Ce personnage légèrement ébauché dans "Les enfants du paradis" méritait bien une étude particulière. Auto suicidaire, ce lettré extravagant et imprévisible désire quitter de manière flamboyante un monde dominé par la rudesse parentale et la dominance des prêtres. Le vol, le plaisir et le meurtre sont les garants d’une guillotine patiente. L’homme s’en délecte à l’avance. Le rendez-vous avec la grande faucheuse est ardemment désiré, presque jouissif, pour un personnage évoluant sans retenue dans un contexte rejeté.Puisque ce monde n’est pas accepté, il faut en abuser à outrance, par les coups, le pistolet, les bons mots et les corps féminins basculés ironiquement. Le malandrin reçoit galamment, ripaille en cellule, offre son visage au moule. Séduit l’assistance par une rhétorique enflammée.Un refus d’intégration devient l’envolée d’une anarchie assouvie goulûment, par un prince débauché, sanguinaire dénué de repères affectifs, alimentant la matière de sophistes charlatans.Lacenaire, contestataire épanoui, fait le procès de la perversité cachée de ses contemporains, en se grisant d’interdits. L’homme est introverti, mauvais, dissimulé dans des procédures moralistes, pingre, cachant sous la robe sacerdotale ou l'habit propre d'un grisonnant, la convoitise de jeunes chairs.Lacenaire dénonce, méprise, corrige aux poings les imperfections de ses semblables, en se dirigeant lentement vers la lame libératrice.Daniel Auteuil dispose enfin d’un grand rôle, qui n’est pas s’en rappeler l’itinéraire fou de Joseph Bouvier dans "Le juge et l’assassin".Un dénonciateur de temps moroses et corrompus hurle son isolement et son désespoir, par un parcours criminel.Lacenaire, hôte éphémère volontaire d’une terre rejetée, joue sa propre pièce de théâtre à l’aide de partenaires considérés comme les ingrédients d’une jouissance personnelle.