Jusqu’à sa mort en 1970, Bourvil l’a souvent dit: les rôles les plus intéressants de sa carrière, il les a obtenu en tournant dans ses quatre films avec Jean-Pierre Mocky. Or, la rencontre entre les deux hommes aurait pu ne jamais se faire, l’entourage de l’acteur l’ayant déconseillé de travailler avec le réalisateur contestataire qui de plus, n’avait même pas de cachet à lui offrir, vu les coûts élevé de cette production! Mais voilà, le scénario original du film, la pléiade d’acteurs chevronnés et le discours du réalisateur avaient su aisément convaincre l’un des monstres sacrés du cinéma français d’alors. Comme ”Snobs” un an auparavant, Mocky flingue simultanément tous les pouvoirs (aristocratie, église, police) pour signer une farce corrosive, solide et jouissive. On rappellera qu’il s’agit de l’histoire d’un bourgeois déchu, n’ayant jamais travaillé mais contraint de subvenir aux besoins des siens. Lui vient alors l’idée saugrenue de soutirer l’argent des troncs de toutes les églises de Paris, en compagnie d’un ami (Jean Poiret). A une époque où ces dernières étaient encore très fréquentées, le solde pouvait en effet se révéler très rémunérateur! Intervient ensuite la Brigade de surveillance des Eglises (qui existait bien! ), une troupe de sous-flics dans laquelle on retrouve Francis Blanche, afin d’essayer de mettre le grappin sur les deux malhonnêtes. Une histoire tirée d’un fait réel où un ingénieur temporellement au chômage, pour nourrir sa famille, avait dérobé l’argent des troncs sans jamais être soupçonné. Vindicatif, l’homme souhaitait surtout reprendre l’argent à la paroisse de son village, qui n’avait jamais su l’aider en des moments durs. Plus jeune, le pauvre garçon avait pourtant lui-même gracieusement donné de sa poche aux plus démunis! Nommé à Berlin pour l’Ours d’Or, ce succès international (l’Australie, le Japon et Les Usa l’ont racheté) mérite plus que jamais une attention. Loin d’être démodée, cette comédie bon enfant aura de quoi ravir les 7 à 77 ans. Bien dommage que les mémoires collectives restent dictées par les programmations télévisuelles, et que ce film soit sans doute simplement victime du ...noir & blanc, ce qu’on ne déplorera jamais assez. Car les plus jeunes – dont je fais partie! - devraient savoir que Bourvil, ce n’est pas que "Le Corniaud" et "La grande vadrouille"!