Cigarette presque consumée, bains de sang, émeutes urbaines, soldats pulvérisés, classes dévastées, débauches sexuelles, tranchées mortuaires, régime totalitaire, acharnement thérapeutique. Alan Parker met en images le contenu interne d’un esprit en miettes, brisé, sombre, ultra pessimiste, cloîtré dans l’enfermement. Pink, personnage emblématique d’une génération d’après-guerre privée de lumière, brisée par l’absence du père mort au combat, emmagasine des images cauchemardesques de souffrances non vécues, des folies et des angoisses héritées d’un géniteur absent, incubées pendant trente ans, se révélant dans des hurlements de décibels musicaux libérateurs, réclamant entre deux crises de démences, une chaleur maternelle et un retour à la position du foetus.Les conditionnements programmés, géométrie unique d’un mur aux multiples briques identiques, se matérialisent dans la paranoïa d’une rock star dissimulée, rivée uniquement au monde extérieur par l’entremise d’une petite lucarne constamment zappée. Les rares éveils sont destructeurs, un mur se révolte contre un autre mur, toutes les dépendances matérielles se détruisent afin de redécouvrir une certaine conscience de soi dans le vide de l’espace."The Wall", pratiquement sans dialogues, est un film qui s’écoute, se lit, s’ingurgite de force comme une potion infecte. Le contenu est insoutenable, traumatisant, auto suicidaire. L’empreinte de la finitude dans un rouge vif porte des visages hideux, déformés, isolés, absorbés par la profondeur d'un refus d'exister en collectivité.Un quai de gare sans père engendre un traumatisme d’enfance, déroute le parcours d’un esprit vers l’exigence d’une notoriété insatisfaite, ne conduisant que vers l’aliénation."Je n’ai nulle part ou aller" est sans contexte le message de cette œuvre noire interminable, un puits profond d’immondices sans garde-fou.