L’âge de toutes les découvertes et de tous les émois fixe sans détour un visage usé, en plein doute, inquiet, solitaire venant quêter une inspiration incertaine, dans une ville suffocante, associant beauté et laideur dans de mauvaises odeurs persistantes. La beauté est une abstraction des sens, elle se traque désespérément dans des notes de musiques aux combinatoires mathématiques infinies, alors qu’elle s’abrite sous les traits d'un adolescent presque androgyne, insouciant masquant une sureté de soi dans des jeux de plages basiques.L’artiste bouleversé par une pulsion émotionnelle soudaine s’émiette lentement dans des perceptions naviguant entre homosexualité refoulée et contemplation au bord de la syncope..La perfection n’est plus sur une toile ou dans un son, elle est blonde et masculine. Provocatrice, elle se laisse admirer en s’ajustant au regard d’un intellectuel au portes de la vieillesse éveillé, par une sublime apparition de chair et de sang remettant en question l’approche d’une beauté considérée comme impalpable, si elle n’est pas en rapport avec les arts.Lent et peu bavard, "Mort à Venise" accompagné de la somptueuse et désespérante musique de Mahler, touche par la grâce un personnage hautain, contemplatif, éloigné d’un site de vacances déroulant ses procédures internes communicatives jugées dérisoires et sans âmes par un intellectuel en quête de la révélation suprême.Un film extraordinaire, magnifique, sensitif à l’extrême sur l’emprise des sens et son mécanisme d’aliénation et de destruction, s’acharnant impitoyablement sur une machine à penser déclinante, complètement périclitée par une image sublime, qu'elle ne peut saisir que par l'extase.