Espace à perte de vue et corps en mouvements, voici ce qu’offre "Urga" sur un fond de réflexion créé par une civilisation imposant lentement une transformation économique et sociale à ces familles éloignées de tout. Des images et des termes nouveaux envahissent ces immenses plaines.Par l’intermédiaire de Sylvester Stallone, le grand Sam fait de l’œil à cet oncle saoul du matin au soir, ne dormant jamais. Le terme de frère est récupérateur et annonce le danger de l’anéantissement d’un esprit intuitif, basé sur les règles de la nature.L’ivresse de ce territoire sans limites est une des dernières transcendances galopantes permises à ces hommes aux mœurs ancestrales, immolant des moutons dans la douceur et le respect.Tout ici est singulier, un accordéon entame soudainement un paso-doble anachronique, Gombo traque par jeu sa femme au lasso, le regard semble sévère, mais l’homme est aussi bon que sa parole est rare.Ce sont les derniers instants vécus par des esprits et corps libres, qui bientôt devront se plier à des phénomènes de masses, nommés préservatifs et télévisions.Le monde change, le contrôle des naissances est rigoureux, Gombo est hors-la-loi avec ses trois enfants conçus dans l’absence et le respect des lois.La température de la ville est loin d’être stimulante. Véhiculé par un agréable compagnon, il découvre les boites de nuits, les beuveries, les manèges tournoyants, les boîtes à conserves et la localisation curieuse d’une partition musicale.Chez lui, c’est la pureté d’un espace aux lumières naturelles changeantes, ici c’est la crasse d’un troupeau mécanisé et endoctriné."Urga" est le vertige d’un horizon incapturable, l’offrande céleste de l’ombre et de la lumière offerte à des hommes à la vue perçante, atout majeur pour être comparable au maître des lieux, l’aigle royal.