Charles Foster Kane s’éteint en solitaire dans un Xanadu gothique surdimensionné bâti à l’image d’un Kublaï Khan décentralisé dans le nouveau monde. L’énigme Rosebud est en marche, accompagnée d’une nécrologie faisant de ce magnat de la presse un détenteur de la totalité des combinaisons universelles de son temps. Fasciste, démocrate, communiste, belliciste, sympathisant nazi, volage, philanthrope. Quantités d’opinions n’ayant qu’une seule image, Charles Foster Kane clone de William Randoph Hearst, le célèbre industriel multimillionnaire.Différents flashbacks nous montrent que l’homme à aussi de l’esprit. "Je ne vous fait pas de promesses, car je n’ai pas le temps de les tenir" ou bien encore "A quoi aimeriez vous ressembler ? A tout ce que vous détestez".Le retrait brutal d’un cocon familial opère un branchement conditionnant une entame de vie nostalgique, vengeresse d’ébats stoppés soudainement. La maison sous la neige ainsi que la luge d’un adolescent sont cruellement abandonnées en cours d’usages. Ce traumatisme d’adolescent élabore la construction d’un personnage déterminé, complexe rupté trop tôt d’un parcours séquentiel menant tranquillement par des jeux d’enfant de l’adolescence vers le monde des adultes.La démesure effrite peu à peu un homme ambitieux écrasé par son propre gigantisme, la voix ne porte plus, il faut presque hurler dans des pièces gigantesques pour se faire entendre, Kane ne maîtrise plus son espace.Tout est haut de plafond, infini en profondeur. Pris de folie il saccage soudainement, en fin de vie, le contenu d’une pièce représentant symboliquement tout ce qui a été matériellement conçus depuis son déracinement d’enfance pour ne sauvegarder que ce dôme sous la neige porteur de son dernier mot.Charles Foster Kane bâtit son empire sur un éclectisme psychologique faisant de lui un caméléon articulé par toutes les procédures politiques en vigueur. Récupérable au moins par un des composants de ses multiples facettes son parcours de départ, élaboré de force, fait de ce déraciné un goûteur universel anéanti par ses propres concepts."Citizen Kane" considéré comme le meilleur film de tous les temps est une rivière de diamants innovatrices pour son époque. L’œuvre croule sous la charge. L’aspect terrifiant de Xanadu, les hauteurs alpestres des pièces, les profondeurs de champs, les miroirs, les raies de lumières dans la pénombre, etc... tout est neuf ce qui fait de "Citizen Kane" une œuvre plus référencée sur ses conceptions nouvelles que sur son traitement nécessitant une attention particulière. L'oeuvre est plus technique qu'émotionnelle.