Ce qui me scandalise c'est de lire des choses où l'on voit que l'auteur (de la critique précédente) ne sait pas de quoi il parle :Si "Avatar" est à mes yeux une oeuvre cinématographique plus que réussie, elle le doit, entre autres, à son visuel. Cameron raconte tout par l'image, retrouvant une pureté du cinéma muet qui, n'en déplaise à certains, mettait l'image au pinacle. Ce qui est devenu rébarbatif, c'est de voir que les gens confondent les termes : scénario, intrigue, récit sont des mots différents et on voit bien qu'on mélange "à tous les rateliers". Mais également confondre effets spéciaux (trucages qui se font directement sur le plateau) et effets visuels (postproduction).Ainsi le scénario de ce film est bien construit et bien écrit, il n' y a pas de séquences inutiles, tout participe à raconter une aventure initiatique basée sur les fondements les plus essentiels et universels de la mythologie. Quand je lis que le "scénario n'a pas de profondeur", c'est qu'on a pas pris la peine d'aller plus loin de ce que les images montrent ou de ce que l'histoire raconte. Il serait vain de ma part d'énumérer toutes les richesses de ce film (que je ne suis pas le seul à avoir vues, j'insiste avant qu'on me traite de "pédant" ou de "prétentieux"). Mais le film est plus réfléchi qu'il n'y paraît. Ainsi le processus d'identification est bien amené, nous avons un personnage principal en fauteuil roulant (c'est-à-dire nous spectateurs de salle assis sur nos fauteuils) qui va avoir droit à s'immerger dans un Avatar (et nous spectateurs d'immerger et de découvrir avec lui le monde de Pandora via la 3D). Donc Cameron ne se contente pas d'impressionner avec son support technologique, mais il réfléchit sa substance en une mise en abîme intelligente. Que l'imbrication de l'action et du spectaculaire concrétise des idées abstraites (Jake Sully poursuivi par un Thanator et qui se jette dans la cascade, c'est littéralement le saut vers l'inconnu), qu'il y a une mise en place de questionnements d'origine philosophique (le rapport entre la nature et la culture se substitue mythologiquement à la situation identitaire entre le père et la mère) Mère Nature (Eywa et Pandora) contre le Père Culture (le colonel Quaritch qui d'ailleurs n'hésite pas à se patronymer Papa envers ses soldats et ses machines). Que le plan crucial à un moment dans le film entre une Na'vi et un être humain répond encore une fois à la mise en abîme de Cameron, nous prouvant à nous spectateurs que nouvelle technologie et traditionnalité peuvent s'accorder en une harmonie légitime. Même la faune et la flore de Pandora ont bénéficié de recherches scientifiques plausibles.Et je ne parle pas de la mise en scène extraordinaire de Cameron. Séquences d'action avec une gestion de l'espace hallucinante, qui pousse la tridimensionnalité du cadre avec une classe et une élégance folles (si on voit le film en 3D, il n'y a qu'un seul moment où un objet nous "vient" sur nous dans tout le film, on n'est pas dans une gimmick pour enfants capricieux.)Encore une fois, on a le droit de ne pas aimer un film comme "Avatar" (heureusement), mais il semble indéniable que le film ne se limite pas aux critiques qu'on lui reproche (comme de surfer sur une mode "écolo" alors que le scénario a été écrit il y a plus de 15 ans où ce n'était pas le sujet de prédilection de cette époque, ou encore la "pauvreté" et autre "manque de profondeur" scénaristique est, pour moi, totalement faux, tellement la mise en scène transcende les idées par les plans et que leur compositions (travail sur la sémiologie, le découpage, le mouvements) sont réelles et digne d'un maître-narrateur tel que James Cameron.