"Un vainqueur n'attend que d'être réveillé, soyez les acteurs de ce monde". Ces quelques mots ne sont que l'auto satisfaction d'une locomotive verbale, transcendée par sa propre voix, ne déclenchant que de rares applaudissements dans une classe plus que clairsemée.A la maison se côtoie période Nietzsche sur vœu de silence, agrémenté d'un visage proustien aux bras tailladés, servant de paravent à une snifette sexagénaire.Sur la route, une éducation sexuelle est distillée à la grosse, à l'intérieur d'un minibus à l'agonie, au klaxon révolté, n'en finissant pas de s'éteindre.Cette famille, épuisée par la cartographie interne d'un monde non exécutable, se propulse sur le ruban du renouveau. Quelques confessions sont repositionnées sur une parole vomissante retrouvée. Cette transpiration de plus de mille kilomètres fabrique une asphyxie familiale salutaire, on souffre la disette en groupe, en regardant droit devant soi. La finalité de cette escapade se situe dans une liberté gestuelle bannissant les contraintes de petits corps martyrisés par les parfums et les mises en plis.La vie n'est qu'un concours de beauté permanent, un célèbre écrivain français, looser perpétuel, voyage incognito dans cette pétoire surréaliste, la décision d'un équilibre repose sur l'acceptation de ses différences morales et corporelles, en y incluant la perception d'être un génie, pratiquement que pour soi-même, environné d'un auditoire restreint, mais conquis, qu'importe la multitude si celle-ci n'est qu'un troupeau conditionné en orbite autour d'une fausse lumière.Des parents, attendris par des décennies de rediffusions de navets à l'eau de rose, se pâment devant des Shirley Temple mécanisées, exécutant des chorégraphies à peine comprises, uniquement afin de respecter un catalogue de prestations de concours voyeuriste, presque centenaire."Little Miss Sunshine" est dans un premier temps la mise en pratique d'une erreur ne menant nulle part, ce cheminement vers cette fausse terre promise californienne se conclue par le plus beau des éveils."Allons nous en d'ici" est prononcé par une famille reconstruite où chacun, en fonction de rêves impossibles, se positionnera sur un parcours authentique, une vérité basée loin des stéréotypes où l'on est soi-même, en assumant pleinement un contre-courant.Par rapport à ces rêves les plus fous, l'approche "Familles, je vous hais" se fabrique d'elle-même "Little Miss Sunshine" (2005) montre bien cette cassure" heureusement temporaire d'un fils taxant trop rapidement son entourage de ratés.Chacun montre son amour à l'autre par sa différence, dans un langage parfois limité, par les disponibilités et les fantasmes de chaque participant uni jusqu'au bout de ce voyage initiatique drôle et émouvant."Little Miss Sunshine" est un film merveilleux" délivrant le plus beau des diplômes, l'acceptation dans une collectivité constructive de sa propre architecture.