Venise offre ses reflets ondins sur des murs effrités, orgueil et lâcheté déclenchent jalousie et vengeance dans une ville capiteuse occupée par un uniforme d’une blancheur statique venu du Nord. Une passion féminine l’emporte sur le mépris collectif de l’Autrichien gommant peu à peu par cette approche les motivations de lutter contre un envahisseur calfeutrant dans des registres de séduction une personnalité négative. Les perceptions d’une comtesse avide de sensations sont bouleversées de manières amoureuses puis vengeresses.Livia, enivrée d’artifices masquant une réalité en devenir, brosse ses longs cheveux pendant qu’un destin dramatique monte en puissance.Le Vénitien se bat, rêve d’indépendances. La comtesse Serpieri offre à sa passion corps et esprit. La bataille de Custozza s’exécute sous des battements de cœurs patriotiques que Livia répète à l’identique par des envolées transcendées dans des chambres capitonnées loin des combats.Les corps s’effondrent, touchés à mort sur le pré d’un environnement remarquablement filmé, pendant que des lits veloutés emprisonnent des unions interdites. Livia entièrement capturée pas un esprit de jouissance s’éloigne d’un contexte patriotique.La détermination, la volupté, la jalousie et la vengeance s’unissent sans se côtoyer. La lutte et la reconquête d’une liberté perdue se regarde de loin, récupérée par une passion dévorante damant le pion de l'investissement à une cause.Il y a deux ennemis similaires, l'un sur le terrain qu'il faut combattre, l'autre dans son lit dont l'emprise vous brûle les entrailles en vous entraînant vers le déshonneur."Senso", mélodrame somptueux, est une œuvre passionnelle intégrée dans un contexte guerrier, un schéma purement viscontien montrant l’inévitable parallélisme entre un mécanisme historique lié à un processus passionnel non autorisé suite à l'état des lieux d'une ville sous emprises.Le patriote défend chèrement sa ville, pendant qu’une femme inassouvie passe à l’ennemi sous l’emprise de ses sens grisée par une caricature militaire à la façade aux intérieurs suintants de cynisme. La finalité d’un tel parcours ne pouvant se terminer que par la trahison et la folie.