"A bout de souffle" reste un ovni même de nos jours, une révolution cinématographique fournissant dans une aisance folle des images vives, hachées ne respectant ni règlement ni contrainte. Ce film référence à le mérite de tout chambouler, un éléphant dans un magasin de porcelaine, renvoyant au néant un néo-réalisme français trop statique, épuisé par les répétitions d’un fatalisme, écrasé dans des décors populaires reconstitués trop absents d’une véritable respiration, celle de la rue.Ici tout est simple, le marginal à la dérive froid et distant, filmé caméra au poing, fume au lit et se la pète en décor naturel dans un parcours tangentiel chaotique, impossible à contrôler.Icône de l’immaturité et de l’oisiveté "A bout de souffle" est un opus libre, filmant et montrant ce qu’il veut, comme il le veut, dans une indépendance et une indifférente nécessaires à la survie de ce nouveau style privilégiant la déstructure du mouvement dans une aventure chaotique en milieu urbain.L’intrigue s’avère peu importante, encastrée dans une suite de joutes verbales ne faisant qu’entretenir l’investissement impossible de deux marginaux se toisant par une réplique inconsistante mais auto-protectrice.Par contre le traitement est révolutionnaire. Toute une ville et sa technologie participe de près ou de loin aux tribulations d’un électron libre sans respect ni morale, projeté épisodiquement et sans états d’âme d’un lieu à l’autre avec qu’un seul but profiter de la collectivité afin de nourrir son dégout du conformisme.Un chef-d’œuvre non, une révolution oui.