Tursen, enturbanné, blanchi, aux dents jaunis, lève les yeux au ciel et scrute quelques instants le passage d’un jet dans le ciel bleuté. Il dévoile soudainement par ce geste l’union anachronique d’un Afghanistan médiéval survolé par les dernières technologies.Au ras du sol rien n’a changé, les chameaux et les béliers s’affrontent en combat singulier jusqu'à la mort. L’esprit est aux jeux en plein air, les petits métiers pullulent, à Kaboul les orgueils s’affrontent à coup de bouzkachi dans des galops dignes de la course de chars de Ben-Hur.Cette contrée n’obéit qu’aux thés brûlants sur fond de paris agrémentés de billets poisseux.L’espace est dominé par le sport le plus glorieux : l’équitation, un moment perdue, puis reconquise haut la main par Uraz, diminué par une mauvaise chute, aggravée suite à une désolante perception d’une médecine non acceptée le menant à l’amputation.Pendant ce temps Tursen son père, trop sûr de lui, s’acharne dans l’escalade inutile de hauteurs trop élevées.Le ton est donné, ici il ne faut régresser physiquement pour rien au monde.La femme tout en crachant par terre, régule les assauts primaires masculins en s’effeuillant elle-même de ses vêtements, elle triomphe de sa dépendance en déclarant à Uraz qu’elle n’a rien sentie lors de leurs ébats."Les cavaliers" tourné sur site à l’époque bienheureuse où le roi d’Afghanistan se promenait librement dans les rues de Kaboul, est un hymne aux valeurs qu’il faut sans cesse entretenir par la forme physique.Les regards ne se pâment pas devant un intellect, mais devant un corps tournoyant sous un cheval au galop.C’est l’empire du mouvement humain, brutal et dominateur se moquant bien de ces traces laissées dans l’atmosphère, l’espace d’un moment, par un avion de ligne aussitôt oublié.