"L’illusion d’avoir un sens apaise la panique".
Tourmenté par l’ulcère, transcendé par la misanthropie et le mécontentement permanent, Boris Yellnikoff chauve, boiteux, divorcé, suicidé raté, professeur d’échecs intolérant, irascible physicien distant, prétentieux déchu et cloitré, voit toute cette panoplie négative s’effriter suite à la rencontre la plus improbable qui soit. Une nunuche jeune, belle et naturelle apparue soudainement dans l’existence d’un pestiféré, entretient dans un premier temps les constats réactionnaires d’un vieux ronchon lui permettant de conserver sa différence, pour enfin obtenir la restauration d’un état oublié, un savoir vivre en groupe respectueux et tolérant. Un QI monstrueux, solitaire et dépressif, en guerre contre le monde entier, réfugié dans un mépris considérant ses contemporains comme des vers de terre, est rapatrié dans le monde des vivants par une simple d’esprit désirant être la femme d’un génie. "Whatever Works" outre son aspect décelant un manque antinomique commun et son unification par le mariage, entre deux composants d’une génération différente, est une comédie douce amère, révélatrice de l’échec d’un monde uniquement basé sur l’entretien dans le temps des institutions politiques, morales et religieuses, dont les têtes pensantes sont périodiquement remplacées. Cet état de soumission perpétuel envers un régime pédagogique où nos comportements sont préformatés par des procédures d’éthiques, crée la révolte de certains individus, décelant en interne une personnalité propre et créative, exclues d’un parcours imposé par l’obligation de plaire et surtout d’entretenir une machinerie collective bien pensante et dominatrice "Il n’y a personne là-haut" semble être une des conclusions de cet opus initiatique, incitant les êtres à se découvrir et s’assumer par eux-mêmes, dans un univers dominé par la chance où ils peuvent malgré tout étaler leurs véritables personnalités, tout en participant au monde. A voir absolument.