A l’intérieur du Nostromo, on se croirait en entreprise, un ordinogramme complet, usinier transposé dans les grands froids de l’univers. Un fond de cale râleur et syndicaliste isolé sur la plate-forme d’un outil de travail souterrain, huileux, presque répugnant, s'oppose à une troupe de presse-boutons épargnées du suintement des bas-fonds.L’intégralité de cette cocote-minute sidérale sous-tension managée par un commandant faux-cul, aux ordres d’un ordinateur procédurier, frise la congélation du zéro absolu."Alien" est l’offrande temporaire, permettant l’étude d’une perfection insaisissable, gouvernée par le mal. Une mécanique meurtrière instinctive et jouissive, impossible à sermonner, grisée par les délices de la traque. L’aboutissement d’une vérité organique d’élimination, ne déviant jamais de sa mission destructrice.Ruse et détermination s’effondrent devant un rendu à l'identique. Des rouages insensibles, implacables, embusqués dans tous les coins d’un cargo spatial, ruisselant de peur, exterminent ce qui n'a plus la force de penser.Dans les torpeurs cinématographiques de l’été mille neuf cent soixante dix neuf, une œuvre étonnante, inattendue, foule le sol des salles endormies par les chaleurs estivales.Ce bréviaire aux petits fagots, sur les sévices de l’angoisse en milieu clos, va permettre à une nouvelle génération de comédiens d’éclairer pendant plusieurs décennies les frontons, en pénétrant par la pire des aventures dans la grande famille des comédiens .Le monstre, pratiquement invisible tout le long de cette élimination au coup par coup, déforme les visages de cloisonnés complètement abandonnés par l’analyse rationnelle.Au menu, le plat du jour c’est la peur pour tout le monde, hommes de cales, navigateurs ou commandant, enfin solidaires, sur une même longueur d’ondes. La survie.