Ascension et déclin, crise et repentir, paranoïa destructive, voici le bagage par intermittence de Jack la Motta déchaîné sur des rings surdimensionnés. Du rire aux larmes, ce personnage ambigu voyage dans des comportements dépendants. Certains proches maltraités deviennent, suite à des coups du sort, des épaules où l’on peut épancher des larmes d’enfant.Les coups pleuvent professionnellement et en privé. Les temps de dominances sont à l’homme, Vicky préfère dans un premier temps ne pas résister à ce brutal intuitif, dévoré par des scénarii d’infidélités internes, provoquant des rages folles.La beauté chorégraphique des combats habille d’esthétisme un tueur ganté qui sur le ring ne connaît plus personne. L’accolade et le baiser donnés à un Marcel Cerdan anéanti semble faire tache dans un concept de démolition permanente.Joey La Motta encaisse physiquement et moralement les dérives d’un frère maintenu difficilement sur le fil du rasoir, grâce aux règles de la boxe."Raging Bull" est une remarquable biographie. Un esprit martyr et bourreau se gère dans la douleur. Les excès bons où mauvais ne font qu’accélérer un processus de chute irrémédiable vers la difformité d’un corps meurtri par les coups et la bouffe non calibrée.Jack rongé par une hérédité de démolisseur alimente un milieu lui-même violent dans une suite de rituels sur le ring passant par des rictus faciaux et des calibrages de shorts, montrant à l’adversaire à terre une dominance toujours présente.Laminé en parallèle par l’auto-destruction, Jack malmène, entre chaque combat par une nourriture anarchique, un ventre devenu martyr.La triste récompense finale montre le manque de moyen dont dispose la boxe afin d’offrir à ses troupes de combats une reconversion digne de ce nom.