Cette version est remarquable. L'embellie réussie d'un premier jet un peu trop statique se contentant de mettre en images le contenu d'un best-seller sans en faire frémir les pages. Dans cet opus, l'isolement et le froid glacial de ces pelouses et demeures endormies se ressentent au maximum.La famille Vanger à l'image d'un site éloigné de tout, calme, désolé et tapissé de blanc détient par cette dualité les contraignantes conditions que peut subir un esprit citadin temporairement délocalisé au contact d'une nature austère dont certains visages se sont imprégnés.L'éclairage artificiel conséquent ou pratiquement absent de plusieurs intérieurs conviviaux ou spartiates s'efforce d'équilibrer le peu de luminosité délivré par soleil en berne.Le blanc déposé par le mouvement éternel des saisons et le noir d'un esprit refusant de s'intégrer dans un système reproduisent parfaitement, en fonction de leurs localisations, toute la composition de personnages cloitrés véreux, opportunistes et revanchards ou bien fermé au regard absent, puis subitement de braise, dans une inertie toujours prête à exploser.Statuts en alternance, logés dans une bulle citadine au regard de glace, toujours sur la défensive, formatée pour le rapport de forces, l'amour libre et spontané, délivrant ses émotions au coup par coup, en évitant l'investissement à long terme.Un film austère et prenant sur la difficulté de découvrir le véritable sens de la vie, ceci conduisant irrémédiablement vers le profit ou la perversité, dont le seul résultat est de labourer de rides et de haines des visages épuisés par leurs excès.