Découvert en vidéocassette. Bien se remémorer les sixties en France, où la Nouvelle Vague commençait à balbutier... La majorité encore bien cantonnée au conservatisme de la pensée ! Les cinéastes classiques restaient prudents pour figurer "les bandes de jeunes", cette inquiétude perpétuelle des sociétés industrialisées : à l'époque, des groupes perturbants le temps que l'âge les range en les obligeant à "gagner leur croûte" par eux-mêmes plutôt que de demander de l'argent de poche, autrement dit "du fric", d'un air bravache... Commencement des HLM sans âme. On a repeuplé la France... Il y avait vertige pour les rejetons issus des rebâtisseurs avant tout matérialistes de l'après-guerre. Ce film rappelle d'entrée de jeu l'atmosphère de "La Fureur de Vivre" de Nicholas Ray avec James Dean, au pur contexte américain du nord) : hormis ce lien de parenté évident ajouté à l'horreur du vide commun, c'est la France de De Gaulle à plein nez ici : grincement du paternalisme hexagonal, la mère disant au fils de demander à son père s'il a droit au fromage, le père nourricier plongé dans son journal, mais qui seul autorise fiston à sortir après dîner... J'ai bien aimé le traitement qu'en fait Marcel Carné (d'après un ouvrage littéraire). Ces jeunes acteurs "se la jouent" comme on dirait maintenant, avec leur parler désuet, "bath" et autres termes poussiéreux, remplacés par le langage tribal de 2009... Charmant de suivre la coriace Danièla, chef de bande ou vitrine commode ? Son tir de carabine "en jette", mais un mâle affirmé est tellement plus simple à suivre. Le sort fait au jeune Babar, novice enflammé souligne la lubie d'absolu de l'âge adolescent... Une musique désagréable, comme souvent dans les films des années soixante, on a fait mieux depuis... Photo noir et blanc efficace (Claude Renoir), le décor des clapiers de banlieue que trop vrai. J'ai passé un bon moment.