Les technologies modernes cinématographiques sont impitoyables envers ce film culte rétrogradé au rang de lenteur d’exécution dont nous ne sommes plus habitués. Pourtant quel engouement au moment de sa sortie envers un état des lieux sordide où toute la nutrition est en pilule. Une déchéance humaine et sociale, pas si lointaine à l’époque, si proche maintenant, surtout avec ces problèmes de promiscuité semblant nous avoir rattrapé.La procédure d’un monde à deux vitesses, où les riches sont confortablement installés et protégés tandis qu’un immense bétail croupi dans les rues, n’annonce-t-elle pas le terminus de nos possibilités futures ?Tous ces corps avachis envahissant ces escaliers sordides, ayant encore la force de respecter quelques privilégiés possédant quatre murs, sont presque absurdes dans un contexte aussi brutal où tout le monde, en respectant la logique de ces temps, devrait s’entretuer."Soylent Green" se sert hélas un peu trop d’une toile de fond futuriste pour ne montrer qu’une banale enquête policière, enrichie de quelques scènes chocs démontrant que le récit reste sur les rails d’une anticipation.L’ensemble est sauvé par une scène remarquable, sensible au dernier degré. Une dernière vision symphonique d’un monde détruit, contemplé sur écran géant, offert à des pupilles dilatées devant ce qui n’est plus."Comment aurais-je pu imaginer cela" s’exclame un homme broyé par son temps, devant de l’eau, de la verdure, des animaux et des fleurs, éléments naturels annihilés par la bêtise de cloîtrés insensibles à l’instinct, se suffisant à eux-mêmes.Ici on traverse une immensité de dortoirs où la seule énergie d’un mort- vivant est occasionnée par l’impact de balles perdues."Comment en sommes nous arrivés là ?".