Voici le menu. Bourgeois trafiquant, dégustateur sélectif de Dry Martini, consommateur de relations sexuelles sous abri, évêque pique-assiette à vocation jardinière, lieutenant de cavalerie en manque de confidences. Dîners maniérés constamment interrompus par des manœuvres militaires, des veillées mortuaires ou des malfaiteurs déterminés. Les trois composants de nos sociétés bien pensantes sont sévèrement ballottés entre rêves et réalités. Les pistes réelles et cauchemardesques s’entrecroisent dans des temps virtuels appartenant aux revenants ensanglantés, livides et muets.Dans les salons, la fumette du gradé se juxtapose avec le whisky de l’homme d’église. Des tables se retrouvent soudainement sur des salles de théâtres, le bourgeois contraint de réciter devant un public impatient sa propre panoplie existentielle.Luis Bunuel n’émeut pas outre mesure en filmant les délires verbaux de ces nantis calfeutrés dans des salons capitonnés, mêlant fantasmes nuiteux et dîners perturbés.Il est conseillé de remonter en amont de la carrière de ce cinéaste surréaliste pour en humer un parfum plus fort.