Quel groupe de rock n’a pas rêvé en ces années 60 de ressembler à ces quatre icônes aux systèmes pileux identiques. L’époque est joyeuse et désinvolte, les trente glorieuses ont encore le vent en poupe, les Beatles et leurs agréables mélopées de début de carrière en sont la preuve, on se sent bien dans ce temps de plein emploi où la musique est gentillette.Les coiffures ne sont plus "bananées" mais tombent légèrement devant les oreilles, pas de quoi en faire un drame et pourtant les bons pensants trépignent devant cette légère dérive capillaire.Ce film concept est l’apologie du mouvement novateur, qu’il soit physique ou moral, le groupe par moment semble faire son jogging dans ces courses poursuites plus ou moins réglementés par un scénario volontairement inconsistant, les propos ne sont plus structurés, chacun délire dans des questions réponses qui n’ont qu’un seul but, désappointer par le rire.Le Monty Python est embusqué derrière ces répliques plus ou moins acerbes, le verbe se déconnecte de toutes procédures contraignantes, c’est la liberté du ton à deux doigts de l’ironie et de l’irrespect dans cette époque, où marcher dans des règles de comportements poussiéreuses, est une obligation.Les titres s’enchaînent, les notes de "A hard day's night" virevolte joyeusement, Ringo batteur à tempo unique semble mal à l’aise sur sa chaise. En observant bien le visage de John Lennon, on s’aperçoit que la dépression est aux portes. Tout en jouant la démesure par la liberté de s’ébrouer et de s’exprimer dans une nature élargie, le groupe semble à la torture, la pression est trop forte par moments on pense à "Vie Privée" de Louis Malle, par contre ici le sourire reste de mise jusqu’au bout. Interdiction de s’effondrer.Les prémisses sont annonciatrices d’une conclusion néfaste liée au groupe et au système de dépendance qui en dépend. La manipulation de cette véritable bombe que représente ce succès devient soudain ingérable pour ces quatre garçons visiblement dépassé, devenant uniquement des machines à jouer.Le groupe est manipulé par un Richard Lester se lâchant par des mouvements de caméra en hauteur où l’espace offert au mouvement est un vrai bonheur, dans une Angleterre rigide, c’est une seconde naissance.Tout ceci ressemble à une pantomime libératrice tentant de s'extraire d'un réalisme anglo-saxon aussi raide que durable.