nos jours au 3D, au tsunami et aux bombardements.Quant à la vérité, elle s'éloigne et s'éteint lentement, absorbée par une image artificielle manipulant nos sens par son gigantisme.Privé de la vision naturelle de son évènementiel, la continuité et la compréhension de l'histoire n'est plus qu'un développement technologique.
  • YVES SAINT LAURENT (2013)
    Yves Saint Laurent, usine à gaz pulsionnelle, bouillante et sensitive, se projette vers les sommets de son art, en compagnie de divers éclairs et effondrements instinctifs, reconduits régulièrement de manières intensives. Le bateau tangue dangereusement sans jamais sombrer, ceci grâce à un compagnon de route lucide sobre et investi, impuissant devant les incessants naufrages d'un esprit hautement créatif dont les éclairs de génie se retrouvent souvent en concurrence avec le besoin de s'autodétruire.Un créateur timide et angoissé, brillant dans le discernement, complètement absent dans la récupération festive, implose dans des nuits sulfureuses dont la finalité est la conquête d'un statut d'épave récupérée au petit matin.La belle et la bête, en cohabitation constante, près ou très éloignée d'une entreprise thématique encensée par un public conquis par la face visible d'un iceberg à double face, étincelant à la lumière, démantelé en coulisses.Un trajet cabalistique entre la grâce et son inverse.Le yin a la poursuite du yang, équilibre perpétuel d'une machine émotionnelle incapable de se stabiliser durablement dans un seul de ces deux concepts.
  • 100% CACHEMIRE (2013)
    Quelle déception. Sans aucun doute la daube de cette fin d'année 2013. Comment peut-on se fourvoyer à ce point et fournir de telles faiblesses?Ensemble décousu, partant dans tous les sens, terne dans des situations incohérentes, l'humour est en RTT.Enfant inexistant (On est à des années lumière de la luminosité comique et dévastatrice de Papouf dans "le grand chef" avec Fernandel).Belle Valérie, vite à l'écriture. Il faut impérativement se reprendre et renier cet égarement inexplicable et surprenant.
  • QUAI D'ORSAY (2013)
    Elle pulse cette cocote minute politique alimentée par Héraclite et ses citations frôlant les plus beaux fleurons verbaux d'un Jean-Claude Van Damme en grande forme. Les portes claquent, les dossiers volent, étourdissant par leurs soudainetés des ressources corvéables sept jours sur sept managées par un fragment Dinosaurien aussi surprenant qu'incompréhensible.Ludwig Von Wittgenstein aux affaires étrangères, précurseur d'un langage d'éveil basé uniquement sur le bon mot, n'entrainant qu'un discernement approximatif dans une cavalcade désordonnée.La gestion de la planète bleue par la prose Philosophique en représentation permanente de la part d'un esprit décousu changeant constamment de fil conducteur.Transcendé par une diction axée sur la volonté d'entreprendre sans jamais en tenir un cap cohérent.Un opus certainement révélateur de quelques senteurs de nos cabinets et ministères, terrorisés par l'élaboration parfaite d'un discours sur une scène de théâtre assurant carriérisme et longévité à celui ou ceux davantage concernés par une tournure verbale que par la réalité du terrain.
  • LE TRANSPERCENEIGE (2013)
    Tous ensemble chacun à sa place. L'absence ou l'excédent de volontariat contribue à la stagnation ou à la progression d'un système pensant, dont le but est d'élever ou d'effondrer par la récompense ou l'élimination la condition sociale de chacun de ses composants.Ce n'est pas le cas dans ce train gigantesque, grand huit planétaire sans arrêt, entouré de glace dont les intérieurs sordides ou luxueux se traversent tels des compartiments cloisonnés par l'indifférence et l'ignorance de ce qui précède ou de ce qui suit.La remontée fastidieuse vers la machine ne dévoile aucun exemple susceptible d'accepter sa condition de non participant devant une élite récompensée justement par son investissement.Tout n'est que répressions, trahisons, indifférences et décalages de la part d'une faune dominante, violente, moqueuse, distante et protégée, bien souvent excentriques, à la frontière de la folie.Devant une telle découverte et surtout une telle déception, il ne reste plus qu'une chose à faire, imposer son décalage en progressant par la force vers une vision finale équipée de propos dangereux, à la limite de la récupération.La théorie d'un troupeau animalier sale et repoussant croupissant en voiture finale, sacrifié ou servant de combustible à un convoi dont la durée est menacé par une neige se décidant enfin à fondre.
  • GRAVITY (3D) (2013)
    Cette féerie galactique exprime admirablement la douloureuse constitution d'un nouvel état conquis dans un noir d'encre sinistre et silencieux. La découverte d'une féminité inconnue, glanée dans l'épreuve à l'intérieur d'un ventre maternel spatial, rempli de cordons ombilicaux métalliques dangereux ou protecteurs.Une rage de survivre, de s'élaborer et de se révéler dans un liquide amniotique infini, garniture d'un fœtus en survie dont les décibels constants accompagnent les ornements indispensables de la terreur et de l'angoisse, moteurs paradoxaux de la détermination et de l'initiative.Ryan, dans un premier temps, managée, taquinée et remorquée par le sexe fort, assemble point par point dans les hurlements et les gémissements les plus extrêmes, une nouvelle autonomie sensorielle en relation avec l'avènement de son moi véritable.Un esprit neuf, nourri par sa détresse et sa solitude, s'imprègne d'un galbe magnifique, en se redressant majestueusement vers le ciel à la conquête d'une terre inconnue.Un très bel essai sur les spasmes d'une surface insolite, mère de toutes les métamorphoses.
  • PRISONERS (2013)
    "J'irai comme un cheval fou". La lente et irrémédiable descente aux enfers d'un père propulsé par ses pulsions dans un déferlement de violences mêlés de repentir, ne faisant qu'accentuer le besoin d'un écorché vif d'entretenir en permanence un équilibre séquentiel d'acharnement et d'effondrement à l'aide de ses propres diagnostics. L'entretien en vrille d'un comportement uniquement basé sur la cible que l'on kidnappe et martyrise en cachette, sans se soucier un seul instant de la dominance outrancière d'une perception. On s'acharne en détruisant en parallèle l'autre et soi, même pendant qu'une police peau de chagrin, uniquement basé sur la détermination d'un élément, tente avec difficulté de maintenir une procédure de travail basé sur l'investigation. Dans une joute livide entre l'aveuglement et la lucidité sur un site épuré triste et pluvieux. Un opus d'atmosphère captivant, long et éprouvant ne fléchissant jamais dans le contenu de son message.
  • MA VIE AVEC LIBERACE (2013)
    Ma vie avec Liberace reproduit honnêtement les arcanes narcissiques et loufoques d'un concept festif, dépensier et infidèle. Des paillettes sécurisantes et décalées entretenant une immaturité ayant besoin de se rassurer en permanence, dans de grandes pièces magnifiquement éclairées, saturées de toiles et de bibelots pharaoniques. Ce qui brille apaise, tout en formatant certaines confidences sur quelques dysfonctionnements du passé, menant une réplique du citoyen Kane vers un état des lieux non réellement désiré mais assumé dans tous ses excès. On s'éclate paradoxalement en trainant ses manques comme un boulet en regrettant secrètement de ne pas être soi même. Constamment sous l'emprise du chien de race, de la fourrure, du bijou, de la perruque, du visage refait et de la voiture de luxe dont on devine parfaitement qu'ils ne sont qu'apparences, dépendances, souffrances et simulations. Le tout pour se dissoudre en fin de course alité et amaigri, privé de toutes extravagances, exprimant enfin un langage dévoilant de vraies valeurs. L'amour entre hommes, dans un opus sensible, sans jamais être dérangeant, où il faut toucher le fond pour s'apercevoir que la véritable perception des choses ne peut se ressentir que privée de tout.Sans être éblouissant de bout en bout "Ma vie avec Liberace" restitue loyalement les assaisonnements loufoques, narcissiques et fantasques d'un concept festif immature, dépensier et infidèle emmailloté dans de la lumière vive. De la paillette relaxante sauvegardant une inconsistance ayant besoin de se rassurer en permanence, dans de grandes pièces magnifiquement éclairées, saturées de toiles et de bibelots pharaoniques. Ce qui brille apaise, tout en encourageant certaines confidences sur quelques dysfonctionnements du passé, menant une réplique du citoyen Kane vers une finalité non forcément désirée mais assumée dans tous ses excès.On se détruit paradoxalement en trainant ses manques dans un abouti dissimulant secrètement le regret de ne pas être soi même. Constamment sous l'emprise du chien de race, de la fourrure, du bijou, de la perruque, du visage refait et de la voiture de luxe dont on devine parfaitement la temporalité éphémère.Le tout pour se dissoudre alité et amaigri, privé de toutes extravagances dans des remords divulguant enfin un véritable langage.L'amour en hommes, dans un opus sensible, sans jamais être dérangeant, où il faut toucher le fond pour s'apercevoir que le ressenti n'a nullement besoin d'artifices pour se dévoiler.Il suffit de s'aimer tout simplement et de le proclamer dans le vide absolu.
  • JEUNE & JOLIE (2013)
    "Jeune et jolie" malgré les douces mélopées sensitives de Françoise Hardy manque de profondeur. Toutefois la déception d'une jeune lycéenne des beaux quartiers, préférant fuir un environnement familial éteint, accompagné d'un contexte sentimental basique et inexpérimenté, en se dirigeant vers les fantasmes du plaisir à l'aide du proxénétisme tarifé, est perceptible et correctement rendu.Une "belle de jour" réactualisée se libère d'un geste masculin générationnel, empressé et maladroit, pour se réaliser pleinement entre les bras d'un senior paternel sans tabous, mélancolique et revanchard, loin d'un bunker familial recomposé et d'un bahut Bobos, ne fonctionnant que par les perceptions lassantes et répétitives d'une génération montante, tourmentée par l'accomplissement du premier rapport sexuel.Un opus moyen, dans un cheminement décent, mais trop clairsemé.
  • BEFORE MIDNIGHT (2013)
    Ennuyeux, long et assommant, "Before Midnight" s'enlise dans d'interminables plans séquences pompeux, ankylosés de propos monocordes. Une longue marche interminable, bavarde et prétentieuse, réalisée par des bobos insatisfaits, se nourrissant de soleil et de bonne chère, accompagnés de leurs espérances et de leurs doutes, dans de longues thématiques nostalgiques, fastidieuses et ampoulées.La montée chromatique fastidieuse d'un couple talonné par la remise en question, passant du baiser au combat, dans une rafale ininterrompue de reproches lourdauds et indécis.
  • GATSBY LE MAGNIFIQUE (2013)
    "Les jeunes filles riches n'épousent pas de garçons pauvres". Gatsby, concept mélancolique dissimulé dans l'apparat, illumine son désarroi dans les peintures vives d'une fête pratiquement ininterrompue. Une fracture émotionnelle indélébile, dissimulée dans l'utilisation sans retenue de consommables luxueux, acquis dans l'air d'un temps offert à tous les audacieux. L'homme de près ou de loin s'enivre de ses restaurations incessantes de couleurs pudiques ou chargées, toiles de fond festives d'une jet set sans profondeur tutoyant l'infini déjantée d'un comportement sans limites. Gatsby, esprit quelconque sans envergures, affaibli par une blessure sentimentale, se sert comme une fronde de cette anomalie pour se construire par le monde des affaires, catapulteur d'un paraître revanchard ressuscitant un moribond sans le sou, aux yeux de sa belle. Le chemin menant de la pauvreté vers la richesse transporte un amoureux éconduit de l'anonymat vers les sommets d'un pouvoir, à la base non désiré, puis visité jusqu'à l'ivresse. Un état indispensable pour renaitre, sans pour autant cicatriser un impact vif toujours présent. Le manque d'intérêt total envers un esprit n'ayant aucune valeur dans le plus simple appareil, forcé de s'inventer un personnage pour plaire.
  • IDA (2012)
    Ida, loupe dénudée, austère et enneigée restitue parfaitement les pulsations interrogatives et sensitives d'un pays sous l'emprise du visage grave et du verbe rare tentant laborieusement de se reconstituer tout en gérant les contraintes d'un lourd patrimoine élaboré dans son histoire. Doute et culpabilisation s'insèrent dans un festif improvisé découvert à la dérobée avec comme partenaires naturels et quotidiens des forets tristes et répétitives, paravents de villages quasiment déserts sur des routes incertaines offertes dans un silence de plomb à des voitures cabossées aux bord de la rupture.Un site au dessous de zéro entre rusticité et fumets d'indépendances se maintient opérationnel concepts par concepts dans un partenariat soporifique aux traits tirés, distant ou sentimentalement éphémère unissant sans flammes le temps d'une nuit l'autre côté d'une vie promise à la divinité.Dans des interrogations rigides et attirantes perturbant les principes d'une nation rivée sur ses codes sur le point de découvrir une parcelle de lumière.
  • 9 MOIS FERME (2012)
    Ce sera court. Neuf mois ferme est un pétard mouillé.Une ascension laborieuse à la conquête d'un éther jamais atteint en permanence.Intercalant quelques bons moments dans un ensemble désordonné, l'opus ne parvient jamais à livrer un ensemble homogène.Bien souvent laborieux, dans l'impossibilité de trouver des marques durables, ce labeur crispant se démène péniblement dans une série de clichés hystéro lassants, corridor beaucoup trop longiligne entre un essoufflement et une situation comique prenant son temps pour faire surface.Un soufflé excentrique garni de beaucoup trop de coupures électriques.
  • LA VIE D'ADÈLE (2012)
    Tout n'est pas à poubelliser dans ce trajet laboratoire laborieux imposé à une jeune lycéenne de son temps pulsionnelle, curieuse et incertaine attirée par le besoin de se réaliser temporairement par l'expérience décalée. L'éveil des sens d'une adolescente capturée par l'attirance hors norme incorpore ses troubles et ses indécisions entre le troupeau d'un bahut violent, moqueur et jaloux, la drague masculine et le nectar d'une sauce bolognaise familiale retenant encore captive une jeune fille n'arrivant pas à se positionner sur une sexualité définitive. Tout en se répandant bien souvent dans des durées interminables l'opus offre par instants des moments intenses tutoyant un cinéma vérité conforme à l'environnement d'une jeunesse dispersée, nerveuse et interrogatrice débridée dans les manifs ou dans les cafés puis recadrée sans chaleurs par des cours austères. En attendant l'éveil d'une véritable mission, Adèle ravitaille son jeune âge de cris, de rires et de larmes à l'aide d'une libido de moins en moins condamnée. Dans une traversée chaotique, atypique, porteuse de la seule chose que nous ayant à faire, ressentir. La scène de la rupture est un moment fort.
  • ELLE S'EN VA (2012)
    La belle Catherine a bien du courage de formater de la sensibilité au contact d'une faune aussi médiocre rencontrée ici et la dans un road movie insensible et désordonné. Quelques états d'âmes cléments offerts à des ressources insignifiantes, mal dirigées faisant de ce boulet pauvre et cotonneux une épreuve ne menant nulle part.A éviter.
  • WORLD WAR Z (2012)
    Elles sont bien impressionnantes ces ruches humaines déjantées, escaladant presque d'un seul bond de hautes murailles bien fragiles protégeant sommairement une population touchée de toutes parts par un mal inconnu. La déferlante d'une horde infinie de zombies aux rictus infernaux impossible à raisonner, programmés pour s'acharner sur une population cramoisie de peur et d'incapacité devant l'impossibilité d'enrayer un fléau surgit de nulle part.Des fragments dilatés impressionnants sur terre et dans les airs où chaque composant applique un même logiciel, la défense et l'attaque dans un contexte aéré ou compressé, ahurissant de terreur.Un automatisme de survie tissé dans la détermination de découvrir l'origine d'un mal qu'il faut combattre tout en essayant de le comprendre.la lutte soudaine et furieuse entre un airain limité et un visage révulsé aux dents acéré sur un terrain de jeux à feu et à sang dans une aventure efficace, enfin au delà du divertissement.
  • STOKER (2012)
    Pourquoi l'initiation, puis la lente métamorphose d'India vers la jubilation perverse et assassine rejetée, puis appréciée, offerte par une pièce rapportée aussi séduisante que glaciale, est elle aussi peu porteuse d'émotions? Ces images au point mort sont bien décevantes.Rien n'est ventilé ni intercepté. Quel ennui que ces situations pâles et narcotiques privées d'étincelles.On ne ressent rien, positionné au même niveau que ces personnages, semblant complétement vidés de toute substances.Un apprentissage inconsistant et laborieux subi, puis validé par une adolescente moquée et sans attrait, se noie dans la torpeur la plus incolore.Ceci malgré la performance d'une belle photo, désirant honnêtement essuyer les plâtres d'un parcours d'une considérable nudité sensitive.La décevante initiation et prise de conscience des véritables "valeurs" génétiques d'India, esprit en embuscade, fuyant et voyeuriste, passant de l'insignifiance à la jouissance, par l'intermédiaire du crime.Un raisin potentiel encourageant, donnant du mauvais vin.
  • UPSIDE DOWN (2012)
    Comment la sensibilité peut-elle être perçue dans sa valeur profonde dans un déferlement permanents d'images aussi lumineuses que superficielles ? Pourtant elle est bien là, diminuée, naïve, dissoute ou intégrée sur un territoire irréel et récupérateur.Incapable de se valoriser pleinement devant un redoutable adversaire nommé merveilleux, détenteur de tous les visuels possibles, dont nos perceptions émotionnelles deviennent de plus en plus dépendantes.Maintenant on se dit "Je t'aime" avec comme toile de fond une panoplie quasi infinie de représentations futuristes interchangeables.La nouvelle couleur des sentiments dans un graphisme étonnant, attirant fossoyeur de comportements forts et dénudés.A quand le retour de Roméo et Juliette. L'amour dans sa version texte, sans rien autour.
  • CLOUD ATLAS (2012)
    Il suffit de comprendre une seule chose pour comprendre toutes les choses car toutes les choses sont liées à cette chose comme étant la diversité de sa récurrence. Une seule Matrice se dupliquant à l’infini en projetant son ensemble dans les différentes facettes de sa pensée unique. Une même réalité dans sa diversité récursive sur un champ d’énergie interdépendant nécessaire à la prestation de ses concepts naturels ou sensoriels, sur une plateforme interactive renforçant la régularité de son parcours en se servant pour cela de toutes les métamorphoses d’un même visage. Un tableau multi facettes dont tous les éléments ne sont qu’une seule perception. Un être indivisible malgré un éclatement constitué de toutes ses différentes perspectives. Un thème qui tout en entretenant sa récurrence enrichit son contenu en donnant de l’envergure complémentaire à une même approche dans la visite de ses nombreuses représentations. Assurant la longévité d’une même substance dont tous les attributs représentent son archétype réincarné en différentes apparences. Chaque transformation de sa charpente page après page correspond à la découverte d'un monde nouveau dissimulant une même entité. La porte de toutes les portes ne faisant que se reproduire à l’aide de ressentis identiques apposées sur des formes différentes. Un seul tableau se servant de tout son potentiel n’étant que lui-même dans tous ses états. La possibilité d'enrichir de manière développée ou dépouillée, un emplacement porteur de plusieurs perceptions dans un même écrin, destiné à la richesse d’une palette éclatée en plusieurs morceaux, ne constituant qu'une seule substance au fil de son histoire. L’éternel retour, fidélité d’un parcours similaire ne pouvant exister que par les mêmes clichés toutes époques confondues.
  • À LA MERVEILLE (2012)
    Quand l'ennui devient une aubade aussi pathétique que symphonique, pas de doute nous sommes bien sur les terres d'un cinéaste errant, hors du commun plus photographe que cinéaste, capable d'embellir d'un mystère profond les moments les plus insignifiants. Une photo instable, éphémère et léthargique, enrobée d'une somptueuse rosée auditive, ressources d'une interrogation ininterrompue sur les êtres, le divin et les choses, sur des terres aérées détenant dans leurs démesures l'absence de toutes réponses. Des mots d'amours ne réconfortant que l'instant où ils sont prononcés, paradoxes d'un nomadisme sans fin locataire à vie des extases les plus profondes. Habitacles de comportements fragiles et incertains, doutes éternels raffermissant l'emprise d'un absence de soi, dans un monde soumis aux épanouissements multiples et superficiels. Un très bel opus poétique, interrogatif et attachant (à condition d'en supporter les nombreux passages figés et décousus) sur le devoir d'établir sa propre définition existentielle universelle, saine et durable, enfin libéré de tout espoir de capter une réponse venant du ciel. Il est plus que temps de venir au monde .
  • FLIGHT (2012)
    Une bonne ou une mauvaise surprise que cet opus valeureux dans ses vingt premières minutes, sombrant dans un émotif trainard et ennuyeux, pour enfin se ragaillardir dans le rachat final donnant quelques étincelles de bravoure à un tracé aux allures de mollusques. L'action n'est pas l'éther continu de cette aventure, longue bien souvent inconsistante, mais non dépourvu d'émotions.Ici il faut se poser, écouter être tolérant envers des images aux points morts, propriétés de quelques esprits malchanceux, détériorés, maintenus dans une lucidité dépendante, par leurs responsabilités envers les autres."Flight" presque continuellement au repos vibre de l'intérieur, ceci par quelques larmes de repentir, baignant un visage meurtri privé de repos, constamment traqué par l'addiction.Un film intimiste, touchant, mais non bouleversant.
  • DJANGO UNCHAINED (2012)
    La soumission, la survie, la ruse, l'opportunité ou l'indifférence en propriétés ou sur les routes sans protocoles ni sommations d'usages. Une approche constructive, subitement punitive, se servant d'une dialectique longue et forcenée pour nourrir une violence se servant du verbe pour s'extérioriser.Un festin royal, extravagant dans un grand guignol de qualité, inséré dans une partition décalée, sanguinolente et jouissive.Ici, il ne s'agit pas de se rapprocher d'une vérité historique, mais de se régaler de sa virtualité.
  • L'ODYSSÉE DE PI (2012)
    Un périple mouvementé entre un cogito sur des charbons ardents et une machinerie animale en férocité perpétuelle. Une ballade initiatique, accompagnée d'images féeriques ou apocalyptiques, offertes par un océan apaisé ou en totale convulsion, à deux comportements extrêmes dépendants de leurs sens.L'élaboration d'un concept mystico-bestial entre un esprit illuminé par ses découvertes et un félin sans reconnaissance, dépendant de l'appel de la forêt, dont l'abandon émotif n'apparait que dans l'inconscience.La vulnérabilité et la braise éternelle aux mains de leurs codes respectifs, loin de tout sur des flots calmes ou déchainés.
  • LOOPER (2012)
    "Une mère prête à mourir pour son fils, un homme prêt à tuer pour sa femme." Révélateur ce remontage de bretelles effectué dans un boui-boui situé au fond de nulle part par un quinquagénaire grisonnant rattrapé au cours d'une vie agitée par un sensitif auquel il ne s'attendait pas adressé à une machine à tuer insensible et immature n'étant que lui-même vingt-ans plutôt. Difficile de ne pas penser par instants à "Terminator" dans cet opus futuriste fusionnel, passionnant entre une première tranche de vie indifférente et décalée, brusquement éveillée par une seconde vieillissante adoucie par les sentiments. Un tout en un virulent, formaté pour la protection et l'élimination d'une future puissance infernale, en manque d'affection encore au berceau. L'association brutale et initiatique, entre deux processus asymétriques, significatifs d'une révélation de soi à conquérir dans l'épreuve menant la dualité d'une unique conscience vers la rédemption.
  • TO ROME WITH LOVE (2012)
    Pas beaucoup de frissons dans cette ballade romaine, permettant à quelques parachutés de sortir temporairement de l'anonymat, de tâter de l'opéra en compagnie d'accessoires inattendus ou de titiller quelques interdits, en favorisant les remords plutôt que les regrets. L'opus est divertissant, pas trop bavard. Les bons mots ne manquent pas, dans un ensemble attachant, légèrement naïf, sans pour autant être volatil.Une agréable randonnée dans une ville éternelle flamboyante, truffée de rencontres, d'éveils fournissant les plus fines essences à des confidences spontanées ou à des audaces endormies, n'ayant que peu de temps pour s'exprimer avant de voler vers d'autres cieux ou de regagner la normalisation.On prend, puis l'on jette le tout en cachette, dans un opus un peu enfantin, mais jamais fastidieux, révélant quelques composants fuyants, influençables, versatiles, satisfaits d'extérioriser quelques voluptés inconnues, en se partageant la révélation sans lendemain, l'infidélité sauvage et la gloire soudaine.
  • IRON SKY (2012)
    "Iron Sky" opus libre et déjanté se grise d'une virtualité certainement active dans un univers parallèle. Le nazi revanchard attendant l'heure de la vengeance planqué sur la Lune, pourquoi pas après tout.Cette image impossible à constituer sur nos terres peut très bien voir se réaliser dans une autre dimension.La mission étant de mettre en lumière les combinaisons les plus folles.L'univers est fait pour se dilater dans sa totalité en se miroitant dans toutes ses images composées de tous les récits possibles.Alors adaptons-nous à ce contexte farfelu à son avantage, dans un délire certainement présent quelque part dans une nuit céleste infinie.Ailleurs, on est toujours la dans la refonte ou l'exagération de l'histoire, dans les aventures les plus contradictoires menant la matière vers la réalisation de son absolu."Etre ou ne pas être", l'autre face d'un monde lointain, inaccessible libre de valider ou de contester nos empirismes terriens.La réforme de nos acquis effectuée par nos semblables dans un cosmos embelli par ses excès.
  • SUGAR MAN (2011)
    "Le créateur ne ferme jamais une porte sans en ouvrir une autre." Un génie musical boudé sur ses terres se retrouve iconisé par le piratage sur un sol lointain ratissé par l'omerta. Brusquement conquis par une parole d'évangile, un peuple gangréné par des lois sectaires s'éveille à l'individualité d'un comportement dominé par les sens. On est enfin soi par ce que l'on ressent et que l'on assume en le revendiquant haut et fort. Ce n'est plus ce que l'on nous demande d'être, mais ce que nous sommes vraiment, glané dans une liberté permettant à une architecture sensorielle manipulé par un système répressif de frémir enfin par ses choix. Tout en étant dans son monde et désirant y rester, l'homme sucre effacé et nonchalant devient le phare d'une nouvelle pensée loin d'un pays dont la reconnaissance ne passe que par la vente. La disparition d'un obscurantisme opéré par un solitaire, grisé par des textes localement incompris, exportés, captés et encensés par un peuple curieux puis avides de sensations nouvelles. Sixto Rodriguez, la terre n'est qu'un seul pays et ce pays est le tien.
  • SKYFALL (2011)
    Bond, traits burinés, usés par le kilométrage et la guerre des chefs dont les exigences sont de plus en plus insensibles, habille un corps usé de quelques fragments émotifs dans d'indélébiles procédures automatisées. A travers le volontariat constant et la récurrence de la mission, un esprit fatigué se devant d'être constamment au top humanise son regard en le posant enfin sur l'autre.Une ressource surentrainée mais vieillissante commence un apprentissage émotionnel au contact d'un retour au source en compagnie d'une hiérarchie apeurée, diminuée, percevant ses faiblesses dont l'ultime combat consiste à dégeler ses sentiments.Bond associe enfin sa panoplie hyper sophistiquée à des méthodes ancestrales de combats pour en débattre au gaz et au mousquet sur une terre désolée.Un bon film sur les extravagances d'un homme et de son métier, enfin enrobés d'ultimes et véritables messages à délivrer.
  • LES SAVEURS DU PALAIS (2011)
    "Les saveurs du palais" est un opus léger, bien souvent somnolent, manquant de matière combative sur un site particulier, dont les contraintes d'exécutions condamnent fermement certaines corrosivités personnelles à l'abandon ou au mutisme. Le tout étant de durer et surtout de ne rien changer dans un climat austère, dont les sous sols grouillent d'une main d'œuvre robotisée, exécutant des procédures culinaires manquant totalement d'ingéniosité.Essentiellement garni de petites scénettes beaucoup plus distrayantes que virulentes, entre certains personnages trop épurés s'égratignant sans se mordre, entre les mains d'un timing Elyséen plus facétieux que crédible.Une ambiance superficielle, inachevée, un peu molle, illuminée par l'apparition de plats aussi symétriques dans leurs éclats que dans leurs identités.Quelques bons moments émotionnels malgré tout, beaucoup plus présents sur des terres glacés que sur un périmètre parisien protocolaire et minuté.A voir dans un esprit aérien, détaché et surtout tolérant, devant ses absences d'énergies réduisant ce récit gentillet à une vision beaucoup plus amusée qu'investie.
  • JUSQU'À CE QUE LE FIN DU MONDE NOUS SÉPARE (2011)
    Un ratage digne de figurer dans le Guinness. Et pourtant c'est bien agréable de voir la belle Keira pleine de vie, habillée sobrement loin des quartiers chics et des parfums. Ce joli minois souriant, naturel et spontané n'empêche hélas nullement l'ensemble de se rependre majestueusement dans un ennui profond, indigne d'une remarquable idée consistant à savoir avec qui selon certaines circonstances on va passer ses derniers instants sur la planète bleue.Une double catastrophe dans le ciel comme sur terre, dans une suite quasi continuelle d'images paresseuses manquant d'émotions profondes.Un film inutile.
  • PROMETHEUS (2011)
    "La vraie raison des choses est invisible, insaisissable. Seul l'esprit rétabli dans l'état de simplicité parfaite peut l'atteindre dans sa contemplation profonde". Cette citation du métaphysicien René Guénon semble bien éloignée de ce spectacle grandiose surdimensionné se contentant de dérouler ses procédures subordonnées aux performances technologiques du moment. Qui sommes-nous, d'où venons-nous, où allons-nous? Ce n'est pas cette overdose d'images hallucinantes qui nous le révèlera dans sa plénitude. La révélation est bien souvent l'otage de son temps. Elle se pensait aux temps des lumières et se visualise de nos jours en étant de plus délirante et dévêtue de sobriété. "Prométheus", opus hautement spectaculaire, opte pour un contexte grandiose, immense et dénudé, terrain de jeux aux ressentis extrêmes offert à des protagonistes en convulsions ininterrompues. La vérité finale ne pouvant lutter contre un tel gigantisme, ne peut être qu'un horizon fuyant perpétuellement nos interrogations. Quand va-t-on savoir vraiment et simplement qui nous sommes?
  • COSMOPOLIS (2011)
    "Il y a de la souffrance pour tout le monde aujourd'hui". "Cosmopolis" mystique, austère et verrouillé, restitue parfaitement l'atmosphère automatisée de morts vivants paranos et cloitrés, dont les visages blêmes et figés sont à l'octave de leurs propos monocordes. Une réquisitoire temporel glacial sur l'extinction d'une véritable sensibilité, remplacée par l'isolement et son luxe protecteur n'offrant qu'ironie et solitude à un nanti compressé dans sa bulle d'indifférence. De longues et bavardes théories, exaltées dans un isoloir ambulant menant vers le chaos une société ayant épurée tous ses concepts moraux et politiques, dont les seuls repères sont la résignation et la fête effrénée. Le tout menant vers l'aliénation un peuple sans modèle sain, n'ayant plus le contrôle de lui-même.
  • DE ROUILLE ET D'OS (2011)
    Le polissage progressif d'une pierre brute, prisonnière permanente de l'atmosphère de ses échecs, au contact d'un enfant et d'une princesse des ondes, dont les différentes inquiétudes et malheurs conduisent un pestiféré du geste tendre vers les éthers de la délicatesse. La douce et l'hirsute dans un monde aux portes de la barbarie urbaine, tissés dans la découverte de nouveaux sens, glanés au contact de leurs infériorités.Une force nouvelle qu'il faut intégrer dans un contexte dominé par le grognement, le combat de rue et le tatouage intégral.Un opus bourru, sur l'élaboration d'un émotif sur le fil du rasoir, qu'il faut conquérir et entretenir dans un monde en miettes.
  • MAMAN (2011)
    Malgré sa bonne volonté "Maman" est un opus décevant dont la seule particularité est de confirmer une fois de plus par ses images un cinéma hexagonal désargenté, prisonnier d'une sédentarité à long terme, l'obligeant à se morfondre dans des climats austères et ennuyeux. Tout est en berne autour de comédiens essuyant les plâtres d'une industrie bien mal en point, tributaire d'un lieu clos exprimant les derniers râles d'une usine à gaz n'ayant pratiquement plus de jus.Le sujet est fort, mais se néantise dans une suite de scènes aussi torturées qu'insignifiantes, dévoilant l'immense difficulté de jouer vrai, dans un parcours manquant totalement d'électricité naturelle.Un énième film de crise, tentant désespérément de maintenir hors de l'eau un cinéma Français bien malade.
  • LA CABANE DANS LES BOIS (2011)
    Basique et ennuyeux dans ses deux tiers, malgré une découverte originale importante, "la cabane dans les bois" se débride complètement dans une dernière partie hallucinante, complètement barrée. Les clins d'œils à l'anéantissement final du complexe de "Mondwest" de Michael Crichton ne manquent dans une pincée délirante faisant surgir sur un site pulvérisé toute une panoplie vampirique déchainée.Une fiction sanguinolente et prémonitoire, complètement dingue, annonçant certainement la métamorphose dans un avenir encore lointain de nos concepts de jeux de télé réalité, actuellement beaucoup plus absurde que dangereux, mais se dirigeant irrémédiablement vers le voyeurisme, le pari, la souffrance et l'élimination sans pitié de leurs candidats.A signaler l'apparition surprise de l'unique survivante du Nostromo dans un final époustouflant.
  • CLOCLO (2011)
    Rien de nouveau sous le soleil, dans le parcours de ce déraciné, en rupture paternelle, récupéré au départ alimentairement par le concept du paraitre, pour finir en icône fragile et insupportable, sous dépendance sentimentale. Au départ le personnage est chaleureux, doux, aimant. Victime de l'indifférence d'un père, ne sachant pas encourager les besoins de lumière d'un fils, épouvanté par l'obscurantisme.Puis tout change. Le personnage une fois sous les sunlights devient jaloux, irascible et intolérant.Les plus belles créatures finissent par s'enfuir ou s'abandonner à d'autres mégalos ou opportunistes d'un métier où l'on conserve jamais longtemps un être bien souvent conquis férocement.La déferlante continuelle de fans dans un état second ne suffit pas à apaiser complètement un homme écartelé entre une notoriété à entretenir en permanence et ses réveils soudains, avec une réalité recadrant sévèrement une idole managée par le doute et la solitude."Cloclo" est un rendu particulièrement efficace sur l'essence impitoyable et récupératrice du show bizz, ceci par l'intermédiaire de l'un de ses innombrables consommables, formaté pour la réussite, le pouvoir, la possession sans partage et l'emprise sur toute une faune dépendante.Un esprit enfantin et dictatorial privé de déclin; déterminé à s'accaparer de force les plus belles parures d'un concept finissant d'une manière ou d'une autre par l'abandonner.
  • PROJET X (2011)
    "Projet X" est l'intégralité d'un processus menant un groupe de l'euphorie à l'anéantissement, en passant par le débordement, suite à l'import d'ingrédients destructeurs, drainant toute une faune avinée vers une petite apocalypse locale. Un statut moral collectif dégradé au maximum, pendant quelques heures, déclenche l'apparition de toute une faune de doux dingues complètement aliénés par la vision d'un naufrage festif.Un opus significatif sur un débridé indispensable, jouissif et spontané, beaucoup trop pénalisé par la volumétrie de l'étude et la contrainte de réussir.Ceci ne faisant qu'accroitre le besoin de reconquérir une identité animale ou tout n'est plus qu'instinct et possession.
  • LE TERRITOIRE DES LOUPS (2011)
    Charles Darwin semble reprendre du service. On voit de plus en plus souvent des films ou les personnages se retrouvent en compétition avec la force naturelle des éléments ou animale, des lieux qu'ils traversent où appeler Dieu à son secours ne sert à rien.Que dire de consistant sur cet alien austère et glacial, curieusement bien noté par les internautes.Outre le faciès douloureux et tourmenté de remords de l'excellent Liam Neeson, rien ne semble différencier cet opus d'un concept standard de course poursuite bien fade.L'intuition de rester connecté jusqu'à la fin du générique final révélera un petit plus émouvant dans l'équilibre de sa conclusion, redonnant une parcelle de luminosité à un produit récurrent.
  • LES INFIDÈLES (2011)
    Un spectacle bien déprimant que cette perception féminine, considérée comme du gibier jouissif permanent, troussé à la grosse par deux demeurés immatures, incapables d'aligner deux phrases hors d'un contexte possessif. Deux grands malades narcissiques, rivés sur des doctrines machos, adeptes de la philo de comptoir, de la chambre d'hôtel éphémère et de la boîte de nuit superficielle, se grisent de conquêtes aussi inconsistantes que leurs discernement sur une approche de l'autre, basée sur une drague attentiste et respectueuse.A quoi bon posséder quelqu'un d'aussi insaisissable et indifférent que soi, dans des contacts froids, rapides et inconsistants, uniquement basé sur un rapport de brousse, dont les procédures réconfortantes sont débitées par deux égocentriques, pendant un acte sexuel digne d'une étreinte animale.Ironique et caustique, dans ses vingt premières minutes, l'opus sombre sans espoir de retour vers un pathétisme et un voyeurisme dérangeant, incompatible avec le début alerte d'un traitement corrosif amusant par ses extrêmes.On décroche sans regret devant ce périclitage sordide et nauséabond.
  • L'OEIL DE L'ASTRONOME (2011)
    "Combien y en a t'il ? Autant que vous pouvez en compter". Cet apprentissage céleste paisible et mesuré, loin d'un numérique déchainé, transcende dans de douces méandres un esprit illuminé par un regard façonné dans un verbe audible et princier, accordés à l'interprétation du ciel et de ses mouvements. Principe disséqué par un faciès inquiétant, oiseau de nuit endormi le jour dont les propos novateurs, étranges et dangereux se brodent dans l'utilisation d'instruments grossissants, aussi lourds que douteux. Devant une assemblée hostile et impétueuse, une épée brisée dans l'eau se retrouve intacte hors de celle-ci, prouvant ainsi que le liquide est plus dense que l'air. Les lentilles du télescope font la même chose. L'œil également. Les objets grandissent, en rapprochant leurs traits inconnus de sceptiques entretenus par divers témoignages négatifs, affaiblissant un savant, imposant de nouvelles doctrines, contestant les paroles de la Bible. Comment faire accepter une hypothétique vie sur Jupiter? Soleil raté contemplant la ronde éternelle de ses gardes du corps, quand l'église soutient fermement que la Terre est au centre de l'univers et que d'autres astres sont inutiles ou subordonnées. Dans un contexte historique strict et verrouillé, soudainement agité par des théories nouvelles élaborées dans l'allégresse, par une intelligence dérangeante. Le ressenti passionnant et concis d'un éphémère décalé, dans une aventure d'une sobriété de cathédrale.
  • LA VERITE SI JE MENS ! 3 (2011)
    Cette sphère commerçante, immature, extravagante et dépensière continue de festoyer dans la démesure, la magouille et le chèque en bois. Un chapelet de situations thématiques presque enfantines, rassurant ou terrorisant toute une bande de nantis aux abois, traqués par la concurrence asiatique et le contrôle fiscal.Une faune transpirant dans le camouflage, la saisie et la farce, n'ayant qu'un seul objectif, sauvegarder un paraître rutilant dans des biens matériels sécurisants, envoyant à la benne un intellect inutile.Ce qui compte c'est l'énergie que l'on développe dans un milieu où l'on connait l'autre comme soi-même, ceci n'empêchant pas d'intégrer la chaleur humaine à la méfiance.Une agréable comédie, dont le mérite est de souder un groupe festif et désinvolte, montrant avec humour l'identité de notre monde d'aujourd'hui bien plus virulent, noyé sous la frime et la combine.
  • MILLENIUM : LES HOMMES QUI N'AIMAIENT PAS LES FEMMES (2011)
    Cette version est remarquable. L'embellie réussie d'un premier jet un peu trop statique se contentant de mettre en images le contenu d'un best-seller sans en faire frémir les pages. Dans cet opus, l'isolement et le froid glacial de ces pelouses et demeures endormies se ressentent au maximum.La famille Vanger à l'image d'un site éloigné de tout, calme, désolé et tapissé de blanc détient par cette dualité les contraignantes conditions que peut subir un esprit citadin temporairement délocalisé au contact d'une nature austère dont certains visages se sont imprégnés.L'éclairage artificiel conséquent ou pratiquement absent de plusieurs intérieurs conviviaux ou spartiates s'efforce d'équilibrer le peu de luminosité délivré par soleil en berne.Le blanc déposé par le mouvement éternel des saisons et le noir d'un esprit refusant de s'intégrer dans un système reproduisent parfaitement, en fonction de leurs localisations, toute la composition de personnages cloitrés véreux, opportunistes et revanchards ou bien fermé au regard absent, puis subitement de braise, dans une inertie toujours prête à exploser.Statuts en alternance, logés dans une bulle citadine au regard de glace, toujours sur la défensive, formatée pour le rapport de forces, l'amour libre et spontané, délivrant ses émotions au coup par coup, en évitant l'investissement à long terme.Un film austère et prenant sur la difficulté de découvrir le véritable sens de la vie, ceci conduisant irrémédiablement vers le profit ou la perversité, dont le seul résultat est de labourer de rides et de haines des visages épuisés par leurs excès.
  • A DANGEROUS METHOD (2011)
    Une petite visite initiatique bien fade de la planète psychanalyse par deux piliers rigides convertis aux cobayes étudiés sans chaleurs humaines. L'analyse et la possession d'un sujet dans un premier temps hystérique et convulsée devenant une adepte de la fessée voluptueuse, décisionnaire et dominatrice.Dans de longues théories, poussant les neurones à bout de passionnés n'osant vulgariser une science devenue soporifique pour un spectateur profane exclu d'un débat beaucoup trop spécialisé.Un film exaltant pour un initié, décevant pour un novice.
  • INTOUCHABLES (2011)
    "Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal." Il n'y a que deux manières de percevoir le monde. Soit à l'aide d'outils ancestraux permettant d'entretenir les fantasmes les plus fous, en se grisant de musique, de poésie ou de peinture, sans aucune envie de rapatrier ses visions dans la réalité. Ou bien de l'affronter faute de protection au plus bas niveau, non tel qu'il est, mais tel que sa condition sociale le dévoile, en tentant de s'y intégrer par ses propres méthodes, tout en gardant au fond de soi une parcelle de bonté, prête à surgir. D'un coté un immobilisme forcé, indifférent et bourgeois dans un enfermement bling bling hyper encadré, contenant une meute de serviteurs robotisés et de l'autre un mouvement à l'air libre, délirant, démuni, hors du temps, spontané et désordonné sur des sites lugubres, appauvris, surbookés au bord de la rupture. "Intouchables" est l'élaboration d'une base de données commune contenant le tout et son inverse. Un échange d'informations sur les deux uniques concepts contradictoires d'un pays ne fonctionnant plus que par ses extrémités. Le riche et le pauvre décident enfin de faire connaissance et de fusionner leurs différences dans la joie et la bonne humeur. Ce n'est plus Vivaldi contre Earth Wind and Fire, mais Vivaldi et Earth Wind and Fire, dans de belles échappées vivifiantes, uniquement formatées par l'envie de s'éclater sans se poser de questions. Une double initiation amusante et décalée s'élabore entre un cloisonné désireux, après quelques réticences, d'ouvrir les yeux sur le monde tel qu'il est et non tel qu'il le perçoit, et un exclu aux méthodes expéditives mais persuasives, parachuté dans les beaux quartiers, se divertissant de toute une machinerie luxueuse considérée comme un jouet. "Intouchables" est la première pierre de l'édifice social du futur, consistant à réunir l'alpha et l'oméga de nos sociétés, dans une réelle envie de se connaître et de se divertir, sans savoir d'où l'on vient, mais uniquement ou l'on va ensemble.
  • LES TROIS MOUSQUETAIRES (2011)
    Surprenant et salutaire de voir les héros d'Alexandre Dumas tâter du numérique dans des situations débridées dissipant avec bonheur une trame d'origine en danger prisonnière d'un traitement classique n'étant plus adaptée à notre époque. Richard Lester avait en son temps refait entièrement la tapisserie de ce patrimoine rehaussé encore davantage par un virtuel déchainé et improbable dernier maillon en date entretenant dans un délire transcendé ce pavé littéraire dans la durée.Que ce soit dans l'esprit de la communale ou frôlant l'univers de matrix ce qui compte est de ne jamais dire adieu à ce un pour tous et ce tous pour un, vaillant traversant avec panache toutes les époques.L'histoire voyage avec le temps en devenant un spectacle surdimensionné.
  • THE ARTIST (2011)
    Quelle audace de montrer dans un concept obsolète, accompagné d'une partition musicale alerte ou sombre en fonction des modules traversés, l'itinéraire fastueux, puis en vrille de ce cabotin trop sûr de lui, dont l'orgueil et les extravagantes s’effondrent, détruites par l'apparition d'une nouvelle manière de faire beaucoup plus juteuse. Ils en ont des choses à dire ces visages privés de paroles en haut de l'affiche ou au fond du trou, que ce soit dans le mépris, l'exagération, la fierté, l'angoisse, la tourmente ou la détresse.Finalement dans la déprime, on n'est jamais vraiment abandonné de tous. Il reste toujours quelques parcelles d'encadrements, allant du chauffeur fidèle en passant par la starlette devenu célèbre mais reconnaissante envers les conseils d'une première idole abandonnée de tous.L'opus est émouvant, touche au plus profond une sensibilité d’abord en retrait devant un départ amusant, joyeux, tonitruant dans un feu d'artifice égoïste et narcissique, exécuté par un nanti se croyant préservé.Puis tout se calme, l'homme démuni de son gagne pain se lézarde, devient poignant devant son infortune lui faisant vomir toutes ses turbulences d'antan prétentieuses et abusives.La mission est de toucher le fond, puis de remonter à la surface en acceptant les pépites d'une nouvelle aventure cinématographique en compagnie d'un nouveau produit remarquablement vendu par celle qui, comblée de gloire, conserve toujours un regard sur celui qui n'est plus."The Artist" est un film de grande qualité, remarquablement formaté afin de montrer la gloire, la chute et la renaissance de Georges Valentin, acteur détenant pratiquement tous les défauts d'un égocentrique recadré par la déchéance.Jean Dujardin festif, arrogant et poignant en alternance, se laisse aller au fil de l'eau par le dédain, l’effondrement et l'espoir dans un visage entre deux âges.
  • MELANCHOLIA (2011)
    "Nous sommes seuls. La terre est mauvaise et ne mérite pas que l'on s’intéresse à elle. "Ce constat destiné à une sphère liquide et rocailleuse sur le point d'être pulvérisée par un mastodonte céleste surgissant soudainement de derrière le soleil, n'évite pas une gâche importante d'images surtout dans sa première partie.Pendant que "Melancholia" grossit dans les télescopes, Justine absente et versatile, se laisse volontairement récupérée par un nomadisme pulsionnel, la dispersant constamment de ses responsabilités.Claire à l'inverse, apeurée et sensible, masque ses angoisses dans une protection maternelle, que plus en plus de larmes, à l'approche de l’échéance finale, viennent davantage délabrer."Melancholia" est d'une approche difficile. Une véritable épreuve longue, éprouvante qu'une réelle volonté de ne pas abandonner sauvegarde tout le long d'un circuit fade et surtout beaucoup trop garni d'inutilités.L'opus allume enfin ses feux dans une seconde partie beaucoup plus construite, d'une intensité poignante, en parfaite harmonie avec la montée en puissance d'un événement s'acharnant sur une fausse assurance et un mal de vivre menacés de disparition.Grâce à un phénomène astronomique, l'insouciance, l'indifférence et le manque de maturité finissent par se mettre en phase avec l'incertitude et l'angoisse.Le final de cette œuvre, d'une austérité magistrale, est un des plus beaux de tout le cinéma mondial.Charlotte Gainsbourg est hallucinante d'émotivité en s'accrochant désespérément à la vie.
  • SUPER 8 (2011)
    Aucune surprise dans cette tambouille spielbergienne consistant à restaurer sans prise de risque le climat de ses premiers opus astronomiques. Un texte valorisant ne s'impose donc pas devant cette armada d'images déjà vues, best off réactualisé d'un toucher céleste récurrent, offrant à des adolescents un éveil et un investissement émotif effondrant brusquement un imaginatif débordant.A voir sans hésiter à piquer par instants un petit roupillon.
  • TREE OF LIFE (2011)
    Une somptueuse expérience sensorielle presque divine remplie de symbolismes et de messages secrets comblant les manques méditatifs sur la véritable nature des choses d’un petit point terrestre des années cinquante tristounet, moulé dans l'enferment religieux et l'éthique sévère. Pénalisant des enfants rêveurs incapables de s’adapter à une sécheresse affective nuisance quotidienne d’un environnement parental sans saveur ou tout n’est que paraitre et servitude. Préférant s’enfuir de la contrainte de réussir en se ressourçant en secret au contact d’un espace naturel en opposition avec les limites d'une morale grossière et maladroite, ne parvenant qu'à faire douter ou à détruire quelques émanations sensitives libres et spontanées sur le monde tel qu’on l’appréhende. Profitant des que possible de l’opportunité de réelles interrogations dans une grandiose symphonie visuelle montrant un univers accessible naturel et lumineux ne demandant qu’à être étudié. L'inlassable traversée du Soleil par Mercure démontre parfaitement la performance et l'adaptation d'un organisme vivant dont l'équilibre ne dépend uniquement que de l'endurance de ses procédures. La beauté d'un cosmos calme ou en ébullition ou d'une nature effervescente n'ayant nullement besoin du verset biblique ou de la rareté d'un geste tendre pour se manager au quotidien
  • SOURCE CODE (2011)
    Ce qui était restera, ce qui était, ceci à jamais. Mais ce qui était peut être paradoxalement visité, revisité, transformé sans la possibilité hélas d'en rectifier la finalité, afin de sécuriser un avenir dépendant de toute une architecture informative qu'il faut reconstituer manu militari en un minimum de temps.Des flash-back nerveux et ingénieux dans une configuration futuriste menant un esprit récupéré et manipulé contre son gré, par une technologie froide et ambitieuse, entre les mains d'un arriviste du conditionnement vers la liberté, dans un monde parallèle où l'on peut enfin souffler et se reconstruire.Un opus visionnaire sur nos avenirs privés de sensibilités, où tout n'est plus que servilité, cris de désespoir et d'indifférence poussés et non ressentis, dans des capsules exsangues et sombres ou des bureaux noyés de lumières artificielles, n'ayant plus aucunes perceptions émotionnelles.L'homme n'est plus qu'un consommable formaté pour servir et disparaitre après usage, dans des décisions hiérarchiques impassibles, transformant une raison endoctrinée de force, en fourniture de bureau.
  • SPACE TIME : L'ULTIME ODYSSEE (2011)
    Le code d'accès de ce huit clos assoupi en orbite autour d'une planète bleue perdant soudainement une à une toutes ses lumières n'est pas simple. Mais quelle révélation stupéfiante pour un esprit assidu, prêt à décrypter dans des efforts presque surhumains ces images plus que molles, faisant apparaitre l'ennui désespéré et hallucinatoire d'une conscience livrée à elle même, éloignée à jamais de toutes transactions avec ses semblables.Un climat ahurissant de lenteur dans un habitacle restreint et désordonné, dominé par le fait d'armes et le témoignage d'incertitude.Le tout s'insérant en alternance dans un circuit composé d'espoirs et d'abandons, déstabilisant un condamné à l'errance éternelle vers la conscience de soi, par la transcendance émotive.Une lumière atypique acquise dans l'espoir, les larmes et la sueur au dessus d'un corps céleste muet, plongé dans le noir éternel.Un opus magnifique, extrêmement touchant sur les convulsions d'un isolement et son labyrinthe antinomique, menant un être abandonné dans le dépassement de soi vers la conquête d'une terre inconnue.
  • THE IMPOSSIBLE (2010)
    Les yeux hagards et les cris de douleurs accompagnant les spasmes du corps lacéré et sanguinolent de Maria, démontrent parfaitement l'impact dramatique de cette catastrophe inattendue réduisant brusquement en poussières, un paysage paradisiaque. Des images intenses et paradoxales sur une vitrine luxuriante donnant naissance suite à un dysfonctionnement naturel à toute une logistique surréaliste.La recherche désespérée de ses ressources affectives dans une configuration de moiteur, de désolation et de puanteur, principaux concepts nécessaires à un éveil dont le processus est une solidarité sans bornes.La rage de récupérer les siens dans un pays bipolaire dont les panoramas rutilants ne font que comprimer une revancharde face obscure, prête à s'exprimer à la moindre occasion.Un film indispensable pour comprendre un drame hors du commun, sur un site à deux visages, dont les chairs meurtries adoptent soudainement la face cachée.
  • POLISSE (2010)
    Une réalité fiction assez instable sur un hexagone au plus mal, malmené par des concepts aussi sordides qu'ingérables dont les principales victimes sont, comme bien souvent, les enfants otages de parents intellectuellement démunis, à la moindre absence d'encadrement. Notre Marianne s'éteint lentement, embourbée dans ces tranches de vies aussi vulgaires que pitoyables, combattues quotidiennement par une police au bord de l'implosion, proche d'une société en miettes, ne faisant que répéter les dysfonctionnements de ses composants les plus défavorisés.Une lutte éreintante entre des gardiens fissurés intérieurement par leurs visions d'un quotidien misérabiliste et violent, s'étendant de plus en plus sur un territoire privé de providence.Une connexion intéressante sur une délinquance et un quart monde virulent, dont il faut impérativement tamiser certaines images aussi euphoriques qu'excessives.L'opus s'avérant parfois plus transcendé que dénonciateur.
  • UN HEUREUX ÉVÈNEMENT (2010)
    "Un heureux évènement" drôle, léger, spontané et incisif dans sa première partie, atténue sa fougue et sa virulence dans une seconde moitié, beaucoup plus sombre et interrogative. Une détérioration domestique malsaine, perçue comme un naufrage, menant une intello de la raison pure à un cloisonnement quasi absolu, fait de nuits blanches, d'allaitements incessants, de somnolences spontanées, de couches bébés aux senteurs nauséabondes et de mari distrait, récupéré ou absent.La chute d'un esprit presque abandonné, incapable de rebondir dans un contexte de servitudes, absent de sites festifs liés à son âge.La disparition de soi anéanti par la corvée accumulant la rage de récupérer ses manques tout en implorant dans la confrontation les révélations et les caresses d'une mère incomprise.Une pensée n'étant plus interdite, celle de donner la vie sans être délavée par ses procédures d'aliénations, faisant de la maison de Dieu (La mère) une nature morte.La drague, l'acte d'amour, la procréation et la naissance d'un enfant transporte un couple inconscient et déluré vers un réalisme que la fougue des mots prononcés à l'origine de leurs désirs, ne leur permet pas de distinguer.Dans une réalité assaisonnant lourdement les espérances les plus folles.
  • LA GUERRE EST DECLARÉE (2010)
    Il était indispensable de dédier cet opus combattif et émouvant au concept dans lequel nous allons tous séjourner au moins une fois dans notre vie. Un jeune couple éclaboussé soudainement par une révélation tragique se partage entre transcendances et robotisations.Des concepts préalablement inconnus accompagnés d'une endurance hors du commun associée à quelques décalages festifs indispensables afin de ne pas laisser s'envoler de jeunes années dont l'équilibre se partage entre délires et responsabilités.Ce couple balloté entre effondrements et résurrections temporaires s'avère exemplaire dans son courage consistant à se positionner à temps complet sur un territoire de doutes et d'espérances.Une lutte acharnée dans un environnement que l'on ne voudrait jamais connaitre ou quelques grosses pointures médicales débordées prennent néanmoins le temps de vous informer sur l'évolution d'une tragédie que l'on croyait destinée aux autres.L'équilibre est établi entre un refus d'accepter une injustice tout en étant transcendé par son envie de la combattre et de l'éradiquer.L'offrande d'un enfant détonateur catapultant vers le dépassement de soi des parents illuminés par leurs potentiels.
  • LA PLANÈTE DES SINGES : LES ORIGINES (2010)
    Quelle bonne surprise que ce film sensible aux trucages époustouflants, démontrant sur fond de lutte contre la maladie Alzheimer, que l'instinct restera toujours, malgré de stupéfiantes facultés intellectuelles, le schéma directeur d'un animal. A quoi bon singer les hommes en postulant l'acquisition de leur bien le plus précieux, l'intelligence?Un chimpanzé ne sera jamais champion du monde de football ou prix Nobel de chimie, surtout dans un monde aussi étrange que celui des humains, partagé entre l'affection des uns et la méchanceté gratuite des autres.La maltraitance et l'enfermement abusif s'avère le détonateur d'un choix intérieur. La bête rapatriée par le traitement médical dans la logique des humains, n'accepte pas d'être privée de ses comportements naturels.Ressourcée en compagnie de ses congénères, elle n'a plus d'autre solution, afin de récupérer un comportement ancestral, que de se servir en parallèle de son intellect et de ses fonctions bestiales, contre ceux qui lui ont appris à réfléchir et dont elle s'éloigne de plus en plus.Un film magique et passionnant sur la liberté d'être ce que l'on doit être, sans aucune récupération.A voir absolument.
  • MINUIT À PARIS (2010)
    "Midnight in Paris" est une agréable comédie pleine de fantaisie et de nostalgie, sur un mal de vivre intemporel poussant certaines ressources ayant des difficultés à se réaliser dans leurs époques, à s'enfuir de leurs présents, afin d'acquérir dans le passé une personnalité manquante au contact de célébrités cocasses et décalées que leurs temps ne fournit pas. Les personnalités surprenantes et délirantes d'Ernest Hemingway, Scott Fitzgerald, Salvador Dali, Luis Bunuel et Pablo Picasso surgissent en se laissant visiter spontanément.L'homme du futur n'est pas rejeté, bien au contraire il est accueilli chaleureusement par les membres d'un même famille, ceux qui ont quelque chose à dire.Pour découvrir cette attirante porte du temps, il faut être au bon endroit, au bon moment, et ce lieu magique c'est Paris, détenteur d'un monde parallèle, que l'on découvre tel un merveilleux parc thématique créatif et insolent, que l'on ne veut plus quitter.Les boutiques, les hôtels de luxes et les brocanteurs hors de prix de la capitale sont remplacés par un contact chaleureux avec l'extravagance et la nonchalance. Un passe-partout indispensable pour celui désirant être porteur d'un comportement libre loin d'une récupération basée sur la liaison fragile, le bijou et le bibelot ne servant à rien.Ces époques restaurées tous les soirs à minuit sont chaleureuses et festives, on y côtoie la toile et la parole surréaliste. Un besoin d'être différent en compagnie de personnages excentriques ayant parfaitement compris que dans un monde sans révélation universelle, la vérité ne peut-être que l'addition de toutes les vérités individuelles.Chacun est ce qu'il doit être. Le tout étant la composition de tous les tempéraments.Les esprits de la belle époque et des années vingt se lâchent en trouvant leurs identités dans le farfelu et l'incompréhension, une production irréaliste incessante seule remède pour s'échapper d'une réalité morne. Le refuge d'un cocon extravagant loin d'un troupeau conditionné.Sans se défaire d'une manière de faire depuis longtemps analysée et reconduite. Woody Allen fournit une œuvre douce et attachante dont le message principal semble contenu dans cette simple phrase."C'était mieux avant"Même si cet avant ne fait que s'évanouir devant le suivant.
  • LES FEMMES DU 6E ETAGE (2010)
    Un opus sincère et chaleureux sur l'art et la manière d'entretenir loin de chez soi sur un périmètre spartiate et microscopique une nature constante bien éloignée de ces étages inférieurs collés montés austères et silencieux. Elles sont bien tristes ces années soixante traversées par ces garnitures bourgeoises ennuyeuses et ventripotentes ne faisant qu'assumer sans aucune luminosité leur train-train quotidien.Au dessous des toits, c'est l'Espagne, son soleil, ses chants et ses couleurs dans une ambiance festive et pimentée détenue et reproduite à temps complet par tout un concept corvéable à merci mais gestionnaire d'une spontanéité pulsionnelle n'étant subordonnée à aucun test conditionnel.Une délocalisation n'entamant nullement la livraison permanente de ressentis naturels s'exprimant à la volée sans préambules ni cogitos dans des exclamations bruyantes ou des sourires engageants sous l'emprise de la bonne table interceptés et appréciés par un esprit éteint enfin remis en circulation grâce à la virulence naturelle de personnages considérés comme anonymes mais possédant par leurs comportements sanguins le nerf de la vie.Parfois il est bien préférable de passer par l'escalier de service.
  • BLACK SWAN (2010)
    "La seule ennemie que tu as, c'est toi. Laisse-la sans aller". "Black Swan" est la lutte interne d'un double esprit immature et compétitif, emmuré dans une peur de grandir, additionné d'une dominance matriarcale l'empêchant de se métamorphoser, en acceptant un monde non tel qu'on voudrait qu'il soit éternellement, mais tel qu'il est. De nos jours, afin de réussir dans certains secteurs, être introvertie, craintive, timide et éloignée du sexe, ne mène qu'a la destruction de ses ambitions, aux moqueries et à l'oubli. Si l'on veut être dans la lumière, il faut se séparer de la chaleur réconfortante d'une armée de doudous, devenir arriviste, jalouse et perverse en se rapprochant d'une concurrence effrénée que l'on gère par sa transcendance, le tout dans des litres de sueur et d'incertitudes. "Black Swan" conflit intense entre deux concepts antinomiques, domiciliés dans un même corps, démontre le terrible sacrifice qu'il faut effectuer dans certaines disciplines, pour ne pas rester un anonyme à perpétuité. Le choix final s'effectue sur un visage blême et amaigri, dont l'extériorisation et les gestes libérés signifient plus un besoin de survivre qu'une réelle envie de basculer, malgré quelques ressentis thématiques. La continuité ne pouvant s'effectuer que dans l'archivage d'une enfance obsolète que l'on conserve dans un corps à son image, convoitée par un dominant désirant plus éveiller que posséder. Une passion ne se suffit plus à elle même. Il faut lui rajouter la rage de vaincre, à l'aide de formules préalablement inconnues. Loin d'un visage d'enfant n'espérant plus la dualité d'un instructeur impitoyable, mais juste mêlant sévérités et caresses rassurantes.
  • LES CHEMINS DE LA LIBERTE (2010)
    Un récit exemplaire sur la détermination de s'extraire en commun malgré ses différences d'un contexte idéologique totalitaire, impitoyable situé au fond de nulle part donnant l'opportunité à des dissidents de conquérir dans les environnements les plus extrêmes leurs libertés ainsi qu'une humanité perdue. Un contact quotidien et à marche forcée avec les éléments naturels les plus vifs tout en apprenant à se connaitre par la découverte du respect que l'on doit envers son compagnon d'infortune auquel on offre suite aux épreuves traversées une présence dans une diction enfin correcte, remplaçant lentement l'indifférence et la bourrade sommaire. Quelques spécimens, projetés le temps d'une aventure dans les régions les plus imprévisibles du globe, découvrent au contact d'un objectif constamment fuyant, une solidarité et une sensibilité inconnue. Un film remarquable où la nature se dévoile dans ses plus terribles contradictions.
  • NO ET MOI (2010)
    Aucune étincelle dans cette tentative avortée d'approcher dans sa réalité la volumétrie de plus en plus importante d'exclus privés de chaleur et d'hygiène. Visualisée de loin par un monde bourgeois éducateurs, turbulents ou en dépressions bien au chaud, faisant un pain béni conversationnel des statistiques désastreuses d'un monde social en miettes, uniquement perçus par les chiffres.Cet opus est un naufrage, une récupération commerciale complètement ratée, dans un conte pour enfants d'une mièvrerie stupéfiante.Un monde des sans abris soporifique, non reproduit dans ses véritables aspects qu'ils soient en fureur ou en accalmie.Ridiculisé dans une suite de scènes surfaites et romanesques, annihilant un concept privé d'une essence pure.Des obscurs se font voler leurs désespoirs et leurs silences par une reproduction non crédible, surexcitée, incapable de se débarrasser d'une excentricité fabriquée et démesurée, condamnant au documentaire un concept incapable de dévoiler son vrai visage par la fiction.
  • LES PETITS MOUCHOIRS (2010)
    « Tu es une belle personne Ludo, il n'y a pas beaucoup de gens comme toi. » On ne fait qu'une seule chose tout le long de ce périple estival alternant de petites confidences immatures intégrées à des comportements superficiels. Penser à Ludo, Arlésienne masculine complètement oubliée par des esprits délocalisés ne sachant pas déclencher des procédures d'encadrements envers un camarade dans la peine, même si celui-ci ne représente qu'une ressource festive. Cet opus remarquable de sensibilité et de naturel montre les difficultés d'extérioriser de véritables valeurs dans un contexte quasi permanent de fêtes et d'insouciances. Dans de telles conditions celui qui souffre, condamné à l'abandon, ne demeure opérationnel que par une image délirante, restaurée sur un écran. Le soleil et la mer récupèrent une présence indispensable dont a besoin un être certes inconsistant mais pardonné, suite à l'indifférence qu'il subit chaque jour. Un constat alarmant démontrant qu'un individu sorti de la déconne n'existe plus pour ses semblables.
  • ELLE S'APPELAIT SARAH (2010)
    "On est tous le produit de son histoire"Une vitalité intense émouvante et pathétique, malgré quelques clichés toujours embusqués dans ce genre de sujet, habille la première partie d'un opus préférant s'adoucir lentement dans une continuité beaucoup plus investigatrice. Paradoxalement, les enfants semblent beaucoup plus déterminés, débrouillards et endurants dans le drame et la tourmente.Ils sont formatés pour encaisser, observer, cogiter, juger et manipuler des citoyens lâches, soumis et apeurés.Des marionnettes privées d'investissements, de courage et d'un sacrifice refoulé, néanmoins nécessaire afin de retrouver des repères moraux.Tout en laissant des traces, la destruction de sa famille permet à la petite Sarah d'être performante et accomplie au contact d'images les plus cauchemardesques et surtout imprévues pour une enfant se croyant à jamais protégée.Un climat démentiel dont les souvenirs douloureux sont les séquelles de toute une vie.
  • INCEPTION (2010)
    "Inception" est un opus novateur, passionnant et ingénieux. Le grand chantier de demain consistant à s'enfuir à l'aide de l'architecture de rêves thématiques d'une société aseptisée, privée des imaginations les plus folles.Néanmoins, réalisme et lucidité ne s'évaporent pas aussi facilement d'un contexte n'ayant plus aucun rapport avec l'authenticité.Une implication débordante entraine le dysfonctionnement d'un imaginatif captivé par la double valeur d'un job et de ses dérivés, le privant de la présence d'une descendance abandonnée, vivant ses émotions naturelles sans se retourner.Toutes ces aventures et constructions féeriques, aussi démentielles soit-elles, dirigent vers la rédemption un esprit abattu par la démesure de ses fantasmes.Un père accablé de remords ne peut apprécier pleinement la richesse d'une nouvelle technologie révolutionnaire, ne faisant de lui qu'un éternel absent dont l'habitacle principal n'est plus qu'un royaume irréel, n'appartenant qu'a lui-même.Un chef d'œuvre démontrant qu'il est préférable de rester conscient dans un monde fabriqué par tous, plutôt que de s'enfuir à temps complet dans la solitude de ses ambitions virtuelles.
  • LE CHOC DES TITANS (2010)
    "Le choc des titans" est une grosse déception. Aucune plus-value dans cet opus chaotique manquant de maturité et d’illumination, malgré une flambée finale grandiose. Le numérique devient le contenant d’une cantine d’entreprise, offrant des plats du jour d’un même fumet. Ceci entraîne le déclin d’une attention, lassée par des situations stagnantes, montrant que la technologie s’essouffle faute d’idées nouvelles. Le culte du monstre volant, servant de transports en commun, à tendance à infester un concept se satisfaisant de ses répétitions. Voir le merveilleux et sensible Ralph Fiennes vociféré dans un accoutrement tutoyant un père Fouras jeune, est pitoyable. Le spectateur se retrouve une nouvelle fois manipulé dans un manichéisme primaire pauvre et désolant. L’ensemble ne grise pas, loin de là. Si la lumière ambiante de la salle le permettait le spectateur blasé de toutes ces images, resservies d’opus en opus, pourrait lire son journal en offrant de temps en temps une légère participation à toutes ces situations, entretenant, sans prise de risque, le parcours d’un produit industriel. C’est le moment ou jamais d’effectuer une relecture de la version de mille neuf cent quatre vingt deux avec les amusants trucages, images par images de Ray Harryhausen. Démons et merveilles s'unissaient merveilleusement dans une captivante aventure indécise prenante et dangereuse. La recette semble perdue.
  • LA RAFLE (2010)
    Beaucoup trop de psychologies survolées dans cette peinture tragique, manquant bien souvent de sincérité sensitive de la part de certains comédiens parachutés à tort dans un contexte montrant leurs limites naturelles émotives. Certains jouent dans des comportements ou des panoplies peu crédibles, pendant que d'autres essuient les plâtres en s'imprégnant au maximum de leurs personnages, dans une connexion complémentaire, unissant le récitant et le larmoyant.L'ensemble atteignant son paroxysme, dans une seconde partie plus pathétique, montrant avec force un déracinement familial insoutenable, opéré par des êtres insensibles ou serviles, au service de l'occupant et de ses procédures d'exterminations.Mention très bien pour Mélanie Laurent, malgré l'apport naturel d'un visage formaté pour les larmes.
  • EXAM (2009)
    Pas mal ce "cube" dans une seule pièce, malgré ses stéréotypes et ses quelques essoufflements nous menant entre cabrioles et accalmies, vers un message final émouvant. Un parcours assez basic, efficace et trompeur, dans une asymétrie manipulatrice et nécessaire, consistant à pousser huit cogitos au maximum de leurs arrivismes, dans une épreuve dont le but est de collecter un esprit encore capable de s'intégrer à long terme dans un projet humanitaire.Tout pour le job. Chacun pour soi, alors qu'en réalité il s'agit de tout autre chose, totalement à l'inverse de ces joutes sédentaires, égoïstes, entretenant les panoplies négatives de ces cobayes uniquement programmés pour vaincre sans ressentir le moindre regret.Manipulé par un système en quête de vaillances désintéressées, obliger de pousser au maximum le mauvais côté de candidats, en espérant découvrir dans ce ramassis égocentriques, une âme encore opérationnelle, dans un investissement envers les autres.Un opus éloquent sur certaines imposantes salissures décrassées par l'épreuve.
  • LE BRUIT DES GLAÇONS (2009)
    Le cinéma de Bertrand Blier consiste bien souvent à mettre en lumière, à l'aide de contextes fantastiques les méandres tourmentées de personnages transcendés par leurs dialectiques. Entretenir ce concept peut se révéler parfois douloureux. Ceci se confirme à travers le parcours de cette pâle réplique, bien éloignée des plus beaux rayons d'un cinéaste talentueux, délivrant à travers son œuvre un message unique. L'homme ne peut se révéler que dans un monde parallèle décalé de la normalisation. Un état second cérébral ou alcoolisé en permanence, dans un univers métaphysique habitacle et entame de tous ses excès. Ici tout semble superficiel, chargé, sans âme, mal interprété. Les absences de Gérard Depardieu et de Miou Miou se font cruellement sentir, évacués d'un travail racoleur et limité, dont le but est de prolonger dans le temps une pensée unique, ceci à n'importe quel prix.
  • LA COMTESSE (2009)
    "Tout ce qui est vivant doit mourir". La comtesse relate, entre certitudes et doutes, l'innocence ou la culpabilité d'un esprit insensible, talonné par ses premières rides, bataillant désespérément contre l'emprise du temps, sur un visage promis à la décomposition. Un combat perdu d'avance, entre la volonté de durer en se servant du pouvoir, de la passion et de leurs vertiges et l'inexorable montée en puissance d'un constat et de sa folie meurtrière, mise en lumière par une fausse perception, menant une raison éveillée par la révélation vers le vampirisme. La descente aux enfers d'une machine cérébrale complètement détraquée, incroyante, séduite et abandonnée exterminant sans pitié par centaines un entourage destiné à l'impossible conquête d'une immortalité. Le délabrement d'une hallucinée otage d'une portion d'histoire guerrière, froide et austère dans une biographie, hélas trop lente et dégarnie.
  • THE GHOST WRITER (2009)
    Comment faire pour s'échauffer dans une dernière partie un peu plus alerte, gommant plus d'un tour de cadran vous ayant tenu en éveil par miracle. Un sursaut soudain auquel on ne croyait plus, propulsé d'un contexte gris, pluvieux, venteux et glacial autant à l'extérieur qu'a l'intérieur d'un bunker isolé du monde.L'atmosphère tranchante et robotisée d'un récit conçu comme un puzzle dans une photographie somptueusement blafarde.Chaque pièce faisant progresser lentement l'ensemble vers un coup de fouet final bien tardif.Un opus Politique certainement valeureux, mais carburant au diesel, ceci nécessitant une attention soutenue dans un esprit préférant faire languir les sens plutôt que de les animer.
  • LOVELY BONES (2009)
    Les vingt premières minutes de "Lovely Bones" sont particulièrement émouvantes, elles montrent les disponibilités observatrices, émotionnelles et réactives d’une jeune adolescente dont le destin terrestre bascule suite à un abus de curiosité. De l’autre coté, une vision d’ensemble de tous les êtres vous ayant choyés ou terrorisés s’avère révélatrice. L’entre-deux mondes permet de capter, tout en délivrant des images magnifiques dont certaines significations restent à définir la détresse, l’angoisse et la sensibilité à l'état pure de ceux que l’on perçoit toujours, mais dans un monde virtuel.Un nouvel état révèle le pain béni des philosophes, le retrait. Celui permettant de s’imprégner à distance dans un contexte encourageant la soif de continuer un monde vous ayant brutalement congédié.Le traitement de cet opus mélancolique est d’une longueur insoutenable. Une épreuve tissée dans une pudeur méritoire qu’il faut soulignée. Ses images soignées méritent l’intérêt, malgré certains prolongements abusifs sur des impacts n’étant pas moteurs.Le suspense est en congés. Le parcours hyper paresseux. Le but n’est pas d’effrayer, mais de délivrer dans un étirement sans fin le côté "positif" d’un effroyable fait divers.L’approche expérimentale et constructive d’une jeune fille éjectée d’un monde sensitif palpable pour mieux le retrouver de manière métaphysique.Ailleurs, dans un certain sens, la vie continue avec les mêmes ingrédients, même si ceux-ci sont dans un premier contact d'un merveilleux qu'il faut comprendre et assembler.A voir surtout pour la merveilleuse Saoirse Ronan, intercalant avec habileté un doux visage émerveillé dans un océan d’ennui, d'une beauté envoûtante presque intolérable, camouflant certainement un chef-d'oeuvre.
  • AVATAR (2009)
    Ce film est sans nul doute la référence cinématographique de ce début de siècle. Une technologie suprême, enrobée dans un merveilleux rêve éveillé, offrant l’aventure des aventures, dans un contexte naturel que l’imagination la plus féconde ne pourra jamais atteindre. "Avatar" est un réseau absolu, reliant sur un terrain idyllique, malgré ses dangers permanent, la soumission, l’éveil et la lutte de plusieurs esprits débarrassés de l’endoctrinement militaire et de ses procédures.La vraie vie est ailleurs. Ce monde originel oublié, uniquement basé sur les transactions entre ses composants humains et naturels, s’avère l’impact nécessaire afin de redécouvrir une valeur première.La reconquête d’un véritable soi-même, investi à la terre, à ses croyances et à leurs durabilités, dans un événementiel permanent où l’on se découvre des possibilités physiques hors du commun, à des années-lumières d’une terre exsangue, obligée de piller les sous sols galactiques pour survivre.Cette petite merveille, d’un manichéisme éprouvé, récolte ses fruits dans des images exceptionnelles, paradisiaques, qu’un fil rouge émotionnel embellit encore davantage.L’œuvre sous une avalanche numérique reste sensible. Quelle belle histoire et que de sensations devant ces nouvelles perceptions acquises dans une faune vierge de lumières artificielles.Le but est de découvrir, d’apprendre et surtout de s’éveiller, en corrigeant une mauvaise trajectoire, dans un combat où de nouvelles convictions décuplent les forces.Je te vois, apprends à te connaître et découvre qui je suis réellement, représente le schéma royal de ce spectacle hors du commun dont on ressort visuellement et émotionnellement complètement transformé.Mille mercis pour ce film venu d’une autre planète.
  • LA ROUTE (2009)
    "Chaque jour est un mensonge et je meurs lentement". "La route" est un film de qualité à condition de s’adapter à sa luminosité réduite, une noirceur maximale lente et insoutenable sur un effondrement planétaire remettant à flots l’isolement et la barbarie. L’œuvre est sombre dans des captures désolantes, déprimantes, alimentant un catalogue triste et mélancolique à la limite de l’overdose. Le parcours est long, incertain, ennuyeux avec de vrais ou de fausses peurs, manageant un contenu d’une nervosité à définir. Antithèse de la lumière aveuglante de nos paradis artificiels protecteurs, "La route" dissimule un autre côté que personne ne désire voir, un monde calciné géré par l’obscurité, l’hyper violence et le cannibalisme, désagréments que l’œuvre reproduit dans leurs minimums. Ce film concept, envoutant ou exécrable selon les perceptions, dévoile de manière effrayante des images dérangeantes, semblant nous mettre en garde contre une finalité que certains acquis apaisent certainement à tort. Ici, il faut progresser au jugé dans la cendre, loin des portables et des GPS, dans un contexte où tous les arbres tombent soudainement, en sécurisant au coup par coup un esprit en détresse, à l’aide d’une communication rassurante dont les ingrédients sont conquis à l’aveuglette, dans un environnement en ruine à peine perceptible. "La route", œuvre d’atmosphère éprouvante et redondante, est une vie en larmes ou un ennui profond tout dépend du degré de sensibilité de chacun devant ce constat qui pour l'instant garde un statut potentiel.
  • L'HOMME DE CHEVET (2009)
    Un petit film toujours aux portes de l'insignifiance bataillant mollement afin de garder un peu d'étoffe sensitive dans une suite d'images somnifères tièdes et lassantes. Etat léthargique assuré pendant quatre vingt dix minutes.
  • 2012 (2009)
    Avec le temps, on perçoit "l'habileté" des géniteurs de cet opus canular, de nous divertir plutôt que de nous angoisser sur la probabilité de la fin de nos vibrations sensitives terrestres, ceci grâce au concours de personnages aussi caricaturés qu'inconsistants. C'est la fête foraine de la démesure, traversée par une petite tribu insignifiante sur mer, sur terre et dans les airs dont le destin est curieusement de survivre au contact de l'extinction quasi permanente de leurs semblables et de leurs environnements.Une bonne thérapie que cette inquiétude de la fin des temps, diluée dans les situations tragi-comiques les plus extravagantes, permettant d'attendre un hypothétique clap de fin dans la sérénité.Devant ce grand guignol convulsant une planète bien heureusement insensible à toutes ces prédictions, parachutés par une quantité d'imaginatifs cobayes de la calculette en tout genres.Un très bon spectacle numérique convulsif et pétaradant, loin de nos récurrentes quotidiennes.On souhaiterait presque de telles images dans la réalité, à condition de tous en réchapper naturellement.Un peu d'exercice ne fait jamais de mal.
  • LE PETIT NICOLAS (2009)
    Ce film ne peut que satisfaire, son climat rétro remarquablement reconstitué, possède l’agréable senteur d’une découverte ou d’une reconnexion nostalgique vers une enfance dorée, entretenue par un imaginatif débordant. Ce monde parallèle enfantin, basé sur l’interprétation personnelle des choses, fonctionne dans une entame des trente glorieuses, retapissant des intérieurs coquets par de nouveaux achats.Dans un tel contexte, l’enfant mange à sa faim et se sent bien en se permettant de briller par une perception des choses drainant de la matière communicative en permanence.Ce qui compte est d’analyser, craindre et surtout manipuler en s’amusant ces adultes austères ou décalés, faisant si peur mais s’avérant être de vulgaires marionnettes, aux mains d’une progéniture déchainée, évoluant entre incertitudes et lucidités."Le petit Nicolas" est un film joyeux, sympathique et drôle, dans une parure attrayante, truffée de caricatures indispensables à nos éveils.Sa restauration fraîche et spontanée d’une époque révolue permet de passer un agréable moment en compagnie d’un groupe associant l’innocence et l’austérité, dans un quotidien agréable à côtoyer, vivant ses dernières années d’insouciances et de libertés d’esprit, avant d’être lentement laminés par l’obligation de réussir, le crédit, l’automobile et la télévision.
  • DISTRICT 9 (2009)
    Ce concept expérimental, tourné comme un reportage en live sur un site poubelle, est saisissant. C’est dingue, quelles images ! Quels effets spéciaux ! Du jamais vu le tout dans un constat époustouflant. Le soi-disant low budget de l’opus n’est jamais perceptible. On ne voit que du bon travail, devenant par sa perfection et son ampleur un produit indigeste.A travers les conséquences d’un vaisseau spatial faisant de l’ombre à une contrée continuellement baignée de soleil, un état des lieux déplorable est remarquablement dénoncé.Les taudis ne se contentent plus d’accueillir les humains. Des crevettes de l’espace à l’image du pire des cauchemars de Lovecraft ou de Kafka y sont parquées également.Gérés comme de la matière de Cambronne, elles font renaitre les procédures d’un douloureux apartheid que l’on croyait disparu.Tout est sale, repoussant, l’humain dans le pire des états est un tyran, les traits creusés, le visage blême il crève lentement sur des sites nauséabonds, d’une crasse grandiose noyés sous les câblages et les processeurs informatiques obsolètes, devenus l’égal d’un papier peint.Ces latrines extérieures pestilentielles, bénéficiant de la protection d’un ciel bleu azur en permanence, détiennent le pire des échecs communicatifs. Une créature de l’espace rudoyée, parquée, pestiférée réduite au trafic engloutit de la bouffe à chats, en faisant les poubelles, tout en espérant retourner chez elle.L’extra-terrestre nous rend visite et se retrouve contraint d’adopter, devant un accueil aussi agressif qu’indifférent, le comportement des plus démunis.La terre et l’espace ne font qu’un, mais dans le pire des registres, l’exclusion.La ville de Johannesburg n’a pas bonne réputation. Ce bourbier innommable enfonce le clou par des images violentes, tutoyant le documentaire. Il ne fait vraiment pas bon vivre dans le coin.Génétiquement à l’image d’un Alien séquestré, un homme désespéré, traqué se retrouve contraint de collaborer avec une entité des étoiles aux abois, filmée dans un premier temps comme un bête curieuse réduite au bidonville."District 9", réquisitoire implacable sur une planète en perdition, dérivant physiquement et intellectuellement dans l’espace, dénonce les contorsions extrêmes encore localisées d'un site à l'agonie, dont l’extension sur tout un territoire ne semble plus faire aucun doute.Un film hautement remarquable. Le fond et la forme, dans un même écrin répugnant. Une fusion irréversible entre l’homme et la bête sur une contrée extasiée par ses débordements.
  • INGLOURIOUS BASTERDS (2009)
    Très peu de repères classiques viennent garnir cette suite de scènes interminables, bavardes et statiques incorporées dans un produit étalant davantage les théories d'un troisième Reich festif ou de salons privilégiant la thématique sado maso plutôt que le fait de guerre sur le terrain. Au bout d'un moment, c'est trop et sans s'endormir, on commence à somnoler, tout en cogitant sur l'absence totale d'une essence historique traditionnelle et flamboyante, remplacée par la garniture violente, sédentaire et esthétique d'un réalisateur semblant plus se divertir en imposant la compagnie de psychopathes de tous bords particulièrement dangereux.L'information, à l'aide d'images représentatives et surtout beaucoup plus objectives destinées aux générations montantes sur la douleur citoyenne d'une époque occupée, est inexistante.Ce n'est pas la troisième guerre mondiale, mais celle vue par Quentin Tarantino, un état dans un état, dans une suite de décalages et de délires, aux mains d'un réalisateur plus désireux d'entretenir une image excentrique en se servant de l'histoire des hommes.Une œuvre d'auteur atteignant son sommet dans ses quinze premières minutes, pour ensuite s'éparpiller en fonction des délires de l'artiste.
  • LE HÉRISSON (2009)
    Renée, quinquagénaire laide et décrépie, se voit dans l'obligation, suite à la définition d'un métier de service, de dissimuler une valeur secrète, pendant que Paloma, adolescente intelligente et acerbe, filme un environnement familial bourgeois, protecteur, mais sans la moindre perception d'un éveil. L'une distante et éteinte cache un autre soi-même, pendant que l'autre, ironique et aigrie, éprouve les pires difficultés à décoller. Un territoire en étage clair et grandissime s'avère froid et inconsistant, devant un microcosme épuré, au ras du trottoir sombre et inexistant, mais ayant quelque chose à dire, à condition d'avoir de la délicatesse et une patience extrême. Une beauté interne, complètement gommée par son quotidien, remet lentement en lumière, au coup par coup, un émotif et un savoir endormis, à ceux sachant l'extraire en douceur et l'apprécier. Un esprit presque éteint se réactive par la parole et la confidence dans une luminosité retrouvée, en offrant le chemin de la vie et la force de continuer à une jeune fille sur le point de s'éteindre. Un beau film sur une deuxième naissance, celle d'un merveilleux contenu émotionnel, remis en service par une anonyme, dont la luminosité occultée par une position sociale invisible et corvéable, est décelée et rafraîchie par l'attirance du soleil levant et le désespoir d'une jeunesse sans repères ni modèles.
  • WHATEVER WORKS (2009)
    "L’illusion d’avoir un sens apaise la panique". Tourmenté par l’ulcère, transcendé par la misanthropie et le mécontentement permanent, Boris Yellnikoff chauve, boiteux, divorcé, suicidé raté, professeur d’échecs intolérant, irascible physicien distant, prétentieux déchu et cloitré, voit toute cette panoplie négative s’effriter suite à la rencontre la plus improbable qui soit. Une nunuche jeune, belle et naturelle apparue soudainement dans l’existence d’un pestiféré, entretient dans un premier temps les constats réactionnaires d’un vieux ronchon lui permettant de conserver sa différence, pour enfin obtenir la restauration d’un état oublié, un savoir vivre en groupe respectueux et tolérant. Un QI monstrueux, solitaire et dépressif, en guerre contre le monde entier, réfugié dans un mépris considérant ses contemporains comme des vers de terre, est rapatrié dans le monde des vivants par une simple d’esprit désirant être la femme d’un génie. "Whatever Works" outre son aspect décelant un manque antinomique commun et son unification par le mariage, entre deux composants d’une génération différente, est une comédie douce amère, révélatrice de l’échec d’un monde uniquement basé sur l’entretien dans le temps des institutions politiques, morales et religieuses, dont les têtes pensantes sont périodiquement remplacées. Cet état de soumission perpétuel envers un régime pédagogique où nos comportements sont préformatés par des procédures d’éthiques, crée la révolte de certains individus, décelant en interne une personnalité propre et créative, exclues d’un parcours imposé par l’obligation de plaire et surtout d’entretenir une machinerie collective bien pensante et dominatrice "Il n’y a personne là-haut" semble être une des conclusions de cet opus initiatique, incitant les êtres à se découvrir et s’assumer par eux-mêmes, dans un univers dominé par la chance où ils peuvent malgré tout étaler leurs véritables personnalités, tout en participant au monde. A voir absolument.
  • MILLENIUM LE FILM (2009)
    En se servant comme toile de fond d'une enquête policière austère et nauséabonde, Millenium opus légèrement soporifique, réveillé par la soudaineté de ses excès, montre la face cachée d'un pays sombre et froid, dont le présent et l'avenir sont sur le fil du rasoir, entre une génération descendante, usée, revancharde, autarcique, sadique, nationaliste et aigrie, en conflit avec une génération montante blessée, instable, violente, méfiante, volatile, sure d'elle ou terrorisée en fonction des circonstances. La famille Vanger dépravée, arriviste et opportuniste, dont la plupart des composants sont aux portes de la mort, entretient l'image obsolète d'une nation aux mœurs brutales, mettant extrêmement mal à l'aise une jeunesse fragile, dépendante, humiliée, tentant de s'affirmer par des courants choisis et assumés, essentiellement basés sur l'évènement et le relationnel à court terme.Un conflit de génération pur et dur, entre la promiscuité malfaisante d'un clan, uniquement opérationnel sur l'appât du gain, vivant cloîtré dans des demeures froides et sinistres, en concurrence avec des lieux incertains, foulés par un jeune esprit guerrier, libre et intelligent, dont la communication minutée semble positionnée entre l'énergie et l'indifférence.Un avenir problématique pour un pays épurant lentement un contenu sévère et procédurier, au profit d'une approche nouvelle, basée sur un existentialisme jouissif et distant.
  • WELCOME (2009)
    "Si vous l’aidez d’autres viendront". Difficile de rester objectif dans cette suite d’images accablantes, faites de thèses et d’antithèses, que cette phrase d’ouverture résume parfaitement. La synthèse se situe au niveau du cœur, élément indépendant de tout un organigramme d’indifférences, de dénonciations et de répressions, s’acharnant sur une génération perdue, chassée par la guerre dans l’incapacité de construire quelque chose de concret sur ses terres. L’investissement ne peut être qu’individuel, dans une montée chromatique des sens, permettant à un intégré non concerné d’être soumis à l’épreuve, devant l’insoutenable douleur des autres et de sa récupération par l'image de la réussite individuelle, sur une contrée saturée, uniquement visible par temps clair. La perception des différences, dans un premier temps ignorée, permet à un homme, accablé par la rupture, de se révéler, en assumant jusqu'à son terme, ses propres convictions, loin de ceux qui ne font que mépriser ou servir.
  • LA FACE CACHÉE (2009)
    "Moon" n’a pas son destin entre les mains. Epuré au maximum d’énergies, son récit interminable se traine dans un lancinement susceptible de faire fuir au galop des spectateurs curieux devant un début engageant, puis déçus, pour enfin être liquéfies par une lenteur presque insoutenable. Malgré un déficit visuel conséquent, du à un budget au rabais, l’œuvre d’une sobriété d’école délivre dans un éclairage somptueux un sol lunaire sombre et aride.Que ce soit sur Terre ou sur la Lune, les individus perdent lentement de leurs valeurs, avalés par l’enseigne et ses procédures, transformant des êtres pensants en vulgaires consommables reconductibles.Paradoxalement c’est la machine qui s’émeut, soutient, console et encourage. Une vraie mère poule aux avatars changeants en fonction des situations.Le temps a plusieurs objectifs, avec en particulier les transformations de la condition humaine et la possibilité pour certains projets arrivistes, en fonction des progrès de la technologie, d’en disposer à sa convenance, en lui conservant au fil des exemplaires, une physionomie identique dominé par les implants."Moon" est d’une approche difficile, austère, dans une ambiance flirtant avec la neurasthénie, bref un chef d’œuvre d’une sensibilité presque désespérante, destiné à des esprits désirant découvrir de nouvelles atmosphères, sans élaborer de jugements sévères, devant un produit maussade, mais d’une désespérance exemplaire.Le cinéma à souvent traité, pour ne pas dire toujours, l’univers de manière lugubre. Cet espace infini n’inspire que désolation, isolement, sacrifice et tristesse. "Moon" intègre somptueusement cette constatation, avec en plus une inquiétante dégénérescence humaine, suite à des méthodes permettant tous les abus."Qui suis-je ? L’autre n’est-il pas finalement ce que je suis ? Sommes-nous encore des êtres humains ? A quoi servons-nous ? Ne sommes-nous pas devenu que du combustible à mission"?Toutes ces interrogations servent de matières à ce film particulier rempli d’images libres et indépendantes. Si une attention soutenue se joint à une tolérance indestructible "Moon" sera sauvé et deviendra un film culte.
  • TRIANGLE (2009)
    Dans un système universel soumis à la gravitation, un point en rotation autour d'une circonférence sera un présent à la poursuite de son futur et de son passé, concepts qu'il connait déjà puisque son déplacement circulaire est éternel. Le début est égal à la fin, ce qui était devient ce qui est, tout en étant ce qui sera.L'événement quel qu'il soit sera irrémédiablement voué à la répétition, malgré la ferme volonté de vouloir changer, suite à des perceptions sordides, l'ordre des choses.Ajoutons à cela la visite d'un espace temps chaotique surgit de nulle part, dévoilant un environnement abandonné, support d'images décalées ne respectant pas la traversée séquentielle, progressive et logique d'une aventure.Cet opus concept privé hélas de salles obscures est une agréable surprise. Une œuvre curieuse et captivante sur le dysfonctionnement spatio-temporel d'un site managé par le désordre de ses clichés.Un esprit visionnaire se dédouble en devenant l'instrument d'un scénario machiavélique, déroulé par un processus invisible sur le pont d'un navire étincelant de lumière ou plongé dans des profondeurs d'une luminosité presque défunte.La récupération sans fin de son bon et de son mauvais côté dans l'échec de la refonte des choses, sur les rails d'une destinée incontournable que l'on subit éternellement.
  • JUSQU'EN ENFER (2008)
    Pour tout ceux qui aiment ça, c’est du bon et même du très bon. Tout y est, de la montée en puissance à la soudaineté d’une apparition démoniaque que ce soit dans un parking inquiétant ou faussement protégée dans un chez soi que l’on pense impénétrable.Ce n'est pas une timide serrure qui empêchera le mal de se propager. En plus il y a toujours une fenêtre ouverte ou mal fermée quelque part.Sa vision qu’elle soit auditive ou visuelle est toujours spectaculaire et traumatisante, apparaissant brutalement ou méthodiquement au moment ou on s’y attend le moins et ça fait mal très mal autant pour les protagonistes que pour nos pupilles.Alors attention, vous êtes prévenus, avant de pénétrer dans cet univers, apprêtez-vous à en baver.A l’image d’un train fantôme ou d’un grand huit ne faisant fonctionner son espace que par l’alternance de quelques moments intimistes s’estompant rapidement devant la détermination de certains cauchemars ou réalités accablantes qu’il faut avoir le courage d’ingurgiter sans le moindre indice préparatoire.C’est efficace, dans une pincée d’humour souvent écœurante mais nécessaire afin de distiller avantageusement la fureur de toute cette surface déjantée dans un second degré protecteur.
  • LE CODE A CHANGE (2008)
    "Tout le monde fait semblant d’être heureux"Dissimulés en arrière-cour, le temps d’un repas annuel, toute une couche représentative d’un milieu sécurisé exécute un bilan de groupe, pendant qu’un peuple soudé, le temps d’une soirée, chante et danse dans les rues. Quelques bobos camouflés dans de la carrosserie rutilante et des sonneries de portables incessantes tentent de panser quelques lacunes hypocrites en caressant l’incertitude d’un terrain adulte à conquérir.L’un donne la vie, pendant que l’autre n’ose annoncer à la plupart de ses patients qu’ils vont quitter ce monde dans d’atroces souffrances.Briller en soirée par le bon mot, en dégustant du vin hors pair, éloigne de leurs véritables valeurs professionnelles et morales toute cette bande d’existentialistes à l'aise dans le maniement de la fourchette, cherchant maladroitement des marques fiables, difficilement discernables dans une toile de fond luxueuse, ne permettant pas de capter de véritables valeurs.Le schéma de récupération est faussé par l’accumulation d’un superficiel que des métiers porteurs permettent d’élaborer.L’avocat, la romancière, la gynéco, le chirurgien ont "pognon" sur rue, mais le cœur saigne, dissimulé dans des réactions plastronnantes faisant transpirer d’arrogance des nantis brisés intérieurement, par le coté néfaste de leurs conforts.Appart, sexe, voiture, bouffe et divorce sont le système planétaire d’individus adepte de la dissimulation et de la langue de bois en milieu clos, pendant qu’une multitude débridée croule sous la bonne humeur à l’air libre."Le code à changé", agréable comédie acerbe sur le paraître et ses perturbations psychologiques, dénonce la fragilité d’une caste fabriquée par la pire des choses, les modes et l’air du temps, permettant à une certaine catégorie d’opportunistes sans envergures personnelles de vivre cloitrés et sécurisés à l’aide d’une diction prétentieuse et hautaine, n’encourageant que la lâcheté, la lassitude, la nostalgie et l’adultère.A signaler la très émouvante scène entre Patrick Bruel et Blanca Li permettant à un chirurgien aigri de se reconstruire en prononçant le plus beau des mots. Guérison.
  • MORSE (2008)
    Ils sont malins nos amis Suédois. Ils ont compris que leurs contextes hivernaux mêlant habilement d'inquiétants clairs obscurs se révélaient porteurs de récits à leurs images. La neige et la nuit sont donc les petits soldats de ce récit vampirique prélassant son inactivité dans des longueurs interminables.Malgré un climat lancinant baignant dans quelques réveils brutaux, ce parcours initiatique menant un gentil petit blondinet nordique, malmené par sa propre tranche d'âge vers le vampirisme, est bien engourdi.Dans une apogée quasi continuelle de temps morts, l'ensemble frigorifié à l'extrême traine un boulet assommant d'ennui.Du zéro degré dans l'air et dans les esprits de ses personnages ankylosé par l'immobilisme.
  • LES NOCES REBELLES (2008)
    "En ne voulant pas être ce que l’on est, on finit par l’être sans s’en apercevoir." Un couple laminé par un système de procédures liées à des compartiments domestiques et professionnels, uniquement alimentaires, privées de sensations et de décisions personnelles, se détruit par l’intermédiaire de deux nouvelles entités révoltées en internes, construites parallèlement à des positionnements socialement corrects satisfaisants. L’absence d’une véritable personnalité mène au clash deux époux devenus névrosés, diabolisés, presque bestiaux, suite à une rage de vivre inassouvie. Le couple Wheeler, constamment rattrapé par son quotidien, se débat dans une monotonie indélébile, s’effaçant uniquement le temps d’un rêve, d’ailleurs uniquement verbal. La belle maison, la grosse voiture, le relationnel courtois et le costume cravate acquis dans la normalisation, empêchent toutes pensées folles. Les corps s’éteignent lentement. Les visages deviennent ternes. Le manque d’expédients et de sensualité manquent atrocement. Ils se restaurent rapidement, presque sans émois, dans des chambres tristes ou des voitures transformées en jouissance rapide et passagère. La ménagère, en sanglots, voit dans les reflets d’une eau savonneuse, la récurrence à long terme d’une triste vie, uniquement basée sur la soumission, envers un processus inlassablement répété. "Les noces rebelles", oeuvre intemporelle, sur la peur de ne pas exister, à l’aide de véritables valeurs incompatibles avec une existence conditionnée et surtout ordonnée suite à l’intégration dans un système privant les esprits d’être maîtres de leurs destins, est une œuvre remarquable et pathétique, surtout dans sa seconde partie. Cet opus sensible et destructeur, au look soixante-huitard avant l'heure, dénonce un socialement correct mesquin et hypocrite, masquant l’insoutenable finalité de penser que l’on est venu au monde pour rien, uniquement récupéré par une pensée de groupe, donnant lieu à une production thématique lourde, durable, sectaire et laborieuse, loin de terres enchantées ou l’on désire être soi-même. Une œuvre poignante, sur la conquête la plus noble qui soit, celle d’individus enfin épanouis par la liberté d’entreprendre et de réussir des challenges, pour lesquels ils sont faits.
  • VICKY, CRISTINA, BARCELONA (2008)
    Les opus récents de Woody Allen ressemblent bien souvent à des monades d'éveils ressenties au contact de différentes villes Européennes traversées entre tourisme et rencontres de hasards. Quelques jours d'abandons corrosifs et sensuels en compagnie de locaux Ibériques colériques, endiablés, séducteurs et complexes pour deux touristes Américaines foulant une terre vivante et passionnée.Dans des moments discursifs et euphoriques ou chacun fusionne ses différences dans une cohabitation amoureuse éphémère avant la séparation et le retour vers des terres embrumées de préjugés.Un bol d'air imprévu et voluptueux avant de rentrer dans le rang.
  • LE PREMIER JOUR DU RESTE DE TA VIE (2008)
    Constructions laborieuses et remises en questions atteignent logiquement une tribu harcelée par le temps et ses impératifs. L’adolescence est chaotique, pendant que les premières rides pointent à l’horizon d’un visage maternel lucide, d’une seconde vie à entamer dans les plus brefs délais.Les reproches fusent, les générations s’affrontent en fonction de leurs arrogances ou de leurs constats. Les uns brillent, pendant que les autres s’éteignent lentement dans de derniers morceaux de bravoure inadaptés à l’âge.Cinq dates accompagnées de leurs contextes musicaux rythment l’avancée laborieuse d’un couple et de leur progéniture. Les uns en crise regardent les autres affronter la vie en fonction de leurs ressentis et surtout de leurs motivations à se construire ou non.Tendre et émouvant "Le premier jour du reste de ta vie" se ballade tumultueusement dans la vie d’une famille à travers cinq clichés temporels, agressifs ou tendres.Chacun s’exprime, rue dans les brancards ou s’effondre dans l’air d’un temps baigné par les décibels de Janis Joplin et de Kurt Kobain.Remarquablement interprété, ce petit bijou émotionnel montre merveilleusement la difficulté d'aimer, suite à des traumatismes d’enfance, nommé désintéressement et absence d'un père envers un enfant devenu père à son tour, ne faisant que reconduire envers les siens une indifférence laissée en héritage.Ces constantes crises existentielles et prises de consciences sont salutaires, en permettant à une famille de rester soudée par le conflit.Tout dérape et se rafistole en un instant, dans un sourire rempli de larmes.Les craintes d’une génération montante de se lancer dans un océan improbable où chaque module détermine sa fureur ou sa tendresse, devient complémentaire avec l’acquisition impérative d’un second souffle indispensable à une génération refusant de sombrer.Un très beau film, parfois un peu décousu, mais sensible à l’extrême. Mille fois bravo pour ce très beau rendu et cette somptueuse finalité démontrant que la vie, malgré ses incertitudes, doit continuer coûte que coûte.
  • CRIMES À OXFORD (2008)
    "Ici se trouve la vérité absolue, tout est faux". Ce qui est vrai, est confus, désordonné, imprévisible. Une suite logique de nombres adopte la clef des champs en devenant soudainement déstructurée, déconnectée d'un propulseur d'origine. Les repères sécurisants sont défaits par les apparences d'un monde fragilisé, dépendant de désastres naturels qu'il ne peut que subir sans pouvoir les définir, quand ils ne sont que néant.La régularité de Pi, du nombre d'or, d'un flocon de neige et de la suite de Fibonacci, s'effondrent dévorés par l'imprévisible.L'incompréhension est notre tasse de thé, nos cerveaux se détruisent en essayant de comprendre les motivations de métastases tueuses, s'acharnant sur un corps humain sain. La beauté et l'harmonie sont traquées continuellement par la dérive spontanée et incompréhensible des éléments.Philosophie et mathématiques se disputent la résolution de l'équation suprême. Le vainqueur ne dispose que de quelques minutes de bonheur. Les nombres fous et imprévisibles reprennent rapidement leurs suprématies anarchiques, en détruisant des visages de chercheurs convulsionnés, déroutés devant l'impossibilité de percer la seule nécessité dont l'univers a besoin.Le mathématicien, isolé de la révélation, n'est plus qu'un humain subordonné à son arrivisme."Crimes à Oxford", soumis à la plume du roman de Guillermo Martinez, s'écoute un peu plus qu'il ne se regarde. L'intrigue policière conventionnelle de départ, sans fumet, prend du volume grâce aux connections pythagoriennes, détentrices d'intérêts.L'oreille se grise de ces formules, la vue de ces symboles millénaires et mystérieux, accompagnateurs de nos vies et de notre fringale de comprendre ce qui régit le monde.Sans être un chef-d'œuvre cet opus est loin d'être insignifiant. Son contenu parfois somnolent, se ragaillardie dans un cheminement persuasif devant nos équations terriennes éternellement remises en questions.L'épilogue où bien des choses s'éclairent sur les divers conditionnements perceptibles ou non que nous subissons ou activons chez nos semblables, sert de sauf conduit à nos errances.Rien que pour son discours susceptible de nous recadrer dans des recherches saines et instructives, balayant les immondices de toutes sortes que nous ingurgitons chaque jour "Crimes à Oxford" mérite largement une heure et demie de compagnie.Ensuite, il suffit de méditer sur les transpirations intellectuelles de nos ancêtres dont l'héritage n'est plus que jamais à l'ordre du jour.
  • THE DUCHESS (2007)
    Très bon film sur la difficulté pour une femme d'exprimer sa véritable personnalité, dans un contexte adultérin, pédant, austère et froid. "Quand on est dans l'incapacité d'exprimer ses sentiments, on les camoufle dans le mépris et l'indifférence".Cette phrase résume bien le contexte d'un XVIII ème siècle aristocratique, impitoyable dominé par le protocole et le paraitre où il ne reste plus que le plaisir pour ressentir.La seule véritable lumière étant l'ordonnancement majestueux des fontaines et des jardins.
  • PHÉNOMÈNES (2007)
    Soudainement en pleine nature, la progression des individus semble démagnétisée. Une meute privée de boussoles internes devient brusquement amorphe et dévitalisée, avant de se rayer de la surface de la terre sans raisons ni bilans. Le sophiste décontenancé s’adresse à des plantes en plastique. Les corps pleuvent du ciel pendant que les abeilles s’amenuisent. L’arme libératrice passe de main en main, jetant violemment sur le sol des esprits subitement privés d’une envie de vivre.La fuite s’entretient en élaborant les théories le plus folles. Le savant, oppressé par le pouvoir d’une atmosphère incomprise, perd le contrôle d’une suprématie scientifique par des théories surfant sur la peur d’un terrorisme devenu irrationnel en conflit, avec les possibilités nouvelles et dominantes d’une nature destructrice.Un processus d’aliénation cède sa place à un second beaucoup plus destructeur. Une nature diabolique, gérée par les affres du vent, pousse ses ingrédients en masse vers l’auto élimination.Des survies sont espérées, dans des analyses liées à l'air du temps, impitoyablement balayées par des procédures célestes inféodées à une rationalité.L’homme n’est plus rien. Privé de pôle magnétique, fébrile et apeuré il se terre ou s’abandonne aux caprices de l’air, en s’offrant dans un paradoxe royal une fin radicale sur la route ou dans les champs.La femme recluse, presque folle ne communique plus. Une nature délaissée par l'étude et l'adoration devient vengeresse, en punissant par des procédures métaphysiques, la paranoïa de regards détournés.Angoissant tout en respectant un schéma d’épouvante restreint "Phénomènes" met sous tension une atmosphère éprouvante, traversée par des comportements défaitistes ou stimulés selon des objectifs gouvernés par un besoin irrémédiable d’en finir ou une rage de comprendre la raison du comportement de ces vagues vertes devenues folles, dominant par l'inexplicable un raisonnement limité dans l'impossibilité de définir un état des lieux cohérent.
  • REC (2007)
    "Tu continues de filmer, jure-le sur la tête de ta mère". Le cinéma d'épouvante reprend de bien belles couleurs grâce cet opus sédentaire et terrifiant. Une ingénieuse refonte du concept d'horreur exécuté dans une multitude de plans novateurs remarquablement travaillés. Nous sommes littéralement avalés par ce voyeurisme saccadé et glouton, incapable de s'extraire d'un irrésistible besoin de filmer la progression courageuse, étage par étage, d'individus liquéfiés par l'angoisse de ce qu'il découvrent dans tous les recoins de ces appartements d'un clair obscur menaçant. "REC" est un salutaire coup de grisou, permettant à une discipline de se ragaillardir dans des clichés impressionnants, faisant basculer crescendo le contenu dans un contexte de terreur, d'une tension remarquable de bout en bout. La caméra omniprésente balayant le site du sol au plafond apporte dans des cadrages imprévisibles l'essence principale d'un environnement apocalyptique, livré à un événementiel sauvage, abandonnant de toute humanité des esprits réduits au rang de bêtes traquées. Un très bon film thématique, intelligent, sur la disparition progressive d'une éthique, laissant sa place à une bestialité entretenue par des hurlements terrifiques.
  • 3H10 POUR YUMA (2007)
    Les westerns sont rares, alors soyons indulgents envers ce remake par moments un peu statique, heureusement remis à niveau par des gros plans intensifs, presque voyeurs de visages marqués par l’épreuve. La gestion temporaire d’un tueur sans états d’âme, offre à un fermier sans envergure, l’occasion de redorer un blason familial terni.Chacun d’entre eux à quelque chose à rapatrier de chez l’autre, un courage manquant, une humanité soudaine en bout de course, le tout élaboré degré par degré, sur des circuits rocailleux où le transport de fonds, servant de pitance, est braqué à l’aide d’une logistique implacable.Auréolé d’une pierre angulaire finale, sur un quai de gare, une approche perceptive nouvelle, par des sens moraux à l’état neuf, épilogue une aventure en commun où chaque composant découvre une identité préalablement inconnue.Pendant que le fermier façonne un courage libérateur, le tueur effrite peu à peu une pitié stérile. La communication porte ses fruits, dans un contexte existentiel hyper contraignant, l’approche différente d’une âpreté du gain indispensable, afin de survivre, trace quelques sillons en commun."3h10 pour Yumaé est un western qui s’écoute. Des mots s’intercalent entre des balles incontournables, définissant une époque sans transitions. On tue comme on respire, malgré cette contrainte reconduite à chaque pas, une proie et un prédateur, sous le regard d'un fils en construction, trouve une longueur d’ondes conversationnelle en s’échangeant des états d’âme constructifs.Bénéficiant d’une photo splendide, mettant en valeurs des morceaux de bravoure, dans des paysages désolés n’offrant que l’odeur du soufre, ce western atypique s’attarde sur des faciès en quête de rédemptions inconscientes.Des esprits en boucles, constamment au contact de la boucherie ou de l’exploitation paysanne, traduite par un endettement perpétuel, essaient de s’extraire, par une nouvelle humanité perçue d’un paysage monocorde où la bonté est à des années-lumières.Seule une aventure salvatrice en commun peut légèrement dilué ces constats, en permettant la collecte d’une peau nouvelle, même si pour l’un d’entre eux, celle-ci représente une finalité.Un très beau film.
  • BIENVENUE CHEZ LES CH'TIS (2007)
    La semaine de promo intensive, précédant la sortie du film, a certainement considérablement aidée la venue au monde de cette sympathique chronique concernant la remise à niveau d’une région bien mal perçue, éternellement habillée par la mine et le coron. Les verres se vident aussi rapidement que les portes s’ouvrent. Le langage ressemble à un état d’ébriété permanent. Les cœurs sont gros comme ça, de toute manière c’est tout ce qu’ils leurs restent à ces exclus, n’ayant pratiquement plus que la poste et la baraque à frites comme gîte relationnel.Paradoxalement, la dépression se subit sous un soleil de plomb, le Nordiste ne regarde plus un ciel invariable. Il maintient sa différence par des locutions à la limite du langage étranger, des produits du terroir presque nauséabonds et des liqueurs frisant le goût du sans plomb. Toutes ces particularités finissant par entamer la curiosité, puis la conversion d'un pédant.Sans se tenir les cotes d’un bout à l’autre de cette réhabilitation humaine, chaleureuse, naturelle et surtout indispensable, le produit possède certaines scènes amusantes avec en particulier ce road-movie professionnel de la journée type d’un postier pur site, scruté à la loupe par une hiérarchie bien molle, se convertissant avec brio à l’ingurgitation de godets reconstitués en permanence, de visites en visites.Cette fable ayant le mérite de glorifier le comportement de gens simples, porteurs d’une camaraderie protégée par l’évolution d’un groupe sur un même niveau, se déroule comme un agréable divertissement.Des clichés, au-delà d’une caricature faisant de tous ces personnages de véritables icônes régionaux.Un film sur les attraits d’un ciel bas chapeautant une nuit blême sous une pluie intense. Dans un tel contexte, l’autochtone s’accapare sans peine l’intérêt d’un visiteur décontenancé, presque à l’image d’un Colomb découvrant une terre inconnue.Néanmoins quelques défauts apparaissent, avec en tête de gondole la laborieuse prestation de Line Renaud, ayant bien du mal à rendre crédible, un personnage de mère faussement possessive.La globalité est satisfaisante, surtout en nos temps de disette de tempérament vrai. Le chti c’est du bonheur, on le quitte en pleurs, pour un peu on mettrait la carte de France à l’envers en faisant carillonner le bleu méditerranéen par un beffroi amoureux et transi, délivrant spontanément des demandes en mariage. Les nantis du sud n'ont certainement jamais vus ça.
  • ASTÉRIX AUX JEUX OLYMPIQUES (2007)
    Décevant presque affligeant, "Astérix aux jeux Olympiques" se traîne péniblement en cent cinq minutes d’images au bord du gouffre. Pas de récit structuré, uniquement des numéros d’acteurs sans aucun risque, blindés de numérique. Comédiens qu’il faut parfois savoir déceler dans ce bric à brac de scénettes lourdes et insignifiantes.Clovis Cornillac, relégué au rang de support technique, par un Benoit Poelvoorde fou furieux incontrôlable et trop débridé, n’est plus qu’un fusible épisodique, dynamisé le temps d’une scène presque sans intérêt.L’anachronisme tissé dans tout le film n’est pas du meilleur goût. "Le clan des siciliens" et "Que je t’aime" mènent l’ensemble à la frontière de la débilité.La scène où Brutus triche lamentablement dans une course de relais, est représentative de l’essence d’un produit au parcours pitoyable, sans esprit de recherche. On ne peut pas dire que les méninges se soient triturées dans l’élaboration d’un tel opus.Quelques mimiques d’Alain Delon, officialisant un statut narcissique, maintiennent pendant quelques rapides secondes le contenu hors de l’eau.Bref, un détour est souhaitable, plutôt que d’ingurgiter une ambiance facile, bourrée de clins d’œils fournis par des œuvres cinématographiques antérieures, référencées ou de panoplies professionnelles de célébrités récupérées.Le final ressemble à un amoncellement de spots publicitaires incohérents, regroupant les stars sportives du moment, exécutant devant la caméra quelques prouesses liées à leur gagne-pain quotidien.Une surprise cependant, dans ce ramassis d'idées au ras des pâquerettes, l’agréable trouvaille d’avoir fait de Jérôme le Banner le souffre-douleur d’un Brutus chétif, dominant du geste et de la parole un colosse serviable et soumis, ça franchement c’est drôle, et peut-être plus fort que la prestation d'un ésar tutoyant les cieux.
  • DANTE 01 (2007)
    Sombre, éprouvant, traumatisant, insoutenable. Ces termes représentent la garde-robe de cet opus courageux, indépendant, insubordonné et surtout libre d’étaler toutes ses outrances. Son statut de film culte grandit lentement dans le temps, arrosé par un bouche à oreille d’exaltés en admiration devant ces rouges et ces ocres laminant de l’extérieur une faune psychopathe évoluant entre délires et lucidités dans une luminosité presque absente.Son contexte claustrophobique, mystique et technologique nécessite une parfaite adhésion à toutes ses images criardes, risquant de traumatiser un esprit non sécurisé par quelques mises en garde.L’habitacle est stressant, les comportements complètement démarqués de tout réalisme. Les corps rongés de l’intérieur se révulsent soudainement dans des hurlements à faire pâlir la bête du Gévaudan.Alimenté par certaines gueules de "La cité des enfants perdus", "Dante 01", malgré sa détermination de voler de ses propres ailes, se dirige irrémédiablement, comme attiré vers la finalité de "2001 Odyssée de l’espace".Cette affiliation n’empêche nullement l’œuvre d’être digne, originale, prenante, démarquée, loin d’une production mondiale asservie à la rentabilité des fauteuils.Le récit est difficile, servi brutalement dans toute sa splendeur décalée. Il faut tenir devant ces situations pénibles et surtout ne pas quitter le navire; écœuré par tous ses débordements."Dante 01" mérite hautement une visite qu’il faut juger comme un travail novateur et non comme des images délirantes récupératrices.L’opus a du slip, ça déménage dans un compartiment mêlant paradoxalement une technologie dernier cri à un relationnel presque animal, le tout loin de la civilisation.L’œuvre est dérangeante, crispante, nauséabonde, mais d’un esthétisme royal, capable de capturer à jamais un esprit préparé.
  • THE MAN FROM EARTH (2007)
    John, obligé de fuir tous les dix ans vers d'autres horizons, suite à un visage privé de rides, se révèle un conteur passionnant. Egrenant dans une douceur extrême quatorze mille ans d'un monde traversé au contact des plus grands esprits.Des nomades intellectuels programmés pour faire progresser l'espèce par leurs passions tout en tentant de survivre parmi les guerres et les épidémies.L'intégralité d'un savoir détenu dans l'espace et le temps, par un immortel tendre et affectueux, aux multiples visages dont l'un d'entre eux, tenta sans succès dans un passé lointain d'intégrer sur une terre sainte un bouddhisme aux allures Hébraïques.Toutes les phrases de ce huit clos passionnant sont d'une érudition folle, donnant naissance, malgré la restriction des images, à une écoute spartiate devant tant de révélations.Un cours captivant, fourni par un survivant des siècles, faisant douter tous les acquis d'intellectuels pédants, nourris par les pensées de leurs époques.L'histoire des hommes dans une oeuvre apaisante et instructive, dont l'atmosphère unique permet de se centraliser au maximum sur le propos.Un film original, sur la force d'un langage, dont l'image n'est plus qu'une garniture attentive.
  • THIS IS ENGLAND (2006)
    Peu spectaculaire et redondant, "This is England" s'avère décevant malgré une réelle bonne volonté de montrer correctement ces années Thatcher, donnant le prétexte à quelques éléments désœuvrés de ruer dans les brancards, sans développer une réelle matière contestataire. L’Angleterre sert bien souvent de loupe sociologique. Une récurrente chose en soi, montrant des sites dominés par des visages paresseux, aux frontières de la bestialité, dilués dans des décors épurés, abandonnés ou dévastés.L'initiation d'un adolescent, dont le père meurt dans un conflit mal compris, se révèle plus festive qu'agressive.Le cours de récupération étant beaucoup plus fourni en beuveries, violences gratuites et réflexions désenchantés, s'acharnant sur une faune étrangère, faisant certes peu d'efforts pour donner une image commune à une terre promise.Certains visages ont même l'audace d'offrir de l'attachement dans des tenues envoyant au diable toutes envies d'intégration.La vision cauchemardesque et hyper-violente d'une bande en rupture de société est occultée, pour ne montrer que quelques paumés bagués et tatoués, zonant les trois quart du temps dans des emplacements au bord de l'effondrement.Finalement ce sont les quelques images d’archives d'ouverture qui donnent le ton à cet opus agressif, mais privé d'étincelles explicatives sur un naufrage national, ne donnant naissance qu'à un discours extrémiste, c'est dommage.La version française est exécrable.
  • JEAN DE LA FONTAINE - LE DÉFI (2006)
    "Un seul chant pour un seul modèle, le roi". L'idée n'est pas mauvaise d'extirper de ses fables un personnage presque inconnu, jeune, grivois, chaleureux, sanguin, passionné, équitable, respectueux, courageux défenseur d'un protecteur des arts et des lettres dans la peine, sous les fers d'un Roi Soleil implacable, manipulant une police damnée, sombre, soumise et procédurière. L'œuvre, malgré ses faiblesses, dénonce assez bien un système concentrique fait d'indicateurs et de courtisans veules, dévoués à une main nourricière dont la principale raison d'être est l'immobilisme et la répression. Dans de telles conditions, le poète dans ses fables, pour se protéger en dénonçant un état sans lumière, donne la parole aux animaux. Ceux-ci révèlent un état libre, une nouvelle pensée élaborée sur l'expérience et la méditation finale, dispensant un élu d'être au service d'un monarque, n'exigeant de la part des penseurs de son temps que son reflet. On ne peut être que le miroir du roi, dans une vie dominée par les perruques et les courbettes. La lumière de l'artiste n'a pour quotidien que la faim et l'incertitude. Le penseur désire exister, laisser une trace dans le temps et surtout ne pas être une planète occultée par une luminosité insoutenable. Pour cela il faut imposer vers et comédies être Molière ou Boileau proscrits, calfeutrés dans les tavernes en espérant l'apparition d'une providence. Ceci dit "Jean de la Fontaine" dans son contenu reste correct sans plus, il lui manque une flamme, un manque de rigueur contraignant l'oeuvre à une pâleur d'ensemble. Le récit se disperse un peu trop. Certains personnages centraux, historiquement négatifs, noient les comédiens dans des restitutions trop rigides. Par contre l'antinomie entre une paillardise libératrice et l'ennui profond d'un système triste et répressif est maîtrisée.
  • SUNSHINE (2006)
    Le cinéma de science-fiction est actuellement réminiscent. Il a besoin, afin de se propulser dans le temps, d'ingrédients du passé. Dans ce vaisseau, le regard de Ripley, les tremblements faciaux de David Bowman et les terreurs cubiques sont omniprésents. Les gros plans valorisent les angoisses de visages cernés au plus près, au détriment d'un environnement extérieur, ne devenant parfois que des sons inquiétants.Le contre argument, de cette sédentarité hyper dangereuse, est offert pendant quelques instants à des esprits momentanément subjugués par le passage naturel d'une première planète assombrie, subordonnée depuis la nuit des temps à un maître flamboyant, grossissant au fur et à mesure que l'on s'en approche.A 88 millions de kilomètres de la Terre, on ne se sent pas forcément seuls, c'est ce que cet équipage va découvrir au fil de ce périple vers la lumière saupoudré d'exercices extérieurs, en temps réel, synonymes de décrochages et de risques de somnolences. Dans l'espace, tous les gestes sont lents et s'exécutent à grand peine, c'est ce que le spectateur doit réviser avant d'ingurgiter sans trépigner d'impatience certaines images molles respectant le contexte de l'univers."Sunshine", aggloméré d'un bois contenant tous les bois, ne se gène pas de montrer sa servitude ou son admiration envers trois modèles, "2001 Odyssée de l'espace", "Alien" et "Cube", en employant de convaincants copier - coller.Ceci dit l'œuvre n'est pas à caillasser, à condition d'éradiquer un déjà vu, au fil des décennies passées. Ces vibrations de jeunesses, restaurées par l'intermédiaire d'images remasterisées, à la sauce de ce début de vingt et unième siècle, entretiennent des acquis dans un esthétisme évolutif. "Sunshine" est un élégant best off, un pic transitoire à la recherche d'un catapultage, nanti de nouveautés.Cette anecdote est un bon exemple. Georges Harrisson accusé de plagiat pour "My Sweet Lord" répondit:"Oui mais j'ai transformé un rubis en émeraude" Alors soyons indulgents.
  • 300 (2006)
    Cette belle et sanglante chorégraphie en bord de mer étouffe par un visuel écrasant une parole sommaire. Rien de changé sous le soleil, il faut toujours s’agenouiller devant un illuminé s’apercevant que l’impact d’une lance le rend subitement humain.La sauvegarde de la patrie s’exprime en décibels presque inaudibles, la force physique est la contrepartie atténuante d'un élu passant continuellement sa vie au combat loin de la chaleur d'un foyer."300" est un roman graphique de souffre et d'airain. Une conception nouvelle donnant vie à des personnages à l’aspect humano virtuels, c’est l’esprit console sur fond bleu, saupoudré de "Gladiator" et du roi Arthur, dans une forteresse à l’air libre rappelant "Fort Alamo".Une fois encore le spectateur doit se plier à un choix qu’il n’a pas fait, le Perse est le méchant avec toute l'imagerie simpliste référentielle. Dans le camp adverse une sélection impitoyable envoie les plus faibles au pilon, ce qui équilibre une identique rudesse appropriées à ces époques interdites à la difformité.Les corps à corps sanglants sont d’une beauté pathétique, Léonidas, épée en mains, distribue merveilleusement la mort par des poses plastiques dignes d’être tracées par un pinceau dantesque et flamboyant, immortalisant ces plages infernales.Une machinerie microscopique devient presque invulnérable par la stratégie apprise en école, l’achèvement d’agonisants s’effectue dans un conversationnel presque routinier.Sparte est la symbolique d’un idéal menacé par une force martelant un sol qui par ses tremblements fait penser à tort au réveil de la terre. Dans ce contexte l’homme perturbe par ses pas un sol réagissant en fonction d’un pouvoir récupéré par l’hyper violence de bras et de jambes noyés dans un métal protecteur.La sauvegarde de Sparte, cité impitoyable de l’intérieur, attire contre elle ce que l’extérieur en perçoit, une similitude au verbe primitif s’exprimant par l’acier dans une nature sombre et convulsive.Un microcosme impitoyable sélectif défie la démesure de son propre concept.
  • LA MÔME (2006)
    Vous aimez la nuit ? Oui avec beaucoup de lumière. Cette question posée en bord de mer résume parfaitement le parcours de cette môme des rues, au démarrage plus que catastrophique, parachutée dans un désastre social de début de siècle.La môme Piaf n’est qu’un temporel, alternant progression chaotique et gloire vacillante, le tout menant au respect par un prénom glané à la dure, accompagné d’un carburant sordide, une hérédité de bas-fonds constamment entretenue par certains accompagnateurs existentiels.Edith, au gré du vent est exécrable, autoritaire ou exécutante et pleurnicharde, ses caprices sont désordonnés, elle se tient mal à table, sa grammaire est simpliste, sa voix railleuse, ses managers semblent plus soumis aux contraintes procédurières du métier qu’aux limites intellectuelles de leur représentante.Sur scène ce petit bout de femme semble en croix, une passion régulière, envers un public ayant l’aspect de juges impitoyables, est entretenue par l’intermédiaire d’une voix poussée au maximum.Cette alchimie béatifie un mécanisme parallèle, orgueilleux de survie et d’autodestruction, dont les excès vaporisent une volonté poussée à son paroxysme.L’amour envers l’autre ne peut être que viril, les coups reçus en jeunesse sont redistribués dans le temps par un sportif, représentant la vengeance, Edith subjuguée par une machine à frapper, découvre la dominance gérée par la force des lois sélectives naturelles.Une enfant découvre une famille dans l’abattage quotidien d’une maison close, les profils sommaires nivelés par une première guerre mondiale, particulièrement meurtrière sont incapables de bypasser des métiers de rues.Cette Marseillaise boueuse, improvisée par une enfant, devant palier sur le terrain, les faiblesses d’un père, est un état des lieux d’esprit vides, de ruelles sordides et de viandes saoules, la cartographie d’un pays contenant une multitude de grands Zampanos en puissance.Un Paris au look victorien positionne un visage d’éléphant sur une jeune fille à la dérive, frisant le phénomène de foire, faute de solutions et d’encadrements.La dégradation ventile le renouveau d’un visage en relation avec les époques, Edith, anéantie par les déroutes de son existence, offre en fonction de l’avancée de sa destruction, un visage plus ou moins épargné.La fin est dure, un fagot effrité implose dans un déconnecté mêlant réalité et fiction."La môme" reconstitution rigoureuse et réaliste d’un Paris roteux et ordurier de début de vingtième siècle, occulte les sentiments et les devoirs, relégués à des années-lumières d'une injustice vécue au jour le jour.La chaleur d’un encadrement, enfin offert à une jeune fille en pleine détresse, ne suffit pas à corriger une trajectoire héréditaire indélébile, c’est certainement cela le message du film.Un produit fini avance dans un temps, aux moeurs évolutives, accompagné d’un catalogue primitif sommaire, de base existentiel, un comportement d'enfant à temps complet dont les caprices muselés par les pierres brutes de l'enfance, comblent leurs retards en se baladant au coeur d'un sablier existentiel rugueux par ses distorsions internes.
  • LE DERNIER ROI D'ECOSSE (2006)
    "Ici c'est la violence contre la violence, avec la mort aux aguets." L'argument principal de ce "Dernier roi d’Écosse" est de dénoncer avec détermination une partie historique particulièrement éprouvante, endurée par un pays soumis à la terreur et aux discours récupérateurs. Un bien triste univers observable local semblant l'égérie de la quasi totalité d'un continent. Le bilan est édifiant et surtout révélateur d'un mode de fonctionnement perpétuel, offrant une allégorie mensongère permanente, à un peuple privé de tout, dont la seule survie est d'adorer bien souvent sans savoir pourquoi un militaire vociférateur hyper encadré. Accompagné d'une faune de carnaval affairiste ou débauchée, un paranoïaque conscient des psychologies girouettes d'un entourage incertain, monte lentement en puissance, en se servant comme argument destructeur, de l'irrémédiable trahison toujours prête à surgir. Au départ, Amin Dada est sympathique, un bon gros nounours bourru, bon vivant, moqueur et jovial servant de modèle à un jeune esprit curieux, acceptant sans lucidité tous les privilèges sans être conscient de sa récupération. A travers les convulsions d'un état sous l'emprise d'un tyran se dévoile tout un système thématique entre le dominant, le subordonné, le protégé, le courtisan, le comploteur, le sado maso, la mère porteuse et la prostituée. Composants paraissant incontournables et fédérateurs d'un territoire sous emprise privée d'une pensée naturelle. Un film remarquable sur un peuple endormi dans des traditions ancestrales, favorisant dans un premier temps une politique spectacle presque divertissante, laissant sa place à une épuration sanguinaire.
  • BLOOD DIAMOND (2006)
    Sur certains continents, une nouvelle ressource naturelle n’engendre que malédiction, sang, sueur et larmes. Le diamant rose, successeur de l’ivoire, de l’or, du caoutchouc et du pétrole, naguère porteurs d’une terre faussement utopique, n’offre que la machette à des fermiers traqués et recrutés de force pour sa cueillette. Où se situer parmi un gouvernement pourri, des rebelles sanguinaires, un voyeurisme journalistique, des trafiquants motivés et une religion récupératrice d’enfants meurtris, tous ces organismes ne travaillant naturellement que pour leur propre compte.La boucle existentielle politicienne des lieux ne varie jamais d’un pouce, on prend le pouvoir, on s’enrichit, puis l’on fuit au Mexique ou ailleurs, en laissant un bourbier ingérable à une rébellion imprégnée d’une manière de faire épuratrice, elle-même sur le grill d’un temps compté.L’enseigne C.C.A (C’est ça l’Afrique) offerte dans une éternelle répétition.Les enfants enrôlés de force sont sauvagement endoctrinés, loin de la paysannerie ancestrale des pairs. Les femmes pleurent un disparu ou se prostituent. La terre teintée de rouge entretient une violence présente, depuis la nuit des temps, une détermination sans limite s’y adonne sur terrain conquis.La phrase "Vous connaissez une époque où le monde allait bien" est un constat validant la non retenue d’une barbarie.D’innombrables réfugiés sont parqués, des retrouvailles émouvantes sont violées par des photos indécentes, ne respectant pas le respect que l’on doit à un groupe reconstitué.Le sous sol torturé d’une Sierra Leone de fin de siècle sert de couverture diamantaire à des magazines politiquement corrects. "Pas d’apartheid dans les tranchées" scandé par Archer évoquant un passé solidaire avec l’autochtone, révèle une légère éclaircie, vite estompée par ces tueries quotidiennes où femmes et enfants ne sont aucunement dissociés des balles.Solomon lutte afin de retrouver sa famille, Archer l’accompagne de manière intéressée, mais peu à peu devant un 60/40 menaçant la vie d’un enfant son comportement change, une procédure de cœur se construit en se terminant par une bravoure de repenti, s’exprimant sur une vue magnifique."Blood Diamond" est l’apologie de la pierre qui pourrit tout, du pécheur au diamantaire, tout le monde succombe à une luminosité artificielle orchestrant des massacres au soleil, loin de ces villes brumeuses européennes où ces roses de sang, extirpées dans la douleur, rutile sur les rombières.Le contexte reproduit est remarquablement réaliste et maîtrisé, une magnifique reconstitution logistique barbare, de terrain, s’offre dans toutes ses intolérances, un enfer vert où les humains ont des senteurs de babouins.Solomon véhicule en parallèle un défaitisme collectif légendaire, en spécifiant à Archer :"Tu peux tirer, je suis déjà mort".La Sierra Leone prend l’aspect d’un modèle témoin, image d’un continent exsangue. Les richesses internes découvertes sont détournées au profit d’un grand Blanc sans scrupules, armé jusqu’aux dents, ne laissant au résidents qu’un hypothétique filet de pêche pour sa pitance quotidienne.Le processus Kimberley, adopté en 2000, atténue sensiblement un processus d’intérêt aux bases solides ayant toujours globalement la tête hors de l’eau."Diamond Blood" est un film remarquable, montrant les hommes esclaves de leurs profondeurs.
  • LA VIE DES AUTRES (2006)
    "Comment avez-vous pu gouverner un pays?". En 1984, la vérité, conquise de force par la Stasi, consiste en des propos désordonnés. Le soleil une fois à l'Ouest se moque de vous. Rien voir et rien entendre assure la pitance de ses proches. Les rues désertes, clairsemées d'automobiles, offrent des nuits blafardes à un apparatchik soudainement troublé par la valeur propre de l'individu, le texte et la musique. Ces illuminations nouvelles inaugurant peut-être l'éveil d'un esprit. L'instrument du parti dine seul dans des grands espaces murés, laissant parfois le passage à un apaisement furtif, fourni par des professionnelles. Tout ce qui manque se décortique sadiquement dans un jouissif permanent nommé "La vie des autres", que l'on tient entre ses mains. A l'étage, les portes sont ouvertes sans ménagement. Dans les sous-sols, l'oreille est attentive, sadique, provocatrice. Dans les hauteurs, l'écouté complote pour survivre dans une liberté créative en maintenant du mieux possible un comportement intellectuel, non assujetti à la dominance d'un pouvoir, ne stabilisant sa puissance que par la démolition de ceux qui pensent. Le suicide n'est plus comptabilisé, ce n'est qu'une mort comme les autres. L'écoute d'une sonate verrouille presque le processus d'une révolution. Le poète est l'ingénieur de l'âme. L'actrice, malgré son talent, reste dépendante de l'obèse tribal, camouflé dans la voiture de fonction. Pour un régime totalitaire, l'art est le pire des ennemis. Le penseur est dangereux, il se dompte au même titre que la population, par la peur, la surveillance et le slogan politique. La créativité libératrice est sous-marine, en parallèle avec les énormes pressions que le parti s'inflige à lui- même. Le régime n'est qu'un harcèlement, nivelant constamment toutes les couches sociales, réduisant à néant les libertés de penser d'individus diabolisés par la peur. "La vie des autres" est un film poignant sur la destruction des âmes, opérée par des opportunistes sans structures, récupérés par l'idéologie dominatrice d'un rouleau compresseur broyant ses propres composants. Difficile de ne pas comparer ses images de persécutions, de trahisons et de sacrifices avec les sinistres heures hitlériennes ùu chacun n'est plus lui-même, ce dysfonctionnement appelant avec désespoir la diction d'une phrase sublime : "Le mur est ouvert".
  • ROCKY BALBOA (2006)
    Quel boulet que ce Rocky Balboa nuiteux et traîne-savates, se déplaçant au pas pendant plus d’une heure, puis étirant enfin, mais lentement, ses bras vers l’action. Le champion est au plus bas, sa compagne n’est plus, son fils l’évite, il ne lui reste plus que Médor à sortir le soir, en y intercalant des souvenirs de combats, des provocations nocturnes et des photos prisent par ceux dont la mémoire intacte lui donne encore un nom.Le parallèle est flagrant entre le personnage et l’acteur qui ont dus s’adapter à la voie de garage pendant presque une double décennie, de ce point de vue le film peut s’apprécier en l’attaquant philosophiquement par le concept de la renaissance d’un phoenix.Sylvester Stallone voyage incognito dans un Rocky Balboa en décrépitude, le virtuel offre le bénéfice d’un chantier intellectuel et physique, en reconstruction, ceci à l’acteur comme au boxeur, ils s’y accrochent comme à une bouée, le schéma d’une remise sur pieds s’exécute crescendo, sans surprises dans des clichés d’orgueils éprouvés.Rocky vomit une sueur abondante afin de retrouver le top niveau et de confronter cette musculature opérationnelle au champion du moment. On se demande bien pourquoi, les dialogues de l’encadrement servant de motivations au come-back d’un has been sont plats comme la Beauce.La confrontation finale se déploie dans un lot habituel d’alternances dominatrices, sur le ring, Rocky a du jarret, il n’est pas interdit de penser que cet épilogue sert surtout à repositionner sur le marché un acteur à la condition physique reconquise, désirant retravailler de manière régulière sur le marché des films d’action, toute la structure de Rocky Balboa n’est que le C.V d’un senior esthétiquement fringuant, la restauration intelligente d'un produit de marketing.Rien de fantastique dans tout cela, c’est du vu et revu. Si nous étions le 31 Décembre 2007 les plus audacieux clameraient que c’est le navet de l’année, quelle déception ! Rien ne vibre, les inconditionnels, par contre, sauront positionner là où il faut, les pansements de l’indulgence.Un générique final savoureux aide à faire passer la boulette.
  • L'ILLUSIONNISTE (2006)
    Un initiateur se dématérialisant après ses cours, offre à de jeunes yeux ébahis un terrible adversaire au rationalisme, une illusion s’attaquant à des régimes politiques carbonisés par l’arrivisme. Un amour de jeunesse contrarié par un cinglant rappel à l’ordre "Rappelez vous votre rang", permet à un magicien hors norme de progresser en mariant superbement une machinerie à une spiritualité.Des papillons volants soutiennent dans les airs de petits tissus blancs, servant à contenir de belles larmes féminines. Excalibur retourne à la pierre sous l’apparence d’un parquet princier, un oranger majestueux défie la lenteur du temps en poussant instantanément devant un auditoire, ravi devant de si belles démonstrations métaphysiques.Un futur empereur se dévore davantage de mégalomanie, devant les prouesses d’un homme maniant merveilleusement l’autre coté du miroir. Les masses sont conquises, de chers disparus apparaissent sur les planches de théâtres bondés en répondant spontanément aux questions posées par un public aux anges.Le royaume de Vienne est menacé par une république spirituelle, l’illusion, devenue un parti politique, prend l’ascendant sur une monarchie ayant toujours la main sur l’épée prête à réprimer une foule à bout de souffle, suite à la disette.Ce nouveau pouvoir est fulgurant, dans l’impossibilité d’expliquer ces tours défiant toutes rationalités, le magicien devient un Dieu porté vers l’empyrée, par toutes les couches de la société."L’illusionniste", bordé de l’agréable musique répétitive de Philip Glass, se promène sur le fil du rasoir du rêve et de l’analyse rationnelle, il possède d’agréables fausses routes dont les impacts d’arrivées charment nos sens.Eisenheim, lucide de la force persuasive de son métier, préfère se stabiliser aux yeux d’un peuple manipulable par un aveu honnête.Tout se glane par l’apparence, cette bombe nivelle une réalité qu’il faut assumer pour mieux la combattre.Il y a peut-être une vérité dans une illusion, pour le comprendre il faut marcher dans les pas d’une continuelle évanescence.
  • APOCALYPTO (2006)
    "Une civilisation n'est conquise que si elle s'est préalablement détruite par elle-même". En attendant la fureur des combats, le Maya est un excellent chasseur, un incorrigible farceur et un admirable conteur. Ces qualités sont soudainement archivées, le village est attaqué. Les hommes capturés entament un cheminement initiatique vers la vision de sacrifices gérés par un libre arbitre venu du ciel. On peut amalgamer en décrétant que cette fresque sanglante n'est que la projection cinq cent ans en arrière de nos propres valeurs ne montrant que nos acquis, haine, violence, trafic d'esclaves et main d'œuvre exploitée le tout dans une jungle reprenant ses droits par la soudaineté des attaques du jaguar et du serpent. Tout cela sent "bon" les mouvances inertielles de notre bonne vieille terre. De plus en plus de scénarii offrent au cinéma et aux contextes historiques choisis un trajet commun basé sur une rage de survivre suite à une délocalisation brutale, une initiation terrible est à gérer loin de ses bases offrant un statut d'opprimé à une volonté ferme et à toute épreuve de retourner par tous les moyens après des efforts considérables vers un centre moteur qui lui-même doit batailler ferme dans son propre environnement afin de survivre. Tout ceci ressemble étrangement à la thématique de "Retour à Cold Mountain" contexte historique différencié naturellement. Une vengeance s'alimente par le mépris envers le maître du moment, l'irrespect de l'autre gonfle les jarrets, un leitmotiv ne tenant qu'en quelques mots agrémente un parcours rétrograde périlleux ou chaque pas malhabile est dévoré par un enfer vert hyper défensif engloutissant les corps. Le récit parfaitement réussi adopte les runes d'un concept cérébral présent, les scènes très réalistes des sacrifices ont un esprit kermesse. Un stéréotype souvent reconduit dans le septième art extermine les méchants par ordre hiérarchique. Finalement le plus motivé c'est le traqué qui au fur est à mesure de ses blessures acquiert une énergie transcendante grignotant peu à peu la hargne d'un poursuivant. Ce que nous voyons au fil de ces deux heures vingt est crédible, la caresse est rare, l'homme n'est que de la viande hachée menu, tout cette déferlante nauséabonde semble adaptée à son temps malgré la réhabilitation de plusieurs ouvrages démystifiant les préconçus moyenâgeux en tartinant de douceur une époque que nos esprits jugeaient préalablement invivable. Mel Gibson montre certainement une vérité en entretenant un concept sanguinolent cinématographique présent depuis des décennies sur nos écrans, une alchimie ciblant un contexte historique hyper violent permettant à une compétence professionnelle stagnante de rester positionner sur une technologie d'images fortes fabriquées mais respectant un plan adapté à une reconstitution acceptable validant la terreur d'une époque. Nos besoins de se sentir protégé et encadré se libèrent par rapport à une barbarie que nous pensons à tort éteinte. Par cet apaisement ce système s'adapte admirablement à notre sensation d'être plus ou moins maître de nos destins. Ceci dit "Apocalypto" est une réussite, un merveilleux voyage dans le temps selon les critères exposés ci-dessus ou l'homme qu'il soit dominant ou dominé n'est qu'une bête parachutée dans un monde dément, ne rêvant que de s'endormir afin de calmer sa douleur.
  • THE FOUNTAIN (2006)
    "The Fountain" est une toile initiatique d’une tristesse caniculaire hors du commun, montrant toutes époques confondues, l’indispensable besoin de se découvrir à l’aide de la conquête d’une paix intérieure, ceci dans un contexte guerrier, scientifique ou futuriste. Que ce soit dans l’intrigue, sous les flèches, le laboratoire et ses formules ou l’isolement dans les étoiles, un même visage connecté à son prochain ou à son prédécesseur, ne possède qu’une pensée unique.Un besoin profond de se définir dans un climat lucide ou surréaliste mêlant la volonté de comprendre et de se métamorphoser grâce à de magnifiques expériences, semblables à des touchers mystiques, propulseurs de nouvelles dimensions acquises dans la pénombre ou dans des ocres flamboyants.L’opus est magnifique, mais reste bien souvent crypté, dans une lenteur qu’il faut accepter. Le sentier, menant laborieusement un nouvel esprit vers sa rédemption, s’avère pénible dans un travail thématique somptueux qu’il faut déguster avec détermination."The fountain", copieusement pourvu d’images déprimantes, déroule des clichés éblouissants, au bord d’un gigantesque effondrement mélancolique, unissant toutes les approches religieuses dans un ordonnancement s’avérant par moments douteux.Le rendu est prenant, à condition de rester objectif, devant ces assemblages numériques un peu fourre-tout, ayant le mérite ou le désavantage de garnir dans un seul paquet cadeau toutes les religions.C’est un peu comme un immense salon dont tous les meubles disparates tentent de communiquer et d’acquérir une identité commune.Ceci n’empêche nullement de se documenter en externe tout en se laissant capturer par ces tableaux semblant plus spectaculaires que véridiques.L’envergure de l’entreprise reste d’une essence magistrale, un courage immense de s’expérimenter et de se dissoudre pour mieux renaitre dans un espace vierge ou tout est à faire, en sachant enfin qui l'on est.
  • COEURS (2006)
    De ravissantes pincées de neiges servent de fil rouge entre six tranches de vies en quête d’amour. Les manques et besoins sont forts, mais les psychologies tourmentées de chaque demandeur peinent devant ces paravents, ne faisant qu’entretenir une difficulté extrême de communiquer autre que par le puritanisme, l'ébriété et la confession.L’hiver est présent dans les rues et dans les cœurs. En quête de l’âme sœur chacun montre ses faiblesses dans un investissement maladroit et dispersé. L’apaisement ultime s’éloigne de tempéraments paresseux, coincés, brisés, imbibés de personnalités aux comportements corrects en surface, troubles en catimini, retenant à grand peine l’extériorisation d’un côté obscur.Ce mur incohérent, partageant une fenêtre en deux, montre admirablement l’énorme difficulté de réunir deux esprits en une seule lumière."Cœurs" n’est pas un film triste, malgré quelques aveux émouvants. Le rapport improbable de certains personnages s’avère même savoureux. L’œuvre est sobre, révélatrice d’un monde rongé par l’absence de comportements simples et surtout naturels.Elle dénonce le désastre d’une société ôtée de destinées fondamentales, éparpillée dans les artifices d’un monde colorée, mais sans substances directrices.Toutes ces indispositions et réticences condamnent une petite fourmilière perverse et indécise à une errance affective à long terme, entretenue par un besoin d’amour rapidement annihilé par le manque d'assurance, l'entretien d'un état négatif, la croyance outrancière et le débordement alcoolisé, ne faisant que luire l’individualisme de chacun et le besoin impératif de stagner par la plainte et la perversité embusquée.Un bon film sur la restauration plus que souhaitée de tempéraments ne voyant que l’amour est la luminosité de sa sédentarisation, à l’aide de la simplicité de ses directives.
  • THE HOST (2006)
    Depuis quelque temps, le monstre toutes catégories, surgit de nulle part, s'acharne sans véritable raison sur une population terrorisée, incapable d'unifier ses forces contre un danger surpuissant. Comme bien souvent la bravoure ne se calcule qu'à l'unité, en se transcendant dans la récupération courageuse et désespérée de ceux que l'on aime."The host" est un opus rempli de paradoxes amusants et pathétiques, se baladant régulièrement entre la pitrerie faciale et une détresse presque théâtrale, photographiées ou filmées par une meute sans pitié, adepte du scoop.Une cartographie asiatique décalée ou investie entre rires et larmes, sur un site attaqué par surprise, remarquablement mis en images.
  • BABEL (2006)
    Babel est une œuvre longue et dépouillée, qu’il est indispensable d’absorber dans un état serein et endurant, en gérant une irrésistible envie de stopper le défilement de ces images interminables. L’opus, beau et lancinant, offre des gros plans magistraux à des visages noyés par la détresse et l’isolement, dilués dans la protection d’une luminosité intense ou dans l’immensité d’un désert brulant, rude et poussiéreux.Le contexte, volontairement épuré, possède l’avantage de s’attarder longuement sur des psychologies en doutes ou burinées à l’image d’une terre avare en reconnaissance où chacun tente de survivre chaque jour.Trois pays presque équidistants révèlent un même faciès tourmenté dans un requiem mélodramatique magistral, mêlant lumières artificielles et naturelles, le tout accompagné de leurs satellites, insouciance, avidité sexuelle et intérieur somptueux pour les uns, fêtes, alcools et violences pour les autres.Un travail d’auteur, méritant sur des impacts géographiques différents, mais ne délivrant qu’un seul message, un mal de vivre commun dans un contexte en expansion, n’étant plus en mesure de contrôler un modernisme démesuré ou un environnement dénudé à perte de vue, endormi depuis la nuit des temps.A voir absolument, si l’on veut approcher ceux qui évoluent trop vite, pendant que d’autres n’ont que le vide à contempler.
  • BORAT (2006)
    Le Kazakhstan, dont les outrances exportées se déchaînent de villes en ville, s implose sur le territoire de l’oncle Sam. Au supplice où au-delà d’un étonnement, chaque module étudié active en relation, avec le conditionnel de sa psychologie, sanctions ou tolérances devant des comportements de brousse.Borat, anobli d’une naïveté d’école, découvre en pétoire agonisante le gay, la secte, le rodéo, le sénateur, le présentateur de J.T, la prostituée et la racaille, en essayant à chaque rencontre d’assimiler des tonnes d’informations nouvelles, en offrant en retour une misogynie légendaire et des attributs hors normes.Le choc frontal de deux principaux acquis terrestres à l’état brut. La viande en sauce fait connaissance avec l’excrément en sac plastique. Une association temporaire entre la contrainte du politiquement correct et la pierre brute, chacun conservant ses marques tout en étant curieux de l’autre.Borat est moustachu, couillu à deux doigts d’une physionomie peu appréciée par les temps qui courent. Transportant dans ses malles un comportement douteux, la visite de certains lieux est à risques. Pugilat hôtelier, nudité exhibitionniste et magasin dévasté sont au programme de cette odyssée initiatique, à l’intérieur d’une terre immense où chaque concept existentiel est différent d’état en état.On quitte Jésus pour la main au panier ceci d’une contrée à l’autre. Les extravagances de Borat, sincères et honnêtes, restent identiques. Le tout s’égrène dans un chapelet cocasse où l’initié de bonne volonté se heurte parfois à l’incompréhension en mimant la gestuelle et la locution d’une couche sociale locale étudiée.Les emblèmes d’une société américaine paralysée par ses institutions sont mises à sac par un individu sans garde- fou livrant sur site un naturel ancestral. Borat à l’inverse d’un voile puritain montre un schéma sans retenu, un avide de découvertes est lâché en pleine nature dans un relationnel de groupes conditionnés par le culte de l'idole.Tout en sombrant dans la dépendance médiatique, Borat dénonce par la mimésis d'un sujet exploré, les dangers d'une récupération sclérosée par la paranoïa et les icônes artificielles.Surtout ne ratez pas le début du film et la présentation du village de Borat. Cà vaut le détour.
  • SCOOP (2006)
    On a toujours un peu la tremblote quand Woody Allen nous fait son petit coucou annuel, va-t-on s'endormir avant la fin ? Eh bien non, là franchement, c'est gagné. Cette comédie policière est succulente, Sydney, magicien raté, a un public sénile, ses tours sont ringards, il est grand temps que la providence se manifeste afin d'éjecter un rassasié sans envergure de cet environnement médiocre.Sandra Pronsky, jeune journaliste blonde et binoclée, va s'en charger, cobaye de Sydney lors d'une représentation l'apparition soudaine d'un journaliste récemment assassiné, lui donne des informations sur l'insaisissable tueur au tarot. Sydney piégé se voit dans l'obligation de s'investir.Le mythe du poltron récupéré par la curiosité féminine, incapable de s'assumer seule, déjà développé dans "Meurtre mystérieux à Manhattan" refait surface dans un contexte pratiquement identique.Sydney fait ses classes dans plusieurs domaines inconnus, le courage, le conseil et la protection envers cette "fille" improvisée, tombée du ciel, le temps d'une enquête, la sieste existentielle est provisoirement terminée.Se définissant comme hébraïsant converti au narcissisme, sa conversion ne tient pas la route, ses sens chamboulent un existant se croyant à l'abri des sentiments, l'âme d'un père se façonne, s'investit, se laisse guider par se petit cœur neuf en pleine construction. Toute une structure grisante par l'aventure et le danger gagne ce sexagénaire engourdi.Sydney trouve par l'action une concordance de vibrations avec une génération montante, ne pouvant se permettre de vivre dans un acquis.Ses analyses s'affinent, il prend de l'envergure, stabilise la fonction un peu trop débordante de Sandra, fonçant dans le brouillard sans réfléchir, Ils sont indissociables, un cap en commun où l'un devenu sage stabilise les débordements de l'autre, trop incrédule et précipitée.Le lieu surprenant, servant d'épilogue, semble repositionner Sydney sur une case départ, un retour aux sources vers une origine détaché, habitat premier de cet homme ayant pendant quelque temps côtoyer la chaleur interne d'une paternité.
  • LES FILS DE L'HOMME (2006)
    Londres sert bien souvent de test apocalyptique, deux mille vingt sept sonne sur l’horloge d’une terre à feu et à sang. Emigrés illégaux, immeubles évacués manu militari, explosions soudaines, bétails calcinés, convois caillassés sur fond de tubes des années soixante. On se déplace sur une mer de boue et de bris de glaces. Le cochon des Floyd survole un sol jonché de détritus, certaines cheminées n’ont plus la force de cracher une pollution ravageant des visages creusés par la faim. Les voitures brigandées sur les routes sont des tombereaux.L’homme évolue dans sa propre toile, une peinture vomissant une lente agonie économique et politique, un fascisme éclos sur un tas d’ordures, s’acharnant sur un déchet humain titubant entre les terroristes et les extrémistes, sur fond de guérilla urbaine.Une rondeur, absente depuis dix huit ans, redonne vie à un concept uniquement présent sur des tags muraux. Un alphabet, sur le tableau d’une classe dévastée, dévoile l’empreinte du saint des saints, devenue invisible.L’enfant de la renaissance ne peut être que celui de tous ces hommes en uniformes, environnés par les ruines fumantes de leur propre cerveau. Tous ces pères en puissance, récupérés par la violence, baissent un instant leurs machines à tuer devant le passage d’un immense espoir, certains s’agenouillent, offrant les premiers remous d’une perception s’éloignant de balles tirées, par n’importe qui sur n’importe quoi.Les images sont dures, pénibles, les visages, s’accrochant à quelques minutes supplémentaires de vies, sont filmés par une caméra sur haut de colline ou à hauteur d’homme. Cette virtualité insoutenable devient une anticipation de plus en plus difficile à comprimer."Les fils de l’homme", film d'une noirceur remarquable, dénonce un point grossissant se rapprochant dangereusement de nos existences, Il existe un art démentiel, que personne ne désire côtoyer, un enfer dantesque potentiel, que nos consciences bannissent, ce film courageux offre la partition d’un nombre égal à lui-même, que Saint Jean connaît bien.Cette déferlante n’est plus abusive, elle est l’impact d’un avenir que nous ne pouvons plus ignorer, l’image n’est plus chargée, c’est l’actualité des prochaines décennies, si nous ne faisons rien.Le "soleil vert" dans les années soixante dix, conduisait le spectateur à la fin de la projection dans les latrines pour y vomir l’avenir de ses enfants, "les fils de l’homme" est dix fois plus impressionnant, un signal d’alarme à la batterie presque épuisée.
  • LE PARFUM (2006)
    "L'âme d'un être est son odeur". "Le parfum" est la recherche d’une luminosité odorante acquise en des temps crasseux. Une rage de vivre dès la naissance dans une tapisserie nauséabonde d'immondices et d’ocres sombres, foulées par un esprit malade, capteur de senteurs conquises par le crime.La conception d’un arôme inconnu s’élabore par des gestes lents et minutieux, sur fond de ruelles désertes. Une proie spécifique est traquée, puis humée par des narines grisées de ressentir de nouvelles odeurs indescriptibles.La traque reste quelquefois inassouvie, en épargnant provisoirement quelques bienheureuses, échouant momentanément aux portes de la mort distribuée par un être absent, passionné, presque muet, attribuant des gestes limpides à une obsession enivrante, entretenue par d’éternels ingrédients traqués la nuit tombée.Un nez diabolique exécute merveilleusement une palette sensitive hors du commun, en s’emparant de vestiges féminins dénudés offerts aux degrés indispensables évolutifs, menant vers la perfection d'une idée.La lucidité d’un homme, récupéré par la démence d’une conception machiavélique, n’est plus palpable."Le parfum, détient une lenteur lancinante, un texte débité minutieusement sur des images de visages marqués par la transcendance, la convoitise, la surprise et la peur, que l’on a le temps d’admirer dans une reconstitution exemplaire d'une époque sans pitié.Des moments sublimes, rarement vus au cinéma, extraordinaires et somptueux. Une dépendance folle et collective envers un personnage plus déterminé par la mission que par la perversité, perçu comme un ange par une populace rongée de voyeurisme et de puanteur, copulant sans réticences sous la dépendance d'un nectar inconnu.La longue séquence de l’exécution de Grenouille est un aboutissement. Elle dépeint merveilleusement la prise du pouvoir des senteurs régénérant chez l'être humain, la soif des caresses.
  • INDIGÈNES (2006)
    "Ce ne sont ni des indigènes, ni des musulmans, ce sont des hommes tout simplement". L’incorporation dans une machine de guerre s’exécute sans contraintes, presque naturellement pour ces inondés de soleil, préservés temporairement d’une température en chute libre qu’un Nord lointain encore absent, s’apprête à leur délivrer. Seule la mère perçoit le danger de perdre un fils. Sur le front, le premier choc est brutal pour ces inexpérimentés, décontenancés par le contact d’un feu nourri. Le gradé en rajoute dans la froideur d’un commandement observé de loin à la jumelle, par un état-major situé au delà des limites de tir. La différence est perçue dans l’attribution des récompenses où les quotas ne tiennent pas compte de l’action d’éclat du Berbère. Le froid vosgien s’acharne sur ses déracinés, tentant de comprendre une religion représentant un homme en croix. Comme bien souvent la femme est le seul réconfort. Privée de discriminations, elle console, câline cet Africain en uniforme, de passage, lui promettant de revenir, malgré les contraintes relationnelles imposées par ses croyances. La gratitude d’une délivrance est offerte par les applaudissements de quelques civils, uniques pépites, occultant l’ignorance d’une armée surgissant le combat terminé, à la limite du racisme, ne pensant qu’a récupérer de la chair à canon, représenté par un unique survivant libérateur, privé de chef, héroïque jusqu’au dernier affrontement, voyant ses frères terrorisés tomber les uns après les autres. "Indigènes" est avant la rude école de l’assimilation, de perceptions inconnues par un continent satisfait de son immobilisme. Les mœurs françaises sont ambiguës, sélectives, elles déroutent un esprit tribal, ancestral, simple, chaleureux aimant un maître plus par bonté que par servitude, préférant conserver un état analphabète, consolidant l’entretien d’un esprit naturel, ne raisonnant que par la chaleur d’un accueil véridique et spontané. Le système militaire, procédurier par ses brimades mêlés de quelques apaisements, libère une autonomie revancharde, bestiale, peureuse, régie par un instinct de conservation désordonné dans un épilogue septentrional glacial. Le Berbère tombe aux grands froids dans un pays inconnu, aimé sincèrement de la plus belle des manières, une naïveté que le métropolitain avide de définitions à dilué dans sa discrimination.
  • LITTLE MISS SUNSHINE (2006)
    "Un vainqueur n'attend que d'être réveillé, soyez les acteurs de ce monde". Ces quelques mots ne sont que l'auto satisfaction d'une locomotive verbale, transcendée par sa propre voix, ne déclenchant que de rares applaudissements dans une classe plus que clairsemée.A la maison se côtoie période Nietzsche sur vœu de silence, agrémenté d'un visage proustien aux bras tailladés, servant de paravent à une snifette sexagénaire.Sur la route, une éducation sexuelle est distillée à la grosse, à l'intérieur d'un minibus à l'agonie, au klaxon révolté, n'en finissant pas de s'éteindre.Cette famille, épuisée par la cartographie interne d'un monde non exécutable, se propulse sur le ruban du renouveau. Quelques confessions sont repositionnées sur une parole vomissante retrouvée. Cette transpiration de plus de mille kilomètres fabrique une asphyxie familiale salutaire, on souffre la disette en groupe, en regardant droit devant soi. La finalité de cette escapade se situe dans une liberté gestuelle bannissant les contraintes de petits corps martyrisés par les parfums et les mises en plis.La vie n'est qu'un concours de beauté permanent, un célèbre écrivain français, looser perpétuel, voyage incognito dans cette pétoire surréaliste, la décision d'un équilibre repose sur l'acceptation de ses différences morales et corporelles, en y incluant la perception d'être un génie, pratiquement que pour soi-même, environné d'un auditoire restreint, mais conquis, qu'importe la multitude si celle-ci n'est qu'un troupeau conditionné en orbite autour d'une fausse lumière.Des parents, attendris par des décennies de rediffusions de navets à l'eau de rose, se pâment devant des Shirley Temple mécanisées, exécutant des chorégraphies à peine comprises, uniquement afin de respecter un catalogue de prestations de concours voyeuriste, presque centenaire."Little Miss Sunshine" est dans un premier temps la mise en pratique d'une erreur ne menant nulle part, ce cheminement vers cette fausse terre promise californienne se conclue par le plus beau des éveils."Allons nous en d'ici" est prononcé par une famille reconstruite où chacun, en fonction de rêves impossibles, se positionnera sur un parcours authentique, une vérité basée loin des stéréotypes où l'on est soi-même, en assumant pleinement un contre-courant.Par rapport à ces rêves les plus fous, l'approche "Familles, je vous hais" se fabrique d'elle-même "Little Miss Sunshine" (2005) montre bien cette cassure" heureusement temporaire d'un fils taxant trop rapidement son entourage de ratés.Chacun montre son amour à l'autre par sa différence, dans un langage parfois limité, par les disponibilités et les fantasmes de chaque participant uni jusqu'au bout de ce voyage initiatique drôle et émouvant."Little Miss Sunshine" est un film merveilleux" délivrant le plus beau des diplômes, l'acceptation dans une collectivité constructive de sa propre architecture.
  • VOL 93 (2006)
    Ce film est prenant et stressant, malgré un démarrage poussif, certainement volontaire, afin de nous permettre d'emmagasiner lentement la pression de ce qui se prépare, puis de l'évacuer dans une explosion violente. Les données sont simples, nous devons tous nous trouver à l'intérieur de cet avion suicide et ressentir l'effroi de ses passagers.Un dramatique huit clos entre une jeunesse fanatique, fragile, bouillonnante et indécise dans le déroulement d'une procédure extrémiste et des otages dans un premier temps effondrés, puis opérant une lente montée chromatique menant de l'angoisse à la bravoure.L'atmosphère des deux modules de cette odyssée pathétique est remarquablement reproduite. De la tour de contrôle à la carlingue de l'avion, deux ruches à leur paroxysme s'adonnent à l'assistance ou à la détermination.Une lente agonie filmée en temps réel entre un groupe devant s'affirmer dans une situation extrêmement grave et un second formaté par la prière et les théories punitives, le tout dans des comportements soumis à la transcendance.Un acte fusionnel, unissant entre ciel et terre la haine, la peur et le courage dans un affrontement final apocalyptique.L'offrande magnifique d'un dépassement de soi, que ce soit dans le bien ou le mal, dans une confrontation sacrificielle poignante, à l'image d'une icône.
  • LE DIABLE S'HABILLE EN PRADA (2005)
    Attention tout le monde sous la moquette, Miranda arrive. La secrétaire en titre croule immédiatement sous la charge des consignes débitées de manière doublement chaloupées par le débit et la démarche d’une responsable au regard vague. Andréa, nouvelle recrue, se doit de lire entre les lignes d’un texte hiérarchique constamment remanié, les classes sont dures, plusieurs urgences sont programmées en une seconde, quinze minutes pour déjeuner, cellulite à bannir, courses folles dans Manhattan bien souvent inutiles, gestion à la volée de fourrures et de sacs à main projetés avec désinvolture sur les bureaux.Rituels à respecter lors de livraisons à domicile, être sur le pont vingt quatre heures sur vingt quatre, Miranda est au fond de votre poche galbée dans la dernière technologie de dépendance en circulation.Il faut penser mode, se munir artificiellement du concept même en exécutant des taches subalternes, se prendre en main, encaisser les remarques désobligeantes, rebondir par l’orgueil, se transformer pour enfin basculer laminée mais conquise dans un univers impitoyable : la soumission à l’enseigne et ceci jusqu'à épuisement.On ne travaille pas dans l’univers de la mode, on est la mode, il faut être à la hauteur vestimentairement parlant même si le salaire ne le permet pas, pour cela il est nécessaire de se laisser rabaisser en espérant des remords d’une personne déterminante ayant accès au stock de robes.A la réflexion, "Ma vie privée ne tient plus qu’à un fil", on entend "Parfait, c’est ce qui se passe quand on fait bien son travail".Le petit copain des années sandwiches est sacrifié, les tentations sont fortes à condition de ne voir que soi, on ne pense plus qu’au job, à L’extérieur de cette sphère, tout est approximatif.Certains reconnaîtront une journée standard de leur quotidien. Cette gentille petite comédie américaine atténue au maximum un sujet dramatique. Les Américains ne savent pas faire des films douloureux, ici tout est soft, plaisant sans conséquences ni vibrations. Néanmoins cette petite oeuvrette transporte dans ses soutes un véritable débat sur l’aliénation professionnelle où la pire des difficultés est d’être soi-même dans un monde ne permettant pas de se construire hors de l’enseigne.Si vous avez quelque chose à dire gardez le pour vous, si vous avez quelque chose à faire, faites le pour moi.Au départ la situation est simple "au job qui paie le loyer" trinquent ces jeunes, avant de pénétrer sur le ring de l’investissement corporel et cérébral, ceci pour toute une vie où il faudra apprendre à se soumettre, puis conquérir afin d'éviter d'être broyer, c’est la loi.A la contemplation d’Andréa libérée, Miranda, un instant éveillée, s’offre un sourire en reprenant sans trop tarder un visage de cire sur la route de l’autodestruction.
  • MARIE-ANTOINETTE (2005)
    Tout cela est ridicule, tout cela est Versailles. Marie-Antoinette, livrée clefs en main au sinistre royaume de France, fait ses adieux à ses premiers accompagnateurs existentiels, en distribuant de généreuses accolades à un nouvel environnement déconnecté des effusions.Millésimée en fonction du galbe de sa gorge, "l'Autrichienne" offre des sourires d'adolescentes à des regards austères et voyeuristes, se pâmant devant des premiers pas difficiles où parmi cette nouvelle réglementation des comportements, la flatterie due à une favorite fuyant l'agonie d'un roi, montre la détermination soumise d'une future reine de France.La cour est terne malgré la surdose de poudrage, les affinités ne peuvent surgir que de dames de compagnies, riant de visages décrépis, au seuil de la poussière, s'endormant lors de cérémonie.Les levers matinaux sont un protocole offrant un lit consumé par l'absence d'un futur roi préférant découvrir à la chasse les premiers rayons phoebusiens. La médisance est présente à tous les repas, les rouages politiques s'imposent à l'étude d'une féminité désintéressée, préférant offrir un naturel spontané lors d'une représentation lyrique.Une mère rappelle qu'une senteur offerte conforte une mission, pour cela il faut prendre l'initiative, le dauphin doit consommer cette blondeur pale au sourire éclatant venue du froid, visage d'une alliance apaisant pour quelques temps les appétits guerriers de deux géants européens.En attendant l'accomplissement du grand œuvre, la belle s'éveille, place à la fête et surtout à une dépense entretenant crescendo les décibels d'un peuple grondant. Le rouge des petits fours se déguste sur des fontaines de champagnes, le beau militaire croule sous l'œillade, la belle est dans la trappe où cernes, robes noires, courbette balconnée, torches et fourches affamées se profilent à l'horizon.Une juvénile euphorie de base se fane inexorablement devant la prolifération des interdits, le mal alimente de lui-même un jeune esprit par une matière non comprise, puis acceptée librement.L'apaisant rose dominateur dissimule le trépas à court terme, Marie-Antoinette en se révoltant contre l'indifférence d'un lourd protocole codifié, attise une finalité récurrente, depuis la nuit des temps : la fuite devant le mort de faim.Sans être outrageusement grisé par ce parcours historique connu de nous tous, on peut néanmoins lui attribuer l'éloge d'une bonne maîtrise, la lutte existentielle en milieu trouble nihilise blocages et scrupules, offrant l'éclosion d'un visage épanouie dans des comportements choisis.Marie-Antoinette adopte des identités modulables en fonction d'un ressenti, femme et mère fusionnent dans des lits ou en pleine nature, en attendant les inconforts de la Conciergerie.
  • V POUR VENDETTA (2005)
    Le pouvoir absolu est la relation éternelle entre le poison et le contrepoison. Le seul moyen d’en venir à bout est un idéal sans visage, survivant intemporel de tous ces sacrifiés morts sur le terrain d'un renouveau hypothétique, tout le long d'une l’histoire dominée par le culte et la soumission. L’Angleterre déjà largement éprouvée par la prose de Georges Orwell redevient le champ de bataille d’un immense complot dont la finalité est le chaos. Dernier cas de figure non testé de toute une liste de pouvoirs politiques passant et repassant sans essaimer grand chose. L'ultime concept ne peut être qu’explosif. Une radicale remise à niveau effectuée dans le sang par un Edmond Dantès des temps modernes, définition de la nécessité que représente une solution finale au service de la liberté. Ce cocktail humain de terrorisme et de justice exécute une refonte complète, en instaurant une nouvelle procédure de lutte contre le totalitarisme. L'embrasement et la destruction d'un concept en vrille plusieurs fois millénaire.Le seul moyen d'en finir avec tant de siècles de dominances et de mensonges politiques qu'il faut éradiquer dans un immense brasier rédempteur. V n’est plus qu’un Robocop déchaîné, une machine à tuer, n’ayant plus de leçons morales en magasin. Son masque devient le symbole d'un immense troupeau en marche que rien ne peut stopper. L'avenir se dessine dans une lumineuse partition musicale, une supernova régénératrice pleine d'espoir malgré sa monstruosité. Un état flamboyant consommant tous ses travers en révélant dans la férocité de ses braises un monde nouveau.
  • LE NOUVEAU MONDE (2005)
    "Pourquoi la terre a des couleurs?" Une intrigue sentimentale faussement maigrelette dans une suite d'images magnifiques, inondant des personnages un peu statiques d'une lumière céleste. L'ensemble, tout en étant bien souvent parsemé de longueurs éprouvantes détient malgré tout une poésie nonchalante presque féerique, dont la valeur sera certainement un jour mondialement reconnue. Une nouvelle manière de filmer sobrement la découverte d'un autre monde, par de nouvelles perceptions fécondées au contact d'une nature flamboyante. Un retour aux origines passionnelles et guerrières, sur des terres dominées par la violence et l'émotion, avec en primes de nombreuses interrogations sur le sens de la vie, les yeux rivés vers le ciel. Quelque chose de profond et de récupérateur, investissant un périple fastidieux, dont il faut supporter la lenteur. Association mystique et gratifiante entre le ciel et la terre, dont on ressent intensément le partenariat sans pour autant en définir la véritable profondeur. Ceci grâce à la découverte de l'autre et de sa manière d'être sur des terres inconnues dont les incomparables splendeurs renforcent encore davantage par leurs diversités le besoin naturel de fusionner leurs différences.
  • SHEITAN (2005)
    Vincent Cassel n’est-il pas, sans le savoir, dans "Sheitan", une réincarnation tatouée et ébouriffée, beaucoup plus agressive, du père Jules, incarné par Michel Simon, dans "l’Atalante" de Jean Vigo. Ce grand guignol, au fil du rasoir ou à la manière des chimpanzés, tout peut déraper en une fraction de seconde, n’est pas déplaisant si l’on accepte le concept évolutif auquel le cinéma doit faire face.Les images sont délirantes, stéréotypées, parfois drôles. Ce quart-monde sans directives transpire dans un contexte primitif.Il est impératif de garder sa lucidité devant toutes ces extravagances, amusons-nous de ce troupeau au cérébral désarticulé, évoluant dans un sous-monde élémentaire, à la frontière du ridicule.L’homme descend bien du singe, il le prouve ici par une foire du geste vociférant entre mâles, afin de s’approprier les femelles en chaleur.Cette jeunesse entartrée n’obéit qu’à une seule règle, la défonce sanglante, un petit clin d’œil malsain à "Scream" qui déjà donnait naissance à de nouvelles règles de vie à des adolescents refusant une ligne de conduite exemplaire, ne rapportant pratiquement plus de lauriers."Sheitan" est l’état des lieux d’un esprit collectif misérabiliste, en pleine déconfiture. Depuis "La haine" premier signal d’alarme, la régression s’est encore accentuée. C'est la décomposition de l'intellect par le bas.La bête dévore l’homme est en fait un concept de survie instinctive, privé de raison, la parole s’estompe et devient de plus en plus inaudible.Le visage de Joseph n’est plus qu’un loup aux crocs menaçants.
  • KING KONG (2005)
    A travers la perception des trois versions de King Kong, il est indéniable de constater qu'il s'est passé quelque chose. Anne Darrow (Fay Wray) est le calque d'une héroïne ancrée dans les normes d'un nationalisme bien pensant. Malgré la crise, les esprits sont positionnés dans des règles strictes, relationnelles, un visage blême, des cris stridents et une parole close sont les portes paroles de la sélection. En ces temps, il n'y a aucun moyen de communiquer avec ce qui est différent. King Kong effraie, il est la perception sensible, malgré son isolement d'un tiers-monde gigantesque aux mêmes exigences universelles : S s'intégrer par la puissance de sentiments offerts et demandés. La sanction en ces années 30 est irrévocable, c'est impossible et on le paie cher. A travers l'élimination de la bête c'est le constat d'une société. Dwan (Jessica Lang) parachutée en pleine crise pétrolière, est plus sensible, moins effrayée, elle ébauche quelques phrases du genre "Nous deux ça, peut pas coller" ce qui la rend enfin opérationnelle dans la diction, sans cris inlassablement poussés, elle a la perception d'un animal, certes hors du commun, mais pouvant être managé. La belle et la bête communiquent enfin. La nouvelle Anne Darrow, version 2005, (Naomi Watts) prend sérieusement les choses en main, après un cri inévitable poussé à la première vision du singe, elle s'adapte, fait valoir ses droits au respect, s'imprègne peu à peu d'une protection indispensable en ces lieux surdimensionnés, Kong sombre vaincu par l'autorité d'une voix et le galbe d'un joli corps qui jongle, un regard soutenu achève enfin la bête qui devient comme morte. Une énorme main tendue soumet la belle, qui vaincue par ses sens, prononce des mots dictés par le réconfort d'une sécurité domptée : c'est merveilleux. Les trois versions sont évolutives et complémentaires. Kong fait référence chaque fois à ces arguments premiers de singe amoureux, c'est la belle qui se métamorphose, elle va vers Kong, le touche, s'endort dans ses bras sans aucune peur, l'idylle avec Jack Driscoll devient pâle et secondaire, celui-ci s'avérant limité par sa position de bipède cloué au sol. Kong, par ses possibilités naturelles, offre le vertige des hauteurs crépusculaires à une belle conquise par ces visions nouvelles. La belle ressent, vit pleinement le moment qui passe, Kong est un nouveau paragraphe inséré dans un relationnel amoureux. Dans cette jungle meurtrière les règles de puissances sont inversées, la protection, c'est la bête, qui percevant enfin l'intérêt de l'autre, devient corvéable pour l'éternité.
  • MATCH POINT (2005)
    "N’être jamais venu au monde est peut-être le plus grand des bienfaits". Dans certaines circonstances, l’existence n’est conditionnée que par le hasard, il suffit d’avoir de la chance et de survivre, en camouflant à perpétuité un sentiment de culpabilité.Chloé est fine, douce, protectrice, attentionnée. Formatée pour le mariage et la descendance, elle se révèle rapidement ennuyeuse, trop conventionnelle dans une vie toute tracée où le futur conjoint se capture, se façonne, puis se conserve en bouteille, dans des voitures de fonction, des bureaux spacieux et des notes de frais illimitées.Un cocon perpétuel dans une prison dorée, sous dépendance patriarcale.Nola est hors norme, libre, attirante, indécise. L’autre côté d’une voie royale gérée par l’ennui. Son instabilité professionnelle attise une envie d’aguicher, de mettre à l’épreuve, un regard attisé, déconnecté d’une procédure de fidélité.Adepte de jeux pervers, elle se donne sous la pluie ou en lieu clos, en sacrifiant des dessous offerts au plaisir.Les méfaits d’une superficialité, maitresse incontestée d’une terre aisée, sont contrecarrés par un besoin de vivre les hasards du lendemain, en lâchant ses sens en liberté.Un esprit ouvert à l’expérience charnelle contre un autre, obnubilé par la grossesse. Les jeux de l’amour en conflit avec un mécanisme de vie sans surprises. La sécurité du domaine contre l’extase du moment.La vieille Albion, étriquée par les principes, se retrouve ébouriffée par un oncle Sam aux mœurs instables et grivois. La conception d’un enfant passe par la passion, loin d’un projet de fécondité.Dans un premier temps la peur du lendemain excite plus qu’une sécurité à temps complet. Un éternel conflit entre l’amour traditionnel et un manque de volupté, qu’il faut conquérir sur d’autres terres.Woody Allen sort enfin de ses épuisantes rafales de discussions monocordes, en positionnant de nouvelles valeurs, dans une filmographie bien souvent répétitive."Match point" est un film surprenant, captivant de bout en bout, métaphysique dans ses dernières images.Une intrigue conventionnelle dévoile un opus sombre, montrant la montée en puissance de toute la machinerie d’un processus passionnel amoureux, menant les principaux protagonistes vers la dépendance, l’hystérie et l’aliénation.Le dilemme majeur, entre la lâcheté d’un amant ayant besoin d’assouvir un besoin de luxure, tout en sauvegardant sa sécurité matérielle.Beau travail, bravo.
  • THE ISLAND (2005)
    Il y a un parallélisme entre "The island" et "L’âge de cristal". Les deux opus débutent par une partie sédentaire, lumineuse, presque rassurante, dans un faux cocon souterrain, clamant une propagande uniquement basée sur l’acceptation de doctrines, qu’un processus de contestation interne inexistant, ne peut contester. La découverte d’un extérieur ultra moderne pour l’un, en ruines pour l’autre, assure le réveil et la formation d’esprits émerveillés par de nouvelles sensations. Au pas, dans "L’âge de cristal", à fond les manettes, dans "The Island" un monde inconnu se traverse dans des technologies inertes ou surdimensionnées.A quelques encablures d’un remake, "The island" se plie aux contraintes d’un enchaînement vif d’images, que l’œil par moments peine à suivre, tout en étant sensibilisé par des performances techniques d’un cinéma hyper-réaliste, dans la maîtrise d’un avenir uniquement numérique.Ces tours, traversées par des transports en commun surélevés, sont d’un réalisme stupéfiant. On signerait presque pour se promener quelques instants dans cette virtualité, un peu trop ballotée par des trombes de cascades, habillant l’œuvre dans sa partie urbaine de concepts standards."The island", gros calibre passionnant de bout en bout, recadre des mortels ne désirant que survivre et non vivre dans un environnement de pièces détachées où un manque philosophique se noie dans un épicurisme matériel, maintenu dans le temps par l’entretien d’un organisme fragile, rongé par le plaisir.Deux vertueux découvrent, dans une initiation brutale, l’antinomie de leurs propres images. Un cerveau, préalablement vide, puise dans la négation des autres, la conscience d’un état et la force de se révolter.
  • LA GUERRE DES MONDES (2005)
    Un apprentissage de père s’effectue dans la douleur. Il faut maîtriser les éléments déchaînés, éclore par la prise en charge des responsabilités, abandonner un Territoire égoïste, satisfaire les besoins naturels d’enfants revanchards privés de présence paternelle. Ray Ferrier, projeté soudainement dans la tourmente, se retrouve face à face avec ce planning à priori irréalisable.On ne peut que fuir devant cet effroyable scénario latent, activé selon un processus bien établi. La puissance du mal vient de la terre et s’acharne sur un sol où chacun doit conserver malgré sa peur un comportement digne.L’odyssée de Ray et de ses deux enfants est environnée dans un premier temps d’un conflit permanent, il faut reconstruire patiemment en temps réel un relationnel familial englouti, avec comme toile de fond un pays anéanti irrémédiablement par une force incontrôlable.Des rédemptions semblent s’offrir à certains personnages à la dérive, la brutalité destructrice de ses contemporains permet à Ray d’éviter par un comportement enfin responsable et raisonné, un retour à une condition primaire.Tout s’écroule, les cris et le visage halluciné de la petite Rachel donnent en miroir une projection angoissante de la perception cérébrale d’une enfant au contact d’images inconcevables pour son jeune âge.Steven Spielberg travaille énormément sur l’impact de l’évènement sur certaines minorités. E.T. en son temps montrait déjà la grosse fracture que représentait l’isolement et la dépendance qui en découlait.Rachel est certainement le baromètre de ce film, ce qu’elle ressent doit servir d’exemple et réglementer nos débordements.Un constat négatif punit par l'immensité du ciel peu respectueux d'un petit grain de sable torturé par ses outrances.
  • THE MACHINIST (2004)
    Déprimant presque poignant, "the machinist" déploie ses couleurs délavées dans un climat désolé, réduisant un esprit sans sommeil à la traversée d'un monde cauchemardesque, où tout n'est qu'apparitions aussi soudaines qu'inexplicables. Une suite d'évènements douloureux, déversés sur une architecture squelettique à bout de souffle, balloté sur une route nauséabonde, par un réel incertain.Un opus de qualité à condition d'en accepter son continuel climat décrépi.
  • HOLY LOLA (2004)
    "Le Vietnamien mange le riz, le Laotien l'écoute pousser, le Cambodgien le regarde pousser". Malgré quelques essoufflements "Holy Lola" reste une approche remarquable sur le véritable chemin de croix enduré par un couple parachuté dans une quatrième dimension enracinée dans des concepts entretenus par l'héritage d'une histoire tragique, d'une misère tenace et d'une corruption indélébile."Holy Lola" ne manque d'ennui, ceci n’empêche pas d'être indulgent devant ses baisses de régimes, en se recadrant sur l'aspect documentaire d'un pays dont les mœurs déroutantes sont subordonnées à une surpopulation gigantesque, n'arrivant pas à extraire ses individualités.La traversée des rues s'avèrent pratiquement impossible. La détermination et l'endurance de Géraldine et Pierre se retrouvent bien souvent effritées devant les aspects d'un pays fonctionnant à l'accumulation de la paperasse administrative que seules des enveloppes conséquentes peuvent diminuer.Bertrand Tavernier ne condamne pas, il filme une différence celle d'un pays lointain contraint de conserver un premier degré extrêmement réaliste, outrageusement procédurier, dans une survie quotidienne privée de fantaisie.Deux regards neufs, dans un premier temps anéantis devant tant d'obstacles, se rapprochent davantage, deviennent performants et combattifs en considérant leur quête comme un double challenge.Un immense bonheur acquis dans la persévérance d'être père et mère, en offrant une perspective d'avenir à un enfant sur d'autres terres.
  • B13 - BANLIEUE 13 (2004)
    Pas de panique devant ces images beaucoup plus farfelues qu'inquiétantes, fournissant une tonne de visages banlieusards felliniens, hors du commun, aux corps musclés ou déformés, caricaturés à l'extrême sur un site à l'agonie. Un ramassis de clichés effrayants ou amusants selon son ressenti, frôlant l'overdose chers à deux duettistes Pierre Morel et Luc Besson, adeptes du sport extrême et de la baston délinquante hautement caricaturée."Banlieue 13" n'en demeure pas moins un schéma bondissant, denrée bien absente de notre production actuelle, endormie dans ses états d'âmes.A voir pour s'apercevoir avec bonheur que le cinéma français possède encore du nerf.
  • TROIE (2004)
    "Tu es venu ici pour que ton nom traverse les siècles". Cette phrase destinée à Achille centralise un moment dans une éternité. Un nombre considérable de vies à prendre dans un chant guerrier sanguinaire, afin de traverser l’histoire comme un mythe.A quoi bon vivre cinquante ans, quand sa propre quête est atteinte par une force destructrice démontrée à la seconde, qu’il suffit de répéter à profusion sur tous les champs de bataille.Le très beau poème d’Homère voit sa lecture difficile atténuée par de très belles images tissant la toile globale de nos comportements. Amour, bravoure et arrivisme trouvent domicile dans des corps gigantesques, ferraillant comme des bêtes sous un ciel d’azur.Pâris est plus performant en combat éloigné, certains adversaires mal évalués déclenchent l’assistance d’un frère, laissant parler son cœur plutôt qu’un abandon à la fureur d'un corps aussi élevé qu'une montagne.Les destins tragiques sont presque implorés, les bras d’Achille se lassent de distribuer la mort, le rapt d’Hélène est l’oméga lointain d’un paroxysme montrant le visage de Priam le visage flétri par tant de luttes anéanti par la vision de sa ville en flammes.Dans la forteresse éventrée, le crépuscule d’une délivrance frappe l’endroit d’un corps atypique et offre enfin la fin des combats à un esprit en crise avec son parcours.La détermination d’une voix, sous les remparts d’une ville assiégée, appelant son double au combat, rapproché au rang de frères une machine à tuer et un protecteur.Un roi pour rester roi doit se soumettre à un autre roi, la sagesse et l’ingéniosité d’Ulysse dépose quelques temps les épées au fourreau, le cheval de Troie dévoile dans cette boucherie que l’homme peut encore démontrer la performance d’une stratégie par l’habileté d’une pensée.Troie est majestueuse par la tolérance de ses chefs, Hector est affectueux envers un frère amoureux, mais aux coups d’épées désordonnées, Priam est pathétique en baisant les mains d’un meurtrier à l’image de ses propres conceptions sur la thématique du conflit perpétuel ôtant la vie à des proches formés par des modèles détruits moralement par le sacrifice de leurs élèves.Hélène, pourtant instigatrice des combats, est acceptée affectueusement dans la forteresse d’ailleurs à quoi bon la rejeter, l’époque n’est qu’à la guerre, preuve en est ces archers d’or, positionnés vers la mer, horizon de tous les dangers.Les Grecs sont négatifs, assoiffés de conquêtes, bavant sous les remparts d’un site prospère. L’estime va à l’assiégé, qui malgré la détermination impitoyable d’en découdre, possède un cœur et un geste caressant envers les siens.
  • LA PASSION DU CHRIST (2004)
    Devant la vision d’un tel film on ne peut s’empêcher de le rapprocher de ce dominant installé confortablement dans nos vies depuis une bonne décennie, rythmant nos pulsions du matin au soir, par "l’attrait" d’un voyeurisme encore sous contrôle, mais pour combien de temps. Le futur look internet, transposé sur écran large, se déchaîne pendant plus de deux heures. Un cobaye consentant est matraqué, flagellé, mis en croix dans des conditions très proches de l’exécution d’un otage sur la toile, sauf que le pauvre malheureux, filmé en temps réel par ses bourreaux, n’a pas choisi un tel scénario, quoique...La personnalité du Christ se transforme d’œuvre en œuvre, en s’adaptant à l’actualité et aux technologies. Le pauvre en prend et en redemande. De la pure boucherie jouissive et hors de prix, filmée par un professionnel plus journaliste que cinéaste, stressant en permanence un plateau perdant sa connexion avec une virtualité.Les évangiles, au même titre que différentes traductions offertes à des œuvres classiques, sont triturés, pour n’offrir en définitive qu’un J.T de vingt heures au look irakien.Jésus devient le porte-parole du sacrifié sautant sur un marché, torturé en détention, harcelé moralement dans son entreprise ou candidat d'un jeu télévisé débile japonais.La croix en ces temps incertains est l’idéologie de nombre de nos concitoyens sans repères, récupérés, drainés en salles obscures par ce produit déprimant, n’alimentant qu’une fausse fatalité, pouvant se transformer en haine d’une seconde à l’autre.L’étude de Jésus est avant toute chose théologique, n’excluant pas l’apport d’un travail cinématographique soigné, et surtout épargné de tout contexte récupérateur.Ce cheminement de plus en plus effrayant vers la croix ressemble à un live CNN, n'excluant pas forcément la fidélité d'un réalisateur envers ses convictions religieuses.Mel Gibson se sert uniquement et commercialement de l'impact de son temps sur ses contemporains.Les plus anciens suivent le logo de "Golgotha" à "La passion du Chris"t en passant par "La tunique", "Ben-Hur", "Le roi des rois", "Barrabas", "Jésus de Montréal" et "La dernière tentation du Christ".Une enseigne relookée au fil des opus, récupérée ces derniers temps par des hommes avides de profits, détruisant un esprit respecté par un septième art défunt.Après deux conflits mondiaux, un homme roué de coups en permanence, ne s’exprime pratiquement plus.Ou est donc passé le message religieux distribué principalement par la voix?Jésus devient au début de ce XXI siècle une dégénérescence humaine, non assumée par un esprit manipulateur, préférant l’offrir à un personnage scénarisé plus corporel que verbal dont la résurrection ressemble de plus en plus à une peau de chagrin.
  • LE VILLAGE (2003)
    Ce village replié sur lui-même, entretenant ses peurs ancestrales, refuse inconsciemment une réalité anachronique, située à quelques kilomètres, les arbres sont dénudés, les ocres sont dominateurs et foulent en cette saison automnale un sol incertain. La luminosité restreinte de cette faune à double visage augmente le sentiment de peur d’une population en sursis. La nature au seuil de l’hiver réveille un processus faussement endormi.Les premières zones boisées sont dangereuses, des branches squelettiques s’agitent aux premiers pas de l’homme irrespectueux d’une frontière à ne pas franchir. Des fruits inconnus adoptent une couleur sang.A l’extérieur de cette menace constante, des avenirs se construisent, des cœurs se promettent une vie à deux éternelle et s’unissent dans des cérémonies aux danses perturbées par des cris lointains.A la nuit tombée, un voile s’empare des étendues, des ombres écarlates sans visages précipitent les villageois dans les trappes. Une jeune fille aux yeux éteints montre un courage menacé par l'inconnu, mais nécessaire à la continuité d’un amour en traversant ses clairs obscurs terrifiants.La protection est à l’intérieur d’un cercle virtuel, au loin les premières ombres de la forêt sont angoissantes, pire même attirantes, malgré le danger d’y pénétrer."Le Village" est une œuvre d’atmosphère magistrale, extrêmement soignée, amputée au maximum de scènes d’horreur, n’ayant rien à faire dans une telle sobriété, l’esthétisme est parfait. La lenteur est exemplaire, l’oppression est partout, le moindre bruit est dévastateur.Night Shyamalan innove en montrant un périmètre ouvert, mais oppressant. La clarté n’est pas protectrice, le danger se montre et se dissimule en pleine lumière. Les effets sont simples, rapides, efficaces, imprévisibles.C’est quand il ne se passe rien que la peur est la plus forte, se sentant épié un visage effrayé se retourne et derrière il n’y a personne, voilà la force, le danger tout en étant présent est invisible ou positionné ailleurs, dans un paysage à fuir à grandes enjambées.Ivy est pathétique, talonnée par une créature parfois de profil et à l’arrêt, à l’image de l’impassibilité des arbres, elle assure malgré son handicap et aux limites de l’effroi, une progression soutenue en compagnie de frissonnements sonores qu’il faut impérativement situer.On ne peut dissocier "Le village" de "Signes" opus précédent du maître où il fallait déjà, dans un climat plus ou moins compréhensible, garder la foi, afin de d’éradiquer une démence externe.
  • LA JEUNE FILLE À LA PERLE (2003)
    L’éveil d’un esprit dans une demeure austère, cernée par les grands froids et les lessives éreintantes s’anime soudainement devant les ocres et les bleus, qu’un peintre en manque d’inspiration dévoile devant une ressource corvéable ne faisant que servir du matin au soir. Deux êtres désœuvrés se rapprochent, communiquent et ressentent, préservés durant des heures précieuses et constructives d’un monde triste ou il l'on ne fait que grelotter, se reproduire ou frotter les sols. Les doigts s’effleurent, les visages se décrispent, la lumière capturée par la lentille divulgue une nouvelle palette rafraichissant l’étoffe émotionnelle d’un esprit apathique, diminuée quotidiennement par des taches longues et harassantes. Par les délices des couleurs et des vernis, deux personnages s’interceptent le temps d'un partenariat sensitif en offrant à la postérité une œuvre saisissante et pathétique traversant des siècles de lumières et de cendres. Le visage de Griet éblouissant de pâleur se teinte d’une rosée affective et reconnaissante devant la découverte d’un nouveau monde synonyme de conscience, révélant à un visage revitalisé une émotion intense dans un contexte dominé en permanence par le labeur, le silence et l’ennui.
  • 21 GRAMMES (2003)
    "21 Grammes" est un film décousu. Une suite d'images désespérantes et cassées. Ceci n’empêche pas de s'adapter à sa déstructure, en focalisant son attention sur ces visages aux traits tirés, à la dérive ou en rédemption, intégrés dans des environnements crasseux et délavés, habitats de leurs interrogations et de leurs déprimes.Alejandro Gonzalez Inarritu filme une brochette d'écorchés vifs, usés, les yeux cernés par l'autodestruction.Manipulés par leurs illuminations internes, certains balourds et hirsutes, à des années lumières de la savonnette, se réfugient dans la foi, faisant d'un absent auréolé par la thèse, la sauvegarde d'un monde ingérable par ses diversités.Jésus et la drogue ne semble ici qu'une échappatoire thématique, afin de se donner une constance, dans un monde refusé par des marginaux, récupérés par le discours religieux, la ligne ou la tristesse à temps complet.Les sites et les situations déplorables rencontrées ont la particularité de désintégrer des faciès anéantis de leurs vivants par trop d'épreuves.Chaque protagoniste, en relation avec son abattement ou sa fureur, épure son décor de toute luminosité."21 grammes" est un puzzle pathétique, dans une symphonie désespérée, exécutée par des visages bruts, exclus de l'abondance, trouvant dans la haine et le désespoir la force d'exister.
  • LOST IN TRANSLATION (2003)
    Traits tirés, bâillements et œil glauque se maintiennent éveillés en contemplant la luminosité artificielle d’un hôtel de luxe croulant sous les courbettes et les canaux télévisés, propres à une terre inconnue où les repères yankees sont portés disparus. A l’extérieur tout est différent, chaque secteur répond à ses concepts propres. De la main verte aux jeux vidéo, sans contourner l’inévitable karaoké, tout n’est qu’un bric-à-brac de combinaisons, maintenant une terre déjantée, dans une transaction étonnante, menacée à chaque instant par un potentiel tremblement de terre, rendant ces lieux complètement sous l’emprise d’une extravagance surdimensionnée.Vue d’en haut, tout devient acceptable presque beau, la ville se laisse contempler en masquant ses aberrations humaines sous des buildings grisâtres, que l’on scrute en demi cercle dans l’espoir de néantiser son ennui par un intérêt visuel.Ce climat déprimant pour un non initié est porteur d'humour et de sensibilité, dans un écoulement temporel minuté par la tendresse d’un amour amitié, entre deux êtres se connectant brillamment, presque naturellement, par l’intermédiaire des sentiments, dans une mégapole rigide et libérée, ensevelie par les lumières.Deux générations constituées d’assurances et de doutes communiquent par des procédures sensitives, mises au monde par l’éloignement. Un choc des cultures effarant, dans un pays survolté, anime le besoin de se connaître sur un sol de références technologiques comprimé par des traditions tenaces."Lost in Translation" est l’œuvre que l’on espérait plus. Une magnifique alchimie entre ce qui se construit et ce qui décline, ce qui charme et ce qui se retient de succomber.Une œuvre sensible, sur ce que l’on ne voit plus dans le septième art depuis bien longtemps, un nectar platonique merveilleux nommé solitude, rencontre, communication, séparation dans le plus improbable des endroits, filmé de manière remarquable par une réalisatrice maître à bord.Scarlett Johansson et Bill Murray sont extraordinaires, dans une sensibilité presque pure, mêlée d’un érotisme uniquement contemplatif, donnant la vie à un nouveau concept à peine imaginable. Une passion inassouvie sexuellement conclue dans un processus émotionnel méritant une statue.Tokio, l'inclassable, est bénéfique. A New-York, ces deux là ne se serait jamais aperçus.Le sexe, chaînon manquant, de cette courte rencontre, est balayé par une étreinte finale bien plus forte. Un souvenir impérissable, une volonté de respecter l’autre, malgré le désir de conclure.
  • GOOD BYE LENIN ! (2003)
    Alex Kerner est un bon fils, parachuté sur terre dans un contexte collectiviste, il ne fait pas le procès d'un régime côtoyé depuis sa naissance, pour lui il n’existe rien d’autres que son quotidien. Christiane, sa maman, fervente socialiste, tout en étant positionnée de son plein gré dans cette société communautaire, en reconnaît certaines faiblesses.Cependant la propagande ingurgitée quotidiennement électrise cette femme, ses motivations sont sincères, elle croit vraiment aux bienfaits de ce régime.La transformation soudaine et radicale de la RDA, permettant l’installation des Burger Kings et des logos Coca Cola, est dérangeante pour certains esprits, ayant basculé sans souffrances particulières dans l'idéologie du partage.L’allégresse populaire devant ces chambardements, effondrant 45 ans de l’identité d’un pays, entame un enthousiasme retombant rapidement.Quelle tristesse de voir Ariane serveuse mécanisée dans un fast food, remercier les clients d’avoir choisi la restauration rapide comme symbole alimentaire.La dignité humaine est à ce prix. Ne jamais verser sans avoir activé les rouages de sa raison. Il faut parfois s'abstenir de hurler avec les loups.Le regard d’une mère, effrayée par cette déferlante d’approches nouvelles économiques courant à court terme, est représentatif d’un esprit loyal envers un pays dont la masse se berçant d’illusions, bascule dans cette fausse lumière nommée abondance, ne faisant le bonheur que de quelques privilégiés.Le démantèlement du buste de Lénine est peut-être un boomerang, une erreur pour un pays se débarrassant pratiquement du jour au lendemain de ses institutions idéologiques.La coupe du monde de football de 1990 remportée par l’Allemagne réunifiée, brise les systèmes de défense des derniers réticents au changement. Les meubles et la voiture du voisin ne sont plus à l'image de ce que l'on possède, un clone stabilisant démesures et convoitises.Le symbolisme de la réussite collective d’un pays par l’envoi dans l’espace d’un Allemand de l’est, s’effondre au profit de la mal-bouffe et des compagnies pétrolières."Good bye Lenin" est une étude de réflexion sur la manière d’entretenir un équilibre, un respect envers un régime, de toujours accepté par la population et un attrait non contrôlé vers l’ouest, orgasme temporaire montrant rapidement ses faiblesses.Tout ce chamboulement imposé permet à une faune solidaire de se mettre en place, en maintenant une militante sincère dans ses principes de bases.Les faux journaux télévisés sont savoureux de nostalgie. Les chants patriotiques entamés par les purs et durs du régime, au chevet de la maman d'Alex sont désopilants dans ce contexte de nouveauté.L’interview du chauffeur de taxi, sosie du cosmonaute, est pathétique.Par les miracles de la technique et l’ingéniosité d’un faux journaliste, la RDA défunte, reprend des couleurs.Une idée géniale d’Alex offrira un départ heureux et reposé à cette Mère Courage qui n'a jamais déviée de ses convictions premières.
  • PHONE GAME (2002)
    Il était grand temps que la providence se manifeste envers Stu Schepard, jeune attaché de presse prétentieux, manipulant son portable avec arrogance dans les rues d’une ville surdimensionnée. L’assurance s’échappe peu à peu de ce mari infidèle, manipulé par une voix déterminée, surgie de nulle part, capturée par instinct à l’intérieur d’une cabine téléphonique, devenant un véritable confessionnal où ses péchés sont extirpés au forceps.Stu devient une marionnette vomissant dérives sur dérives, un esprit nauséabond vidée par la contrainte du repentir, agrémenté d’un pouvoir de manipulation n’étant pas ordinairement le sien.Une faune tout azimuts s’agglutine autour de cette minuscule superficie où un homme se reconstruit sur trois mètres carré, le braqueur reste indécelable, embusqué derrière une de ces innombrables fenêtres que la caméra balaie avec insistance.Toutes les composantes de la société montrent leurs limites, des femmes de plaisir au procédurier policier, tout se dévore de l’intérieur.On peut reprocher à "Phone Game" un coté un peu naïf, ce cobaye pris au filet semble un exemple bien basique.Cette transpiration globale de tous les intervenants parait déséquilibrée en comparaison de l’insignifiance de ce personnage et de sa psychologie emblème de nos sociétés.C’est un peu la limite d’un cinéma outre-atlantique, se positionnant bien souvent sur une âme d’adolescent à qui ce film semble plutôt destiné.La voix se délecte dans la destruction et la reconstruction simultanée sur fond de caméscopes prêts à filmer la bavure policière, une technologie de communication récupérée uniquement par l’évènement, montrent ses faiblesses.Un anonyme se repend sur la voie publique, voilà un bon sujet pour un futur projet de talk show.En outrepassant son approche un peu trop scolaire, "Phone Game" reste une œuvre intéressante, mettant en lumière un concept nous fascinant tous, le huis clos, le montage est nerveux, il dynamise ce petit périmètre que l’ennui ne s’accapare pas.Cette voix, tout en étant déconnectée de Stu, semble être sa propre conscience sortie de son seuil de tolérance et lui demandant réparation pour tous les écarts commis.
  • THE HOURS (2002)
    Cette oeuvre sensible et délicate raconte, sans se dévêtir de longues minutes d'ennuis, la lente et obsédante conception d'une oeuvre littéraire intemporelle, réalisée par une romancière suicidaire, aux portes de la folie. Une réalisation et une consultation fastidieuses, baignant de sourires et de larmes le visage de trois femmes confrontées à trois époques différentes au même constat.Un mal de vivre tenace et durable, privant l'esprit d'une luminosité choisie, élaborée sur un statut d'être.Comment se réaliser dans trois époques n'offrant qu'un vide oppressant, une éthique ménagère sans surprises ou un assistanat sans espoir?Ces trois femmes n'en font qu'une, en tentant désespérément de conquérir leurs "MOI " respectif, en se débarrassant de manière immorale de leurs contraintes domestiques répétitives et mal récompensées."The Hours", opus d'une grande détresse, révèle l'immense difficulté qu'éprouve une femme, toutes époques confondues, à être ce qu'elle désire, être uniquement pour elle même, sans se sacrifier à temps complet pour un intérieur sans âme.Un film difficile, lassant, mais fédérateur d'un ailleurs libérateur, convoité au détriment d'une déontologie assassine.
  • DARK WATER (2002)
    Inutile de se morfondre en attendant désespérément quelques hypothétiques scènes de terreurs dans un climat soporifique à l'extrême. Comme bien souvent la vérité est ailleurs tissée entre les lignes d'un travail d'une lenteur éprouvante laissant notre épiderme constamment sur ses gardes reposer sagement malgré quelques tentatives clairsemées se voulant terrifiantes, mais n'atteignant jamais les hauteurs éthérées.L'essence de cet opus est sans aucun doute son énorme sensibilité.Le pays du soleil levant nous dévoile sa face cachée, son désespoir et sa solitude à l'intérieur d'un immeuble triste et sombre dont les couloirs et les plafonds sont inondés de larmes.Le site pleure son silence et son isolement sur ses murs et ses toits.L'enfant fantôme se sert de la terreur pour approcher ses semblables en dissimulant dans ses apparences floutées un manque profond.Le besoin impératif de se blottir dans les bras d'une mère de passage dont les sens s'éveillent devant tant de souffrance."Dark Water" est un film poignant sur le mal du siècle, l'abandon et l'indifférence faisant de ses principales victimes des ressources vivantes fragiles, isolées, livrées à elles-mêmes, dans un monde insensible managé par la procédure ou à des créatures de l'au-delà, condamnées à la panoplie terrorisante, paravent d'un état insoutenable, le manque d'affection.
  • GANGS OF NEW YORK (2002)
    "La guerre était déjà là, elle nous attendait". Fresque sanglante sur un minestrone en pleine contorsion territoriale "Gangs of New York" se révulse dans la douleur d’une cour des miracles surréaliste où chaque débarqué sème les graines de son territoire délaissé. L’irlandais déplace sa guerre urbaine sur un autre continent. L’Asiatique entretient un accoutrement, une fonction et une musique, alimentant la haine d’un Américain raciste, juste capable d’envoyer les siens à la boucherie. Les différents maillons de cette chaîne de survie n’ont qu’une seule couleur commune, un rouge vif sur fond blanc, environné d’un endoctrinement politique et raciste incessant. Une ville témoin, en surcapacité barbare, offre la configuration d’une nation où différentes pièces rapportées livrent sur un nouveau site leurs combinaisons ancestrales : jeux, vols, meurtres, violences, le tout sous l’étoffe du prêtre, du maire ou du boucher, chacun ayant pour point commun la conquête basique des âmes et du territoire. Cette faune urbaine, remarquablement filmée dans des situations parfois ubuesques, se lâche dans des tourments de survies, de trahisons ou de vengeances que la configuration de lieux convulsionnés ne fait qu’entretenir. L’Américain se construit en rejetant ce qui vient de l’océan, se servant comme prétexte de la valeur d’une culture elle-même débarquée en son temps. Il n’y a aucun repère dans ses messages délivrés par un dominant hyper violent, imprévisible, conforté par une cour soumise, lâche, en manque d’envergure, constamment prête à trahir. "Gangs of New-York" est la genèse apocalyptique d’une ville en manque totale de définition commune. Une flaque bestiale d’excréments humains en rupture, managée par la division, l’extravagance vestimentaire, la folie soudaine des comportements et la propagande guerrière qui ne trouvent qu’un seul terrain d’entente : l’émeute.
  • SIGNES (2002)
    Ce film mérite réflexion. Est-il une habile composition masquant un manque de moyen flagrant ? De ce fait, représente-t-il l’ingéniosité artistique de manipuler, avec des bouts de ficelles, nos peurs ancestrales, tel que le battement frénétique d’une poignée de porte, par une main improbable, surgie de nulle part ou bien est-ce l’éclosion d’un lancinant cinéma fantastique nouveau, renvoyant l’être humain à ses angoisses d’enfant ?Plusieurs éléments domestiques, l’écran de télévision, par exemple, servent à véhiculer de réels moments de peurs. Night Shyamalan, heureux papa du "Sixième sens", donne de belles parures à la sobriété d’un traitement dépouillé.Le résultat de ce huis-clos est impressionnant. Les extra-terrestres semblent être la gangrène cérébrale des Américains, un état d’esprit terrorisé par ces petits hommes verts, concept éternellement arlésien des temps modernes."Signes" est un film concept haletant et paradoxal. Finie la débauche d’images à la "Moulin rouge". Ici tout est calme, progressif, pesant.L’atmosphère du film l’emporte sur un scénario s’épuisant en progressant, ce qui ne dénature pas l’identité première de cette œuvre nécessitant un regard attentionné, sur des visages perturbés par un évènement surnaturel.La conclusion tant attendue semble terne et inaboutie, elle estompe brutalement certaines de nos espérances en laissant derrière elle de nombreuses interrogations.Il est préférable de reporter son attention sur cette famille minée par la peur, suite à son environnement soudainement bousculée par l’irrationnel.Cloîtrés par des procédures ancestrales de protection (volets et portes fermées), ce père ayant perdu la foi, son frère et ses deux enfants se mettent intérieurement, encore plus en péril, en déclenchant une détermination externe qu’ils subissent en retour par une angoisse ingérable, accentuée suite à leur cloisement.Les éléments extérieurs se déchaînent contre une tour d'ivoire, qui refuse de communiquer.Les enfants bien souvent perçoivent des mondes parallèles nous échappant, leurs présences dans "Signes" est indispensable, le concept d’angoisse leur appartient. Ce sont eux qui souffrent devant ce qu’ils ne comprennent plus.Un extérieur devient subitement incompris. Le champ de maïs frissonne en pleine nuit, l’homme tente de se rassurer par des paroles incertaines, accuse ses semblables de le persécuter, puis à bout d’arguments, s’enfuit devant cette nature subitement insoumise, pour se terrer à l’intérieur d’une forteresse oppressante, sa propre terreur."Signes" possède une seule et même porte, assumant une double fonction, une oppression externe de l'irrationalité perçue comme ennemie par l'homme, devenant à son tour oppressé, par ses démons intérieurs, tout en essayant de mener en parallèle la reconquête d'une foi perdue.
  • NID DE GUEPES (2001)
    Le cinéma francophone fourni actuellement moult opus désespérants ou comédies simplistes, faisant patiner à long terme une industrie frileuse, préférant fournir un travail triste ou avare en fantaisie. "Nid de guêpes" est une excellente surprise. Enfin notre production bouge dans un genre maîtrisé, le polar à la française de qualité où la sensibilité et l'amitié à toutes épreuves s’intercalent brillamment entre les rafales continuelles, faisant d’un site, une véritable passoire.L’action est soutenue, démesurée dans une énergie continuelle, réunissant temporairement dans un cul-de-sac toutes les différences devant s’allier pour continuer à vivre.Mention spéciale à la courageuse prestation de Nadia Farès, conservant la décision et une parcelle de féminité, sous un uniforme condamné à l'hyper violence dans, un lieu livré aux flammes.
  • UN HOMME D'EXCEPTION (2001)
    "Celui qui cherche la vérité ne risque pas de la trouver? mais il reste néanmoins l'infime chance qu'il devienne lui-même la vérité". Charles Fort Les mathématiques, tout en conservant une architecture axée sur la découverte de la dynamique de l’univers, s’éloignent lentement de la voie royale, gommées dans un narcissisme individuel et collectif, uniquement opérationnel dans l’élaboration d’un nom et d’une théorie faisant vivre un esprit et son concept dans la durée au détriment d’une découverte naturelle validée par les étoiles. Ceci a pour conséquence d’enfumer la réalité dans des visions de plus en plus pesantes, faisant d’un homme de valeur, une machine à penser, détruite par ses hallucinations. Ce film émouvant sur l'autodestruction d'une mécanique cérébrale en surrégime démontre laborieusement que les équations sont une science beaucoup trop puissante pour être détournée à des fins personnelles. Dans de telles conditions, la véritable révélation, malmenée par un empirisme calculé, préfère se dissimuler pour sa protection dans un voile d'Isis insaisissable. A moins que parmi cette volumétrie intellectuelle conditionnée par la renommée, se détache un être pur, réduisant par sa volonté sincère de découverte, les honneurs en cendres. Celui-là sera l'hôte de Dieu.
  • FROM HELL (2001)
    "From Hell" c’est tout d’abord la nécessité d'arroser par la résurrection d’une sensibilité presque consumée, un territoire violent, irrespectueux annonçant le contenu d’un vingtième siècle sanguinaire, par une série de crimes au-delà de toutes définitions. Le millésime 1888 londonien est au dessous de tout. Crasseux, puant, oppressant, mal famé. Le danger est au mètre carré. La prostituée terrorisée par le proxénète crève de faim, dans une vie courte dépecée, subitement à l’arme blanche par un illuminé insaisissable, dont les méfaits sont intuitionnés à l’aide de l’absinthe, par un enquêteur tourmenté.Quelques êtres à la dérive tentent de s’extraire de ce bouillon destructif en remettant sur pied quelques notions de bontés mêlées à une lucidité instinctive, permettant de vibrer par quelques projets, tout en entretenant l’espoir de voir le soleil se lever le lendemain.Débarrassé de son hyper violence, cet opéra gothique est un film sensible, attachant dont les quelques pépites émotionnelles paraissent irréelles dans un tel bourbier.Avoir la force d’offrir la douceur d’un regard parait surréaliste dans un contexte où les coups pleuvent en continus. La perfide Albion est au fond du trou, carbonisée par le mépris de ses dirigeants, la noirceur de ses beuglants et la folie de ses criminels.Johnny Depp se révèle émouvant entre dépendances et courages.Distribuant paroles réconfortantes et gestes tendres, dans une faiblesse maîtrisée par le réalisme de son métier, il ramène du fond de l’enfer une flamme vacillante presque éteinte vers les sentiments.L’entretien d’un avenir familial au bord de l’océan refait surface pendant qu’un fou furieux étripe à tour de bras une faune avinée, édentée appâtée au raisin dans une ville sordide, sans cœur privée de caresses.
  • MULHOLLAND DRIVE (2001)
    Envoutante et lancinante, cette œuvre d’auteur se pare de moments sublimes. Des instants rares, délectés jusqu'à l’extrême, dans une fourmilière d’images improbables, chères à un metteur en scène complètement décalé d’une production traquant le billet vert, dans une profusion de clichés à la mode que l’on ne peut à peine distingue, r tant leurs vitesses de passages est inconsistante et rapide.Ici tout est long, mesuré, scruté de manière intensive. La caméra devient l’œil de personnages découvrant épouvantés ou émerveillés des lieux communs ou métaphysiques.Ce travail d’expert tisse, dans une trame que l’on peut suivre sans se répandre, tout un climat psychique halluciné, fabriquant des cobayes fragiles, pervers complètement dégénérés, victimes de leurs sens et de leurs dérives.Certaines scènes sont pénibles, surtout pour ceux qui les ont tournées, mais ces sacrifices sont essentiels, elles portent la pierre angulaire d’une œuvre forte, digne de hanter nos mémoires pendant très longtemps par leurs dégénérescences.David Lynch est certainement une sorte de nouveau messie cinématographique, offrant des images d’une beauté machiavélique, donnant naissance à un nouveau genre humain extrême, hallucinatoire, perverti dans une débandade de comportements assujettis aux plaisirs et à la destruction.Un être humain en perdition ,azimuté par le crime, la luxure, la trahison, la folie dans un monde devenu un gigantesque délire visuel, menant nos devoirs au bord du gouffre.Aux portes du chef d’œuvre, "Mulholland Drive" perce l’abcès d’une jouissance trop retenue par nos contraintes et nos pudeurs ,en déversant une surabondance jubilatoire, que nos interdits nous empêchent de vivre.Un film exceptionnel, sur notre face cachée, celle qui éprouve les pires difficultés à s’exprimer.
  • A.I. INTELLIGENCE ARTIFICIELLE (2001)
    L'amour calciné par le néon voit ses procédures naturelles s'éteindre au profit d'un environnement thématique criard et récupérateur. Malgré un mécanisme émotionnel parfait, une machine reste une machine dans l'impossibilité de remplacer ses circuits par des organes battant à l'unisson d'un sensitif spontané.L'accomplissement d'un besoin collectif pulsionnel érotico-violent devient la propriété d'une programmation détenant sur commandes l'intégralité de nos fantasmes.L'amour câblé tout en étant opérationnel, en fonction des demandes, montre ses limites, en interceptant rapidement une récupération insoutenable.Le pouvoir procédurier et inconditionnel d'un concept incorporé et exécuté dans une machinerie sans âme.Le monde privé d'une véritable luminosité se retrouve sous l'emprise d'expédients jouissifs et temporaires, pendant qu'une mécanique écorchée vive tente désespérément de conquérir une identité émotive basée sur le comportement d'un esprit.Intelligence artificielle, opus étrange et bouleversant, délivre une émotion intense, projetée sur une toile de fond futuriste époustouflante.Une œuvre magnifique, sur l'extinction de nos ressentis purs, mis en bouteille dans une robotique destinée à l'exécution d'un sujet sans en ressentir l'authenticité.Finalement, qui est esclave de l'autre, l'homme ou la machine?
  • COMMENT J'AI TUÉ MON PÈRE (2001)
    Maurice Borde refait soudainement surface, après vingt ans d’absence, dans l’univers de ses deux fils, dont l’un Patrick, malchanceux, est subordonné dans un rôle domestique à l’autre Jean-Luc, gérontologue renommée. Le regard de ce père est froid, hautain, sans remords, presque diabolique. Par un sourire narquois, il semble imprenable, au dessus de tout jugement. Son arrogance attire Isa (Natacha Regnier) femme de Jean-Luc, bourgeoise intérieurement lassée de toutes ces procédures basiques liées à la réussite de son mari.Maurice s’amuse en manipulant sournoisement cette famille repositionnée subitement dans un échange verbal consistant. Patrick est pathétique dans ses sketches sur l’absence du père. Jean Luc retrouve une borne oubliée où tout s’est arrêté, ses reproches n’entament nullement un homme qui ne voit que lui-même et qui le dit à son fils de la manière la plus horrible."La nature ne me force pas à t’aimer"L’affection d’un père plus proche d’un collaborateur africain que de ses propres fils, additionnée à une demande d’argent plus ou moins malhonnête, rend nauséabond ce climat d’une famille détruite qui au lieu de se recomposer, sombre en se fracturant de l’intérieur.Maurice n’est pas un modèle, Jean-Luc non plus, en se positionnant dans les ingrédients de sa condition (belle situation, belle femme, belle maîtresse, belle maison, belle voiture avec chauffeur), il a certainement volontairement bypassé la principale lumière d’une réussite : la présence d’un enfant.Dans une des nombreuses présentations du film de Marcel Carné "Les visiteurs du soir" on peut lire "Le Diable vint sur la terre pour se divertir des humains". Le personnage de Michel Bouquet me fait penser à Jules Berry impitoyable broyeur de ressources poussant les êtres à s’entretuer.Le regard presque lubrique de Maurice, devant cette famille qui s’effondre, est un aveu de la consistante première de ce père sans statut : le pouvoir de détruire par la force de l’indifférence.Les rues vides et tristes de Versailles, arpentées par Maurice, sont une sorte de désolation de lucidité.
  • LE TOMBEAU (2001)
    Malgré des lieux et des composants de départs aussi curieux que disparates cet opus est un échec. Néanmoins quelques clichés saisissants sur la faune d’une ville hors du commun parviennent à capturer quelques attentions, ne parvenant pas hélas à sauver un ensemble tétanisé par la peur d’entreprendre.Le seul intérêt, de cette mise en images ratée et ennuyeuse, se situe dans les pulsations hétérogènes d’une cité hyper dangereuse où chaque mètre carré correspond à une perception différente, imposée bien souvent par la force.Le sujet mérite vraiment d’être revisité de manière plus convaincante.
  • INTUITIONS (2000)
    Dans un même espace les vices et les préjugés s’affrontent sans retenue. Jessica, jeune lycéenne, s’éclate par le sexe. Annie Wilson, cartomancienne, fortement consultée par deux cas extrêmes, est harcelée par Donnie Barksdale (Keanu Reeves), violent et armé, véhiculé par une pétoire à bout de souffle.Ce territoire est terrifiant, les cas sont extrêmes de Valérie Barksdale rouée de coups à Buddy Cole, névrosé au bord de la rupture, Annie doit maîtriser certains abandons, en gérant du mieux possible, ces soudaines images cauchemardesques qui ont élues domiciles dans son esprit.Cette Amérique sudiste, géorgienne, est abandonnée par la raison. Les composants humains sont à l’état brut, la condamnation sans appel d’Annie considérée comme une sorcière, est effectuée par des personnages rivés dans les premiers cercles de l’entendement.L’agressivité cérébrale est accentuée par la pauvreté naturelle des lieux, à peine déconnectés du rang de broussailles. La beauté est absente de ce site poussiéreux, les intérieurs sont ternes, les personnages habillés sommairement, les femmes sont frappées devant les enfants, certains hommes hirsutes font la loi en extériorisant leur bestialités par des condamnations morales.Les visages sont éteints, rivés à leur mauvais sort, on pense à "Trois enterrements" de Tommy Lee Jones, un parcours dans la froideur de la pierre.Les cartes sont un faux espoir, entretenu, habilement ou non, par une femme dépassée par les évènements. Rien ne change, si ce n’est cette violence constamment reconduite sur les corps."Intuitions" est un film dénudé, un balbutiement intellectuel insuffisant, ne suffisant pas à calmer l’ardeur de poings déchaînés.L’atmosphère fantastique ne semble être là que pour dénoncer une dérive de groupes.
  • REQUIEM FOR A DREAM (2000)
    Un film exceptionnel, sombre et hallucinant, sur une société implosant de l'intérieur, pulvérisée par la débauche, la répression, l'acharnement thérapeutique, la solitude et la dépendance qu'elle soit télévisuelle, en poudre ou en comprimés. La totalité s'acharnant sur deux générations montantes et descendantes, terrassées par le mal de vivre et l'enfermement.Le visage d'Ellen Burstyn, harcelée par ses hallucinations est terrifiant.
  • HANNIBAL (2000)
    Le point fort d’Hannibal est visuel par les quelques convaincantes images du fief des Médicis, mais surtout auditif et au combien avec l’extrait du fabuleux mini opéra de Patrick Cassidy "Vide cor meum" composé en 2001 s’appuyant sur un extrait de la Vita Nuova de Dante. Je cite :"Vibrant, poignant, cet air magnifique confié à un chœur et deux chanteurs, la soprano Danielle De Niese et le ténor Bruno Lazzaretti, semble tout droit venir du ciel... ou inspirée des grandes œuvres opératiques italiennes comme celles de Puccini". Légèrement délaissé par une action partie provisoirement se restaurer au bar, les sens soudainement se réveillent et se pâment devant cette musique céleste. Tout s’arrête pendant quelques minutes pour laisser la place à une oreille enfin respectée par un son digne d’être entendu.Hannibal possède l’avantage de permettre à des yeux connectés au sujet, de s’évader en parallèle dans tous les contours de ces immenses bâtisses et ruelles sombres florentines.L’œuvre est soignée, la trame policière se connecte parfaitement avec les vestiges d’une ville alter ego lourdement chargée par l’arrivisme, le complot et le crime.Certains visages et scènes d’horreur presque maximales sont éprouvantes tout en laissant à cet opus l’appellation d’un esthétisme récupérateur dans le bon sens du terme, permettant tout en parcourant un climat surréaliste, de s’émerveiller devant les merveilles d’une cité bienfaitrice, comblée par son architecture et sa musique.La griffe gothique de Ridley Scott déjà positionnée dans "Alien", "Traquée" et surtout "Blade Runner" est une nouvelle fois envoutante. Ceci faisant d'Hannibal une oeuvre d'auteur.Les derniers moments sont hallucinants.
  • LE PACTE DES LOUPS (2000)
    Fougueux, moderne et sensitif "le pacte des loups" ne craint pas d'incorporer dans une renaissance érodée par sa misère et ses mythes, un kung fu anachronique. Une palette décalée, réunissant dans un récit robuste et élégant, ironies, indifférences et bon mots envers une capitale bien lointaine, permettant à des provinciaux pervertis de garder leurs distances, en régnant sur leurs gens par la superstition et la secte.Des moments forts positifs passés en compagnie d'un labeur esthétique et soutenu.De belles images significatives, malgré leurs décalages sur un mythe éternel habilement modernisé.Sans extravagance, permettant à une histoire de garder ses bases historiques, tout en picotant sans excès les terres, d'une manière de faire impossible à mettre en lumière dans un temps dominé par un obscurantisme brillamment transformé en spectacle.
  • LE PLACARD (2000)
    "Le placard" tout en montrant les variations dans le temps de certains sujets tabous, naguère inacceptables, devenant protecteurs, dénonce avec humour les faiblesses d'un ordinogramme d'entreprise, manipulé du sol au plafond par un opportuniste. Un bureaucrate effacé, sur le point d'être éjecté, managé par un revanchard, prend de la volumétrie contemplative, au contact du débile mental, de l'indifférent, du plaisantin et de l'hypocrite, dans une cocote minute professionnelle, sous la crainte permanente du licenciement.Un régal quotidien, pour une ressource jugée insignifiante par ses collèges, se divertissant de l'obscurantisme de ses semblables, ne pensant qu'à durer dans un relationnel de bureau mesquin et superficiel.La mise en lumière d'un anonyme ignoré, moqué, puis peu à peu remarqué, apprécié et consulté par une faune enfin apte à la métamorphose.
  • INCASSABLE (2000)
    Night Shyamalan, cinéaste de l’épuré, possède le privilège, grâce à ses films concepts de nous faire réagir, monter au créneau, crier au génie ou battre de la semelle devant un processus de traitement fastidieux, mais tellement prenant. Concevoir un super héros, carburant au diesel dans un contexte sombre, progressif, lent, amputé d’énergies, est ingénieux. L’éclosion de perceptions nouvelles, tintées de fantastique, d’un individu extirpé d’un destin tragique, est traitée de manière magistrale par un cinéaste habile, efficace dans la simplicité de messages délivrés en vitesse réduite."Incassable" est l’antimatière universelle tant recherchée. Une révolution visuelle au repos, privilégiant dans un contexte d’action devenu secondaire, la réaction des sens.Une énergie recyclée baigne de larmes les yeux d’un enfant, devant un père différent.Des déplacements nonchalants, millimétrés, valorisent les observations intenses d’un individu soudainement surhumain, projeté sur un territoire où il est enfin possible de limiter localement la déferlante du malheur.Un homme indestructible, chamboulé par ses nouveaux pouvoirs, matérialise sur le terrain les lectures d’un enfant brisé. Le limité formate sans états d’âme une partie externe murée, suite à une architecture quasiment détruite.Les fiches cuisines cinématographiques de Night Shyamalan sont bien souvent des substances intégrant des sensibilités éprouvées par des pouvoirs nouveaux à résonances fantastiques.Le sujet, touché par la mission, navigue entre détermination et débordements sensitifs, difficilement gérables, liés à la traversée d’un territoire inconnu.Un esprit fragile compense son handicap par une morphologie indestructible. Le don de changer les destinées navigue parallèlement avec une laborieuse prise de conscience d’un nouveau paramètre.Une violence côtoyée quotidiennement, par une fonction de surveillance et de protection, devient bestiale par l’imaginatif avant de se matérialiser dans l’existence.
  • LE ROI DANSE (2000)
    "Donnez la plus belle musique du monde au roi Jupiter." Jean-Baptiste Lully, usurpateur sodomite, et Molière, libertin incestueux, meuvent sur commande, par la musique et le théâtre, les années du jeune Louis, avide d’une lumière étincelante, antichambre d’un pouvoir avidement désiré. Avant de régner, cet enfant devenu roi, habillé de tous ses feux, s’impose par la danse, à l’aide d’une machinerie efficace, disposant devant une cour effarée, un système solaire constitué de familles naguère en luttes apaisées par l’adoration. Une mesure férocement tapée par un compositeur aux ordres, transporte merveilleusement un monarque en puissance de la domination matriarcale, vers la solitude des hautes sphères décisionnelles, dans une magnifique illumination à faire pâlir les étoiles. La face du théâtre change, les plaisirs abondent loin d’un peuple affamé. La cour complote tout en se soumettant et se divertissant de plaisirs interdits. Les pièces loufoques de Molière déclenchent des rires aussi incompréhensibles que leurs sujets. Quelques illuminés poissons pilotes d’un jeune roi en ascension profitent de l’aubaine pour s’auto-glorifier d’un talent égocentrique, validé par l’astre des astres. Une chute malencontreuse démontre que personne n’est Dieu sur cette terre, dont les seuls repères en ces lieux sont la durée, par l’adoration et la protection d’un jeune roi, focalisé par les arts. "Le roi danse", remarquable farce sur un arrivisme saupoudré d’une servilité démoniaque, habille ses protagonistes de beaux habits masquant l’interne d’esprits tourmentés par une inspiration nécessaire, qu’il faut fournir à temps complet, si l’on ne veut pas être happé par le déclin et la disgrâce. Ici la faiblesse ne pardonne pas. De tous les instantanés d’une époque impitoyable, décimée par la tuberculose et la gangrène, se détache la merveilleuse musique de Jean-Baptiste Lully. Un nectar de premier ordre au dessus d’un nid de guêpes. A signaler la scène extrêmement réaliste de la mort de Molière. Un corps intérieur brisé, crache le sang d’une époque où l’esprit, malgré ses facultés incommensurables, quitte le monde dans d’atroces souffrances. Un très bon film français, sur les premières flammes d'un parcours royal méconnu, conditionnant la virulence intellectuelle de ses subordonnés, tout en restant à distance. "Les planètes ne se trouvent pas près du soleil, elles le laisse rayonner".
  • VIRGIN SUICIDES (1999)
    « Virgin suicides » n'est pas si mauvais. Certes on s'y ennuie sauvagement sans bien comprendre par moments le contenu de cette bouteille lancée à la mer.L'oeuvre est confuse, se disperse trop, s'agglutine dans les lenteurs. La perception s'en ressent, on décroche.La force de cet opus réside dans un immense paradoxe.De belles jeunes filles au top de leurs clartés juvéniles se fabriquent en interne un mal de vivre pesant.La famille démolie par les devoirs de l'éthique conduit sa descendance vers des excès qu'un encadrement psychiatrique normalisé ne peut empêcher.Une génération montante, inertielle, scotchée dans sa détresse psychologique dont la face visible n'est qu'un sourire trompeur."Virgin suicides" est une mise en garde sur l'indispensable maitrise qui faut avoir sur son adolescence en attendant la douce fréquence de l'équilibre.
  • MAGNOLIA (1999)
    Un audacieux opus bazar sur toute une faune délirante, presque aliénée, en manque de repères, récupérée par la secte en tous genres. Otage d'artifices de bas étages, fortin de jeux débiles ou de démonstrations narcissiques encensés par un public débile, manipulé, satisfait de se miroiter dans les concepts les plus médiocres, en regardant s'enfuir sans aucun regret toutes leurs libertés individuelles, à condition d'en avoir bien entendu.Un constat de société alarmant sur la paresse d'entreprendre, engloutie par le voyeurisme et le mensonge, suite à l'absence d'énergies pompées par le n'importe quoi, contemplé avec une immense saveur par un étalage versatile.Le pouvoir devient celui du spectacle, de l'animateur agonisant au prêcheur fragile, maintenu à flots par une thématique polarisant un auditoire surexcité.Une bien triste époque pour celui ou ceux en quête de vérités profondes, constamment obligés de zapper devant ces tonnes d'infos aussi inutiles que tenaces, élaborées aux frontières de la démence par toute une tribu terrestre incapable de s'évacuer du danger de ses propres idées.Un très bon film sur l'indispensable reconquête de son soi, même sans toile de fond récupératrice.
  • AMERICAN BEAUTY (1999)
    Tout être fragilisé intérieurement par la manière de conquérir une véritable personnalité sera tenté de fuir au galop, devant cette déprime localisée, réunissant dans un microcosme collectif, la névrose domestique, l'adolescence hargneuse, le voyeurisme curieux, la sécheresse sentimentale, le bureau productif et la violence paternelle. Tout est au cordeau. Que ce soient les beaux jardinets et les belles demeures, ils ou elles ne sont qu'un paravent masquant un douloureux mal de vivre, que seule une imagination hallucinatoire occulte par quelques clichés pervers.On se remet en forme physiquement, manipulé par ses fantasmes, dans un monde qui est uniquement le sien, où il faut néanmoins insérer son quotidien.Une luminosité artificielle matérialiste gîte et carburant de la médiocrité de ses semblables.Tout semble déréglé dans un contexte moraliste beaucoup trop prononcé, ceci ne faisant qu’apparaître la confession, l'envie d'en finir et une perversité revancharde, devant tout un catalogue d'éthiques et de paraître presque vomitif.Comme d'habitude ce sont les jeunes qui en font les frais, menés à la baguette dans des intérieurs froids et cossus, entraînant leurs premiers troubles psychologiques.Une certaine Amérique sur un bateau ivre se réalise par l'excédent, pendant qu'une jeunesse matériellement comblée ne se détecte aucun repère existentiel pur.Un beau film révélateur et déprimant, sur notre réelle difficulté d'extraire de nous mêmes, ce que nous sommes réellement.Une éternelle question que se posent tous les individus, en lui donnant les réponses les plus farfelues ou les plus pathétiques.Qu'est-ce qu'on fout là?
  • STIGMATA (1999)
    "Le royaume de Dieu est en toi et tout autour de toi. Pas dans les édifices de bois et de pierres. Ce sont les instructions cachées de Jésus Christ laissées de son vivant. Qui découvrent le sens de ces mots ne connaitra pas la mort." "Stigmata" est une virulente mise en garde sur la disparition d'un message caché sous une pierre, que l'on ne soulève plus. La mission première d'une église en vrille, diluée dans la nuit des temps par ses excès, châtiés brutalement par un esprit accablant un corps de plaies oubliées. La remise à niveau dans la douleur d'une maison Dieu, à des années lumière d'un sacrifice fondateur, n'étant plus perçu par une religion noyée sous le scandale et l'apparat. "Stigmata" demeure un spectacle de qualité dont l'intérêt majeur est de dénoncer efficacement, mais un peu trop goulument l'agonie d'un concept. Un opus sanguinolent, gothique et rageur sur le trépas d'une pensée religieuse à bout de souffle, vaincu par ses perceptions décalées.
  • LA NEUVIÈME PORTE (1999)
    "La neuvième porte", opus rébus tiède et mollasson, entretient quelques clartés initiatiques, surtout autour de ces intrigantes figurines fil rouges, pensives d'un trajet dépourvu d'audaces. L'ennui n'est pas absent de cette quête démoniaque, menant un chasseur de livres rares, opportuniste et indifférent, vers l'apparition du démon.Une œuvre inactive et décevante, s'évaporant dans une dernière image frileuse, incapable de fournir le piment d'une révélation.
  • INSTINCT (1999)
    "Je t'ai pris tes illusions"Une œuvre humaine et méditative sur un esprit passionné, préférant s'extraire d'une civilisation en détresse pour entretenir son émotif au contact d'une montée en puissance affective offerte par de grands singes passant séquentiellement de la méfiance à la confiance envers un savant doux et motivé, sachant se prosterner en acceptant la dominance d'une force physique naturelle et instinctive. Un film exemplaire sur de nouvelles envergures qu'il faut glaner en pleine nature et par tous les temps, au coup par coup, en attendant patiemment que l'animal baisse sa garde et se rapproche, en offrant sa main loin d'un monde sec, incertain, violent, dément, carriériste dont la perception ne peut être que le mutisme et l'enfermement.
  • CUBE (1998)
    Incompréhensions et rivalités s’opposent à l’intérieur d’un mécanisme vide et silencieux, automatisé à l’extrême. Une expérience dramatique mais valorisante permettant à six neurones d’avoir la possibilité d’étudier dans la survie une terre inconnue, à l’image d’un créateur absent et insensible, laissant volontairement ses ressources surnager dans un complexe imprévisible.En associant, en fonction de leurs origines différentes, diverses équations et perceptions menant un laborieux parcours initiatique vers une révélation hypothétique.Un fiasco ne révélant que la face cachée violente et parano d’un groupe démoli par des expériences personnelles, incapables de rapatrier dans un lieu clos une démarche commune sereine et réfléchie.Six personnages se déchirent, en laissant lentement monter en puissance leurs côtés négatifs.A l’énoncé du nombre 17 576 certains initiés feront le rapprochement avec le nombre 26 valeur numérique du tétragramme Hébraïque dont la triple multiplication donne le résultat de l’intégralité de ce labyrinthe gigantesque.Cube, aubaine méditative toujours incertaine, ouvre à l’infini des connexions apaisantes ou terrorisantes, tourmentant en alternance plusieurs cobayes rapidement rattraper par leurs travers, plutôt que par une analyse lucide.Le créateur semble offrir dans la douleur l’étude de son intérieur à quelques parachutés, s’avérant rapidement indignes, suite à l’apparition et à l’entretien constant d’une bestialité, constante de la contemplation finale d’une lumière blanche dont le dernier survivant s’imprègnera sans la comprendre.
  • COURS LOLA COURS (1998)
    Du bon travail alerte et passionnant de bout en bout. "Cours Lola cours" évite avec brio le piège de la récurrence en fournissant dans chacun de ses plans une énergie faisant oublier que l'ensemble est sous la dominance d'une répétition.Une suite d'images pétaradantes sur la finalité non acceptée d'une odyssée minutée, trois fois renouvelée dans un paysage traversé au sprint.Un Trajet constitué des mêmes éléments croisés aux mêmes endroits dont les apparitions et les destinées sont à chaque fois réactualisés.Une pépite urbaine rarissime et intelligente menée à un train d'enfer.Cà c'est du cinéma.Bravo.
  • CA COMMENCE AUJOURD'HUI (1998)
    La lente agonie des institutions environne Daniel Lefebvre, directeur de maternelle, obligé de créer de nouveaux paragraphes à visages humains, dans un règlement d’état froid et rigoureux. Hernaing, près de Valenciennes est sinistrée, les trente glorieuses ont fait leurs paquets, les portes-monnaies sont vides, certaines mères ont élues domicile de manière définitive dans la bouteille et ne peuvent plus assurer de prestations familiales.Daniel doit parfois prendre l’initiative de ramener des enfants chez eux, après la classe, dans des intérieurs frileux et sans lumières, dévastés par des déchets de toutes sortes.La famille se meurt, privée d’une denrée indispensable à son épanouissement : l’intégration dans un système par l’emploi.L’état dans un discours rhétorique accuse presque ces autochtones d’être responsable de leurs malheurs, il encourage les esprits à ensoleiller les terrils et à gommer le look Germinal de cette région, mais comment ? Les subventions n’arrivent plus, les dernières ressources motivées sont au bord de l’épuisement.L’abandon total est encore un potentiel mais pour combien de temps ?La masse privée d’emploi n’est pas capable de détruire l’amalgame entre la société de consommation et le devoir.La famille semble anéantie, si les biens désertent les foyers. Les enfants en font immédiatement les frais, ils deviennent responsables de l’effondrement social de leurs parents, par les charges imposées que l’on ne peut plus assumées.Daniel refusant d’abandonner le navire s’épuise, au cas par cas. Certains profils sont trop exigeants en demandant un assistanat outrancier.Les comportements usés par la faim deviennent dangereux, la sévère mise en garde policière envers l’avenir de ces adolescents, aux visages aux frontières du primate, pris en flagrant délit, est significative de l’impuissance de nos sociétés, plus les reproches sont accentués, moins il y a de solutions, ces gosses sont perdus.Les actions deviennent basiques, on casse tout, dans un contexte de rappel à l’ordre des autorités, uniquement verbal donc sans danger.Où tout cela va s’arrêter ?Ces régions ne méritent pas de vivre que par l’air du temps, les patrons ont importé le travail par la mine qui a noircit les "gueules" pendant des décennies, au détriment de l’accès à un savoir, ces régions le paient chèrement aujourd’hui par une distance considérable à rattraper.L’assistanat est au delà du besoin, c’est un point de non retour, une carte d'identité.
  • SHAKESPEARE IN LOVE (1998)
    "Elle sera mon héroïne jusqu'à la fin des temps et son nom sera Viola". Deux êtres jeunes et dynamiques, otages d'un monde aux destinées préétablies, vont s'aimer dans un temps imparti, en offrant au théâtre ses plus belles pages, dans un potentiel poétique presque transcendant. Cette fusion temporaire permet d'insérer dans un contexte féminin convoité, un libre arbitre fougueux et créatif. Un sommet amoureux entre une femme promise, désirant ressentir avant de se soumettre et un poète en manque d'inspiration, ayant besoin de l'apport d'une égérie. Il faut être enthousiaste, lyrique et poignant dans deux tranches de vies minutées, permettant à deux esprits en pleine construction, de côtoyer l'extase et le bonheur dans une époque à l'image d'une reine au teint d'une pâleur cadavérique. Se réaliser par les sens, dans un contexte appartenant au sacrifice, en se consumant d'amour, loin d'un nouveau monde se rapprochant de plus en plus. Pour cela il faut s'adonner au texte et surtout le ressentir intensément en sachant que l’éthique et le rang le réduiront en cendres. Tout en étant parfois un peu inégal, "Shakespeare in love" atteint quelques sommets de sensibilité, dans un traitement un peu trop spectaculaire, mais ne masquant pas une réelle émotion ressentie devant quelques intimités. En se dirigeant vers la virginie et la nuit des rois, deux esprits ayant tout partagés, le temps d'une rencontre, pourront mieux supporter l'ennui et les contraintes de l'inspiration. Un très beau film.
  • DARK CITY (1998)
    La pensée unique tout en étant en résonance infinie avec elle-même ne peut en aucun cas accéder à ses différentes divergences pour la simple raison que ce que l’un pense constitue la pensée de tous les autres. Un simple hochement de tête collectif suffit à valider une appréciation que chacun entérine d’une seule voix.Une vérité universelle constituée d’un seul module individuel, semblable à un vol d’étourneau ou tout semble ne fonctionner que sous les ordres d’une même partition, dont chaque élément s’avère être la pièce maitresse.Tout en étant le ciment d’un seul organe, la monophonie n’ouvre aucune autre porte que la sienne.Pour évoluer et surtout survivre de nombreux visages ternes venus d'ailleurs n’ont plus qu’une seule solution, découvrir la polyvalence collective à travers une multitude de situations qu’il suffit dans un premier temps de concevoir virtuellement avant de les injecter sur des cobayes sous surveillance constante.Un peu comme si un ordinateur testait tous ses programmes sensitifs sur un environnement hétéroclite essuyant perpétuellement les plâtres d’un univers modulable.Mille milliards de comportements émotionnels que l’on génère chaque nuit dans un contexte différent afin d’étudier la manière dont on les ressent tout s’en imprégnant.On ne sait plus qui l’on est car ce que l’on était la veille ne correspond plus à ce que l’on est aujourd’hui.Surprendre et désorienter en permanence toute la substance d’une cité sans soleil entre les mains d’étranges visiteurs dont la continuité ne dépend plus que de la conquête de tout ce qui peut être dans ses diversités les plus profondes.
  • CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR (1997)
    Certainement la plus belle des images relationnelle entre la femme et l'homme. Respect, assistance, humour, analyse et détermination toujours formatés entre indépendances et retrouvailles.Ici il n'est pas question d'amour mais uniquement de vibrations communes le temps d'une aventure.
  • BIENVENUE À GATTACA (1997)
    "Tu veux aller dans l'espace? Commence par nettoyer celui-ci". L'heureuse initiative d'un exclu refusant à l'aide de sa volonté accompagnée de quelques initiatives révoltées ou hors normes un diagnostic de naissance futuriste, implacable privant un invalidé de s'approcher au plus près de Titan, quatorzième lune de Saturne. Une transformation tenace et endurante offrant une seconde naissance à un chétif condamné ne se résignant pas à contempler cloué au sol les décollages de navettes. Métamorphose menant un reformaté dissimulateur, tricheur, manipulateur, combattif et obstiné vers ses atomes originels. Conscient des le plus jeune âge de ses étincelles intérieures de conquêtes qu'il suffit de transformer en opportunités énergétiques afin de concrétiser son rève.
  • LE DINER DE CONS (1997)
    Quelques empreintes sans surprises, puis prometteuses, entre un nanti immature et taquin, subitement mis en orbite autour d'un prince de la boulette, n'étant que l'inverse de ses bonnes intentions. Brochant bourgeois sélectif, isolé et pédant se retrouve involontairement administré par les procédures incertaines d'un parachuté, satisfait de sa composition joviale et limitée, inhalant faussement la perception d'une valeur de la part d'un arrogant, ne pensant qu'a se divertir aux dépens d'un esprit jugé inférieur.Ciblé, puis dédaigneusement toisé par un manipulateur, un esprit satisfait de ses icones et de ses jeux de mots populaires, se révolte en se servant de sa sensibilité comme arme de guerre.Un recadrage poignant de la part d'une charpente simple et sensitive, heureuse d'offrir à tout son entourage un optimisme naturel envers un possédant solitaire dont les principaux traits de caractères ne sont plus qu'une austérité sécurisante, à l'image de ses toiles et de ses bibelots.
  • L'ASSOCIE DU DIABLE (1997)
    "Il vaut mieux régner en enfer qu'être esclave au paradis." Le constat est édifiant, à quelques encablures du vingt et unième siècle, le malin stipule les yeux étincelants de certitudes, dans un décor sur le point de s'enflammer, que le siècle qui s'achève lui appartient et que l'homme abandonné de Dieu est sa propriété, en étant l'instrument perpétuel d'une histoire maléfique. Dieu est démontré comme un pervers volontairement isolé, abandonnant sa création aux mains de Lucifer, gestionnaire d'un être humain ayant besoin d'extérioriser toute sa panoplie antinomique, dans une pression permanente destinée à l'épanouir ou à l'anéantir. Le message est clair, à l'avenir l'homme ne pourra survivre que par un libre arbitre, une prise de conscience encouragée par l'indifférence d'une divinité ayant jeté les dés une fois de trop et le déchaînement sans retenue d'une créature vaniteuse, qu'en restaurant des valeurs saines, malgré l'attirance d'un monde affairiste dont la récompense finale est une vue imprenable sur une faune microscopique que l'on écrase du regard. Pour cela l'homme, sombrant irrémédiablement dans la luxure et le carriérisme, doit se redéfinir et reconquérir un essentiel qui se meurt d'être abandonné. Voilà la mise en garde de cet opus gothique magistral et surprenant, malgré sa longueur excessive, dont la mission est de nous recadrer dans nos véritables priorités avant qu'il ne soit trop tard.
  • TITANIC (1997)
    "Titanic" révéla à la génération montante de la fin des années quatre-vingt dix ce que "Germinal" avait déjà fait quelques temps auparavant. Le microcosme révélateur du fonctionnement de nos sociétés.Une différence de classes impitoyable, atténuée par quelques parcelles de naturel, de spontanéité et d'opportunisme, fusionnant inconditionnellement avec le besoin d'exister en côtoyant de véritables perceptions.Ceci sur un site laboratoire luxueux ou spartiate, en fonction de ses origines.Sédentaire et cloisonné, destiné aux indifférences, aux lâchetés ou aux morceaux de bravoures, s'approchant lentement d'une traversée où le riche est à l'étage et le pauvre en sous-sol.Sur un site touché à mort, les vérités individuelles de chacun se rassemblent, pour ne constituer qu'une vérité absolue.Un opus initiatique bouleversant, sur une tragédie permettant à des esprits, de conclure leurs apparitions sur terre, par des comportements appropriés à leurs ressentis.
  • THE GAME (1997)
    "J'étais aveugle autrefois mais aujourd'hui j'y vois". Le contact quotidien d'un environnement affairiste, servile, procédurier et sans âme entretient le désœuvrement d'un nanti assailli par un traumatisme d'enfant, ne percevant plus l'autre que comme une ressource de profit ou d'encadrement domestique. Se projeter dans un contexte inconnu, imprévisible et dangereux, propulse un indifférent vers une reconstruction de soi. Une récupération thématique virulente, s'acharnant sur un individu austère et solitaire, afin de le reformater en lui inculquant le mystère, la soudaineté et la peur. La restauration d'un éclairage oublié, offert par un proche attristé de visionner un tel détachement, conduira un cousin pas si éloigné du citoyen Kane, de l'aisance à l'immondice, en passant par la crasse et la poussière, vers la reconquête de vibrations communes oubliées.
  • CONTACT (1997)
    "Vous êtes une espèce intéressante. Un mélange intéressant. Vous êtes capable de faire de si beaux rêves et de si horribles cauchemars. Vous vous sentez si perdus, si isolés, si seuls. Mais vous ne l'êtes pas. Tu vois, dans toutes nos recherches, la seule chose que nous ayons trouvé, qui rende la vie supportable, c'est l'autre." Ces mots sont prononcés par un autre monde, à l’apparence d’un père parti trop tôt, catapulteur d’un pôle d’intérêt majeur, l’écoute passionné d'un univers infini. Son discours est encourageant, ses gestes sont tendres. L’univers prend l’initiative de se faire connaître affectueusement en invitant Ellie Arroway à venir caresser les étoiles. Cette visite Végane est un premier jet sur fond de théologie et de science terrienne en chute libre. Dans les deux camps, il ne se passe plus rien les discours sont rabâchés, le ciel est muet, le Vatican et S.E.T.I sont en berne, les processus sont coûteux, les résultats inexistants, les portes de ces deux approches de l’inconnu se referment lentement, il faut un coup de pouce du ciel, une révérence courtoise, une main tendue, Véga va s’en charger et de la manière la plus incroyable. La terre est à bout de souffle, ce n’est plus qu’un capharnaüm de concepts issus d’un principe orphelin. L’absence du père est également terrienne, qui sommes-nous ? Quelle est notre mission ? Notre schéma directeur ? Ellie va le comprendre en se pliant à une subordination douce venue des étoiles. Au dessus de nos têtes, un message a été reçu, la réponse est merveilleuse, inespérée, on brûle de nous connaître. Les Végans ne sont pas supérieurs aux Terriens, ils sont différents, la perception de l’homo sapiens est bonne, les expéditions punitives d’antan sont bannies. Un livre s’ouvre, l’univers nous offre le début de sa lumière, ce n’est qu’un commencement, deux cultures peuvent s’accepter en devenant médianes. Le discours Végan ne s’adresse pas uniquement qu’à cette petite privilégiée méritante, sensible, accrocheuse et déterminée, il concerne l’humanité éprise de nouvelles lois à connaître, la Terre ne peut plus s’en sortir par elle-même, il lui faut une revalorisation offerte par l’univers. Un concept parental nouveau, une charte de comportements annihilant un parcours égoïste enfanté par une solitude éternelle. Ellie pleure un modèle et le retrouve reconstitué par une intelligence supérieure. Nous souffrons tous de l’absence d’un Père, il viendra certainement du ciel, en l’attendant il faut maintenir notre planète a flots dans un kaléidoscope de lumières vives trop diversifiées.
  • LUCIE AUBRAC (1996)
    Faut-il une guerre pour voir un paroxysme s’exprimer ? Le pire, c’est quand tout va bien. Les cœurs s’éteignent dans la routine du quotidien où il ne se passe plus rien, les passions, depuis longtemps consommées, ne sont plus qu’un lointain souvenir.N’est-il pas salutaire d’être soudainement fragilisé, d’avoir peur de tout perdre, de combattre afin de conserver le bien le plus cher au monde.Lucie, projetée en pleine guerre, lutte sur deux fronts, La résistance et la sauvegarde de son couple.La résistance, ce sont des amis sûrs, déterminés à chasser l’arrogance de l’occupant piétinant un patrimoine, ces hommes luttent afin de récupérer leurs libertés de citoyens, en encadrant à la perfection Lucie, femme aimante et aimée de Raymond son mari, arrêté puis anéanti physiquement par la question.L’imagination déployée par Lucie et son groupe afin de récupérer Raymond est d'une détermination presque surnaturelle.A travers la résistance, un macrocosme responsable se déploie sur un terrain dessinant en parallèle un microcosme nommé amour et amitié, envers un homme dans la peine, que l’on désire absolument sauver, tout en exécutant un engagement de base.Le respect de l'homme et de la mission.C’est le cœur qui parle à travers un groupe soudé devant l’épreuve de l’occupation qu’il faut combattre tout en vivant une vie sentimentale, Lucie se bat et aime. Deux ingrédients indispensables montrant que l’on existe.Claude Berri réalise un film sobre, exemplaire, la minutieuse reconstitution historique est un respect offert à l’histoire de ces hommes et de ces femmes investis, afin qu’un pays dans la tourmente retrouve une identité perdue.
  • RIDICULE (1995)
    C'est le bel esprit qui ouvre les portes. "Je viens de prouver l'existence de Dieu. Je peux tout aussi bien prouver le contraire quand il plaira à sa Majesté".A Versailles, à l'aube de la Révolution Française, il faut régner par le verbe, protégé par une lignée véritable ou inventée.Intercepter et monter en surface spontanément suite à l'impact d'une attaque ou d'une allusion, l'assistance nécessaire et spontanée d'un bon mot protecteur permettant d'assurer davantage la continuité toujours précaire de courtisans ripailleurs et non croyants, en espérant que leurs prouesses parviennent aux oreilles d'un roi uniquement charmé par l'aménagement de la réplique.Tout n'est qu'un cannibalisme verbal de salons, loin des souffrances d'un peuple ignoré par une tablée de prédateurs déconfits à l'idée de disparaitre de l'environnement d'un monarque.En délégation, afin de sauver les siens intoxiqués par la fièvre des marais, le baron Grégoire Ponceludon de Malavoy s'apercevra qu'il est bien préférable de relever les manches sur ses terres plutot que de quémander de l'assistance à de fragiles figurines instables et poudrées, ne pensant qu'a prolonger leurs survies dans des joutes quasi quotidiennes, que des évènements sanglants se profilant lentement à l'horizon, se chargeront de disperser.
  • BEAUMARCHAIS L'INSOLENT (1995)
    "Vos vers sont détestables, ils n'expriment que votre érudition, rien de vous même"Beaumarchais est un contenant pourvu de tous les contenus. Une lumière éclatante libertine et visionnaire, énergisée par un verbe aussi tranchant qu’une épée, acclamé par une assemblée vicieuse et passive, adulant un esprit montant au front, en constante représentation, conscient de ses possibilités déstabilisatrices envers un pouvoir que l’on peut fragiliser par l’arrogance. Un prédateur cynique sourire en coin, enivré par ses textes et ses bons mots, s’amuse de son temps en se délectant de l'irascibilité, de l'inquiétude et du plaisir qu’il suscite de la part d’une institution immobile et corrompue.Libre dans ses actes comme dans ses écrits, un esprit lucide et fantasque selon les environnements traversés, montre de manière éclatante et ininterrompue sa liberté en s’abreuvant de toutes les opportunités de son temps.L’Amérique et sa revendication du bonheur conditionnent l’épopée d’une virulente machinerie consciente de tous les dysfonctionnements d’un pays vieillot, hyper coincé, qu’il faut impérativement aérer par un comportement novateur.Pour cela il faut provoquer et recevoir de plein fouet tout ce que l’on déclenche en le considérant comme la réaction hypocrite de contemporains amusés ou irrités par les manipulations d’un personnage diverti par un entourage décevant, mais laboratoire indispensable de ses débordements.Un bon film, sur une âme de passage jouissive et consciente de son emprise sur l’art et la manière de dominer le temps d’un éclair, par une pensée neuve une faune servile ou impétueuse.Fabrice Lucchini, au pic de sa carrière, est remarquable.
  • SEVEN (1995)
    - Voyez-vous Messieurs, je ne vous comprendrais jamais. Regardez tous ces livres autour de vous. Une mine de connaissances à la portée de vos mains et vous qu’est-ce-que vous faites, vous jouez au poker toute la nuit. - On sait ce qu’il faut savoir nous, on sait qu’on ne sait rien. Il restera malgré leurs souffrances insoutenables la pire des choses pour certains paresseux, envieux luxurieux, convoiteurs et colériques tombés malencontreusement sous la coupe d’un juge itinérant diaboliquement méticuleux, imposant jusqu'à l’extrême dans un temps infini les châtiments les plus atroces. Celle de la découverte de l’enfer du Florentin, le vrai, celui sous nos pieds, dont une ville sombre et pluvieuse représente de plus en plus la réplique. Dont les convulsions malsaines entretiennent la désillusion et la fougue désordonnée entre un vieux coq sur le départ et un jeune loup pièces maitresses d’un jeu dont ils enrichissent le déroulement par leurs investigations. Dante en surface, gendarmes et voleurs dans un même scénario avec Minos aux commandes se délectant du comportement terrifiés ou aigris de tous ces pions torturés ou manipulés avec mépris et détermination avant de quémander dans la sérénité la plus profonde son trépas une fois son grand œuvre terminé. Une fin de siècle extrêmement calorique ceci dans le mauvais sens du terme ou il ne reste plus qu’une seule chose à faire, fuir le plus loin possible.
  • CARRINGTON (1994)
    Il est indispensable d’avoir la force de retenir ses reproches envers cette œuvre longuette et ennuyeuse. Dora Carrington, peintre de 22 ans, tombe sous le charme de l’écrivain Lytton Strachey, homosexuel au look d’un Toulouse Lautrec de taille normale, vision d’un grand frère, presque d’un père, pour cette jeune fille semblant subir dans un premier temps une homosexualité refoulée. Dora a une psychologie de garçon ce qui trouble Lytton qui essuie les plâtres dans un premier baiser avorté. Des angoisses communes offrent à ces deux protagonistes de longs discours sur un parcours littéraire raté et une sexualité d’abord rejetée, puis conquise pour ne plus être abandonnée. Les années passent, la guerre fait rage, ces deux esprits font curieusement cause commune par leurs différences. Aucune construction selon des normes n’est possible. Un corps de femme est jugé comme dégoûtant par un Lytton subjugué par le mari de Dora. Ces deux corps s’étreignent, se blottissent dans un lit, sans accomplir ce qu’on n’y fait d’habitude, quelques caresses chastes entretiennent cette amitié complexe. Ce relationnel au delà de l’amitié, sans être forcément de l’amour, est une passion aux allures métaphysiques, définit par la réflexion de Dora enceinte à Lytton. "Je ne veux pas d’enfant à moins qu’il ne soit de vous" Les parcours séparent de manière épisodiques ces deux esprits qui se doivent à leurs pulsions respectives. Dora soudainement prend conscience du chaos de son existence, en contemplant son mari et Lytton en galante compagnie respective chacun en fonction de sa sexualité. Par un coté désabusé, ces deux cœurs à l’unisson se maintiennent dans le temps par l’antinomie, un écrivain immobiliste se jugeant fini, délivre un opposé : un corps de femme enfin libéré. La jonction de leurs différences s’opère dans de longues étreintes où chacun se ressourcent dans un repos à l’image de flots apaisés.
  • FRANKENSTEIN (1994)
    "Tu m'a donné des émotions sans me dire comment m'en servir". La science contient deux composants, l'ordre et le désordre. Le premier traverse le temps à vitesse constante, en reproduisant ses règles récurrentes, à de jeunes esprits formatés pour l'entretien d'une seule pensée. Rien ne bouge, rien ne change. Le second, intolérant et novateur, conteste la formation de ses maîtres en bouillonnant d'imagination euphorique et intuitive. Frankenstein, Phaéton solitaire et débordant d'enthousiasme, se laisse emporter par des théories ne maitrisant plus le moindre impact rationnel. On ne voit que son concept, sans s'apercevoir que celui-ci n'est qu'un boomerang programmé pour percuter en retour, un nouveau penseur galopant comme un cheval fou, sur des luminosités trompeuses. La fougue et l'état second d'un savant devenu hors contrôle, ne donne naissance qu'à un aggloméré de chair et de sang, ne correspondant pas aux critères de la vie. Le faciès est repoussant, le geste brusque, l'environnement découvert ne possède aucune similitude avec un être constitué de toute la désespérance humaine. Inapte aux rencontres, sa finalité ne lui montre que son atroce différence conduisant vers la vengeance, une créature carbonisée par la souffrance, laminant de reproches son créateur. Frankenstein opus gothique, aux images hallucinantes, démontre parfaitement l'inconscience d'un visionnaire sous l'emprise d'une intuition, ne conduisant qu'a la matérialisation d'une révélation violente et démoniaque, lâchée dans une nature craintive et détachée. Ceci donnant naissance à un troisième composant, s'insérant entre l'ordre et le désordre, l'ignorance. Dans certains cas, il est préférable de ne rien savoir de manière, à ne rien détruire.
  • LE GRAND SAUT (1993)
    "Le grand saut" est une caricature dramatique et loufoque, dénonçant dans un second degré aussi lucide que décalé, le fonctionnement particulier de certaines entreprises américaines mécanisées des années cinquante. Une consultation effectuée du sol au plafond, par un gros lourdaud provincial effacé, puis égocentrique parachuté sur une grosse pomme en excès de vitesse, brodée dans les affaires et les comportements les plus fous.Contemplée de haut par des dirigeants arrivistes, indifférents, costumés de gris, élevés à l'expansion du dollar dans des bureaux gigantesques, tutoyant un ciel insensible.Loin de toute une masse interne privée de toute créativité, exécutant en sous sol des taches inutiles incorporées à la thématique de leur enseigne.Le challenge de ces dirigeants, aussi fantasques que cloisonnés, parait inéducable.Progresser, devenir le meilleur sur le marché, pour enfin péricliter en pleine gloire par un grand saut vers un néant libérateur.De l'idiot manipulé, fil rouge entre l'exécutant sans âme et le patron suicidaire, toute une cohorte n'ayant plus la notion de soi, s'autodétruit dans un concept managé par le conditionnement menant vers l'exagération, toute une cité privée de libre arbitre.Un opus éloquent sur la manière de switcher par arrivisme ou médiocrité sa conscience dans un monde absurde, ôtant toute perception d'un véritable message à conquérir, puis à délivrer.
  • DRACULA (1992)
    "Nous sommes devenus des fous au service de Dieu"Dracula est la poursuite d'un amour perdu à travers les siècles par un homme meurtri. Un désespoir continuel, entretenu par la haine envers la croix et les hommes que l'on méprisent, tout en gardant au fond de soi le potentiel d'une luminosité émotive soudainement opérationnelle, suite à la contemplation d'un portrait.Dracula est une œuvre antinomique. Une sensibilité enrobée de fureur. Une destruction pulsionnelle, cohabitant avec le besoin de retrouver quelques parcelles humaines, en se ressourçant malgré sa monstruosité sur des comportements perdus.Un monstre retrouve, tout en gardant une panoplie destructrice, un visage baigné de larmes.Le geste et la parole sont restaurés. Le regard redevient doux et attentionné. La bestialité abandonne pendant quelques instants ses concepts en laissant sa place à un esprit retrouvant miraculeusement l'envie de séduire.La mélancolique partition musicale de Wojciech Kilar accentue encore davantage la perception d'un environnement sombre, mélancolique dominés par le tourment incessant d'un déconnecté de Dieu, complètement dévasté, retrouvant son besoin de détruire, en concurrence avec la restauration subite d'un tempérament émotif.Dracula est un opus de souffrance, un manque indélébile, assouvi par des crises de démences, dans une symphonie gothique reproduisant magnifiquement les conséquences démoniaques d'une déchirure.
  • BEIGNETS DE TOMATES VERTES (1992)
    Evelyn Couch, boulotte naïve, soumise à la bouffe cholesterolée, fait la connaissance, lors d’une visite à l’hôpital, de Ninny Threadgoode. Celle-ci lui raconte, par intermittence, le merveilleux parcours en commun de Idgie Threadgoode et de Ruth Jameson, la saga prenant un départ dans une Amérique des années trente, ventripotente et raciste, jusqu’au bout des ongles.Ces deux jeunes filles, témoins d’un accident tragique, vont se rapprocher, apprendre à se connaître, se construire dans l’apparence d’une fausse différence.Idgie, sauvageonne enfant des arbres, se laisse approcher par la sensibilité de Ruth, une amitié éternelle va unir ces deux jolies jeunes filles, qui séparées le temps d’un mariage ratée, vont se retrouver pour ne plus se quitter.Evelyn, captivée par les récits épisodiques de Niny, se sent imprégnée par la robuste constitution psychologique de Idgie et de Ruth, sa vie va se transformer, prenant conscience de sa position dégradée au contact de ses contemporains, elle va se bâtir à leurs images et s’imposer comme une personne responsable se devant d’être respectée."Beignets de tomates vertes" est un film magnifique, un chef-d’œuvre de sensibilité où une femme raconte l’histoire de deux femmes influant à distance le destin d’une troisième.Ninny à l’automne de sa vie est une admirable conteuse, ses mots se marient merveilleusement avec l’image du cheminement, parfois tortueux, mais indestructible de Idgie et de Ruth, elle fait du courage de certains personnages de véritables icônes.Tout est sensible, prenant, trois femmes refusent de se noyer dans la dépendance violente, raciste et indifférente masculine de leurs temps respectifs et se révoltent à leur manière, en s’aspergeant pour deux d'entre-elles d’eau et de farine, sous le regard impuissant du maître des lieux, dépassé par cette dérive soudaine.L'amorce d’un nouveau temps, la femme devient déterminante, dans un relationnel enfin positionné à un niveau équivalent avec l’autre sexe.
  • LUNES DE FIEL (1992)
    Les méandres nauséabondes et perverses d’un metteur en scène privé de liberté cinématographique, suite à une thématique répétitive, continuent de sévir dans un opus sans attrait, ne faisant qu’entretenir le compte en banque d’un esprit esclave d’un genre plus rentable que ressenti. Rien de nouveau dans ce torchis progressif, menant une simple rencontre vers son anéantissement, suite à une overdose sexuelle sans aucun tabou."Lunes de fiel" énième particule d’un travail en boucle, ne fait qu’assurer l’instabilité d’un réalisateur en chute libre, depuis "le locataire".Le culte du beau et l’idée du bien sont à des années-lumières de cette repoussante poubelle humaine, montrant nos pires travers dans une succession d’images récupératrices et sans originalités.Soporifique, artificiel, mal joué "Lunes de fiel" est à deux doigts d’être la pire réalisation d’un homme ne montrant que la déchéance de ses semblables. Une tel acharnement est pitoyable et n’aide en aucun cas la récupération de repères sains.Est-ce lui qu’il faut discerner dans les personnages de cette répugnante descente aux enfers ? Dans l’affirmative la vision de cet opus ne doit en aucun cas altérer un principe de construction basée sur la perfection et l’association des formes.Ici tout n’est que destruction vomitive et glauque et ne mérite que le pilon. La vraie vie est ailleurs, même si cet ailleurs ne fait que se répéter.
  • TWIN PEAKS (1991)
    Un périple bien éprouvant que ces images d'un monde parallèle pesant dont les principales directives sont les comportements à la dérive de possédés bien entamés. Une site laboratoire, désolé, hallucinatoire et déjanté habitacle de toute une faune sous l'emprise d'un climat commun en vrille, rouge vif traversé dans les pires conditions par des esprits détraqués et paranos, à la conquêtes de sensations interdites.Le délire brutal et permanent d'un groupe local sans but, surfant entre festivités et déprimes récupéré par un mysticisme pervers sur un site aux mains d'un concept démoniaque.Un opus poisseux, prenant, lancinant et douloureux sur nos besoins cachés, qu'une moralité vacillante tente d'éloigner avec de plus en plus de difficulté de nos vies aseptisées.Une oeuvre prémonitoire sur l'effondrement de nos morales catapultées vers le néant par la démence du ressenti.
  • UNE NUIT SUR TERRE (1991)
    Cinq histoires démarrent simultanément de nuit, en cinq endroits de la planète, d’Ouest en Est, de Los Angeles à Helsinki, en passant par New York, Paris et Rome. L’outil thématique de ces cinq sites, aux antipodes d’une luminosité touristique, est identique. Un taxi au bord de l’effondrement transporte dans des lieux insolites une clientèle pour la plupart marginalisée.Ces cinq parcours délivrent un message similaire. Une brève rencontre, entre marginaux, tisse quelques moments drôles et chaleureux. Tous ces personnages surgis de nulle part, livrent le temps d’une course, quelques parcelles de confessions atypiques, avec comme toile de fond des rues tristes et enneigées.De nuit, visuellement, la planète est à l’unisson, ceci dans quatre langages différents. La course vers le soleil levant ne délivre qu’une uniformité.Etre pauvre à New York où à Helsinki n’engendre que les mêmes états d’âmes.La chaleur humaine est à l’intérieur des voitures, le rire est loin d’être rare, c’est un miracle tant l’aspect extérieur est à l’abandon. Une communication, calquée à l’image de gens simples, s’illumine grâce à la force de mots orduriers, rapprochant bizarrement ces êtres pauvres, mais sans contraintes.On rentre dans son quartier insalubre où l’on se fait déposer le long d’un canal. Tout est surprenant, inattendu. Les premiers contacts peu engageants se clôturent par un encouragement à entretenir sa marginalité.Peu importe; l’essentiel est de vivre à l’instar d’un système quelques contacts, de créer un fil conducteur conversationnel de base entre protagonistes de ces brefs moments passés en commun.Chacun impose ses limites intellectuelles, apprend à se connaître en se quittant bons amis, sauf dans certains cas où malgré une conclusion dramatique l’humour l’emporte sur le tragique."Une nuit sur terre" est un ingénieux film concept sur cinq horloges terrestres n’activant qu’un seul message. La liberté d’être différent.Une survie déconnectée d’un contexte diurne politiquement correct, interdisant tout décalage.
  • URGA (1991)
    Espace à perte de vue et corps en mouvements, voici ce qu’offre "Urga" sur un fond de réflexion créé par une civilisation imposant lentement une transformation économique et sociale à ces familles éloignées de tout. Des images et des termes nouveaux envahissent ces immenses plaines.Par l’intermédiaire de Sylvester Stallone, le grand Sam fait de l’œil à cet oncle saoul du matin au soir, ne dormant jamais. Le terme de frère est récupérateur et annonce le danger de l’anéantissement d’un esprit intuitif, basé sur les règles de la nature.L’ivresse de ce territoire sans limites est une des dernières transcendances galopantes permises à ces hommes aux mœurs ancestrales, immolant des moutons dans la douceur et le respect.Tout ici est singulier, un accordéon entame soudainement un paso-doble anachronique, Gombo traque par jeu sa femme au lasso, le regard semble sévère, mais l’homme est aussi bon que sa parole est rare.Ce sont les derniers instants vécus par des esprits et corps libres, qui bientôt devront se plier à des phénomènes de masses, nommés préservatifs et télévisions.Le monde change, le contrôle des naissances est rigoureux, Gombo est hors-la-loi avec ses trois enfants conçus dans l’absence et le respect des lois.La température de la ville est loin d’être stimulante. Véhiculé par un agréable compagnon, il découvre les boites de nuits, les beuveries, les manèges tournoyants, les boîtes à conserves et la localisation curieuse d’une partition musicale.Chez lui, c’est la pureté d’un espace aux lumières naturelles changeantes, ici c’est la crasse d’un troupeau mécanisé et endoctriné."Urga" est le vertige d’un horizon incapturable, l’offrande céleste de l’ombre et de la lumière offerte à des hommes à la vue perçante, atout majeur pour être comparable au maître des lieux, l’aigle royal.
  • LE SILENCE DES AGNEAUX (1991)
    Cet opus sombre et mélancolique dépeint parfaitement, dans un contexte sensible et épuré, les premières approches douloureuses d'un métier, par Clarice Starling jeune stagiaire déterminée, fragile, souvent au bord des larmes, projetée dans un monde insoutenable, dominé par le prédateur insensible et le martyre horriblement mutilé. Il s'agit de conserver sa motivation dans des investigations pénibles et réalistes, squatée par des images sensitives d'adolescentes et une absence insoutenable, tout en étant généreuse en confidences souhaitées et collectées par un tueur psychopathe, d'abord odieux, puis protecteur et paternel.Un premier contact acerbe et destructeur, puis tendre et abouti, entre une écorchée vive et un monstre adouci par la perception d'un être véritable et sensible, le temps de quelques révélations.Un film émouvant sur quelques moments intimes entre deux esprits temporairement éloignés de leurs thématiques par la puissance d'un verbe en commun.
  • UNE ÉPOQUE FORMIDABLE (1991)
    Inquiétant tout en essayant de surnager par l’humour, "une époque formidable" collecte sa force dans la seule conception possible et supportable, le groupe, même si celui-ci est corvéable ou marginalisé. Berthier curieusement acquiert un équilibre au contact de la rue, en s’intégrant à une meute combinatoire, adaptée à la sphère de l’exclusion.L’épreuve du froid est bénéfique, initiatrice pour un homme épuisé par le rendement, pensant naïvement que l’accumulation de biens artificiels est un passeport pour conserver l’être aimée.Ce châtiment temporaire recadre un dispersé dans des valeurs simples où la conquête d’une simple paire de chaussures est presque une extase.Dehors on n’est plus rien, il faut être débrouillard en espérant tomber sur de bonnes ressources d’accompagnements. Berthier s’adapte aux viandes avinées et aux crises de démences dans un environnement devenu presque acceptable.En ce début d’années quatre vingt dix, la crainte majeure est la limite d’âge. Celle qui vous balaie de l’entreprise à quarante ans dans l’indifférence générale.De nos jours, un remake d’une époque formidable serait insoutenable. Tellement d’ingrédients nouveaux sont apparus que le forage d’un nouvel opus s’avère presque impossible."Une époque formidable" malgré son sujet détient un parfum de liberté. La rue à temps complet est perçue comme conviviale, un terrain de jeux délirant sans hiérarchies ni règlements foulé, par une troupe acclimatée à sa conjoncture.Tout ceci est presque darwinien. Le banni de plus en plus jeune s’accommode aux désagréments naturels par une carapace renforcée.
  • THELMA ET LOUISE (1990)
    Plein gaz pour ces deux serviettes de tables, pressées comme des citrons par un mari ou un petit ami avachi, par la bière et la diction pâteuse. Dehors le destin est imprévisible, Thelma passe de l’exploitation abusive à la protection assassine. Louise prend les commandes d’un road-movie traditionnel, ponctué de l’inévitable flic de cambrousse, aux basques des fugitives exaltées par un panoramique offert dans une décapotable brassant vent et kilométrages.Au fil de la route Louise s’éveille, prend de l’assurance, s’éloigne du concept masculin, dans une lucidité confronté à une situation s’aggravant d’heures en heures."Thelma et Louise", récit de route aux paysages vertigineux et hallucinés, libère deux ménagères de la graisse des fourneaux, en leur offrant un territoire sans limites.Cette relation fusionnelle n'est pas sur le fil du rasoir de l'homosexualité, mais ressemble plutôt à une amitié sans le plumard, entre deux femmes hystériquement récupérées par un contexte sans limites, admiré sans retenue.
  • L'ECHELLE DE JACOB (1990)
    Un généreux brulot humain, efficace et pathétique sur la dégringolade d'un esprit lentement carbonisé par des images hallucinatoires emmagasinées sur un site infernal, puis restaurées sans sommations dans un contexte urbain devenant soudainement hors contrôle. La lente agonie d'un cobaye dans un coma irréversible, lui permettant curieusement de se projeter dans un avenir virtuel, encombré de poursuites inexpliqués formatés par des visages déformés.Un cheminement reposant et spectaculaire en alternance s'empare d'un vétéran du Viêt-Nam en vrille, usé par des cauchemars éveillés mêlant le passé et le présent.Des visions incompréhensibles et surtout injustes suite à la révélation de leurs origines.La dénonciation sans pitié d'une hiérarchie militaire contrainte au dopage pour obtenir des résultats de la part de soldats statiques sur le terrain, mettant en concurrence leurs bravoures et leurs sensibilités.
  • LACENAIRE (1990)
    Ce personnage légèrement ébauché dans "Les enfants du paradis" méritait bien une étude particulière. Auto suicidaire, ce lettré extravagant et imprévisible désire quitter de manière flamboyante un monde dominé par la rudesse parentale et la dominance des prêtres. Le vol, le plaisir et le meurtre sont les garants d’une guillotine patiente. L’homme s’en délecte à l’avance. Le rendez-vous avec la grande faucheuse est ardemment désiré, presque jouissif, pour un personnage évoluant sans retenue dans un contexte rejeté.Puisque ce monde n’est pas accepté, il faut en abuser à outrance, par les coups, le pistolet, les bons mots et les corps féminins basculés ironiquement. Le malandrin reçoit galamment, ripaille en cellule, offre son visage au moule. Séduit l’assistance par une rhétorique enflammée.Un refus d’intégration devient l’envolée d’une anarchie assouvie goulûment, par un prince débauché, sanguinaire dénué de repères affectifs, alimentant la matière de sophistes charlatans.Lacenaire, contestataire épanoui, fait le procès de la perversité cachée de ses contemporains, en se grisant d’interdits. L’homme est introverti, mauvais, dissimulé dans des procédures moralistes, pingre, cachant sous la robe sacerdotale ou l'habit propre d'un grisonnant, la convoitise de jeunes chairs.Lacenaire dénonce, méprise, corrige aux poings les imperfections de ses semblables, en se dirigeant lentement vers la lame libératrice.Daniel Auteuil dispose enfin d’un grand rôle, qui n’est pas s’en rappeler l’itinéraire fou de Joseph Bouvier dans "Le juge et l’assassin".Un dénonciateur de temps moroses et corrompus hurle son isolement et son désespoir, par un parcours criminel.Lacenaire, hôte éphémère volontaire d’une terre rejetée, joue sa propre pièce de théâtre à l’aide de partenaires considérés comme les ingrédients d’une jouissance personnelle.
  • GHOST (1990)
    Les seconds couteaux sont quelquefois bien plus performants que leurs maitres, détenteurs dans la durée de l'image et de ses ressentis. L'épisodique fantôme du métro est poignant, désespéré. Un esprit malheureux, privé de la matière et de son toucher.Condamné à la contemplation passive et éternelle de ses contemporains, dans des allers retours en boucle ne servant à rien, sinon à se lamenter sans fin sur un territoire perdu.Un regard décharné, perçant, agressif, revanchard, sevré de communication, imprégné de désespoir, maudissant le temps de l'avoir congédié cruellement de l'existence avant son heure.Des moments de solitudes intenses, en compagnie d'anonymes endormis, évasifs ou plongés dans leurs lectures quotidiennes, dans l'impossibilité de communiquer avec un invisible à perpétuité.Les meilleurs moments d'un opus espoir, gommant nos craintes de néantisation, suite à notre disparition.On est toujours là, mais condamné au voyeurisme.
  • LA GLOIRE DE MON PÈRE (1990)
    "En ce temps là, le bonheur coulait de source, simple comme bonjour". Cet opus est un patrimoine évanoui. Un océan de bonté, de douceur, de patience, d'encadrement, d'écoute, de regards ainsi que de caresses et d'étreintes spontanées, offertes naturellement dans des contacts chaleureux.Le bonheur s'avère d'une simplicité déconcertante. Il suffit d'être ensemble, d'accepter et surtout de se contenter de la présence de l'autre, malgré certaines différences.De ne jamais se poser de questions sur une éventuelle lassitude envers la répétition des choses. De s'adapter à une technologie rustre et rudimentaire, en incorporant à tous ces composants, synonymes de longévité, une fusion intense avec une nature restituée dans son plus simple appareil."La gloire de mon père" est une apologie odorante de la bonhomie. Les merveilles d'une existence familiale protégée, à l'air libre, perçue par des enfants heureux, en pleine croissance, soudainement touchés par un éveil sensible envers des adultes atypiques et protecteurs.Un monde vaincu par un environnement moderne, à l'image de consommables ne faisant que se succéder à eux-mêmes, sans fournir le moindre apaisement durable.
  • NIKITA (1990)
    La récupération intéressée et corvéable à l'infini d'un esprit poubelle privé de féminité, violent, animal, analphabète et meurtrier reformaté par le maquillage et le sport de combat en machine à tuer. L'acquisition lente et laborieuse d'une nouvelle perception de soi féminine et combative n'étant que l'offrande d'un système punitif dont la dette à rembourser n'est qu'une perpétuelle mise en danger d'une nouvelle identité en service commandé.
  • CONTE DE PRINTEMPS (1989)
    "L'espace est une forme a priori de la sensibilité"Ce n'est pas pour rien que la photo du plus grand philosophe du XXème siècle figure dans l'un des plans de ce "Conte de printemps" essentiellement axé sur le langage et la pensée, denrées humaines indispensables, pour que le monde continue d'être et que cet opus calme et doux se charge magistralement d'entretenir et de sauvegarder. Les conversations sont sensibles et reposantes. Elles apportent quiétudes et apaisements, dans des propos appropriés à une thématique simple, mais jamais dérisoire, malgré les apparences.Tout se structure dans le regard et la confidence. Ce n'est qu'une étape, une rencontre entre une voix et une écoute, dans une atmosphère bourgeoise, protégée combustible récurrent pour bien comprendre le travail d'Eric Rohmer, filmant un univers féminin faussement banal et ennuyeux, toujours positionné sur la luminosité des choses baignées de craintes et d'espoirs en alternance.Ces belles jeunes filles se parlent longuement dans des environnements culturels et maniérés. Un vrai bonheur pour ceux qui aiment la nature, les livres et surtout la Philosophie, le tout dans un contexte chaste et pur.A travers ces légers dévoilements sur les craintes d'un présent ou d'un avenir se forme un groupe générationnel, tentant avec brio d'atteindre dans un climat léger l'acte pur de pensée, dans une ambiance feutrée, privilégiant une dialectique saine et protégée, loin d'un bruit extérieur obéissant aux déterminations d'un monde pragmatique.
  • LA GUERRE DES ROSE (1989)
    Comment, tout en vivant à deux, briller par soi-même, pour soi-même, en contemplant sa propre réussite, dans un espace domestique commun ? Ce couple de yuppies, embrumé par l'ennui, consume rapidement ses procédures amoureuses, pour ne voir indépendamment, que lumières et réussites professionnelles, rendant indépendantes deux cellules vivant sous un même toit.On ne peut plus sortir d'un carriérisme fabriqué par l'absence d'une rhétorique vibratoire amoureuse à long terme, tout s'émiette pour ne faire place qu'à un seul concept "le job", offrant la délivrance d'une récurrence saupoudrée d'un statut constructif, hors de la demeure.Parfumés d'indépendance, les "Rose", en pleine embellie bureaucratique, se déclare la guerre, tout vole dans les pièces, pas de quartiers, on frappe la où ça fait mal, il n'y a aucune dépendance, tout ce qui a été patiemment acquis, est détruit sans regrets, dans un acharnement démentiel, ôtant chaque composant à une maison à l'agonie.Ce film exerce une fascination nauséabonde, la perception de ces scènes apocalyptiques sédentaires combinatoires délivre un rire cramoisi, cette destruction mutuelle évolutive semble banale et procédurière, les sentiments ne sont pas entretenus, ils disparaissent rapidement. Les esprits sont au bureau, la hiérarchie s'invite au domicile conjugal du collaborateur, en s'accaparant la table familiale où le mari et les enfants n'apparaissent plus.Les récompenses professionnelles sont des natures mortes, à l'image d'un mobilier détonateur d'affrontements, celui-ci étant paradoxalement carbonisé dans un moment de lucidité mutuelle."La guerre des Rose" n'offre pas une perception comique, les quelques arabesques de Barbara Rose projetée violemment dans les escaliers par un mari hors de tout contrôle, maintiennent un sourire figé. La procédure relationnelle de ce couple moderne moteur dans l'entreprise est scrutée de la passion à la destruction, avec un couperet voyageant incognito, la prise de conscience d'un individualisme menant irrémédiablement à la destruction d'une dualité, la routine familiale n'est qu'un prétexte."Je ne t'aime plus", prononcée par une Barbara au regard glacial, n'est qu'un hymne à un voyage en solitaire.Anéanti par le "moi" rémunéré, en récompense d'un investissement extérieur, les Rose se pâment devant un paraître investissant un domaine privé sans défense.Ces deux machines de guerre, dans l'incapacité de faire un retour arrière, s'autodétruisent, paradoxalement en tentant de sauver ce qu'ils ont vus couler sans réagir : leur maison dans sa définition première.
  • QUAND HARRY RENCONTRE SALLY... (1989)
    Le meilleur moyen de savoir, si l’on est fait l’un pour l’autre, est de se consumer, chacun de son coté, dans des tranches de vies, argumentant par leurs doutes et leurs échecs la programmation d’une connexion naturelle, opérationnelle avec le temps. Pour cela il suffit d’attendre patiemment, à l’aide d’une providence, ayant déjà tout élaborée, que les sentiments montent en puissance, en partageant, le temps d’un relationnel compté, ressentis et expériences.On se perd quelques temps, en testant l’extérieur, puis on se retrouve, avec dans ses bagages pleins d’arguments propices, permettant de se réaliser ensemble.Harry et Sally apprennent à se connaître, dans une montée chromatique vers l’amour, passant par la confidence, et surtout le constat inconscient d’un bonheur inexistant, sans l’association de leurs deux noms.L’amitié n’est qu’une pose, dans un processus émotionnel prenant de l’envergure, au fil des rencontres. Ces retrouvailles épisodiques sont bénéfiques, elles élaborent apaisement et tumultes, dans un prologue en boucle, testé par un couple en devenir.Loin l’un de l’autre, leurs expériences personnelles, semblables à des pétards mouillés, alimentent les prémisses d’une union incontournable, bâtie par ces manques.Eros se finalise enfin, dans un compromis raisonnable, se déclarant sur les hauteurs. Une finalité somptueuse, offerte de nuit, à une Grosse Pomme, répondant par ses lumières, à une heureuse conclusion."Quand Harry rencontre Sally" film concept sur une nouvelle théorie constructive amoureuse, est un merveilleux catalogue, contenant des données permettant à un couple de s’offrir l’un à l’autre, dans un chantier amoureux évitant le piège du coup de foudre.Une nouvelle approche, offrant discours et réflexions, à de jeunes générations un peu trop survoltées par le galbe du corps. Ici on s’affronte dans une dialectique embellie par un paradoxe donnant de l’ampleur à des divergences.L’amour n’est plus une pulsion immédiate, démunie de tests conditionnels, il se construit lentement, on commence par fuir, puis on s’interroge, pour enfin se soumettre et s’apercevoir que l’autre est soi.Pour cela il faut deux des plus belles vertus, la patience et la révélation.
  • MISSISSIPPI BURNING (1989)
    "Vous connaissez les états du sud, on épouse le premier type qui vous fait rire". "Mississippi Burning" est en grande partie l’enlisement nauséabond d’un microcosme raciste local, anti papiste effrayé par des doctrines communistes sans dangers, lointaines d’un état abandonné, non respecté par une tour d'ivoire politique sélective, protégée de ces bassesses rurales par l'immensité du kilométrage.Dans ce trou perdu, les ventres sont déformés par le beurre de cacahuète, le sheriff et quelques notables font la loi en imposant une unique force celle des éléments, possédant uniformes et battes de baseball, s’inspirant d’une loi se trouvant sous nos pieds.Le feu domine un sous sol en ébullition, dans un rituel reconduit sans sommations. Les pendaisons improvisées se succèdent en martelant une dialectique constructive commune, complètement close.La haine se construit sur les décombres d’un désoeuvrement, les coups assénés sur le plus faible ne sont qu’un constat. Une collectivité multiraciale détentrice d’un esprit universel commun, maître de sa terre, ne peut constituer aucun groupe de travail. Une seule couleur voit le jour, celle qui abreuve nos sillons. Cet état sudiste ne se délecte que d’un seul principe, celui des croix enflammées, des cagoules et des brasiers.Une minorité en traque une autre, celui qui pense sommairement terrorise celui qui ne pense plus. Toute une procédure existentielle est bâillonnée, anéantie par un verdict blanc condamnant une couleur opposée à la destruction.Au lieu de remettre ensemble sur pieds un état sinistré, ses principaux composants entretiennent mutuellement la longévité d'un enfer similaire par la violence et la peur.Les femmes soumises sont battues, les maris ingurgitent à toutes heures des sandwichs graisseux. Le Noir est terré, les traits de visages cachés sont dévoilés par des voix rauques débitant de vulgaires lois de dominants."Mississippi Burning" est un brûlot étonnant, magistral dans sa réalisation, le maître du monde vomit enfin de l’intérieur un de ses organes hors normes.L’eau de rose n’est pas par ici, le site se contorsionne dans l’échec d’une intégration commune, à qui seule l’intolérance donne un nom.Par des pulsions instinctives antinomiques, l’homme, toutes couleurs confondues, sombre dans une déchéance commune.
  • CALME BLANC (1988)
    "Calme Blanc" est une complémentarité violente et esthétique réussie, entre deux éléments totalement opposés, servant de support à une aventure effroyable, endurée sur une mer d'huile. Ce cauchemar maritime, éloigné de tout, augmente sa volumétrie angoissante dans une photo superbe, partenaire idyllique et indifférent d'une odyssée dramatique.L'ensemble intègre terreur et beauté, dans une temporisation aussi lancinante qu'artistique.Un travail exemplaire, faisant de cet opus, d'une apparence démunie, une œuvre d'art aussi démoniaque qu'apaisée.
  • IMAGINE : JOHN LENNON (1988)
    John Lennon est un personnage fascinant, luttant internement de manière farouche tout le long de sa vie, afin de transformer un contenu interne hyper violent en lui associant un concept pacifiste, la paix, nécessaire dans un premier temps à être porteur de son image tout en utilisant les masses, qui ensuite comme une thérapie renvoie en sa direction cette force apaisante comme un miroir. La période Beatles est antinomique, elle permet certes d’accéder au succès avec tous les privilèges qui sont bien souvent synonymes de débordements tolérés par cette définition, mais impose en parallèle un véritable chemin de croix.Le visage dépressif et halluciné de John Lennon chantant (Help) "Au secours" pendant un concert new-yorkais, où l’on entend à peine leur musique, noyée sous l’hystérie de cris effrayants, est le parfait exemple d’une époque où le groupe est robotisé, cette foule nécessaire aux premières années adore ou lapide les disques de ces personnages qui eux-mêmes par les contraintes du système ont attisés par certaines déclarations l’amour ou la fureur d’une foule dans les deux cas incontrôlable et versatile.Les bons mots de Ringo, agrémentés de l’humour féroce et incompris de John déchaînent les médias. Cette supériorité verbale, certes maladroite des Beatles, par rapport à Jésus Christ, dévoile une société coincée qui ne sait pas déceler dans ces propos un humour de réflexion.Le cheminent gentillet des premières mélodies du groupe dissimule un phénomène dangereux, un potentiel de bombe à retardement, qui une fois amorcée, apporte les dérives inévitables d’un groupe cloisonné dans une production débile où il ne faut qu’avoir l’air gentil avec l’uniformité d’un même costume.La période "Sergent Peppers" est une deuxième naissance, le cheveux et les barbes poussent, le groupe livre par certains titres leurs dépendances avec la drogue qui leur permet de claquer la porte sur toute une période de contraintes. Le groupe se libère par un texte enfin adulte et responsable.Malgré cela, la lente autodestruction est en marche avec un ingrédient déterminant Yoko Ono, véritable parasite programmé pour tout faire sauter.Le gâchis de l’album "Let it be" associé à l’idée pourtant novatrice et géniale d'un concert sur un toit, est significatif. La musique surgit de nulle part, stoppe les passants cherchant d’où peut bien venir ces sons qui n’ont plus de consistances matérielles.La fin est brutale "le week-End perdu" qui dura 18 mois où John ne fut que festif, lui permet de retrouver, avant l'épreuve suprême, une jeunesse corrosive, capricieuse et insouciante.Le karma final, que John avait prédit dans une interview, ressemble à une exécution. Ce personnage Mark David Chapman, déterminé à tuer, n’est-il pas simplement l’autre visage de John, celui qui considère que le côté du personnage en rédemption depuis tant d’années, à perdu la partie.La scène de l'intrusion du fan dans la propriété de John est prémonitoire, elle cache, par la passivité du personnage, la curiosité d'une approche douce et mystique de l'idole. L'assaut final du second fan meurtrier est un visage qui applique une sanction. La boucle est faite.John eut pourtant des comportements encourageants, par la volonté de combler d’attention Sean, son deuxième fils par rapport à Julian, premier né terrorisé par les colères et l’indifférence de ce père célèbre.Le parcours de John n'est qu'un déchirement continuel entre la grâce et la rigueur où le juste milieu ne fut qu'un eldorado inconnu.
  • DOUBLE DETENTE (1988)
    L’avenir de la plus grande contrée du monde se désagrège. La cocaïne s’apprête faire des ravages chez le petit père des peuples. L’ours soviétique se meurt, sa mutation passe par l'arrosage de son territoire d'une nouvelle poudre de couleur blanche, naguère réservé à une élite.Ivan Danko passe de la rigueur administrative au bordel monstre d'une mégapole corrompue sans battre un cil. Art Ritzik, flic paillard et débraillé, guide un métronome procédurier, dans des hôtels sordides, n’offusquant nullement un officier habitué aux rudiments moscovites délavés.A travers un scénario conventionnel, le problème est alarmant. Une population, tétanisée par l’alcool pendant des décennies, glisse lentement vers une seconde dépendance, une drogue saupoudrée au quatre coins d'un pays changeant lentement de visage politique.Les marchés sont juteux, la parade bien dérisoire.Danko, militaire de carrière, dernier vestige d’un monde en train de disparaître, lutte par son endoctrinement à sauver son pays du naufrage.Projeté dans un Chicago, appartement témoin d’un Moscou en construction, Danko s’acclimate immédiatement au banditisme, celui n’ayant qu’un seul visage combattu de manière identique dans la plupart des pays du monde."Double détente" est un film surprenant. Avec un Schwarzy en uniforme, sidéré d'être reconnu par les passants, dans une scène tournée sur la Place Rouge en 1988, un an avant la chute du mur de Berlin.Une réelle nouveauté faisant date dans le relâchement des autorités soviétiques, permettant enfin à des caméras occidentales de fouler ses terres, doublée de la satisfaction pour un comédien occidental d'être célèbre dans un pays sans médias.Le contraste de deux civilisations est saisissant, Chicago est une prostituée clochardisée. Un esprit structuré par l’économie planifié, spécialiste des jeux d'échecs et d'une littérature officielle, découvre dans un état d’indifférence prononcée, un Sodome et Gomorrhe hyper dangereux, bourré de marginaux armés d'un potentiel, les yeux fixés vers l’est.
  • MORT À L'ARRIVÉE (1987)
    Quelques mots sur ce polar intelligent, manquant un peu de structure continue dans son déroulement. L’idée est géniale. Un homme empoisonné ne dispose que de quelques heures pour remonter à la source d’un cauchemar vécu la veille en état second. Rassembler ses souvenirs dans une action morbide en continue; carburant à plein régime et le challenge de ce mort en sursis; avançant en plein brouillard pendant que ses forces rongées par le poison s’amenuisent peu à peu."Mort à l’arrivée", triste et mélancolique cheminement vers la nuit éternelle, permet à un condamné de distiller ses dernières heures dans une volonté tenace de comprendre les raisons d’un départ de plus en plus à l’approche au fur et à mesure que les nuages se dissipent.Un compte à rebours désespéré entre un pourquoi et son explication.
  • LA LECTRICE (1987)
    "Le livre voyez-vous est le seul lien pouvant nous rapprocher du monde quand nous ne pouvons plus y être présent"Relaxant, malgré un excédent soporifique, "La lectrice" est une ballade initiatique amusante sur l'exercice original d'un métier offrant à une héroïne de roman, divertie par ses découvertes, l'état d'esprit de différentes tranches d'âge, s'éveillant ou se maintenant dans ses ressentis, par les mêmes concepts réactualisés au fil du temps. Erotisme pour les jeunes, pornographie pour les vieux, le tout dans des poses ou des lectures thématiques que l'on se doit d'effectuer ou de lire par amusement ou robotisation.Tout un monde imaginaire et cocasse, allant de l'adolescent handicapé en transe érotique, de la nostalgique idéologique et du pervers pépère.Un univers fantasmagorique et clos foulé par une initiatrice sous l'emprise d'une faune solitaire, désoeuvrée, dépendante de la luxure.
  • LE FESTIN DE BABETTE (1986)
    Cette côte danoise du Jütland, rongée par les vents et la pluie, clame au fil des jours, un chant langoureux nommé "austérité et sacrifice". C’est une vie de dévotion que Martina et Philippa s’imposent, sans remous ni révoltes.Le père est dur, enclavé dans ses principes, la vie n’est offerte qu’a Dieu. Martina et Philippa, un temps belles et désirables, sont courtisées, mais leurs destins est tracé. Ce sera une vie de dévotes, triste, loin des villes et des prétendants.Babette en fuite se réfugie en bout de course dans ce lieu perdu, s’intègre, apprend le langage local, se dévoue et récolte l’admiration de toute cette faune isolée.Nantie par un gain soudain, elle organise un succulent dîner français, commémorant le centenaire de la naissance du père de Martina et Philippa. Elle trime en cuisine, les convives aux visages de pierres muselés par les contraintes religieuses, s’interdisent toutes réactions devant ces plats servis hors du commun.Peu à peu l’alcool stimule de nouvelles couleurs sur des visages endormis. La parole dévie des procédures implacables imposées par ces croyances pures et dures. Des gestes tendres sont distribués, des mains touchent des visages.Le général Lorentz, ancien prétendant éconduit de Philippa, se pâme devant ces cailles en sarcophages, lui rappelant un séjour parisien agrémenté d’un merveilleux repas dans un café anglais, dont le chef cuisinier n’est peut-être pas si loin.Les efforts cachés sont la lumière du silence, quoi de plus merveilleux que de révéler son nom par un odorat, sans se montrer, s’isoler, transpirer dans l’indifférence, retranscrire ses passions par la disposition harmonieuse de mets dans une assiette, n’attendre aucune reconnaissance de convives rassasiés, quittant cette sainte table où certains se sont subitement éveillés à la vie.Babette, par cet anonymat, se positionne à l’égal de cette petite communauté coupée du monde, qui à l’écart de toute technologie, active admirablement une fonction unique :L’amour des autres dans la dévotion offerte à toute une existence.Cette très belle nouvelle venteuse et aride de Karen Blixen, remarquablement mise en images dénudées, déclenche le débat métaphysique de fond de nos sociétés possédant de moins en moins de repères.Comment se projeter par les autres en se servant de l'obscurité comme une lumière?
  • PREDATOR (1986)
    Bon ressenti sur cet opus exotique musclé, accompagné d'une partition musicale grandiose et névrotique, transformant une efficace équipe de baroudeurs en une troupe désorganisée rongée par la peur. Une aventure angoissante et soutenue, dans une jungle suintante devenue subitement la pièce maitresse d'un chasseur extra terrestre sans pitié, dont les ponctualités barbares sont formatées par une météo au dessus de quarante degrés.De très rigides et implacables moments passés en compagnie d'une créature tissée dans un environnement imprévisible, s'acharnant sur des individus thématiques soudainement confrontés à une puissance inconnue, dans une tragique traversée, alternant entre courages et sacrifices.
  • JE HAIS LES ACTEURS (1986)
    Somptueuse distribution pour ce film tourné en noir et blanc à l’américaine, look "The intouchables", voix off comprise. Le repère hollywoodien des années quarante tisse producteur parano, scénariste fliqué, gourou opportuniste, réalisateur dément, recruteur carriériste, star déchue, avocat véreux, flic incompétent et poule prétentieuse, sans talent.Tout ce joli monde s’ébat copieusement en famille pendant que le GI meurt sur les plages normandes. Divertir ses contemporains n’est pas une mince affaire, il faut gérer les caprices, les menaces, les limites et les prétentions des uns et des autres, dans un milieu où l’énergie inutile se ventile au maximum.La famille de l’image vogue sur des lames d’absurdité, non loin des frontières qu’il faut parfois traverser en toute hâte, afin d’éviter les barreaux."Je hais les acteurs" est une agréable surprise. Un ton neuf, que les deux couleurs de base, n’altèrent aucunement. S’essoufflant légèrement sur la fin, le bilan reste largement positif avec une atmosphère remarquablement reconstituée.Les comédiens, positionnés sur des registres maîtrisés, s’en donnent à cœur joie, en frisant pour certains le numéro de cabaret.Les bons mots, caractérisant tous les métiers du cinéma, pullulent, habillant l’œuvre d’ironie. Les cartes et le révolver ne sont jamais bien loin de ces cinglés du septième art hyper stressés, gouvernant un bateau ivre fonctionnant aux annonces tragiques captées par téléphones.Le producteur s’épuise entre rivalités de comédiens et retards de tournages, en ingurgitant de force la star imposée.Des apparitions surprises augmentent l’intérêt envers la visualisation de cette agréable comédie grinçante et voyeuriste de métiers destinés à des illuminés.
  • TENUE DE SOIRÉE (1986)
    "Tenue de soirée" tient la route surtout dans une première partie amusante, envahie de bons mots, servant à éveiller la partie féminine d'un marginal colérique et délaissé, apaisé par les mots tendres d'un gros balourd, amoureux d'une copie insignifiante de son propre sexe. Soudainement courtisé, un profil quelconque, d'abord réticent, s'abandonne aux mains d'un amoureux persuasif, lui démontrant avec force qu'il existe, malgré un morphologie hors norme. Hymne à la marginalité et à la révélation d'une personnalité, cet opus décapant, essentiellement basé sur les différentes dérives d'un mal de vivre, managée par l'irrespect et l'ironie, dénonce l'effondrement d'une pensée traditionnaliste, vaincue par le nomadisme et un paraître sans âme.Boosté par la dérision, calciné par l'ennui, le nomade et le sédentaire n'ont plus que la perversité pour ressentir une modulation de fréquence en commun.Certainement plus un film d'auteur, qu'une vérité profonde.
  • RUNAWAY TRAIN (1985)
    "La bête la plus féroce connait la pitié. Je ne la connais pas, je ne suis pas une bête. " (Richard III William Shakespeare) / Carte postale hyper violente et glaciale, "Runaway train" est une fusion austère et sordide entre une nature froide et désolée, toile de fond de quelques esprits dégénérés, confinés ou à l'air libre, dont les différents environnements ne sont que la reproduction et l'entretien de leurs déserts sensitifs.Un panorama rude d'un blanc apocalyptique, déroulant une seule image à des individus aux portes de la barbarie, sur un tas de ferraille livré à lui-même.De la survie temporaire, dans un relationnel tendu, tapissé d'un contexte sauvage, extrême et insensible.
  • LE SECRET DE LA PYRAMIDE (1985)
    "C'est l'aventure de votre vie, Watson. "Oui et aussi un peu la nôtre, par l'intermédiaire de ces deux jeunes personnages atypiques et complémentaires réunis spontanément par leurs attraits du mystère, dans l'investigation, l'analyse et le raisonnement.Une association fougueuse et captivante, unissant le temps d'une enquête, deux esprits neufs, passionnés de rébus sur le fil du rasoir, entre Harry Potter et Indiana Jones, dont les élucubrations mouvementées formatent le début d'une association saine et constructive.L'intelligence et l'encadrement au service du bien, dans une belle histoire ardente et sensitive dont chaque instant est habilement travaillé, ceci permettant à nos sens de ne jamais fléchir devant l'offrande d'images soutenues qu'elles soient intrépides ou légèrement ensommeillées.Un opus d'une jeunesse éternelle, protégé par son dynamisme de l'inévitable fin des combats, nous attendant patiemment à l'orée du bois.
  • L'ANNEE DU DRAGON (1985)
    "L'année du dragon" est un opus extrêmement violent montrant les ravages malhonnêtes de certains héritages ancestraux, emportés et entretenus sur d'autres terres. Être Américain signifie bien souvent un parachutage économique, sur un territoire neuf ou sans idées nouvelles, on implante ce que l'on a emporté dans ses bagages.Suite à sa délocalisation, le Chinois, mathématicien royal sur ses terres, se retrouve en miettes au bout du monde, suite à la construction d'un chemin de fer dont il ne dispose d'aucune reconnaissance.Pour survivre et avoir un nom, il ne lui reste plus qu'à entretenir un ego revanchard, dans une mégapole gangrenée par le meurtre le racket, le trafic et les conflits de générations.Pendant que le Polonais brutal et maladroit se chauffe au charbon, en se baladant dans la vie comme dans un magasin de porcelaines, que l'Irlandais pose pour la postérité devant un chemin de fer qu'il n'a pas construit, que l'Italien se retrouve complètement démuni devant une nouvelle manière de faire beaucoup plus expéditive, l'Asiatique d'une main de fer engloutit par la corvée ses congénères dans les bas-fonds.Toute cette faune ayant pour nom "Amérique", lâchée en pleine nature, assure le spectacle permanent d'un territoire à feu et à sang dont la violence représente le seul outil de communication.Un récit âpre et sans douceur sur l'impossibilité d'avoir un esprit créateur sur d'autres contrées.On fait ailleurs ce que l'on faisait chez soi.
  • LA FORÊT D'ÉMERAUDE (1985)
    La forêt d’émeraude raconte le déclin d’un espace vital hors du temps. Quarante pour cent de l'oxygène mondial sur un territoire unitaire rassemblant des milliers d’espèces animales et végétales alimentant en flore ou en nourriture des centaines de tribus indigènes vivant en harmonie loin de la civilisation.Capturé par un sourire Tommy sept ans accepte de grandir loin des siens dans une métamorphose calme et sereine.En prenant le statut d’invisible un citadin encore influençable se retrouve préservé de la poussière des chantiers, éliminant chaque jour des milliers d’hectares de forêts amazoniennes repoussant dans des sous-bois de plus en plus comprimés, rebelles, trafiquants et souteneurs cohabitant chaotiquement avec l'indien.Les premières scènes sont révélatrices d’un basculement annoncé.Un jeune garçon positionne son regard sur une action millénaire réservée aux silences des forêts.Des fourmis construisent leurs territoires en transportant des feuilles tombées des arbres ceci depuis toujours de manière naturelle sans l'apport de la raison.Sur le bord du monde, frontière entre le centre du monde et le monde mort, Tommy bascule de son plein gré sur un site inconnu et préservé ne fonctionnant que par ses propres règles à quelques mètres d'une civilisation à l'agonie.L'acte de bravoure final à distance, en osmose entre un père ressourcé, épaulé par un fils sous l'emprise de la méditation transcendantale, recule temporairement la destinée d'une "faune" abandonnant inéxorablement l'arc et la flèche au profit de la bouteille et du révolver, avec l'enseigne et le béton comme environnement quotidien.Comment devant un avenir aussi sombre contourner le bidonville, la rapine, le vol, la prostitution et l’alcoolisme ?Quelle société sera capable de repositionner dans une chaîne d’esprits ces indispensables ressources écologiques détruites par l’âpreté du gain.Le film est daté, qu'en est-il aujourd'hui ? Silence radio.
  • POULET AU VINAIGRE (1984)
    Tout est calme, reposant. La parole est calibrée, jamais abondante. L'image esthétique et sobre. Tous ces composants réunis permettent de passer un agréable moment en compagnie de personnages automatisés par leurs lenteurs d’exécution, dans un opus concept, froid, d'une langueur vengeresse et paisible. Une nouvelle manière de montrer de l'action sans action avec un redresseur de tort new look complètement inerte.. Si l'on accepte d'être managé au pas, l’œuvre a du charme.
  • 2010 (1984)
    Pourquoi n’avoir pas laissé reposer éternellement en paix l’emblématique fin du premier opus. Cette suite n’explique rien, pire elle dénature par son parcours sans éclats un premier jet révolutionnaire, provoquant, presque jouissif dans sa refonte complète d’un cinéma éradiqué par ces nouvelles images hors du commun. Le contenu de cette mission de sauvetage pâlotte se réduit à un laborieux et lassant parcours vers la mise en lumière d’un phénomène local, bien basique pour un univers infini.Le message semble plus philosophique qu’autre chose. Un soleil supplémentaire est offert à la contemplation d’une terre sans repères, menacée par un douloureux conflit mondial pendant qu’un ordinateur rédempteur, jadis hyper dangereux, est reconnecté afin de remettre sur les rails du retour, une mission en danger.Le potentiel de la luminosité nouvelle d’un soleil raté permet au deux maîtres du monde de se positionner dans les étoiles en qualité de scientifiques raisonnants, uniquement par les procédures intellectuelles de leurs métiers, pendant que des militaires et des politiciens en viennent aux mains sous leurs pieds.Russes et Américains, isolés de la poudre et du discours, se rapprochent les uns des autres, par l’équation commune, seule puissance capable de les unir dans l'unique royaume irréfutable, les mathématiques.Une procédure éternelle, passionnelle, vraie dans l'incapacité d'être déstabilisée par l'ivresse d'un contexte terrestre passager.
  • GREMLINS (1984)
    La mise en service d'un processus destructif, loufoque et virulent par une créature originellement douce et sécurisante, déployant sur un territoire ne fonctionnant que par ses procédures répétitives, une progéniture agressive et surmultipliée. Suite à une gestion inexpérimentée, le plus beau des cadeaux de fin d'année se métamorphose en pulvérisateur ingérable, s'acharnant sur une population sclérosée par ses récurrences et ses querelles de clochers.Un recadrage spectaculaire accompli par une faune remontant en surface tous ses excès, se divertissant de toutes ces ressources basiques, ambitieuses, nationalistes ou marginalisées, diluées dans leurs quotidiens, extrêmement fragilisées devant la soudaineté d'un déferlement apocalyptique.Une patate chaude complètement débridée, temporairement entre les mains d'esprits attachants mais immatures, dans l'incapacité d'administrer correctement la plus belle des offrandes, se déchaine sans pitié sur un territoire considéré comme un terrain de jeux.Une punition presque indispensable, destinée à réveiller des citoyens endormis par leurs acquis.Nous ne sommes pas encore prêts à contempler une révélation.
  • LA FORTERESSE NOIRE (1983)
    Au moment de la rédaction de ces lignes, "la forteresse noire" ne figure sur aucun support commercial ce qui fait de cet opus rare une curiosité que de nombreux heureux ayant eu la chance de visionner réduiront en cendres suite à la somnolence quasi permanente de son parcours. Ca passe ou ça casse.Quelle déception ou quelle fascination devant ces images amorphes et ces trucages simplets que la musique éthérée de Tangerine Dream n'arrive pas à colorer.Une peau de chagrin passant peu à peu d'un statut de piste intéressante à celui de bouse conséquente suite à l'anéantissement progressif de la plupart de ses neurones énergétiques.A voir néanmoins dans la mesure du possible afin de visiter une terre inconnue aussi translucide qu'hypnotique.Parfois le vide sans le savoir s'habille d'une lumière intense.Certainement un film culte entretenant sa valeur à l'aide de ses contradictions à découvrir à l'aide de ses deux antonymes l'euphorie ou la déprime.
  • LA DIAGONALE DU FOU (1983)
    Le refus de se remettre en question est talonné par l’arrogance. L’ours soviétique se griffe de l’intérieur par ses propres enfants. Le conformiste est vieux, usé, presque sourd le dissident est jeune, impudent et orgueilleux. La lassitude affronte le renouveau par pièces interposées, dans un championnat du monde d’échecs sur terrain neutre.Issu d’un même pays, les divergences politiques ont ruiné l’allégorie d’une amitié possible entre ces deux esprits, élevés pourtant par des dirigeants ne parlant qu'un seul langage.Le regard neuf du dissident Pavius est combattu par la vieille école communiste que représente Akiva Liebskind, au bord du gouffre, luttant contre les battements chaotiques d'un cœur éreinté.Le championnat est acharné, l’échiquier royaume de toutes les contingences, sert de champ de bataille à ses deux hommes aux visages rivés sur les cases de ces deux couleurs responsables de tant de divergences.La dissidence représentée par Pavius doit être anéantie par Akiva, image d’un régime morne par sa stabilité non créative. Les pressions de Moscou sont pesantes.La réplique du système est implacable, la jeunesse incontrôlée est un fléau, le diagnostic est uniquement politique sans états d’âme, il n’y a pas de mal à vivre intégré au communisme, seuls les idées de l’occident ont corrompu et dévié ces jeunes esprits individualistes, non reconnaissants de l'apport d'un mot merveilleux, communauté."La diagonale du fou" est un film prémonitoire. Une manière identique de penser de groupe, considérée comme froide et programmée, est menacée par un modernisme survolté annonçant l’individualisme."Je suis ce que tu es" devient "Je suis ce que je suis". Le jeu d’échecs adapté à toutes les conceptions cérébrales sert de support à cette transformation radicale.Le tout devient le moi. L’élite politique ne rassure plus la masse par une idéologie. Celle-ci se désintègre en arrivisme personnel.Le mépris d’Akiva et l’arrogance de Pavius, auréolés de leurs caprices respectifs, ne sont que des instruments voyageant dans le temps, au service de régimes en alternance, n’effectuant que la constitution ou la dislocation d'une collectivité.Les plus aguerris y verront la fameuse lutte Karpov-Kortchnoï, de 1978 et 1981. L’orthodoxe contre le dissident. Une lutte fratricide où la vérité n’est qu’une limite humaine devant l’extravagance de ses pulsions.La présence de deux comédiens polonais, Daniel Olbrychski et Wojciech Pszoniak, un dans chaque camp, fuyant l’état de siège de leur pays, au début des années 80, confirme par cette petite diaspora, l’arrivée d’un nouveau monde.L’extraordinaire scène finale entre les deux hommes dévoile l'apothéose d'une passion commune, se concrétisant par la naissance de deux esprits n’en faisant plus qu’un.
  • COUP DE FOUDRE (1983)
    En ces années cinquante, la pression masculine est forte, le sexe faible est figuratif, étouffée dans un rôle de second plan. Pour la femme un temps inutile s’égrène, assise à coté d’un chauffeur de mari faisant vomir un fils malade en auto. Il y a tellement d'autres choses à faire, à ressentir. La femme se meurt de ne pas être femme. En contrepartie, l’homme reste fidèle à lui-même en entretenant son intellect au garage, tout en convoitant la femme d’autrui.Dans une telle précarité d’avenir, deux femmes s’éloignent lentement de leurs maris, en prenant conscience de leur féminité, elles se confient, fument, sortent au cabaret, s’achètent des robes, se maquillent pour elles-mêmes, adoptent un vocabulaire sans tabous, oublient dans leurs nouvelles consciences d’exister, la gestion maternelle de leurs progénitures.De nouveaux territoires sensoriels sont perçus, analysés, mis en pratiques par deux êtres venant au monde précédemment gommés de sensations d’indépendances. Les expériences nouvelles s’enchaînent sur des airs de mambos que l’on danse entre filles.La femme se libère à fond les manettes, un corps avide d’interdits s’offre dans un train, le mari est occulté, il n’est plus indispensable ni primordial, ces colères n’y change rien, une mère devient femme dans des sentiments offerts à son propre sexe, sur le fil du rasoir de l’homosexualité."Coup de Foudre" dépeint une époque d’après-guerre, lourde de dépendances envers le sexe faible devant se plier à la cartographie de ménagère et de bonne d’enfants.L’homme récupéré par la caisse à outils ne sait que gifler une nouvelle ouverture d’esprit, certes incompréhensible et décalée, en ces temps où un pays se relève péniblement d’un conflit, en se devant de conserver une morale digne d’un redémarrage.La dominance masculine est éradiquée, un mari vaincu fond en larmes devant une froideur ayant enfin acquise une liberté hors norme pour l’époque.
  • VIDEODROME (1982)
    Combien de temps la petite lucarne va- t-elle encore tenir, victime de sa conception poubelle, pendant que le sexe sado maso se contente pour l'instant d'être en démonstration sur VHS. Les ondes violentes et perverses cathodiques du futur ne vont-t-elles pas s'emparer un jour de nos esprits demandeurs de pulsions hallucinogènes?C'est ce que semble dénoncer cette démente descente aux enfers hallucinatoire et répugnante réduisant en miettes la réalité libertine au départ presque acceptable d'un voyeur, victime de l'expansion démesurée de son propre concept télévisuel, dont il devient l'esclave.Un opus irréel, d'une imagination extrême montrant dans des images phantasmatiques, la quatrième dimension imaginaire d'un converti essuyant les plâtres d'une nouvelle télévision sans filet, prédatrice d'un ensemble précédent débile et ronronnant.
  • FRANCES (1982)
    "Il faut interpréter les choses que les autres ne voient pas dans la réalité, c'est le seul moyen de leur donner la vie"Dans un monde où beaucoup crèvent de faim, il est honnête de se servir de ses ressources afin de s'en sortir. Frances, jeune provocatrice de seize ans, niant l'existence de Dieu, s'en va délibérément à contre courant vers une lumière consumante. Les procédures d'un métier sans cœur vont broyer peu à peu cette ressource, luttant dans un premier temps toutes griffes dehors contre un système de rouleau compresseur, n'ayant que peu d'égards envers les rêves de jeunes adolescentes.Les années folles le sont aussi dans des esprits sclérosés par la domination policière, hospitalière et cinématographique. L'acharnement d'un tel triple pouvoir passe par des portes défoncées, ne respectant pas une intimité, l'appropriation d'un cerveau par la médecine et des journées harassantes de tournages offertes à des œuvres dérisoires, malmenant une comédienne destinée potentiellement à la rigueur d'un théâtre russe plus porteur.Le seul soutien dans ces désillusions en boucle est le narrateur de ce naufrage toujours présent quand il faut.Les gens du spectacle ne seront pas dépaysés en visionnant ce parcours menant de la gloire à la folie, en passant par la dépression, pour s'achever par l'internement. Chacun d'eux doit bien posséder une anecdote sur la mort d'un cygne sacrifié, puis oublié instantanément par des consommateurs d'images.Ne serait-ce pas actuellement notre environnement télévisuel quotidien ?On ne compte plus les starlettes mortes au champ d'honneurs, ratatinées par un encadrement déplorable ou par une perception trop personnelle et ambitieuse d'un milieu où la longévité n'est qu'un mirage.Après la vision de telles images, il est plus que souhaitable d'acquérir son équilibre à l'aide d'un autre métier.
  • KOYAANISQATSI (1982)
    Le cheminement vers l'impact final au ralenti puis en accéléré des composants naturels et technologiques d'une planète exsangue. Accompagné d’une partition musicale grandiose, détenant dans ses décibels répétitifs le constat d'une production démesurée effectuée par des esprits captifs de leurs contraintes ou de leurs choix n’étant plus que des particules robotisées. Le contraste d'une société ravagée par une méthode aliénante uniquement basée sur l'épuisement et le remplacement de ses ressources qu’elles quelles soient. L’impact révélateur de tous les gros plans de ces visages vides ou pleins, exclus ou intégrés saisis sur le terrain dont la seule alternative est de survivre ou de s’épanouir dans les uniques concepts qu’ils subissent ou qu’ils ont choisis nourrissant la Matrice émotionnelle (le monde) de leur quotidien dans une sorte de microprocesseur urbain dans lequel ils ont été parachutés et dont ils sont l’unique mécanisme collectif. Quatre vingt minutes de Spinoza à l'enseigne. De l'autonomie à la dépendance. De la gestion spontanée à la logistique thématisée sur un site en excès de vitesse n'ayant plus un regard sur l'évolution naturelle de son histoire.
  • PAULINE A LA PLAGE (1982)
    Pauline en vacances et en pleine éducation sentimentale côtoyant essentiellement des hommes murs écoute attentivement les propos exaltés et sentimentaux de Marion, sa cousine. Henry marié préfère sa liberté d’homme, Pierre désire reconquérir Marion. Un petit groupe animant ses sens le temps d'un congé d'été à l'aide d'une philosophie sur l’amour et ses dangers. Pauline s’instruit, mais ne se sent pas attirée par ces trentenaires désabusés à la recherche de la véritable définition de l’amour. Tout ce petit monde désire le bonheur, mais la dépendance lourde et contraignante, qui en dépend n’est pas acceptée. Le challenge ridicule que s’impose Pierre désirant reconquérir Marion, qui a cédé entre temps à Henry, sans passion, sous le regard de Pauline en pleine école, montre bien la difficulté de se poser à long terme sur une récurrence à deux que l’on préfère remplacer par quelques convoitises savoureuses mais sans lendemain. Le plaisir de conquérir sans s’investir à long terme devient la pitance d’un manque éternel que l’on s’impose éternellement sans lui assigner une fonction définitive. C’est comme si l’on disait que l’on désire connaitre l’amour sans jamais le rencontrer. Pauline jeune et pure n’a finalement pas grand-chose à collecter face à Marion, Pierre et Henry élaborant déjà des bilans d’existence. Ayant largement le temps de positiver devant les perpétuelles errances sentimentales de ces caricatures désabusées, manquant de maturité totale.
  • LE PRIX DU DANGER (1982)
    Une farce caricaturale désopilante, complètement ratée sur le danger bien réel de voir basculer un jour encore lointain nos sympathiques et indolores jeux actuels vers les extrêmes, suite à un audimat porté disparu. Ici tout est risible, surfait et plat. Une vraisemblance bien pâle, malgré quelques étincelles révélatrices de ces comportements embusqués ou en pleine lumière, calculateurs, procéduriers ou transcendés, appartenant à ces métiers basés sur le racolage visuel, destiné à un troupeau aussi versatile que conditionné.Un film décevant, mais révélateur d'une dérive assassine encore endormie.
  • BLADE RUNNER (1982)
    "J'ai vu tant de choses que vous humains ne pourriez pas croire. J'ai vu de grands navires en feu surgissant de l'épaule d'Orion. J'ai vu des rayons fabuleux, des rayons C briller dans l'ombre de la porte de Tannhäuser. Tous ces moments se perdront dans l'oubli, comme les larmes dans la pluie. Il est temps de mourir". La nuit et les averses incessantes sont les dominantes de ce film culte, permettant à la technologie de cloner un simulacre d’homme en un vulgaire outil de travail corvéable à merci.Soudainement une perception interne donne l’envie de vivre à des pestiférés pourvus d’une conscience nouvelle, demandant un bonus existentiel.L’amalgame avec l’indifférence de nos sociétés envers une certaine catégorie de nos exécutants est perceptible dans la quête désespérée de ces répliquants, refusant d’être obsolètes après quelques années d’un labeur immonde."Blade Runner" est une œuvre humaine, émouvante sur le sacrifice d’une certaine condition humaine obscure, endurante, robotisée condamnée aux taches dégradantes, vivant dans la peur constante d’être éliminée après trois ans de vie offerte à la production.L'opus est lancinant, sa lenteur permet de s’attarder sur des visages d'androïdes traqués, aux propos poétiques, alternant pouvoir et crainte, dans un contexte futuriste privé d’une luminosité naturelle, remplacée par un immense rayonnement artificiel.Sous une pluie battante des néons gigantesques étouffent une population hétéroclite annexée à la nourriture asiatique, cloitrée dans d’immenses demeures curieusement vides, pendant que des concepteurs vivent hyper protégés au sommet d’édifices pyramidaux.Tout cela ressemble de plus en plus à notre quotidien , basé sur le service et la restauration rapide, faisant de nos contemporains dépendant de ces nouvelles disciplines, des esclaves modernes dont le seul privilège est une espérance de vie plus longue que ces androïdes désespérés.
  • THE WALL (1982)
    Cigarette presque consumée, bains de sang, émeutes urbaines, soldats pulvérisés, classes dévastées, débauches sexuelles, tranchées mortuaires, régime totalitaire, acharnement thérapeutique. Alan Parker met en images le contenu interne d’un esprit en miettes, brisé, sombre, ultra pessimiste, cloîtré dans l’enfermement. Pink, personnage emblématique d’une génération d’après-guerre privée de lumière, brisée par l’absence du père mort au combat, emmagasine des images cauchemardesques de souffrances non vécues, des folies et des angoisses héritées d’un géniteur absent, incubées pendant trente ans, se révélant dans des hurlements de décibels musicaux libérateurs, réclamant entre deux crises de démences, une chaleur maternelle et un retour à la position du foetus.Les conditionnements programmés, géométrie unique d’un mur aux multiples briques identiques, se matérialisent dans la paranoïa d’une rock star dissimulée, rivée uniquement au monde extérieur par l’entremise d’une petite lucarne constamment zappée. Les rares éveils sont destructeurs, un mur se révolte contre un autre mur, toutes les dépendances matérielles se détruisent afin de redécouvrir une certaine conscience de soi dans le vide de l’espace."The Wall", pratiquement sans dialogues, est un film qui s’écoute, se lit, s’ingurgite de force comme une potion infecte. Le contenu est insoutenable, traumatisant, auto suicidaire. L’empreinte de la finitude dans un rouge vif porte des visages hideux, déformés, isolés, absorbés par la profondeur d'un refus d'exister en collectivité.Un quai de gare sans père engendre un traumatisme d’enfance, déroute le parcours d’un esprit vers l’exigence d’une notoriété insatisfaite, ne conduisant que vers l’aliénation."Je n’ai nulle part ou aller" est sans contexte le message de cette œuvre noire interminable, un puits profond d’immondices sans garde-fou.
  • LE RETOUR DE MARTIN GUERRE (1981)
    "Le retour de Martin Guerre" annonce l’éveil d'une nouvelle raison, la reconsidération de la condition humaine froide, rigoureuse à l’image de cette terre ingrate qu’il faut sans cesse triturer pour manger. Bertrande prend vie par la révolte, elle défie l’autorité en quittant subitement l’outil de travail. Le village décontenancé affiche ses faiblesses, devant la détermination de ce couple unit par lui-même.Une femme opte pour la valeur d'un individu au détriment de son identité.Martin n’est plus Martin, c’est un homme un vrai.
  • LE BATEAU (1981)
    Visages ruisselants de sueurs sur fonds bleus ou rouges avec aiguilles scrutées intensément par un équipage en danger quasi en permanence, semble être les morceaux de bravoure de ce film préférant s’étendre sur le plan rapproché. L’homme est littéralement récupéré par son aventure dont ses sens reproduisent à la perfection la tension dramatique. Les mésaventures constantes de ces mariniers stimulent un esprit d’équipe. Une merveilleuse machinerie soudée et opérationnelle s’exprime loin des bars et des entraîneuses.La caméra comprime par des cadrages restreints une claustrophobie de tous instants. L’usine à gaz de ce bateau des profondeurs n’est pas analysée dans son intégralité. Ce ne sont que de petites surfaces occupées principalement par des regards inquiets.Malgré une approche honnête des deux principaux ingrédients de ce périple, l’espoir et la crainte en alternance, "Le bateau" souffre d’un manque que l’on retrouve souvent dans certains films de Wolfgang Petersen, un rendu psychologique dramatique très correct, conséquence d’un budget certainement serré, forçant des visages trop mis à contribution à s'autodétruire par la terreur, afin de combler un extérieur délaissé, faute de moyens.Heureusement, le bouquet final remet les pendules à l’heure.
  • MOI CHRISTIANE F. 13 ANS, DROGUÉE, PROSTITUÉE (1981)
    « Ni hier ni demain ne m'intéressent. Je n'ai pas de projets, seulement des rêves. Maintenant, je ne suis à peu près heureuse que dans les moments où je rêve, et où je rêve que je suis quelqu'un d'autre. » Berlin héritage désabusé d’une certaine jeunesse amorphe au regard vide, entretenant son nomadisme dans des comportements de plus en plus autodestructeurs dont les quelques remises en questions n’apparaissant que pendant quelques minutes de lucidité retrouvée sont beaucoup trop friables pour inverser un processus de destruction. Les encadrements familiaux sont défaitistes, froids et ennuyeux. Rien de singulier ne s’y passe, ceci ne faisant qu'accentuer les traumatismes d’une manque Dehors ce n’est pas mieux mais on respire autre chose, un groupe se forme et communique, en se forgeant de nouveaux besoins au contact d’un environnement désœuvré. Dans une ville nébuleuse accablée par son histoire assurant les nuitées d’une adolescence fragile et tourmentée. Un labyrinthe générationnel dépendant, ceci malgré les souffrances récurrentes qu'il procure autant par son errance répétitive que par ses composants passifs et homogènes empêchant la genèse de toute volonté durable orientée vers une sortie. Espace liberté précaire constitué de sites virulents ou démunis, de quelques sourires, de quelques caresses à peine crayonnées, de visages aux traits tirés, de rages, de désespoir et de larmes en alternance dans une atmosphère ou chaque regard envers l’autre dans un tel contexte ne devient plus qu'une absence plutôt qu’un appel à l’aide.
  • RAGING BULL (1980)
    Ascension et déclin, crise et repentir, paranoïa destructive, voici le bagage par intermittence de Jack la Motta déchaîné sur des rings surdimensionnés. Du rire aux larmes, ce personnage ambigu voyage dans des comportements dépendants. Certains proches maltraités deviennent, suite à des coups du sort, des épaules où l’on peut épancher des larmes d’enfant.Les coups pleuvent professionnellement et en privé. Les temps de dominances sont à l’homme, Vicky préfère dans un premier temps ne pas résister à ce brutal intuitif, dévoré par des scénarii d’infidélités internes, provoquant des rages folles.La beauté chorégraphique des combats habille d’esthétisme un tueur ganté qui sur le ring ne connaît plus personne. L’accolade et le baiser donnés à un Marcel Cerdan anéanti semble faire tache dans un concept de démolition permanente.Joey La Motta encaisse physiquement et moralement les dérives d’un frère maintenu difficilement sur le fil du rasoir, grâce aux règles de la boxe."Raging Bull" est une remarquable biographie. Un esprit martyr et bourreau se gère dans la douleur. Les excès bons où mauvais ne font qu’accélérer un processus de chute irrémédiable vers la difformité d’un corps meurtri par les coups et la bouffe non calibrée.Jack rongé par une hérédité de démolisseur alimente un milieu lui-même violent dans une suite de rituels sur le ring passant par des rictus faciaux et des calibrages de shorts, montrant à l’adversaire à terre une dominance toujours présente.Laminé en parallèle par l’auto-destruction, Jack malmène, entre chaque combat par une nourriture anarchique, un ventre devenu martyr.La triste récompense finale montre le manque de moyen dont dispose la boxe afin d’offrir à ses troupes de combats une reconversion digne de ce nom.
  • SHINING (1980)
    "All work and no play makes Jack a dull boy""The shining" est un crescendo terrifiant éloigné de tout. La dérive lente vers la folie d'un esprit influençable, incapable de résister bien longtemps à l'attirance d'un édifice maléfique.Vaincu par l'isolement et le désœuvrement un bon mari et un bon père, sous l'emprise d'images effrayantes, se laisse lentement absorbé par le pouvoir démoniaque d'un complexe pharaonique et silencieux.Une destruction interne acceptée et assumée sur un site angoissant temporairement coupé du monde.Un chef d'oeuvre.
  • LE DERNIER MÉTRO (1980)
    Privé de mouvement suite à ses origines, Lucas Steiner végète dans un sous-sol de théâtre. Au dessus de lui des corps et des voix s’agitent et répètent. Des passions virtuelles, couchées sur papier, émeuvent peu à peu ces comédiens, tyrannisés par des incessantes coupures de lumière.Marion Steiner s’agite entre sous-sol et surface. Epouse modèle, elle se sent récupérée néanmoins par la fougue lumineuse de Bernard Granger, coureur de jupons et redresseur de tort.En ses années de guerre le pouvoir est détenu par la chaleur et la lumière. La chaleur se découvre dans les salles obscures où les Parisiens se réfugient quelques heures avant de retrouver un logis glacial.La lumière est imprévisible, elle s’arrête soudainement en pleine répétition, occasionne des angoisses à cette troupe de théâtre devant conserver son sang-froid devant la double adversité de l’ombre soudaine et de la plume terrible et hypocrite du critique d’art Daxiat, collabo et antisémite envers la masse, mais sympathisant au cas par cas.Les efforts de Raymond le régisseur, homme à tout faire, et de Germaine Fabre, rétablissent un relationnel familial basé sur la sincérité des responsabilités.Lucas, en chef d’orchestre cloîtré, bénéficie de sens plus développé, il perçoit la sensibilité et les limites des comédiens, jouant au dessus de lui, il corrige, prend des notes que Marion de plus en plus attirée par Bernard, néglige de consulter. Bon prince il encourage leur union."Le dernier métro" pouvoir alternatif de l’ombre et de la lumière, rapproche une sensibilité mutuelle établie dans un premier temps par un texte de théâtre, qui lentement déstabilise les fonctions premières de deux comédiens, dont l’une se doit de respecter ses engagements de base.La présence indisposante de l’occupant est à gérer dans un contexte sympathisant où ces gens aux métiers artistiques ont la chance inouïe d’être sur les planches et non sur le front des combats.La liberté de s’exprimer par le théâtre est une manière de survivre dans un Paris momentanément privé d’indépendance.Certaines arrogances cachent une force, la passion de vivre intensément de peur que tout s’arrête subitement. C’est le message principal de ce film, une lumière vacillante qui ne doit s'éteindre sous aucun prétexte.
  • MON ONCLE D'AMÉRIQUE (1979)
    "Un être vivant est une mémoire qui agit"Pour apprécier cet opus audacieux et inclassable, il faut le considérer comme un cours dont le laboratoire d'études est constitué de plusieurs cobayes servant de matière aux théories du professeur Henri Laborit, grand philosophe du comportement animal et humain. Le début est laborieux, en annonçant des minutes interminables d'un ennui profond, mais soudainement tout s'anime en devenant passionnant.Dans une tapisserie de références cinématographiques quelques comportements spécifiques sont étudiés et commentés dans le contexte de leurs époques.Que ce soit dans un milieu romanesque ou professionnel, l'attitude humaine n'est qu'un archétype basé sur une manière d'être et de ressentir que le cerveau dans une "évolution" en relation avec son environnement se charge de rendre le plus similaire possible au cours de l'histoire.Malgré l'apport d'une pensée évolutive, nous semblons posséder un comportement référentiel qu'il faut rapprocher de celui d'un animal platonicien.Que se soit en noir et blanc ou en couleur, l'homme projeté dans la phénoménologie de son temps, s’interroge ou vocifère à l'aide de mêmes mimiques unissant l'instinct et la raison.Un film original sur la réminiscence, faisant de nos ressentis une fusion intelligente entre des théories scientifiques et des comportements sociaux, dont le fil rouge est de se résoudre à considérer l'homme comme un animal doué d'une raison, dont les mêmes causes produisent les mêmes effets, ceci depuis et pour l'éternité.
  • BUFFET FROID (1979)
    "Buffet froid" est tranchant, surréaliste, fantasmagorique, cynique, une parodie significative de l’échec d’un constat relationnel de fin de siècle entre des êtres dans l’impossibilité de communiquer autrement que par un absurde digne d’Albert Camus. Le gigantisme d’un sous-sol artificiel sert de villégiature à des propos incohérents. Une lumière unique renvoie vers l’extérieur la froideur interne d’une tour pratiquement inoccupée. L’assassin, chômeur sans repères, terrorisé par la brièveté d’une existence imposant le port du manteau à temps complet, déambule dans un univers automatisé, sans âme en argumentant ses pas d’une aliénation invisible."On est en visite, on fait un peu de tourisme et on se barre".Ce contexte souterrain hallucinatoire, conséquence d’un artificiel frigorifié, n’offre qu’une paranoïa tenace, une perte de soi dans un univers gigantesque impalpable, déserté par l’esprit sain, que ce soit sur les quais, dans les tours ou dans les rames.L’homme se sent seul, tributaire de ce qui se rencontre et qui ne fait que refléter sa propre image, une personnalité presque détruite par un modernisme cloîtrant les êtres dans des caissons hermétiques en sous-sols ou en étages.Les propos sont déstructurés, révélateurs de consciences détraquées. Les mécanismes de répressions ne fonctionnent plus, flic, voyou et assassin sont sur une même longueur d’onde, une trinité déontologique abattue par une dose trop massive de modernisme.Les oiseaux ne chantent plus, la verdure et la rivière privées de repos éternel accueillent les dérives citoyennes. Un composant ne ressemble à l’autre, uniquement que par le port du couteau ou du révolver utilisés dans des crises de démences ou par un tueur n’ayant plus conscience de ses actes.Une société, parasité par un gigantisme écrasant, résiste à l'engloutissement final par un humour noir millésimé.
  • ALIEN (1979)
    A l’intérieur du Nostromo, on se croirait en entreprise, un ordinogramme complet, usinier transposé dans les grands froids de l’univers. Un fond de cale râleur et syndicaliste isolé sur la plate-forme d’un outil de travail souterrain, huileux, presque répugnant, s'oppose à une troupe de presse-boutons épargnées du suintement des bas-fonds.L’intégralité de cette cocote-minute sidérale sous-tension managée par un commandant faux-cul, aux ordres d’un ordinateur procédurier, frise la congélation du zéro absolu."Alien" est l’offrande temporaire, permettant l’étude d’une perfection insaisissable, gouvernée par le mal. Une mécanique meurtrière instinctive et jouissive, impossible à sermonner, grisée par les délices de la traque. L’aboutissement d’une vérité organique d’élimination, ne déviant jamais de sa mission destructrice.Ruse et détermination s’effondrent devant un rendu à l'identique. Des rouages insensibles, implacables, embusqués dans tous les coins d’un cargo spatial, ruisselant de peur, exterminent ce qui n'a plus la force de penser.Dans les torpeurs cinématographiques de l’été mille neuf cent soixante dix neuf, une œuvre étonnante, inattendue, foule le sol des salles endormies par les chaleurs estivales.Ce bréviaire aux petits fagots, sur les sévices de l’angoisse en milieu clos, va permettre à une nouvelle génération de comédiens d’éclairer pendant plusieurs décennies les frontons, en pénétrant par la pire des aventures dans la grande famille des comédiens .Le monstre, pratiquement invisible tout le long de cette élimination au coup par coup, déforme les visages de cloisonnés complètement abandonnés par l’analyse rationnelle.Au menu, le plat du jour c’est la peur pour tout le monde, hommes de cales, navigateurs ou commandant, enfin solidaires, sur une même longueur d’ondes. La survie.
  • VOYAGE AU BOUT DE L'ENFER (1978)
    Deux longs plans séquences un de joie, l’autre de malheur, nommés mariage et roulette russe, dont la passerelle menant de l’un à l’autre, est un air de piano concluant les derniers débordements régionaux de cinq sidérurgistes immatures buveurs et batailleurs. Personne n’est parfait dans cette bourgade bâtie autour d’une architecture métallique d’intestin grêle fumant. Que ce soit dans ce stress évacué le soir à la bière en jouant au billard, de ces coups d’un père ivre mort s’abattant sur une fille qu’il ne reconnaît plus de cette chaleureuse soirée de mariage ou tout dégénère subitement. Ces hommes, aux potentiels toujours excessifs ne sont bien souvent que des parcelles confuses déstructurées par un outil de travail aliénant dont il faut évacuer chaque jour l’oppression par certaines extravagances. Sur ces terres ou jamais rien ne change. On ne fait que se chamailler tout en ajustant le chevreuil. Ailleurs la barre est bien plus haute, on reste toujours au contact d’une arme mais cette fois-ci braquée contre soi. Loin de ses bases, confronté à une violence insoutenable l’homme se découvre une nouvelle envergure, il se transcende, soutient pistolet collé contre la tempe son compagnon d’infortune au bord de la syncope en lui inculquant la force d’espérer. Ces hommes, déconnectés le temps d’une guerre de la bourrade, de la chasse et de la canette, subissent de plein fouet l’emprise d’un feu bien plus nourri que celui absorbé chaque jour sur leur lieux de travail. Une délocalisation écœurante n’offrant que rats, gifles, tripots et eaux jusqu’au cou, formatant une nouvelle vision des choses. La valeur d’une existence dans un contexte où elle ne vaut plus rien.
  • LE DIABLE PROBABLEMENT (1976)
    "Qui est-ce donc qui s'amuse à tourner l'humanité en dérision ? Oui, qui est-ce qui nous manoeuvre en douce ? Le diable probablement ! " Quelques esprits anarchistes visionnent en super 8 une entreprise journalière en démolition. Océans mazoutés, bébés phoques matraqués, champignons atomiques, usines polluantes. La liste est longue, notre terre agonise sous les yeux d'adolescents impuissants, réactivant les braises révolutionnaires d'une révolte par le slogan déterré et réactualisé. L'Agora stipule que ce sont les masses qui gouvernent et non la politique. Tout cela rappelle les propos d'un père des peuples aux slogans réenclenchés.Une jeunesse devenue anarchisante, suite au manque d'opportunité d'être exceptionnelle dans une époque exceptionnelle, se rue sur les ingrédients artificiels de son temps, reformate l'atmosphère glauque des "Possédés" de Dostoïevski, se drogue, paresse sous les ponts en alternant euphories et larmes, absences et lucidités, le tout ressemblant curieusement à un contexte Alzheimer en devenir. Fait des ronds dans l'eau en admirant les effets concentriques d'un dynamisme qu'elle a perdu. S'extasie devant la vivacité de survivre d'un poisson pris au piège."Il est vivant".Des êtres en conflit intérieurs ne sont plus capables d'activer une procédure s'inspirant de quelques repères encore existants, mais devenus invisibles. La vie est ses attraits sont toujours là, dans les rues, dans les autobus. Il suffit de s'extraire de ces propos auto-suicidaires d'anarchistes récitants où l'on aime son prochain en exigeant une soudaine solitude.Robert Bresson qualifie son œuvre de "vertige suicidaire collectif", un violent réquisitoire sur une époque industrielle éprouvante pour de nouveaux arrivants terrestres sans remèdes devant des fumées diaboliques crachées par des cheminées conditionnées, interfaces entre une terre exsanguë et un ciel silencieux."Ce qui m'a poussé à faire cette oeuvre, c'est le gâchis qu'on a fait de tout. C'est cette civilisation de masse où bientôt l'individu n'existera plus. Cette agitation folle. Cette immense entreprise de démolition où nous périrons par où nous avons cru vivre. C'est aussi la stupéfiante indifférence des gens sauf de certains jeunes plus lucides" Voila le remède, quelques lucidités à la barre afin de garder un cap d'espérance.
  • LA ROSE ET LA FLÈCHE (1976)
    L’esprit est vif, mais le corps est fatigué par cette multitude d’investissements physiques accumulés sur tous les fronts. De retour au pays Robin quinquagénaire s’aperçoit que rien n’a changé. Marianne lassée de l’attendre a pris le voile. Le shérif de Nottingham est toujours aussi motivé à régler ses comptes à cet ennemi incontournable depuis plusieurs décennies. Tout recommence sans réellement s’être arrêté.La bravoure légendaire de Robin le prive d’un retrait contemplatif, il y a tant à faire, mais la machinerie malmenée peine à suivre. Les retrouvailles avec Marianne, d’une froideur calculée, ne sont qu’un prétexte d'attisement envers une boule de nerfs au repos prête à reprendre le combat, en respectant les procédures légendaires d’un héros toujours opérationnel, chaleureusement accueilli par ses anciens compagnons."La rose et la flèche" est une époque tendre, généreuse, par ses automatismes amoureux. L’investissement et le doux regard de Marianne redonnent de l’ardeur à Robin conçu pour le mouvement protecteur.La lutte pour la défense de l'opprimé redémarre au quart de tour en plein air avec armes et cuirasses.Ces personnages condamnés à une vie à l'image d'un météore sont néanmoins accompagnés d’un humour leur permettant de mieux supporter une époque tragique.Certains déboires dus à une logistique approximative (Le saut dans la charrette par exemple) sont hilarants.Ce nouveau style permet au spectateur d’alterner ses positions sur un sujet habilement maîtrisé par un cinéaste n’offrant à la réflexion aucun jugement définitif.
  • ALICE OU LA DERNIÈRE FUGUE (1976)
    "Ce mur n'a pas d'ouverture, mais ne s'élève pas jusqu'au ciel"Alice, sous l'emprise d'un site désolé, sans issue, mystérieux, manipulateur et taquin, confirme la visite réussie d'un fantastique dompté par un cinéaste prolifique offrant parfois quelques œuvres assoupies. Ce n'est pas le cas ici. L'ensemble est original, captivant baignant dans quelques fils rouges répétitifs, démontrant que l'on ne côtoie qu'un même concept, maitre de lieux incompréhensibles, où poser des questions de sert à rien.Il faut être patiente, passive et contemplative, en acceptant l'épreuve et la dominance d'un univers parallèle, austère en interne, touffu en externe, remplis d'apparitions illogiques soudaines.Derrière le mur que l'on désire franchir, il n'y a que la continuité de ce que l'on veut fuir.Une captivité où tout n'est que représentations et apparences, dans un contexte modulable, étrange et passionnant.
  • L'AGE DE CRISTAL (1976)