"Moon" n’a pas son destin entre les mains. Epuré au maximum d’énergies, son récit interminable se traine dans un lancinement susceptible de faire fuir au galop des spectateurs curieux devant un début engageant, puis déçus, pour enfin être liquéfies par une lenteur presque insoutenable. Malgré un déficit visuel conséquent, du à un budget au rabais, l’œuvre d’une sobriété d’école délivre dans un éclairage somptueux un sol lunaire sombre et aride.Que ce soit sur Terre ou sur la Lune, les individus perdent lentement de leurs valeurs, avalés par l’enseigne et ses procédures, transformant des êtres pensants en vulgaires consommables reconductibles.Paradoxalement c’est la machine qui s’émeut, soutient, console et encourage. Une vraie mère poule aux avatars changeants en fonction des situations.Le temps a plusieurs objectifs, avec en particulier les transformations de la condition humaine et la possibilité pour certains projets arrivistes, en fonction des progrès de la technologie, d’en disposer à sa convenance, en lui conservant au fil des exemplaires, une physionomie identique dominé par les implants."Moon" est d’une approche difficile, austère, dans une ambiance flirtant avec la neurasthénie, bref un chef d’œuvre d’une sensibilité presque désespérante, destiné à des esprits désirant découvrir de nouvelles atmosphères, sans élaborer de jugements sévères, devant un produit maussade, mais d’une désespérance exemplaire.Le cinéma à souvent traité, pour ne pas dire toujours, l’univers de manière lugubre. Cet espace infini n’inspire que désolation, isolement, sacrifice et tristesse. "Moon" intègre somptueusement cette constatation, avec en plus une inquiétante dégénérescence humaine, suite à des méthodes permettant tous les abus."Qui suis-je ? L’autre n’est-il pas finalement ce que je suis ? Sommes-nous encore des êtres humains ? A quoi servons-nous ? Ne sommes-nous pas devenu que du combustible à mission"?Toutes ces interrogations servent de matières à ce film particulier rempli d’images libres et indépendantes. Si une attention soutenue se joint à une tolérance indestructible "Moon" sera sauvé et deviendra un film culte.