"J'ai vu tant de choses que vous humains ne pourriez pas croire. J'ai vu de grands navires en feu surgissant de l'épaule d'Orion. J'ai vu des rayons fabuleux, des rayons C briller dans l'ombre de la porte de Tannhäuser. Tous ces moments se perdront dans l'oubli, comme les larmes dans la pluie. Il est temps de mourir". La nuit et les averses incessantes sont les dominantes de ce film culte, permettant à la technologie de cloner un simulacre d’homme en un vulgaire outil de travail corvéable à merci.Soudainement une perception interne donne l’envie de vivre à des pestiférés pourvus d’une conscience nouvelle, demandant un bonus existentiel.L’amalgame avec l’indifférence de nos sociétés envers une certaine catégorie de nos exécutants est perceptible dans la quête désespérée de ces répliquants, refusant d’être obsolètes après quelques années d’un labeur immonde."Blade Runner" est une œuvre humaine, émouvante sur le sacrifice d’une certaine condition humaine obscure, endurante, robotisée condamnée aux taches dégradantes, vivant dans la peur constante d’être éliminée après trois ans de vie offerte à la production.L'opus est lancinant, sa lenteur permet de s’attarder sur des visages d'androïdes traqués, aux propos poétiques, alternant pouvoir et crainte, dans un contexte futuriste privé d’une luminosité naturelle, remplacée par un immense rayonnement artificiel.Sous une pluie battante des néons gigantesques étouffent une population hétéroclite annexée à la nourriture asiatique, cloitrée dans d’immenses demeures curieusement vides, pendant que des concepteurs vivent hyper protégés au sommet d’édifices pyramidaux.Tout cela ressemble de plus en plus à notre quotidien , basé sur le service et la restauration rapide, faisant de nos contemporains dépendant de ces nouvelles disciplines, des esclaves modernes dont le seul privilège est une espérance de vie plus longue que ces androïdes désespérés.