On a toujours un peu la tremblote quand Woody Allen nous fait son petit coucou annuel, va-t-on s'endormir avant la fin ? Eh bien non, là franchement, c'est gagné. Cette comédie policière est succulente, Sydney, magicien raté, a un public sénile, ses tours sont ringards, il est grand temps que la providence se manifeste afin d'éjecter un rassasié sans envergure de cet environnement médiocre.Sandra Pronsky, jeune journaliste blonde et binoclée, va s'en charger, cobaye de Sydney lors d'une représentation l'apparition soudaine d'un journaliste récemment assassiné, lui donne des informations sur l'insaisissable tueur au tarot. Sydney piégé se voit dans l'obligation de s'investir.Le mythe du poltron récupéré par la curiosité féminine, incapable de s'assumer seule, déjà développé dans "Meurtre mystérieux à Manhattan" refait surface dans un contexte pratiquement identique.Sydney fait ses classes dans plusieurs domaines inconnus, le courage, le conseil et la protection envers cette "fille" improvisée, tombée du ciel, le temps d'une enquête, la sieste existentielle est provisoirement terminée.Se définissant comme hébraïsant converti au narcissisme, sa conversion ne tient pas la route, ses sens chamboulent un existant se croyant à l'abri des sentiments, l'âme d'un père se façonne, s'investit, se laisse guider par se petit cœur neuf en pleine construction. Toute une structure grisante par l'aventure et le danger gagne ce sexagénaire engourdi.Sydney trouve par l'action une concordance de vibrations avec une génération montante, ne pouvant se permettre de vivre dans un acquis.Ses analyses s'affinent, il prend de l'envergure, stabilise la fonction un peu trop débordante de Sandra, fonçant dans le brouillard sans réfléchir, Ils sont indissociables, un cap en commun où l'un devenu sage stabilise les débordements de l'autre, trop incrédule et précipitée.Le lieu surprenant, servant d'épilogue, semble repositionner Sydney sur une case départ, un retour aux sources vers une origine détaché, habitat premier de cet homme ayant pendant quelque temps côtoyer la chaleur interne d'une paternité.