Bienvenue au Texas. Les voitures changées chaque année sont conduites à cent à l’heure en pleine ville, avec au moins neuf fusils de chasse sur les banquettes. La mission première étant, à l’aide de cet attirail métallique, de plaire à ces dames, en entretenant la détermination d’en découdre de maris jaloux.Dans les bois, le chasseur ne poursuit que le reflet de lui-même, une peur à terrasser par la crainte du sanglier. Le fils trop couvé glisse lentement vers cette nouvelle configuration en testant les attraits du fusil, dans un salon délaissé au profit des étangs et des forêts.Il y autant d’incompréhension entre deux parents, que la longueur d’une table séparant un couple détruit, dont la progéniture ne représente plus que l’unique satisfaction mutuelle.La femme s’insère difficilement dans un contexte de putois, mère possessive, outil d’apaisement pour certains, initiatrice pour d’autres, elle tente d’exister en imposant un triple processus naturel.Méchoui, bière quotidienne et bain du samedi se succèdent, tissés dans des paysages grandioses, filmés abondamment.L’omniprésence de l’univers de la chasse, parfois momentanément privé de gibiers, devient un terrain de confidences touchant, permettant l’établissement d’un contact entre un bâtard et un demi-frère, quêtant le cadeau d’un père qu’il a sauvé d’une mort certaine.Les chiens sont primordiaux, combatifs, respectés et soignés. En forêt comme devant l’âtre, ils deviennent l’égal des humains disposant des lieux aux mêmes niveaux.L’œuvre est imposante, aucune minute d’ennui ne se profile à l’horizon.Le message sur l'enfance abandonnée, au profit d'un égoïsme personnel, est très fort.Robert Mitchum est remarquable, conquérant en espaces naturels, coureur de jupons invétéré, il subit la loi femelle en domesticité, en implorant presque le déverrouillage d’une porte conjugale fermée. Alternant force et faiblesse, peu scrupuleux de la casse occasionnée, il n’est qu’un homme à prendre, comme il est sans justification ni jugement.Une phrase magnifique résume parfaitement ce grand film."Ma mère est souffrante parce qu’elle hait mon père"Un climat complémentaire, entre une liberté de penser faussement éloignée d’une moralité revancharde, ne vous laissant plus de repos.