Ce concept expérimental, tourné comme un reportage en live sur un site poubelle, est saisissant. C’est dingue, quelles images ! Quels effets spéciaux ! Du jamais vu le tout dans un constat époustouflant. Le soi-disant low budget de l’opus n’est jamais perceptible. On ne voit que du bon travail, devenant par sa perfection et son ampleur un produit indigeste.A travers les conséquences d’un vaisseau spatial faisant de l’ombre à une contrée continuellement baignée de soleil, un état des lieux déplorable est remarquablement dénoncé.Les taudis ne se contentent plus d’accueillir les humains. Des crevettes de l’espace à l’image du pire des cauchemars de Lovecraft ou de Kafka y sont parquées également.Gérés comme de la matière de Cambronne, elles font renaitre les procédures d’un douloureux apartheid que l’on croyait disparu.Tout est sale, repoussant, l’humain dans le pire des états est un tyran, les traits creusés, le visage blême il crève lentement sur des sites nauséabonds, d’une crasse grandiose noyés sous les câblages et les processeurs informatiques obsolètes, devenus l’égal d’un papier peint.Ces latrines extérieures pestilentielles, bénéficiant de la protection d’un ciel bleu azur en permanence, détiennent le pire des échecs communicatifs. Une créature de l’espace rudoyée, parquée, pestiférée réduite au trafic engloutit de la bouffe à chats, en faisant les poubelles, tout en espérant retourner chez elle.L’extra-terrestre nous rend visite et se retrouve contraint d’adopter, devant un accueil aussi agressif qu’indifférent, le comportement des plus démunis.La terre et l’espace ne font qu’un, mais dans le pire des registres, l’exclusion.La ville de Johannesburg n’a pas bonne réputation. Ce bourbier innommable enfonce le clou par des images violentes, tutoyant le documentaire. Il ne fait vraiment pas bon vivre dans le coin.Génétiquement à l’image d’un Alien séquestré, un homme désespéré, traqué se retrouve contraint de collaborer avec une entité des étoiles aux abois, filmée dans un premier temps comme un bête curieuse réduite au bidonville."District 9", réquisitoire implacable sur une planète en perdition, dérivant physiquement et intellectuellement dans l’espace, dénonce les contorsions extrêmes encore localisées d'un site à l'agonie, dont l’extension sur tout un territoire ne semble plus faire aucun doute.Un film hautement remarquable. Le fond et la forme, dans un même écrin répugnant. Une fusion irréversible entre l’homme et la bête sur une contrée extasiée par ses débordements.