"La guerre était déjà là, elle nous attendait".
Fresque sanglante sur un minestrone en pleine contorsion territoriale "Gangs of New York" se révulse dans la douleur d’une cour des miracles surréaliste où chaque débarqué sème les graines de son territoire délaissé. L’irlandais déplace sa guerre urbaine sur un autre continent. L’Asiatique entretient un accoutrement, une fonction et une musique, alimentant la haine d’un Américain raciste, juste capable d’envoyer les siens à la boucherie. Les différents maillons de cette chaîne de survie n’ont qu’une seule couleur commune, un rouge vif sur fond blanc, environné d’un endoctrinement politique et raciste incessant. Une ville témoin, en surcapacité barbare, offre la configuration d’une nation où différentes pièces rapportées livrent sur un nouveau site leurs combinaisons ancestrales : jeux, vols, meurtres, violences, le tout sous l’étoffe du prêtre, du maire ou du boucher, chacun ayant pour point commun la conquête basique des âmes et du territoire. Cette faune urbaine, remarquablement filmée dans des situations parfois ubuesques, se lâche dans des tourments de survies, de trahisons ou de vengeances que la configuration de lieux convulsionnés ne fait qu’entretenir. L’Américain se construit en rejetant ce qui vient de l’océan, se servant comme prétexte de la valeur d’une culture elle-même débarquée en son temps. Il n’y a aucun repère dans ses messages délivrés par un dominant hyper violent, imprévisible, conforté par une cour soumise, lâche, en manque d’envergure, constamment prête à trahir. "Gangs of New-York" est la genèse apocalyptique d’une ville en manque totale de définition commune. Une flaque bestiale d’excréments humains en rupture, managée par la division, l’extravagance vestimentaire, la folie soudaine des comportements et la propagande guerrière qui ne trouvent qu’un seul terrain d’entente : l’émeute.