Cléo dispose de cent vingt minutes de réflexion, à l'air libre, afin de se préparer à une sentence finale. Deux heures égrenées dans les rues d'un Paris scénarisé par des procédures quotidiennes, distantes de rencontres spontanées, entre projets des uns et désespoir des autres.Il faut tout se dire en quelques minutes, avec en toile de fond une ville procédurière, dans des actions récurrentes, se prouver que l'on existe par la voix, plus pour soi-même que par l'apport des autres, en testant courageusement une indifférence collective à la terrasse d'un café.Les contraintes et les vitalités rencontrées narguent une jeune femme ne pouvant construire qu'un relationnel limité dans le temps, au contact d'une faune anonyme, dans une mégapole structurée par le devoir de production.La dernier quart-d'heure sensible, consacré au gentil militaire regagnant l'Algérie alors en guerre, tout en laissant en apparence un infime espoir de construction sentimentale, n'ôte pas le doute sur la difficulté d'élaborer une stabilité à long terme. La maladie scelle un avenir que Cléo doit assumer seule.Un esprit trituré par le potentiel d'un diagnostic à risques, se lâche dans une ville en pleine transpiration. Paris n'a jamais été aussi beau, filmé par une cinéaste de l'errance, la ville palpite en temps réel une technologie obsolète faite de plates formes de bus, de spragues et de machines à vapeurs.Ces deux heures distillées entre craintes et espérances, dirigent une entité momentanément récupérée par la thématique du vacarme urbain, vers une conclusion ne laissant que peu de chances sur la possibilité d'offrir à une femme pleine de vie, la possibilité de s'ébattre dans un élément souverain, le temps."Cléo de 5 à 7", œuvre de rues, promotionne les rencontres improvisées, stimulant colères, rires et larmes dans une procédure sensorielle frémissant en décor naturel.