Les westerns sont rares, alors soyons indulgents envers ce remake par moments un peu statique, heureusement remis à niveau par des gros plans intensifs, presque voyeurs de visages marqués par l’épreuve. La gestion temporaire d’un tueur sans états d’âme, offre à un fermier sans envergure, l’occasion de redorer un blason familial terni.Chacun d’entre eux à quelque chose à rapatrier de chez l’autre, un courage manquant, une humanité soudaine en bout de course, le tout élaboré degré par degré, sur des circuits rocailleux où le transport de fonds, servant de pitance, est braqué à l’aide d’une logistique implacable.Auréolé d’une pierre angulaire finale, sur un quai de gare, une approche perceptive nouvelle, par des sens moraux à l’état neuf, épilogue une aventure en commun où chaque composant découvre une identité préalablement inconnue.Pendant que le fermier façonne un courage libérateur, le tueur effrite peu à peu une pitié stérile. La communication porte ses fruits, dans un contexte existentiel hyper contraignant, l’approche différente d’une âpreté du gain indispensable, afin de survivre, trace quelques sillons en commun."3h10 pour Yumaé est un western qui s’écoute. Des mots s’intercalent entre des balles incontournables, définissant une époque sans transitions. On tue comme on respire, malgré cette contrainte reconduite à chaque pas, une proie et un prédateur, sous le regard d'un fils en construction, trouve une longueur d’ondes conversationnelle en s’échangeant des états d’âme constructifs.Bénéficiant d’une photo splendide, mettant en valeurs des morceaux de bravoure, dans des paysages désolés n’offrant que l’odeur du soufre, ce western atypique s’attarde sur des faciès en quête de rédemptions inconscientes.Des esprits en boucles, constamment au contact de la boucherie ou de l’exploitation paysanne, traduite par un endettement perpétuel, essaient de s’extraire, par une nouvelle humanité perçue d’un paysage monocorde où la bonté est à des années-lumières.Seule une aventure salvatrice en commun peut légèrement dilué ces constats, en permettant la collecte d’une peau nouvelle, même si pour l’un d’entre eux, celle-ci représente une finalité.Un très beau film.