"Quand la ville dort" est un polar social. Un état des lieux complètement bouché aux espérances les plus élémentaires. Sous des tenues correctes se cachent des gangsters abritant eux-mêmes des hommes en bout de courses, désirant se poser définitivement sur des rêves d’adolescents ou des échéances alimentaires, que l’on peut enfin assouvir dans la continuité.Le dérapage d’un processus d’exécution malhonnête est presque inconvenant, tant cette petite communauté mérite, si le sang n’est pas versé, de s’en sortir et d’égrener enfin des jours heureux, loin d’une panoplie endossée pour survivre.Curieusement ce microcosme de mauvais garçons mécanisés par la machinerie de leur système domine un territoire absent d’honnêtes gens. La ville et ses clairs obscurs offre la nuit tombée de derniers engrenages à des personnages usés par le son monocorde de comportements axés sur les braquages, les trahisons et la peur.A l’intérieur d’un traitement sans surprises se détache un film humain, désespérant sur une condition d’existence forcée, ne reflétant pas le véritable visage d’une espérance de vie oisive, calme et détachée, que l’honnêteté ne peut offrir.Dix Handley couvé par Doll Conovan rêve de ferme et de chevaux. Une récompense finale entrevue en son entier, sans être pénétrée, dans une ultime scène pathétique, laissant victorieux une justice sans âme.Lauriers spéciaux pour Jean Hagen et surtout Sterling Hayden dont les traits usés par le désespoir et la crainte sont presque à anoblir.Un film magnifique sur la décomposition inévitable des rêves, qu'un outil de travail tragique et hyper dangereux ne fait qu'entretenir.