"Pourquoi nous ont-ils fait cela, on ne demandait qu’à vivre""A l’ouest rien de nouveau" dénonce la propagande patriotique démesurée d’un pays en transe menant de jeunes étudiants survoltés par un discours enseignant frisant la démence vers l’engagement et la désillusion devant la fureur des combats qu’une virtualité enfantine en pleine extase ne peut déceler. Une boucherie innommable éteint brutalement la fougue de jeunes appelés, constatant sur le terrain que la sauvegarde de la patrie n’entraine qu’une violence insoutenable insérant quelques convivialités entre deux attaques.L’opus est d’un pathétisme guerrier jamais égalé, on s’y croirait et ces mots valent leurs pesants d’horreurs. Quelles images! Sur un site infernal le soldat mené à la dure, liquéfié par la peur, est poignardé ou mitraillé comme un lapin.Les corps à corps d’un réalisme époustouflant montre l’homme devenu bête féroce frappant son semblable comme un forcené ou au contraire, miséricordieux et prévenant, une fois sa rigueur retombée.La survie, le dégout, le repentir, les larmes et la folie cohabitent dans un contexte pathétique anéanti par les bombes. Une page d’histoire sanglante éteignant des esprits loin de leurs terres dans la boue et le barbelé."A l’ouest rien de nouveau" est un rendu magnifique, incorporant unréalisme thématique stupéfiant, dont l’avancée inexorable est freinée par quelques cris de désespoir offrant à l’homme anéanti par la peur l’offrande d’un révélé insoutenable qu’il peut vomir dans des plaintes interceptées par un silence céleste indifférent.Une fresque infernale à la disposition de quelques privilégiés temporaires, leur permettant d’extérioriser dans un univers cauchemardesque, une transcendance maléfique inconnue en temps de paix.Un chef-d’œuvre grandissime aux portes de l’icône.