"Donnez la plus belle musique du monde au roi Jupiter."
Jean-Baptiste Lully, usurpateur sodomite, et Molière, libertin incestueux, meuvent sur commande, par la musique et le théâtre, les années du jeune Louis, avide d’une lumière étincelante, antichambre d’un pouvoir avidement désiré. Avant de régner, cet enfant devenu roi, habillé de tous ses feux, s’impose par la danse, à l’aide d’une machinerie efficace, disposant devant une cour effarée, un système solaire constitué de familles naguère en luttes apaisées par l’adoration. Une mesure férocement tapée par un compositeur aux ordres, transporte merveilleusement un monarque en puissance de la domination matriarcale, vers la solitude des hautes sphères décisionnelles, dans une magnifique illumination à faire pâlir les étoiles. La face du théâtre change, les plaisirs abondent loin d’un peuple affamé. La cour complote tout en se soumettant et se divertissant de plaisirs interdits. Les pièces loufoques de Molière déclenchent des rires aussi incompréhensibles que leurs sujets. Quelques illuminés poissons pilotes d’un jeune roi en ascension profitent de l’aubaine pour s’auto-glorifier d’un talent égocentrique, validé par l’astre des astres. Une chute malencontreuse démontre que personne n’est Dieu sur cette terre, dont les seuls repères en ces lieux sont la durée, par l’adoration et la protection d’un jeune roi, focalisé par les arts. "Le roi danse", remarquable farce sur un arrivisme saupoudré d’une servilité démoniaque, habille ses protagonistes de beaux habits masquant l’interne d’esprits tourmentés par une inspiration nécessaire, qu’il faut fournir à temps complet, si l’on ne veut pas être happé par le déclin et la disgrâce. Ici la faiblesse ne pardonne pas. De tous les instantanés d’une époque impitoyable, décimée par la tuberculose et la gangrène, se détache la merveilleuse musique de Jean-Baptiste Lully. Un nectar de premier ordre au dessus d’un nid de guêpes. A signaler la scène extrêmement réaliste de la mort de Molière. Un corps intérieur brisé, crache le sang d’une époque où l’esprit, malgré ses facultés incommensurables, quitte le monde dans d’atroces souffrances. Un très bon film français, sur les premières flammes d'un parcours royal méconnu, conditionnant la virulence intellectuelle de ses subordonnés, tout en restant à distance. "Les planètes ne se trouvent pas près du soleil, elles le laisse rayonner".