"La nuit américaine" est certainement le premier "making off " cinématographique de longue durée de tous les temps. Toute la machinerie nécessaire au fonctionnement d’un film est présente, sur cet immense plateau où l’on côtoie une véritable pyramide hiérarchique, partant d’un essaim de petits boulots (accessoiristes et assistants) qui très jeunes pour la plupart, font leurs premiers pas dans les métiers du cinéma.Cette spirale nous transporte vers le caïd du plateau, le réalisateur Ferrand, essayant en maîtrisant son stress de faire avancer le tournage de son film "Je vous présente Pamela", compromis quotidiennement par les humeurs des comédiens qui ne sont que des humains fragiles, devant contenir les trépidations capricieuses d’une vie quotidienne agitée par une concentration à toute épreuve que nécessite l’interprétation de personnages rigoureux.Ferrand se débat entre journées épiques et nuits cauchemardesques. Le tout sur pression quasi permanente de son producteur.Des interactions interviennent entre comédiens et personnages, qui ne se contrôlant plus, vivent les mêmes passions que leurs rôles. Le virtuel devient réalité.Séverine, actrice grignotée par l’alcool, s'avère incapable de réciter un texte à la perfection, toute l’équipe n’étant pas dupe de ses maladresses, l’encourage malgré tout à persévérer, qu’importe les aléas, l’entreprise doit réussir, même s'il faut employer la flatterie hypocrite qui bypasse le constat d’une actrice déclinante.Alphonse, comédien jeune et fougueux, à l’image de Julien Sorel, ne sait pas gérer ses soudaines passions éphémères, qu’il ressent pour Pamela (Jacqueline Bisset) qui en véritable mère, plutôt que femme, accepte de noyer dans l’étreinte ses démesures.Alexandre, par un événement tragique, apporte ce que chaque metteur en scène redoute le plus pendant le tournage d’un film.Toute la ruche des assistants, avec les jeunes comédiens débutants, que sont à l’époque : Nathalie Baye, Dani, Bernard Menez et Jean François Stévenin sont par leurs fraîcheurs, les emblèmes de ces métiers du cinéma stressants et conviviaux. La scène du chaton refusant d’exécuter ce qu’on lui demande est symbolique d’une équipe soudée persévérante.A fur et à mesure que le temps passe, l’inquiétude se lit sur leurs visages : Que feront-ils après ? Le dernier jour de tournage avec le traditionnel pot de départ, malgré son coté festif, désintègre toute une chaîne d’esprits."La nuit américaine" est une œuvre culte qui porte le nom le plus fabuleux "Vie". Cette fonction fabrique, de bas en haut, un groupe où chacun, motivé par son travail, active une énergie où tout n’est qu’un.Vive le cinéma.