"Beau geste", très beau film sur la légion, ses exigences, ses sacrifices finaux, sa fraternité et ses débordements internes, fut interdit en France, pendant la seconde guerre mondiale. Cette sphère rigide et guerrière, salie de l’intérieur par l’arrivisme et la convoitise d’un de ses composants hiérarchique hyper dément, montre une architecture austère, complètement sclérosée par des procédures menant sadiquement, en se servant du règlement comme paravent, ses incorporés vers l’élimination finale.Les premières minutes ainsi que les dernières sont saisissantes admirablement proportionnées. Le final est bouleversant. Ces ultimes images sont incontestablement parmi les plus pathétiques du septième art.Une incroyable force se dégage de cet enfer saharien. Sous un soleil de plomb, les hommes sont rabaissés, bestialisés, de véritables moutons conditionnés, incapables de se révolter devant le sadisme d’un déjanté.Positionnés entre un règlement strict, en lutte avec les perceptions personnelles d’un sergent halluciné, le légionnaire environné de sable, traqué par le Touareg, n’a plus que le linceul du fortin comme épilogue."Beau geste" est absolument à voir, rien que pour l’admirable complémentarité de ce merveilleux et émouvant triangle fraternel, restant soudé devant les déferlantes incessantes d’un déséquilibré.Gary Cooper, Ray Milland, Robert Preston et Brian Donlevy sont extraordinaires dans leurs scènes, chaleureuses et démentielles, respectives.Une triade fraternelle, accablée de chaleur, aux liens indestructibles, se renforce dans la douleur de l'isolement."Beau Geste" est un chef-d’œuvre.