Une braise nommée érotisme et sensualité se consume à l’intérieur de volets clos, pendant qu’un mari abject est à la pèche ou à la ville. Un couple formaté par les sens s’adonne au plaisir, afin d’oublier la conquête des êtres et des choses par une misère déchaînée. Dans de telles conditions, il ne reste plus qu’une perversité libérée, consommatrices de baisers volés, de corps caressés dès qu’un vieux mari se retourne ou s’éloigne. Giovanna est sensuelle, voluptueuse, facile à cueillir. Gino se la joue par un esthétisme primaire mais efficace, en offrant dans l’embrasure des portes une sueur collée sur un linge de corps plus qu’éprouvé.Le processus est simple, mais fonctionne à merveille, une adepte du bovarisme, éveillée par des sens toujours en embuscades, se donne dans l’espoir d’un ailleurs sentimental non sollicité par un captif de la route. La chair s’affole sans sommations, encense un principe privé de conscience. Les amants se donnent prioritairement en activant de faibles projets d’évasions, ne menant nulle part.Les corps et les esprits sont sordides, minés par la crasse, les avenirs sont petits, véhiculés vers les métiers de rues, par le camion happé ou le train sans billet. Les parcours royaux sont introuvables par contre les contraintes existentielles pullulent.Luchino Visconti filme le dénudé avec comme toile de fond la merveilleuse luminosité d’une campagne italienne portant un même nom. La nature et l’homme font un bout de chemin ensemble dans l’histoire par l’intermédiaire de la misère qu’un paysage parfois presque lunaire reflète par sa désolation.Le néo-réalisme arrive à grandes enjambées en offrant dans cette œuvre sociale misères, érotismes et passions, consommant goulûment motivations et déterminations à s’en sortir, avec en bout de course une destinée tragique crée uniquement par la dominance d’un remords.