Bette Davis n’est jamais aussi performante que lorsque le récit lui oppose un rapport de forces avec un représentant de son propre sexe. C’est le cas ici où jalousie, aigreur, joie de vivre et dynamisme joutent par l’intermédiaire de regards aigres-doux, entre une femme délaissée et une gouvernante dont le rayonnement fait l’unanimité de la maisonnée.Ce drame de mœurs, taillé sur mesure pour une grande artiste bien que vieillot, réhabilite une merveilleuse atmosphère d’antan. Une manière d’interpréter oubliée, basée sur un regard froid ou apeuré, assimilant une information.Un esthétisme calibré, ordonnant dans un ballet d’images d’époque bien pensantes, des enfants éduqués dans un foisonnement de comportements quotidiens, presque protocolaires.Demandes d’explications, angoisses d’adolescentes, prières du soir, éducation monotone, révérences et réconfort ecclésiastique se succèdent, pendant qu’un couple se déchirent.La tension dramatique de ces images, qu’il faut impérativement recadrer dans un contexte de traitement cinématographique périmé, accentuées par une partition musicale appropriée au climat, respecte au cordeau les demandes d’un public désirant ressentir un état sans le subir.Le spectateur, suspendu aux technologies de son temps, s’adapte toujours aux produits de son environnement.Ces images, prêtant nos générations montantes à sourire, ont données des couleurs à des milliers de visages maintenant éteints, grisés par le pouvoir des sensations et des mots, habillant de sensibilités ce mélo symbole d'un produit plébiscité par des esprits en manque d'émotions.Une chaleureuse envie de se connecter quelques instants sur une autre manière de ressentir, par l’apport de visages calmes ou convulsionnés par la vérité de ce qu’il ressentent, loin de la fureur et du bruit des productions modernes.