Ce harcèlement moral, déversé diaboliquement par une entité au sang froid sur tout un système de protection incapable de rebondir devant les piqures morales démoniaques incessantes d’un seul homme envers un autre, est terrifiante. Cette guerre des nerfs démontre les faiblesses d’un encadrement de répression manipulé par les agissements lucides et calculés d’un être pervers conscient de sa force de destruction.Une bête féroce pulsionnelle ivre de vengeance s’avère beaucoup plus efficace et dangereuse que toute une machinerie en plein doute, dépourvue de textes punitifs, abandonnant une proie et sa famille aux déchainements d’un personnage incontrôlé.Max Cady est une épreuve, une contrepartie violente et isolée narguant un système juridiquement correct, offrant à ses intégrés une jolie femme, de beaux enfants, une belle maison et un joli bateau dans un univers chaleureux.Toutes ces récompenses existentielles sont remises en question par une face obscure, démoniaque, exclue d’un système secrètement convoité. Un être oublié que l’on ne pensait jamais retrouvé bien au chaud dans un cocon protecteur."Les nerfs à vif" est un film admirable, montrant les contraintes d’un citoyen honnête et respecté, abandonné par toutes les enseignes protectrices de son environnement, encaisser puis rendre les coups face à un être pervers, terriblement efficace, contournant avec délices les faibles ripostes qu’il reçoit.Mention spéciale à Robert Mitchum et à sa magnifique prestation, dévoilant un personnage cynique au plein pouvoir, réduisant à néant l’ordonnancement d’un système limité devant le logiciel interne, pratiquement inviolable d’un monstre parachuté afin de montrer les limites protectrices d’une société menant irrémédiablement vers l’autogestion.