Hymne à la marginalité intensive, "L’incorrigible" frise parfois la démence par ses incohérences. Victor Vauthier, dans la peau d’un personnage fantasque, incontrôlable, dispatche ses conseils pour le franc symbolique tout en pilotant à vue entre la roulotte et le prince de Galles. Une quatrième dimension fantaisiste illumine le regard d’une jeune et belle assistante sociale, tentant dans un premier temps de gérer un courant d’air permanent avant de s’y intégrer.En interne d’extravagances presque métaphysiques, se cache un noyau sensible, le texte cristallin de Camille écorché vif, amant déçu, tragédien au delà du bonheur, heureux d’entretenir son malheur passé grâce à une prose adéquate.En rebondissant sans cesse, suite à des procédures instantanées, adaptées à une conjoncture créé de toutes pièces, un personnage déconnecté d’un branchement conditionnel classique s’entretient en cheminant sur des retombées de situations extravagantes porteuses de sensations hors normes.La faune "énarquée" semble aux bottes de cet exclu volontaire d’une société sans repères d’excès. Le bougre n’est pas méchant, il se distrait dans un monde manquant cruellement de débordements.Le contemporain manipulé, à la réplique calculée, reste docile, consentant, presque en admiration devant ces panoplies de faux marin pécheur, de moustaches décollées et de prostituée mal rasée.Bebel recyclé dans la comédie de boulevard, comblé par le déguisement incessant, souffle un peu en amorçant un virage plus sédentaire, un gite complaisant offert à un corps usé par les cascades. Une transition annonçant le potentiel d'un terrible boulet, "Joyeuses Pâques" se profile à l'horizon."L’incorrigible", distrayant par un coté irrationnel des choses, se consomme comme une sympathique utopie laissant à son protagoniste principal la liberté de se délecter de ses fantasmes.