J'ai bien accroché à l'ambiance générale, mais très moyennement aimé ces dialogues inspirés du roman de René Fallet, écrivain souvent noyé dans l'incorrigible idéalisme des piliers de bars voulant refaire le monde. En revanche, le décor est une petite oeuvre d'art, que ce soit la maisonnette (dont la cave avec cette petite fenêtre annonçant les visites) ou le café et ses habitués. Cela tourne et vire au dehors, c'est bien filmé et on est tenu en haleine par des lenteurs suivies de coups de théâtre appelant une conclusion qui tarde... Le plus palpitant : à partir du pistolet dans la main de la jeune femme. Je trouve que Pierre Brasseur manque de crédibilité dans l'admiration qu'il voue à un scélérat dénué de la séduction nécessaire, fort heureusement, il se rattrape lors du suspense des dernières secondes, pendant lesquelles on ne sait pas qui est resté sur le carreau... Plaisir de retrouver Raymond Bussières pince-sans-rire toujours à sa place, Dany Carrel en jeune femme au minois d'enfant, tiraillée entre romanesque et émancipation. L'intrus ne lasse pas d'agacer à force de volte-face, mais on ne peut être de son côté cependant. En définitive, la vedette revient à Georges Brassens, l'ours à la guitare, campé dans son propre rôle d'auteur-compositeur, "L'Artiste", le terme, comme sacralisé, sera répété jusqu'à plus soif. Intime de Fallet, il incarnait déjà une valeur sûre à l'époque.