Tout juste précédé de "Double Indemnity" de Billy Wilder et préparant la venue d'"Angel face" d'Otto Preminger "Scarlet street", remake de "La chienne" de Jean Renoir, respecte son modèle au plus près, dans une étude de cas assez réussie sur la machination et son acceptation de la part d'un personnage médiocre et naïf, perdant toute lucidité devant une créature sublime, mais vénale, masquant à peine ses pôles d’intérêts malhonnêtes, dans un cynisme non perçu par un individu insignifiant, persuadé d'avoir été ciblé rien que pour lui-même. A la différence des physiques plus aboutis de Fred Mac Murray et de Robert Mitchum, Edward G Robinson détient une morphologie ingrate et de petite taille. Un constat devant suffire à un personnage ne répondant pas à des critères d'attirances, à rester conscient, en refusant de valider ce qui ne peut être.Et pourtant il n'en est rien, l'homme, dans un sursaut prétentieux et revanchard plonge, corps et âme dans ce qui va le détruire, en le poussant au crime et à la déchéance, suite à la découverte de son infortune."Scarlet street" restitue parfaitement un mécanisme implacable de destruction, dans un jeu dont les règles fusionnent une perversité à peine voilée, rejetée volontairement ou non par un personnage anodin, aveuglé par sa passion.Ceci répond à un des courants cinématographiques américains de ces années quarante, consistant à montrer la femme autonome ou sous influence, comme une machine de guerre sans pitié, fondant sur une proie représentant l'objectif à atteindre.