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LES INFIDÈLES-2011-
Nationalité : France
Durée : 1h48
Date de sortie en France : 29/02/2012
Themes
Prostitution
- cinéma français -
Déserts
- cinéma français -
Magiciens et prestidigitateurs
- cinéma français -
Psy(chologue-chiatre)
- cinéma français -
Hôtels
- cinéma français -
Distributeur : Mars Distribution
Visa d'exp. : 129513
Résumé
Sept sketches en forme de courts métrages réalisés à chaque fois par un metteur en scène différent, avec comme sujet et toile de fond l'infidélité masculine.
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Critiques - Commentaires Public
Un spectacle bien déprimant que cette perception féminine, considérée comme du gibier jouissif permanent, troussé à la grosse par deux demeurés immatures, incapables d'aligner deux phrases hors d'un contexte possessif. Deux grands malades narcissiques, rivés sur des doctrines machos, adeptes de la philo de comptoir, de la chambre d'hôtel éphémère et de la boîte de nuit superficielle, se grisent de conquêtes aussi inconsistantes que leurs discernement sur une approche de l'autre, basée sur une drague attentiste et respectueuse.A quoi bon posséder quelqu'un d'aussi insaisissable et indifférent que soi, dans des contacts froids, rapides et inconsistants, uniquement basé sur un rapport de brousse, dont les procédures réconfortantes sont débitées par deux égocentriques, pendant un acte sexuel digne d'une étreinte animale.Ironique et caustique, dans ses vingt premières minutes, l'opus sombre sans espoir de retour vers un pathétisme et un voyeurisme dérangeant, incompatible avec le début alerte d'un traitement corrosif amusant par ses extrêmes.On décroche sans regret devant ce périclitage sordide et nauséabond.
Avec une bonne dose d’autodérision, un pénétrant parfum d’amertume, et si Tony Scott ne s’était pas saisi de leur sens premier en 1983, l’heptaèdre en question eût fort bien pu s’intituler Les Prédateurs II. Or dans la vie comme, déjà, dans Les Petits Mouchoirs, ces deux-là font la paire : Jean Dujardin et Gilles Lellouche, ici coréalisateurs et acteurs récurrents, de Paris à Las Vegas, d’une suite d’accablants écarts libidineux dont, complices duplices, ils assurent le lien tout en saccageant ceux de leurs pathétiques et parfois burlesques personnages.
Né d’une lecture dyslexique des Infiltrés de Scorsese et des vraies escapades d’un faux cinéphile adultérin (qui s’y reconnaîtra), le projet du folâtre Jean Dujardin ne nous paraît aujourd’hui pas moins "culotté", si l’on peut dire, que celui de The Artist dont il accompagna étrangement l’écriture, dans le temps, mais dans des registres ô combien différents. Loin de l’Age d’Or d’Hollywood, de ses élans lyriques et de ses grands sentiments, muets et pudiques, Les Infidèles se veulent hâbleurs, inconséquents, crus et lubriques, bref, foncièrement latins et tirant tout leur suc des Monstres les plus profanateurs qui soient (le duo Gassman-Tognazzi, versions 1963 ou 1977), de Dino Risi plutôt que de Frank Borzage et King Vidor. Nulle complaisance à leur égard, pourtant, sinon, hélas, parfois dans ce qu’on s’abaisse à exhiber d’eux ! Des fautes de goût allègrement assumées, quoique embarrassantes lorsque l’on considère qu’un tri drastique a été opéré entre une trentaine d’idées de sketches (et une surabondance de plans) pour n’en retenir que sept (dont la contribution de Jan Kounen, réservée au futur DVD) et trois "pastilles" d’une minute (toutes labélisées Alexandre Courtès), réduits chaque fois à leur plus restreinte (et radicale) expression.
Le turbulent "Prologue" de Fred Cavayé et le dernier sketch outrageusement débraillé, "Las Vegas", commis par les deux vedettes (et coauteurs, avec Nicolas Bedos, entre autres) du film, s’avèrent en l’occurrence "trompeurs" et pourraient, par leur déplorable place stratégique, réduire l’ensemble à un registre égrillard qui n’est, au fond, pas le sien. Un distrait zappeur d’images (et peut-être de femmes) passerait ainsi à côté de la férocité grave d’une "Lolita" cauchemardesque (épinglée chez Eric Lartigau) ou différemment dévastatrice des "Infidèles Anonymes" (réunis autour de Sandrine Kiberlain, stoïque psy, par Alexandre Courtès), de la mélancolie piteuse d’une "Bonne Conscience" par défaut (selon Michel Hazanavicius, suivant pour la 4e fois son acteur fétiche) et surtout des affres refoulées, des abcès crevés dans la cathartique "Question" d’Emmanuelle Bercot (qui y soumet sans fard, façon Albee, les ex-Chouchou et Loulou), seule femme de la bande.
L’accouchement, deux jours auparavant, de Bérénice Béjo, la délicieuse partenaire The Artist himself, nous avait privés de leur présence conjointe pour l’avant-première strasbourgeoise du joyau franco-hollywoodien aux 77 récompenses. C’est une bronchite qui cette fois retint dans son lit un Jean Dujardin surmené, à moins d’une semaine des César, puis des Oscars. Ceux-ci sottement l’ignorèrent, démagogie oblige (primant la "bonne nature" d’Omar Sy contre l’art accompli de ses cinq concurrents) ; ceux-là, plus éclairés et non moins novateurs, firent de lui le premier "french actor" à pouvoir brandir la statuette suprême.
Le 21 février, nous dûmes donc ici nous contenter, pour notre part, de son grand copain Gilles Lellouche (très en verve au demeurant), accompagné d’Alexandre Courtès (la révélation-choc de The Incident au dernier Festival de Gérardmer). Propos croisés de deux ex-"clippeurs" d’élite (l’un pour IAM et NTM, l’autre pour Daft Punk et U2) :
G.L. : Truffaut disait : "Le cinéma, c’est mieux que la vie". C’était pour moi, dans mon enfance, puis mon adolescence, un refuge, un moyen de se soustraire à la vie normale. De la tromper, oui, en quelque sorte.
A.C. : On peut aussi se tromper soi-même, s’immerger dans ses fantasmes. J’ai longtemps cru, de mon côté, que la vie se passerait comme dans les films…
G.L. : Cruelle déception ! (Rires partagés) Au cinéma, je crois qu’on peut tout faire parce que c’est un art, avant d’être un business. Or l’art demeure, me semble-t-il, notre seul petit espace de liberté ; il nous délivre d’une époque qui ne cesse d’interdire et de légiférer. Et ce film, nous l’avons presque conçu en réaction contre elle. Nous adorons, Jean et moi, le cinéma de Dino Risi, Bertrand Blier ou Joël Séria (ses Galettes de Pont-Aven nous font hurler de rire !) et nous regrettons qu’en France, on ne s’autorise plus grand-chose. Les outrances parfois vulgaires de certaines nouvelles comédies américaines, là-bas, ne dérangent personne. Ici, il faut ratisser large, de 7 à 77 ans, et nous avions conscience de ne pas faire un spectacle tous publics. Je suis d’ailleurs assez étonné que nous n’ayons pas reçu d’interdiction. Je n’y étais pas opposé ; cela m’aurait évité de répéter en promo : "N’y allez pas avec vos enfants !". Nous vivons des temps schizophrènes : en 1982, avec Paradis pour tous de Alain Jessua, Patrick Dewaere posait nu pour la même affiche que celle de Jean, qu’on vient de nous censurer, et elle n’avait pas fait l’ombre d’une vague... On est allé chercher le mal là où il ne se trouvait pas, dans un mauvais goût peut-être trop naïvement assumé qui, loin de tout sexisme, nous brocardait au premier chef. Et toutes ces couvertures de magazines pornos qui s’étalent dans les kiosques sous le nez des gamins de quatre ans ? Ces pubs remplies de femmes à poil ? Mais Jean fait vendre du papier et sans lui, sans moi, ce serait passé comme une lettre à la poste... Et n’allez pas dire que le scandale nous a servis ! Un de plus ? C’était aux antipodes de notre démarche, qui n’avait rien de potache, et nous nous serions bien passés d’un tel coup de projecteur ! Nous n’avions nulle envie de choquer le bourgeois, ni de faire polémique, mais d’offrir un film libre à tous points de vue, dans l’humour comme dans le drame, dans le ton comme dans le format. Un film plutôt sombre, en réalité. Pour ne pas être taxés d’opportunisme, nous avons même coupé, après l’affaire DSK, la fin prémonitoire du sketch de "La Bonne Conscience" où Jean, dragueur bredouille dans l’hôtel de son séminaire, abordait à l’aube une femme de ménage black devant une chambre ouverte... Cut. On les retrouvait ensuite, interrogés par les flics ! Nos limites nous étaient donc inhérentes et ne dépendaient que de notre propre sens moral. Je défie quiconque, aujourd’hui, de monter Orange Mécanique...
A.C. : ... ou Salo ou les 120 Journées de Sodome, malgré son intemporelle vérité !
G.L. : Nous voulions également d’un duo qui ne soit pas celui du fort et du faible, façon Gérard Depardieu et Pierre Richard. Nous souhaitions mettre ces deux types à égalité, y compris dans leur libido débordante, mais distinguer leurs motivations : l’un (Jean) n’est mu que par ses appétits charnels ; l’autre (moi) conserve des aspirations romantiques. Ainsi l’un supporte-t-il très bien Las Vegas ; l’autre, pas du tout. Quant à la scène finale, nous avons tiré nos positions à pile ou face et j’ai gagné – en tout cas, je n’ai pas perdu... et l’hilarité l’a emporté sur la gêne ! Nos personnages n’en étaient pas moins, au départ, interchangeables…
A.C. : Les cinq autres cinéastes convoqués, eux, ne se sont pas croisés ! Il n’y avait pas de concurrence entre nous ; plutôt une énergisante émulation ! Et puis avec les acteurs qu’on me proposait dans mon sketch (outre Gilles et Jean, Guillaume Canet, Manu Payet et Sandrine Kiberlain), comment ne pas foncer et se faire plaisir ? J’aurais eu mauvaise grâce à me montrer difficile et, sortant d’un film d’horreur, je crois avoir pris goût à la comédie…
G.L. : Chacun a donc suivi son impulsion, au cœur d’un seul et même mouvement. Mais nous tenions aussi à disposer d’un point de vue féminin, le temps d’un sketch, mon préféré : celui de "La Question". Le talent d’Emmanuelle Bercot nous importait davantage, du reste, que son statut de réalisatrice. Nous aimons beaucoup son travail et il s’agissait, à nos yeux, d’un choix cohérent, d’une valeur ajoutée. Pour "Les Infidèles Anonymes", par exemple, nous avons préféré prendre une moustache (Alexandre Courtès) ! Entre l’écriture du film et sa sortie, deux ans à peine se sont écoulés. Les complications ne sont arrivées qu’au montage : il fallait bien couper plus ou moins, selon les cas, pour respecter les règles d’équilibre propres à une œuvre collective, et c’est là que les ego ressurgissent ! Pas chez les acteurs, qui n’ont pu nous résister : on a tous envie de s’amuser, de se caricaturer, de se grimer, de se ridiculiser, de s’emparer des mots les plus crus pour se lâcher ! Une récréation salutaire pour moi, en tout cas, puisque je devais ensuite incarner le mari de Thérèse Desqueyroux (Audrey Tautou), chez Claude Miller. Un mari empoisonné, faut-il le rappeler ?