Il est indispensable d’avoir la force de retenir ses reproches envers cette œuvre longuette et ennuyeuse. Dora Carrington, peintre de 22 ans, tombe sous le charme de l’écrivain Lytton Strachey, homosexuel au look d’un Toulouse Lautrec de taille normale, vision d’un grand frère, presque d’un père, pour cette jeune fille semblant subir dans un premier temps une homosexualité refoulée. Dora a une psychologie de garçon ce qui trouble Lytton qui essuie les plâtres dans un premier baiser avorté. Des angoisses communes offrent à ces deux protagonistes de longs discours sur un parcours littéraire raté et une sexualité d’abord rejetée, puis conquise pour ne plus être abandonnée. Les années passent, la guerre fait rage, ces deux esprits font curieusement cause commune par leurs différences. Aucune construction selon des normes n’est possible. Un corps de femme est jugé comme dégoûtant par un Lytton subjugué par le mari de Dora. Ces deux corps s’étreignent, se blottissent dans un lit, sans accomplir ce qu’on n’y fait d’habitude, quelques caresses chastes entretiennent cette amitié complexe. Ce relationnel au delà de l’amitié, sans être forcément de l’amour, est une passion aux allures métaphysiques, définit par la réflexion de Dora enceinte à Lytton. "Je ne veux pas d’enfant à moins qu’il ne soit de vous" Les parcours séparent de manière épisodiques ces deux esprits qui se doivent à leurs pulsions respectives. Dora soudainement prend conscience du chaos de son existence, en contemplant son mari et Lytton en galante compagnie respective chacun en fonction de sa sexualité. Par un coté désabusé, ces deux cœurs à l’unisson se maintiennent dans le temps par l’antinomie, un écrivain immobiliste se jugeant fini, délivre un opposé : un corps de femme enfin libéré. La jonction de leurs différences s’opère dans de longues étreintes où chacun se ressourcent dans un repos à l’image de flots apaisés.