inconnu(e)
Il y a quelque chose de profondément audacieux en la personne de Chaplin. L'homme croit en ses convictions artistiques, défend le mime et la gestuelle du muet alors que le cinéma est devenu parlant en 1927. Avec "City lights", Chaplin donne toute dimension à son art incomparable de rire de la misère du monde.La mise en scène, toujours frontale, ponctue de manière magistrale la présence d'éléments moteurs dans le cadre, avec une grâce et une efficacité inégalées.Pour le plaisir du spectateur, que retient-on : la formidable histoire d'amour impossible entre Charlot et une jeune fleuriste aveugle, qui se fait passer par mégarde pour un millionnaire, suite à une rencontre avec un vrai aux tendances sacrément suicidaires. Chaplin va donc trancher de manière aussi simple qu'évidente les deux émotions palpables de son intrigue. Toutes les séquences avec le millionnaire sont tordantes de drôlerie, d'une observation méticuleuse d'un milieu que Chaplin connaît fort bien et celles concernant la fleuriste sont d'une tendresse désarmante et qui sonnent juste, sans mièvrerie ni condescendance.Charlot décide donc, envers et contre tout (éblouissant match de boxe), de trouver le financement qui pourrait guérir la cécité de sa nouvelle Déesse !C'est bien dans ce film magnifique que se perçoit une des plus grandes fins de l'histoire du cinéma dans le registre de la puissance émotionnelle qui se dégage. Cinématographiquement, il faut souligner l'importance des gros plans de la dernière séquence, qui renvoient un maelström fulgurant de réflexions, notamment sur la poésie, sur les préjugés, sur la générosité, sur la rédemption, sur l'injustice et sur l'amour, tellement fort qu'il en devient indéfinissable !Chef-d'oeuvre indispensable !