"Un seul chant pour un seul modèle, le roi".
L'idée n'est pas mauvaise d'extirper de ses fables un personnage presque inconnu, jeune, grivois, chaleureux, sanguin, passionné, équitable, respectueux, courageux défenseur d'un protecteur des arts et des lettres dans la peine, sous les fers d'un Roi Soleil implacable, manipulant une police damnée, sombre, soumise et procédurière. L'œuvre, malgré ses faiblesses, dénonce assez bien un système concentrique fait d'indicateurs et de courtisans veules, dévoués à une main nourricière dont la principale raison d'être est l'immobilisme et la répression. Dans de telles conditions, le poète dans ses fables, pour se protéger en dénonçant un état sans lumière, donne la parole aux animaux. Ceux-ci révèlent un état libre, une nouvelle pensée élaborée sur l'expérience et la méditation finale, dispensant un élu d'être au service d'un monarque, n'exigeant de la part des penseurs de son temps que son reflet. On ne peut être que le miroir du roi, dans une vie dominée par les perruques et les courbettes. La lumière de l'artiste n'a pour quotidien que la faim et l'incertitude. Le penseur désire exister, laisser une trace dans le temps et surtout ne pas être une planète occultée par une luminosité insoutenable. Pour cela il faut imposer vers et comédies être Molière ou Boileau proscrits, calfeutrés dans les tavernes en espérant l'apparition d'une providence. Ceci dit "Jean de la Fontaine" dans son contenu reste correct sans plus, il lui manque une flamme, un manque de rigueur contraignant l'oeuvre à une pâleur d'ensemble. Le récit se disperse un peu trop. Certains personnages centraux, historiquement négatifs, noient les comédiens dans des restitutions trop rigides. Par contre l'antinomie entre une paillardise libératrice et l'ennui profond d'un système triste et répressif est maîtrisée.