"Ici le printemps vient plus tard, pour le découvrir, il faut patauger dans la boue". Peu importe la nationalité de l’individu portant l’uniforme, ses souffrances sont les mêmes. Que ce soit dans la steppe, sous les ruines ou accablé par la propagande, le soldat, qu’il soit vert de gris ou autre, subit toujours les horreurs d’un conflit en répandant en fonction des contextes sa sensibilité ou ses angoisses.Incluant séquentiellement selon les sites, les horreurs de la guerre et le repos temporaire d’un guerrier récupéré par les sens, le temps d’une permission, ce magnifique opus romanesque délivre une panoplie dialectique assez complète sur toutes les perceptions nécessaires à deux climats particuliers. La guerre et les sentiments.Douglas Sirk est un grand monsieur. Aidé considérablement par le support papier du roman de Erich Maria Remarque, cette œuvre somptueuse est une fresque émotionnelle mélodramatique exceptionnelle, extirpant de nos profondeurs des sensations de plus en plus recluses, suite à nos climats couillus mettant aux placards nos potentiels de midinettes.Jouons le jeu devant cette vitrine luxueuse, un peu naïve, mais tellement efficace, dont la finalité impitoyable s’élabore tout le long d’un parcours fait de glaces, de plaisanteries de sapeurs, d’alertes et de passions éphémères, grisant un soldat en alternance.Un très grand film sur une boulimie passionnelle, accumulée par un sursitaire que le destin laisse souffler quelques instants, en lui offrant avant de l’emporter, un morceau de bravoure, suite à une condition enfin perçue.