"Il vaut mieux régner en enfer qu'être esclave au paradis."
Le constat est édifiant, à quelques encablures du vingt et unième siècle, le malin stipule les yeux étincelants de certitudes, dans un décor sur le point de s'enflammer, que le siècle qui s'achève lui appartient et que l'homme abandonné de Dieu est sa propriété, en étant l'instrument perpétuel d'une histoire maléfique. Dieu est démontré comme un pervers volontairement isolé, abandonnant sa création aux mains de Lucifer, gestionnaire d'un être humain ayant besoin d'extérioriser toute sa panoplie antinomique, dans une pression permanente destinée à l'épanouir ou à l'anéantir. Le message est clair, à l'avenir l'homme ne pourra survivre que par un libre arbitre, une prise de conscience encouragée par l'indifférence d'une divinité ayant jeté les dés une fois de trop et le déchaînement sans retenue d'une créature vaniteuse, qu'en restaurant des valeurs saines, malgré l'attirance d'un monde affairiste dont la récompense finale est une vue imprenable sur une faune microscopique que l'on écrase du regard. Pour cela l'homme, sombrant irrémédiablement dans la luxure et le carriérisme, doit se redéfinir et reconquérir un essentiel qui se meurt d'être abandonné. Voilà la mise en garde de cet opus gothique magistral et surprenant, malgré sa longueur excessive, dont la mission est de nous recadrer dans nos véritables priorités avant qu'il ne soit trop tard.