"Twelve in a room in America"Encore un film sauvé par ses mélopées que l’on fredonne avec nostalgie en pardonnant à ce concept révolutionnaire de n’avoir pas su résister au temps et surtout à l’anéantissement d’une délinquance presque sympathique, sachant retenir ses coups dans des chorégraphies parfaitement ordonnancées. Le peu de matière consistante de cet assemblage musico verbal se dissout rapidement dans une suite de tableaux thématiques, préférant mettre en valeur les possibilités chorégraphiques et musicales d’une œuvre dont la trame romanesque n’est qu’un combustible.Les sentiments de Roméo et Juliette semblent bien isolés face à ces désœuvrés presque efféminés, bondissant sur des terrains de baskets, demeures à temps complets de provocations et d’effleurements physiques entre deux ethnies dont le point commun est de fuir l’intégration.La chanson "America", essence sociologique de l'opus, déverse un texte révélateur sur les conditions d’existence qu’un groupe condamné à l’hérédité, au chômage et à la promiscuité, préfère clamer au second degré dans un humour décapant."West side story", laborieuse alternance entre ce qui se dit et ce qui se chante, demeure une expérience courageuse qu’il fallait tenter au même titre qu’une idée folle dont le monde a besoin pour avancer.