Ce qui est envoûtant, est intemporel, Médée représente une parfaite illustration d'une progression lente, ennuyeuse presque, fixe si l'on ne désigne pas ses longueurs interminables comme de l'art. Médée à trahie les siens pour l'amour de Jason, ce n'est pas évident d'en faire une certitude, tant les images sont peu mouvantes, à peine convaincantes, posées sur de longs regards fixes et silencieux.Maria Callas offre un profil généreux, scruté par la caméra de longues secondes. Le cadrage pasolinien est volontairement déroutant et imparfait, ne montrant parfois que trois quart de ciel, admiré par un visage sans corps.Certains comportements sont anachroniques avec ces clins d'oeils et ses sourires modernes, abusivement trop chargés pour l'époque.Pasolini dénude les chairs masculines, elles semblent trôner et avouer l'homosexualité meurtrière du cinéaste, par leurs influences outrancières sur le film, le maître impose ses gitons dans une nature infinie d'un blanc teintée de rouge, les rituels sanglants sont acceptés par des sourires inconscients, les visages sont voilés et s'embusquent dans des tenues d'un autre temps.L'esthétisme l'emporte sur l'histoire, si l'on veut approfondir le texte d'Euripide, inutile de s'aventurer dans ces deux heures pénibles récupérées et imposées par un cérébral atypique, se servant d'un classique pour s'ébattre.Certes le manque de dynamisme est largement comblé par des décors et des costumes magnifiques, l'emportant sur un conversationnel réduit au maximum. Certaines scènes décisives, d'une violente insoutenable, sont atténuées par une approche lointaine.Pasolini donne la priorité à l'espace en le nommant macrocosme, celui-ci avale l'homme, minuscule fourmi se débattant dans des cérémonies barbares ignorées par une architecture elle même tourmentée par ses formes.La lumière est vaste sans limites, sa force minimise de petits corps rongés par la puissance inassouvie, cette toison d'or est convoitée, volée, par une femme détruite, suite à un amour violent, sous la coupe d'une chaleur torride.Une extraordinaire passion est annihilée, le calme flamboyant des étendues est oppressant, un lyrisme absent prend forme par de longs silences. La nature absorbe les vitalités de ses composants. Médée est dévorée de l'intérieur, la clarté de ces vastes distances reste imperturbable devant une nature humaine managée uniquement par ses passions et ses violences, le tout sur une terre désolée.