Sur certains continents, une nouvelle ressource naturelle n’engendre que malédiction, sang, sueur et larmes. Le diamant rose, successeur de l’ivoire, de l’or, du caoutchouc et du pétrole, naguère porteurs d’une terre faussement utopique, n’offre que la machette à des fermiers traqués et recrutés de force pour sa cueillette. Où se situer parmi un gouvernement pourri, des rebelles sanguinaires, un voyeurisme journalistique, des trafiquants motivés et une religion récupératrice d’enfants meurtris, tous ces organismes ne travaillant naturellement que pour leur propre compte.La boucle existentielle politicienne des lieux ne varie jamais d’un pouce, on prend le pouvoir, on s’enrichit, puis l’on fuit au Mexique ou ailleurs, en laissant un bourbier ingérable à une rébellion imprégnée d’une manière de faire épuratrice, elle-même sur le grill d’un temps compté.L’enseigne C.C.A (C’est ça l’Afrique) offerte dans une éternelle répétition.Les enfants enrôlés de force sont sauvagement endoctrinés, loin de la paysannerie ancestrale des pairs. Les femmes pleurent un disparu ou se prostituent. La terre teintée de rouge entretient une violence présente, depuis la nuit des temps, une détermination sans limite s’y adonne sur terrain conquis.La phrase "Vous connaissez une époque où le monde allait bien" est un constat validant la non retenue d’une barbarie.D’innombrables réfugiés sont parqués, des retrouvailles émouvantes sont violées par des photos indécentes, ne respectant pas le respect que l’on doit à un groupe reconstitué.Le sous sol torturé d’une Sierra Leone de fin de siècle sert de couverture diamantaire à des magazines politiquement corrects. "Pas d’apartheid dans les tranchées" scandé par Archer évoquant un passé solidaire avec l’autochtone, révèle une légère éclaircie, vite estompée par ces tueries quotidiennes où femmes et enfants ne sont aucunement dissociés des balles.Solomon lutte afin de retrouver sa famille, Archer l’accompagne de manière intéressée, mais peu à peu devant un 60/40 menaçant la vie d’un enfant son comportement change, une procédure de cœur se construit en se terminant par une bravoure de repenti, s’exprimant sur une vue magnifique."Blood Diamond" est l’apologie de la pierre qui pourrit tout, du pécheur au diamantaire, tout le monde succombe à une luminosité artificielle orchestrant des massacres au soleil, loin de ces villes brumeuses européennes où ces roses de sang, extirpées dans la douleur, rutile sur les rombières.Le contexte reproduit est remarquablement réaliste et maîtrisé, une magnifique reconstitution logistique barbare, de terrain, s’offre dans toutes ses intolérances, un enfer vert où les humains ont des senteurs de babouins.Solomon véhicule en parallèle un défaitisme collectif légendaire, en spécifiant à Archer :"Tu peux tirer, je suis déjà mort".La Sierra Leone prend l’aspect d’un modèle témoin, image d’un continent exsangue. Les richesses internes découvertes sont détournées au profit d’un grand Blanc sans scrupules, armé jusqu’aux dents, ne laissant au résidents qu’un hypothétique filet de pêche pour sa pitance quotidienne.Le processus Kimberley, adopté en 2000, atténue sensiblement un processus d’intérêt aux bases solides ayant toujours globalement la tête hors de l’eau."Diamond Blood" est un film remarquable, montrant les hommes esclaves de leurs profondeurs.