Night Shyamalan, cinéaste de l’épuré, possède le privilège, grâce à ses films concepts de nous faire réagir, monter au créneau, crier au génie ou battre de la semelle devant un processus de traitement fastidieux, mais tellement prenant. Concevoir un super héros, carburant au diesel dans un contexte sombre, progressif, lent, amputé d’énergies, est ingénieux. L’éclosion de perceptions nouvelles, tintées de fantastique, d’un individu extirpé d’un destin tragique, est traitée de manière magistrale par un cinéaste habile, efficace dans la simplicité de messages délivrés en vitesse réduite."Incassable" est l’antimatière universelle tant recherchée. Une révolution visuelle au repos, privilégiant dans un contexte d’action devenu secondaire, la réaction des sens.Une énergie recyclée baigne de larmes les yeux d’un enfant, devant un père différent.Des déplacements nonchalants, millimétrés, valorisent les observations intenses d’un individu soudainement surhumain, projeté sur un territoire où il est enfin possible de limiter localement la déferlante du malheur.Un homme indestructible, chamboulé par ses nouveaux pouvoirs, matérialise sur le terrain les lectures d’un enfant brisé. Le limité formate sans états d’âme une partie externe murée, suite à une architecture quasiment détruite.Les fiches cuisines cinématographiques de Night Shyamalan sont bien souvent des substances intégrant des sensibilités éprouvées par des pouvoirs nouveaux à résonances fantastiques.Le sujet, touché par la mission, navigue entre détermination et débordements sensitifs, difficilement gérables, liés à la traversée d’un territoire inconnu.Un esprit fragile compense son handicap par une morphologie indestructible. Le don de changer les destinées navigue parallèlement avec une laborieuse prise de conscience d’un nouveau paramètre.Une violence côtoyée quotidiennement, par une fonction de surveillance et de protection, devient bestiale par l’imaginatif avant de se matérialiser dans l’existence.