"Ici se trouve la vérité absolue, tout est faux". Ce qui est vrai, est confus, désordonné, imprévisible. Une suite logique de nombres adopte la clef des champs en devenant soudainement déstructurée, déconnectée d'un propulseur d'origine. Les repères sécurisants sont défaits par les apparences d'un monde fragilisé, dépendant de désastres naturels qu'il ne peut que subir sans pouvoir les définir, quand ils ne sont que néant.La régularité de Pi, du nombre d'or, d'un flocon de neige et de la suite de Fibonacci, s'effondrent dévorés par l'imprévisible.L'incompréhension est notre tasse de thé, nos cerveaux se détruisent en essayant de comprendre les motivations de métastases tueuses, s'acharnant sur un corps humain sain. La beauté et l'harmonie sont traquées continuellement par la dérive spontanée et incompréhensible des éléments.Philosophie et mathématiques se disputent la résolution de l'équation suprême. Le vainqueur ne dispose que de quelques minutes de bonheur. Les nombres fous et imprévisibles reprennent rapidement leurs suprématies anarchiques, en détruisant des visages de chercheurs convulsionnés, déroutés devant l'impossibilité de percer la seule nécessité dont l'univers a besoin.Le mathématicien, isolé de la révélation, n'est plus qu'un humain subordonné à son arrivisme."Crimes à Oxford", soumis à la plume du roman de Guillermo Martinez, s'écoute un peu plus qu'il ne se regarde. L'intrigue policière conventionnelle de départ, sans fumet, prend du volume grâce aux connections pythagoriennes, détentrices d'intérêts.L'oreille se grise de ces formules, la vue de ces symboles millénaires et mystérieux, accompagnateurs de nos vies et de notre fringale de comprendre ce qui régit le monde.Sans être un chef-d'œuvre cet opus est loin d'être insignifiant. Son contenu parfois somnolent, se ragaillardie dans un cheminement persuasif devant nos équations terriennes éternellement remises en questions.L'épilogue où bien des choses s'éclairent sur les divers conditionnements perceptibles ou non que nous subissons ou activons chez nos semblables, sert de sauf conduit à nos errances.Rien que pour son discours susceptible de nous recadrer dans des recherches saines et instructives, balayant les immondices de toutes sortes que nous ingurgitons chaque jour "Crimes à Oxford" mérite largement une heure et demie de compagnie.Ensuite, il suffit de méditer sur les transpirations intellectuelles de nos ancêtres dont l'héritage n'est plus que jamais à l'ordre du jour.